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lottes fpheriques. Mais on- auroit tort de prendre
ceci pour des couches: ce font vifiblement des
noyaux de granits, dont les angles ont été décom-
pofés Se détachés fous cette forme.
Si nous revenons maintenant aux filons de pierres
noires ou gabbro dont nous avons parlé, nous
ferons voir aifément que ce ne font point des laves
ou autres produits du feu, comme on a voulu nous
le faire croire. D’abord, l’épaifiéur de ces filons
varie depuis deux pieds jufqu'à douze : outre cela,
ces fiions font entièrement enveloppés par des granits,
au milieu defqùels ils s'étendent plus ou moins.
Comme ils font compofés de fubftances plus homogènes
que les granits, ilsfe font moins détruits, &
excèdent plus ou moins au delTus de leur furfaceen
forme de murs. Le plus remarquable de ces filons
eft celui qui defcend du Monte-Rotondo jufqu’au
fond du vallon de la rivière de Reftonica, à côté
du Monte-Orientej il a de huit à neuf pieds d’épaif-
feur , & il s’élève perpendiculairement à foixante
ou quatre-vingts pieds. Sa décompôfition fe fait
par prit mes quadrangulaires , plus ou moins , en
forte qu’il reffemble ainfi à un ancien mur.
Ces filons fe décotrpofent de deux manières différentes
> l’une donne, comme nous venons de le
.d ire , des prifmes quadrangulaires ; l’autre donne i
plufieurs calottes fphériques, dont la réunion forme
des boules qui ont quelquefois jufqu’à fix pouces
de diamètre. Souvent ces calottes fe montrent juf-
qu auprès du centre, lorfque l’humidité, principe
de là décompofition, a pu y pénétrer j d’autres
fois ces gabbros font en mafTes prifmatiques fondes,
& annoncent feulement une difpofition à
fe tror quer par les angles : d’où il réfulte, comme
on v o it , des boules dans le centre, & des calottes
concaves à la circonférence. ( Voy^ Décomposition
DES PIERRES, BOULES , T ÜF. )
La couleur de ces pierres eft grife ; elles font
quelquefois compofées du feul gabbro; d’autres
fois elles renferment des criftaux lamelleux dé plufieurs
couleurs : on y remarque pour lors quelques
fragmens de mine de fer & des pyrites ; enfin
du feldfpath blanc verdâtre, & particuliérement
rofacé, comme je l’ai trouvé dans le gabbro du
Limoüfin. C'eft furtour dans le Niolo & au bord du
torrent qui defcend du Monte-Cinto, que l’on
peut obferver ces filons 8c y voir ces details. J’a i,
dans mon cabinet, tous les échantillons qui fervent
de preuves a ces détails. Quelques-uns de ces
filons renferment aufli une forte de pierre particuliè
re , contenant des globules étoilés & criftaliifés
du centre à la circonférence, & enfin quelques
grenats mêlés à ces fonds vraiment finguliers.
Telles font les fubftances qui conftituent le maflif
ou les montagnes du premier ordre dans la Corfe.
Il faut ne pas connoître ni les laves ni leur diftri-
bution autour des centres d’éruption, pour ranger
les pierres noires qui s’y trouvent par filons parmi
s Réduits du feu, & les filons parmi les courans;
il faut ne rien redouter en genre de fuppofition
C O R
quand on regarde des filons renfermés exa&ement
& étroitement au milieu des maflifs.de granits,
qui s’y enfoncent à une grande profondeur, 8c s’élèvent
comme des murs au deflus de leurs furfaces
comme des courans épanchés de quelques cratères,
& qui ne peuvent fe répandre que fur des plans
inclinés. Indiquerons-nous encore une autre fuppofition
aufli étrange , qui confifte à confidérer les
badins des lacs voifins de ces filons, cependant
bien inférieurs à ces lacs de quelques centaines de
pieds, comme les cratères des prétendus volcans
qui ont fourni la lave des filons ? Appelons de toutes
ces fuppoiitions aux réfultats que l’étude rai-
fonnée des opérations du feu & de les produits
nous a donnés, 8r jaiflons l’ignorance fe jouer &
fe complaire dans fes idées fantaftiques.
MaJJîfs du fécond ordre. Les maflifs du fécond
ordre occupent en général une pofition inférieure
à celle des fommets du maflif graniteux. D’abord,
ce font les cblîches des pierres calcaires qui occupent
les plateaux les plus élevés après les fommets
graniteux : elles enveloppent les parties du noyau,
qui fe trouvent leur fervir de bafe à cette hauteur.
On doit comprendre, parmi ces pierres calcaires,
i° . celles qui fe trouvent à Lefinao, près de Queu-
z a , au milieu des granits ; 20. celles.qui, au defîus
de Poggio di Nazza , forment la montagne de La-
gui-Laggia & celle de Farcarella ; c'eft une brèche
d’un rouge fanguin, avec des nuances de jaune 8c
de blanc; 30: enfin, la troifième maffe de pierres
calcaires ilolée, qui fe trouve près de Corté dans
le vallon de la rivière de Reftonica. C ’ eft dans cette
mafle que fe trouvent réunis les fortes de marbres
appelés par les Italiens, pavona^o t cipolino 8c bar-
diglio. Cette dernière montagne calcaire eft par
bancs inclinés au milieu des fehiftes; outre cela ,
dans le Venaco , on trouve des fyftèmes de bancs
calcaires affez élevés; l’ un entre Corté & San-Pie-
tro, l’autre entre Seragio & Ponte-Vecchio. Ces
maflifs font placés au milieu d’une pierre de fable,
débris de granits.
Après ces maflifs calcaires les plus élevés viennent
les fehiftes , qui font aflez généralement gri-
fâtres, micacés & «ratifiés en tout fens. Dans beaucoup
d'endroits, les raies font fi prodigieufement
tourmentées , quelles forment toujours parallèlement
des ondulations de retours arrondis &r anguleux,
qui fe replient fur eux-mêmes, & il paroît
que la caufe de ces détours fi multipliés eft principalement
le grand nombre de noyaux quartzeux
qui le trouvent difperfés dans ces maflifs. Après les
fehiftes on rencontre une large bordure de pierres
de fables en couches fui vies , dont la plus grande
partie conferve encore la difpofition horizontale à
côté de quelques traélus où l'on trouve des bancs
inclinés. Ces pierres dé fables font compofées de
différentes fortes de matériaux, les tins d'un grain
fin* foit quartzeux , foit fpâthiques ; les autres
d’un grain plus gros', , mais qui annoncent également
les débris de granits.
n
C O IV
, L’endroit où l’on trouve les maffes de pierres
de fables les plus remarquables , eft au nord de la
rivière de Solinzara, dans un vallon appelé Çapra-,
cQtta, Il y a une fuite de bancs parallèles un peu
inclinés, compofés de fables quartzeux, fpathi-
ques, micacés. Ces bancs s’appuient, d’ un c ô té ,
fur le noyau des granits, qui dominent aufli 8c
s’étendent de l’autre côté vers les cotes de la mer.
. Les ferpentines. font, diftribuées feulement par
filons, qui régnent furtout aux environs du Go.lo
& de Finmorbo. Ils offrent un grand nombre de
variétés, & même des variolites dont les globules
font plus ou moins gros : c’eft à peu près dans les
mêmes cantons que fe trouvent les pierres ollaires,
où font renfermés des filets d’asbeftes 8c d’amiantes,
diftribués par paquets plus ou moins volumineux.
■ , .
| M.aJJifs du troifième ordre. 11 nous relie a indiquer
ic i, d’une vpe générale, les dépôts les plus modernes
, formés par la mer tout autour de ces dif-
férens maflifs que nous venons de décrire 8c de
préfenter très-fuccinélement. A
Sur la côte orientale de F ile , les dépôts de la
mer , appartenais au troifième maflif, font diftribués
par petites dunes compofées de -maffes pier-
reufes qui commencent au deffous de Cervione ,
& quLs’étendent jufqu’au Miilaciaro. Les dépôts
les plus remarquables par les différens états où fe
trouvent les corps marins , fe voient à la Gua-
dina. En partant du lac d’Orbino, ils font difperfés
fur le rivage, en débris ifoleS : a une demi-lieue
plus lo in, ils font réduits en pouflière & agglutinés
enfemble avec une certaine quantité de fable.
Enfin, à une lieue plus loin, 1 union de la fubi-
tance calcaire eft beaucoup plus forte & plus intime,
& les dépôts qui en font formés, ont acquis
aflez de confiftance pour qu’ il en foit réfulté une
pierre propre à bâtir & meme a donner ae la chaux
par la calcination.
Mais les amas les plus confidérables de cet ordre
de dépôts fe voient aux bouches deBonifacio&au
golfe de Saint-Florent. Aux bouches deBonifacio
ces dépôts font calcaires, par couches horizontales,
& adoffés, d’une part, aux maflifs des gra^
nits, & de l’autre vont former une cote efearpée
fur le bord de la mer. Les côtes de la Sardaigne ,
oppofées à celles-ci, font parfaitement fembla-
bles ; ce qui prouve que ces deux îles étoient autrefois
unies par la continuité des mêmes depots, j
• Il paroît que ces couches portent fur les granits;
car les deux îles qui font dans le détroit, &
dont la furface eft prefqu’ à fleur d’eau, font des
maffes de granits. Ainfi nous observerons ic i , en
paffant, que le granit occupera ic i, comme dans
une infinité d’autres endroits , les parties de 1 île
les plus élevées & les plus baffes. Elle ne forme
donc, deffous les différens maflifs qui la recouvrent,
qu’un feul & même noyau qui paroît lorf-
que ces maflifs ont été détruits dans les parties les
plus baffes.
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Vers Saint-Florent, la petite chaîne de collines
qui commence à la tour de Facinolet, & s é-
tend entre le golfe 8c le vallon d Oleta , eft formée
par un affemblage de couches parallèles, mais inclinées
d’environ quarante degrés à l’horizon. Cependant
cette pierre calcaire, tant par la nature
des matériaux qui font entrés dans fa compofition,
que par fon tiffu, reffemble parfaitement à celle
de Bonifacio. Elle eft également blanche & feuilletée
; elle contient de même beaucoup de corps
marins : feulement les maffes calcaires font interrompues
par des amas de cailloux roulés, de granits,
de pierres noires ou gabbro, de porphyre ,
qui ont été voiturés par les torrens, enfuite ba-
lottés & arrondis par les vagues, puis rejetés par
la mer fur fon rivage. Nous devons remarquer
comme un phénomèpe qui fe montre dans un grand
nombre d’autres endroits, que tous ces amas, tw s
ces dépôts qui doivent leur exiftence aux flots de
la mer, forment a&uellement des monticules placés
au deffus du niveau de la mer a&uelle.
Si nous réfumons maintenant tout ce que nous
avons dit fur la compofition de cette île , nous
trouverons que tous les matériaux font diftribués
en cet ordre : d’abord le maflif qui occupe le centre
de cette île 8c les parties les plus élevées, eft
de granit. On trouve dans ce maflif alongé, fui-
v.ant la plus grande dimenfion de l’îleg des filons
de pierres noirâtres & rougeâtres, même des veines
dé granits rofacés en gros criftaux de feldfpath ,
des jafpes, des porphyres, &c.
i° . Tout autour de ce noyau primitif font diftribués
des talcites ou granits rayés, des fehiftes
avec des veines de ferpentines dures ou tendres,
des pierres ollaires.
. 20. Deffus l’un 8c l’autre maflif, 8c particuliérement
vers les limites, fe trouvent de grands
traétus de pierres calcaires à grain fin, diftribués
par couches inclinées a l’horizon, 8c ces tractus
defeendent même fort bas.
4°. Enfin , le quatrième maflif forme proprement
une ceinture de couches horizontales, compofées
, foit des débris détachés des parties du
centre & de la moyenne région, foit de débris de
coquillages & d’autres animaux marins. Les pierres
calcaires, formées de ces derniers débris, ont un
grain plus grofîier que les premières à couches inclinées.
On y remarque même de grands amas de
coquilles entières ou des fragmens très-faciles a
reconnoître & à diftinguer.
On peut ajouter à ces_ dépôts foufmarins les
produits des eaux torrentielles, qui forment, le
long des bords de la m e r , des aternliemens confidérables
, où l’on ne remarque aucune diftribti-
1 tion régulière par lits & par couches. C eft par le
progrès de ce travail, que les ravines fe creufent
1 de plus en plus, que les vallées s’élargiffent cha-
1 qUe jo u r , & que les bords de la mer anticipent
[ fur les limites de fon baflin.
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