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 140  N  O  U  V  E  A  U  X  V  O  Y, A  G E  S  A U X  I  S  L E  S  
 t6i)4.  fur tout "de très-grofles Anguilles.  On  
 fe  fert  pour  cnnyvrer  les  rivieres  des  
 racines  & des  feuilles  d'un  arbre qui n'a  
 point  d'autre  nom  que  celui  de  bois  à  
 ennyvrer.  Je  n'en  ai  point  vû  qui  pai^  
 fâtdix  pieds  de  hauteur;  ordinairement  
 il  n'en  a que  fix.  C'eft  un  bois mal fait  
 Bctis qui  
 quhfert  
 à ean'j- 
 "vrer  les  
 foijjons  6c  tors,  quoiqu'il  foit  aflez  durj  il  
 dans les  ' '  '  
 rivieres.  
 Vers  ie  
 Palmif- 
 U  mnn'eft  
 bon  qu'à  bruiler,  encore  les  Negres  
 ne  veulent-ils  pas s'en  fervir à  caule  
 de  la  qualité  qu'il  a  d'ennyvrer  les  
 poiiîbns.  Son  .écorce  eli  rude,  brune  
 &  épailTe j  il  eft  alTez branchu, &  fort  
 chargé  de feuilles  approchantes  pour la  
 £gure dp celles des  pois  communs;  elles  
 tiennent  trois  a trois  attachées  à la  même  
 queue ;  elles  font  épaiiTes,  cottonnées  
 &  d'un  verd  foncé.  On  prend  l'écorcede  
 fes racines,  qui eft fort épailîè,  
 &  même  celle  du  tronc  &  des  branches; 
   on  la  pile  avec  les  feuilles,  6c  
 la  meile  avec de  lac-baux vive.  Pendant  
 qu'on  eft occupé  à  piler  ces  drogues,  
 on  barre  le  lit  de  la  riviere  en  divers  
 endroits  avec  des  pierres  ôc  des  brouffailles, 
   &  on  jette  cette  compofîtion  
 dans  la  riviere  trois  ou  quatre  cens  pas  
 au  deiTusdu  pi-emier  endroit  que  l'on  a  
 barré.  Tout  le  poiiTon  qui  fe  trouve  
 dans  cet  efpace boit  cette  eau,  s'ennyvre, 
   vient  fur  l'eau,  fe  jette  à  terre,  
 heurte  contre  les pierres  &  vient  s'arrêter  
 à  la  barre,  en  faifant  des  fauts,  
 des  gambades  6c  des  poftures  comme  
 des  gens  qui  iont  yvres.  Les  Anguilles  
 font  plus  difficiles  à  ennyvrer  que  les  
 autres ;  nous  ne  laifîames pas  d'en prendre  
 beaucoup  &  de  très-groiTcs;,  elles  
 font  fort  gralTes &  fort  délicates.  Nous  
 mang,eâmes  nôtre  pêche  fur  le  bord  de  
 la  riviere,  où  nous  dinâmes y c'eft  une  
 partie  de  plaiiîr  qu'on  fait  aiTez foiivent  
 dans  les  liles,.  &  qui a fes agrémens.  
 On me fît manger  des  vers de Palmir  
 îles.  C'eft un infeûe qui fe produit dans  
 le  coeur  de  cet  arbre,  quand  il  eft aba-  jiSj^;  
 tu.  Cesversfontdelagroiîèurdudoigt,  '  
 &  d'environ  deux  pouces  de longueur:  j'nk  
 je ne  puis  mieux  les  comparer  qu'à  un  
 pelotton  de  graiiTe  de  chapon,  envelopé  
 dans  une  pellicule  fort  tendre  8c  
 fort  tranfparente.  On  ne remarque dans  
 le  corps  de  l'animal  aucune  partie  noble,, 
  ni entrailles,  niinteftins,  du moins  
 à  la  vûë,  car  on  voit  autre  chofe  avec  
 une  loupe  de  criftal,  quand  on  a fendu  
 l'animal  en deux parties;  la  tête  eft  noire  
 &  attachée  au  corps ,  fans  aucune  
 diftinéèiondecol..  
 La  maniéré  de  les apprêter  eft de le&  
 enfiler  dans une  brochette de bois  pour  
 les  tourner  devant  le  feu:  quand  ils  
 commencent  à s'échauffer,  on  les faupoudre  
 avec de  la  croûte  de pain  râpée,  
 mêlé  avec  dulêl,  un  peu  de  poivre  8c  
 de  mufcade;  cette  poudre  retient  toute  
 lagrailTe  qui  s'y  imbibe;  quand  ils font  
 cuits  on  les  fert  avec  un  jus  d'orange  
 ou  de  citron.  C'eft  un  très-bon  manger  
 &  très-délicat;, quand  on  a  une fois  
 vaincu  la  répugnance  qu'on a pour  l'ordinaire  
 de  manger  des  vers,  fur  tout  
 quand  on  les  a  vûs  vivans.  Il  y  a  encore  
 une  autre  maniéré  de  les  accommoder, 
   c'eft  de  les  mettre  dans  une  
 caflerole  ou  dans  un  petit  canaris  avec  
 du  vin,  des  épiceries,  un  bouquet  
 d'herbes  fines,  quelques feuilles de bois  
 d'Inde,  & des écorces d'orange.  
 Quand  on  expofe  ces  vers  quelque Hs«  
 tems  au  foleil,  ils  rendent  une  huile"'"  
 qui  eft  admirable  pour  les  douleurs f,'  
 froides,  &  fur  tout  pour  les  hémoroïdes. 
   Il  faut  en  oindre  la partie  malade  ,  
 &  appliquer  deifus un  linge chaud,  obfervant  
 de  ne  jamais  chauffer  l'huile,  
 •f^j^ifle émitii^ 
 parce  que  le feu  diifipe  fes efprits &  les  
 fait  évaporer.  
 Le  Palmifte  eft un  arbre  fort  com-  u  
 mun  dims  toute  l'Amérique > il  vient  »'i  ,  
 tx.  
 F R A N C O I S E S  ï>  
 droit  comme  une  flieche,  8c  haut  aiTez  
 fouvent  de  plus de trente pieds,  n'ayant  
 qu'une  racine  de  médiocre  groffeur ,  
 qui  s^enfonce  en  terre,  qui  ne  feroit  
 pas  capable  de  le  foûtenir  fî  elle  n'étoit  
 pas  aidée  par  une  infinité  d'autres  
 petites  racines  rondes,  fouplés,  entremêlées  
 les  unes  dans les  autres  qui  font  
 une  groffe  motte  autour  du  pied  de  
 l'arbre  à  ras  de  terre,  qui  le  foûtiennent  
 merveilleufement,  &  aident  à  lui  
 fournir  la  nourriture  neceflaire-  Ses  
 feuilles  ou  fes branches  viennent  comme  
 une gerbe  à fa cime,  &  le  couronnent; 
   elles font  longues  de  fept  à  huit  
 pieds,  Se  même  plus  ;  il  eft  difficile  
 de décider  fi  on  les doit  appeller  branches  
 ou  feiiilles :  car ce  font  delongues  
 côtes,  des  deux  côtez-  defquelles  font  
 attachées  ces  efpeces  de  feiiilles,  longues  
 d'un  pied&  Jemi,  &  larges d'environ  
 deux  pouces  dans  leurnaifTance,  
 &  qui diminuent  à mefure qu'elles  s'approchent  
 de  l'extrémité  ;  elles  n'ont  
 qu'une nervure  dans  leur  milieu ,  elks  
 font affez fortes 8c maniables,  d'un verd  
 clair  au  deflus  8c  plus  pâle  au  deffous. 
   Cet  arbre  eft  de deux efpeces ,  le  
 franc  qiii  eft  celui  dontje viens de  parler,. 
  8c l'épineux ainfi appellé parce  que  
 fon tronc  8c fes feiiilles  font  tout  couverts  
 d'épines.  Lecoeur  oulamoëlede  
 cet  arbre  eft jaunâtre,  belle du palmifte  
 franc eft blanche,  celui-ci ne porte  aucun  
 fruit ;  l'épineux  porte des bouquets  
 de petites  noix  comme  des  chateignes  
 qui font remplies  d'une  fubftance  blanche  
 8c oleagineufe,  que  les enfans mangent  
 avec  paifir.  J'en  ai  fait  faire  de  
 l'huile qui  étoit  bonne  à manger  étant  
 fraîche,, mais qui  devient  rance  en  peu  
 de  tems;  elle  eft bonne  à brûler.  On  
 employe  ces  arbres  à trois  fortes d'ufages. 
   On  s'en fert pour  fe nourrir  5  pour  
 le loger,  §c  pour  faire  des  cordes,  des  
 E  L'AMERI  Q^U  E.'  r4i  
 corbeilles,  des nattes,  deslits  8c  autres  i6(jn.  
 necelîitez  d'un  ménage.  
 Quand  le palmifte eftabbattu, on cou-  chou  Je  
 pefa tête  à  deux pieds  ou  deux  pieds  8c P'^lmifdemi  
 au deflbus de l'endroit  où les feiiil- l1e s prennent naiílance,.  coc   aprèVs   qu , on  a m,ieaïnaiepr-e  
 ôté l'ex terieur on trouve le coeur de  l'ar- prêter.  
 bre, ou pour mieux dire,  des feiiilles qui  
 ne font pas encore eclofes, pliées  comme  
 une  éventail,  8cferrées-les unes  contre  
 les autres,  blanches,  tendres ,• délicates,  
 8c d'un goût approchant de celui des  culs  
 d'artichaux.  On  les  appelle  en  cet  état  
 Choux Palmiftes.  On  les met  dans l'eau  
 fraîche,  8c on  les  mange  avec  le  poivre  
 8c le fel  comme les jeunes  anichaux,  
 ou bien on les  fait boiiiilir dans l'eau avec  
 du fel i  8c après  qu'ils  font égoûtez,  on  
 les  met  dans une faulce blanche  comme  
 les  cardons  d'Efpagne  ou  les  cercifis  
 avec  de  lamufcade.  On  lesaccommode  
 ençore  comme  des bignets  en  les  trempant  
 dans une  pâte  fine,  8c les paflantà  
 a poefle,  avec  l'huile ou  le beure ;  oubien  
 encore  on  les  fait  frire comme  du'  
 poiHbn,  après  les avoir pafle par  la farine. 
   Onles  metdans la foupe, ils lui donnent  
 un très bon goût  ;  enfin  on les mange  
 en  falade  après  qu'on  a  développé  
 toutes  les  feiiil es :  de quelque  maniere  
 u'ons'en  ferve,  elles  font  très-bonnesr  
 très-délicates,  c'eft  une  nourriture  
 legere  Sc  de  facile  digeftion,  de  forte  
 qu'on la peut appeller  une véritable manne  
 pour  le  païs.  
 Lors  que  le palmifte  eft  abattu  ,  8c  
 qu'on  n'a  pas  befoin  de- fon  tronc,  on  ment les  
 y  fait  avec  la  ferpe  ou  la  hache  plufieurs  
 entailles  le  long  du  tronc,  ^^^'dairL  
 que  certaines  groiTes mouches  qui  pro- Vdmifduifent  
 les  vers  dont  je  viens  de  par-^"- 
 lerj  puifTent entrer dans  le coeurde  l'arbre, 
   en  manger  la moële,  8c  y laiffer  
 leurs  oeufs  qui  s'éclofent  8C  forment  
 ces vers.  Il  faut  avoir  foin  d'aller  au  
 8 5  bout  
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