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t6i)4. fur tout "de très-grofles Anguilles. On
fe fert pour cnnyvrer les rivieres des
racines & des feuilles d'un arbre qui n'a
point d'autre nom que celui de bois à
ennyvrer. Je n'en ai point vû qui pai^
fâtdix pieds de hauteur; ordinairement
il n'en a que fix. C'eft un bois mal fait
Bctis qui
quhfert
à ean'j-
"vrer les
foijjons 6c tors, quoiqu'il foit aflez durj il
dans les ' ' '
rivieres.
Vers ie
Palmif-
U mnn'eft
bon qu'à bruiler, encore les Negres
ne veulent-ils pas s'en fervir à caule
de la qualité qu'il a d'ennyvrer les
poiiîbns. Son .écorce eli rude, brune
& épailTe j il eft alTez branchu, & fort
chargé de feuilles approchantes pour la
£gure dp celles des pois communs; elles
tiennent trois a trois attachées à la même
queue ; elles font épaiiTes, cottonnées
& d'un verd foncé. On prend l'écorcede
fes racines, qui eft fort épailîè,
& même celle du tronc & des branches;
on la pile avec les feuilles, 6c
la meile avec de lac-baux vive. Pendant
qu'on eft occupé à piler ces drogues,
on barre le lit de la riviere en divers
endroits avec des pierres ôc des brouffailles,
& on jette cette compofîtion
dans la riviere trois ou quatre cens pas
au deiTusdu pi-emier endroit que l'on a
barré. Tout le poiiTon qui fe trouve
dans cet efpace boit cette eau, s'ennyvre,
vient fur l'eau, fe jette à terre,
heurte contre les pierres & vient s'arrêter
à la barre, en faifant des fauts,
des gambades 6c des poftures comme
des gens qui iont yvres. Les Anguilles
font plus difficiles à ennyvrer que les
autres ; nous ne laifîames pas d'en prendre
beaucoup & de très-groiTcs;, elles
font fort gralTes & fort délicates. Nous
mang,eâmes nôtre pêche fur le bord de
la riviere, où nous dinâmes y c'eft une
partie de plaiiîr qu'on fait aiTez foiivent
dans les liles,. & qui a fes agrémens.
On me fît manger des vers de Palmir
îles. C'eft un infeûe qui fe produit dans
le coeur de cet arbre, quand il eft aba- jiSj^;
tu. Cesversfontdelagroiîèurdudoigt, '
& d'environ deux pouces de longueur: j'nk
je ne puis mieux les comparer qu'à un
pelotton de graiiTe de chapon, envelopé
dans une pellicule fort tendre 8c
fort tranfparente. On ne remarque dans
le corps de l'animal aucune partie noble,,
ni entrailles, niinteftins, du moins
à la vûë, car on voit autre chofe avec
une loupe de criftal, quand on a fendu
l'animal en deux parties; la tête eft noire
& attachée au corps , fans aucune
diftinéèiondecol..
La maniéré de les apprêter eft de le&
enfiler dans une brochette de bois pour
les tourner devant le feu: quand ils
commencent à s'échauffer, on les faupoudre
avec de la croûte de pain râpée,
mêlé avec dulêl, un peu de poivre 8c
de mufcade; cette poudre retient toute
lagrailTe qui s'y imbibe; quand ils font
cuits on les fert avec un jus d'orange
ou de citron. C'eft un très-bon manger
& très-délicat;, quand on a une fois
vaincu la répugnance qu'on a pour l'ordinaire
de manger des vers, fur tout
quand on les a vûs vivans. Il y a encore
une autre maniéré de les accommoder,
c'eft de les mettre dans une
caflerole ou dans un petit canaris avec
du vin, des épiceries, un bouquet
d'herbes fines, quelques feuilles de bois
d'Inde, & des écorces d'orange.
Quand on expofe ces vers quelque Hs«
tems au foleil, ils rendent une huile"'"
qui eft admirable pour les douleurs f,'
froides, & fur tout pour les hémoroïdes.
Il faut en oindre la partie malade ,
& appliquer deifus un linge chaud, obfervant
de ne jamais chauffer l'huile,
•f^j^ifle émitii^
parce que le feu diifipe fes efprits & les
fait évaporer.
Le Palmifte eft un arbre fort com- u
mun dims toute l'Amérique > il vient »'i ,
tx.
F R A N C O I S E S ï>
droit comme une flieche, 8c haut aiTez
fouvent de plus de trente pieds, n'ayant
qu'une racine de médiocre groffeur ,
qui s^enfonce en terre, qui ne feroit
pas capable de le foûtenir fî elle n'étoit
pas aidée par une infinité d'autres
petites racines rondes, fouplés, entremêlées
les unes dans les autres qui font
une groffe motte autour du pied de
l'arbre à ras de terre, qui le foûtiennent
merveilleufement, & aident à lui
fournir la nourriture neceflaire- Ses
feuilles ou fes branches viennent comme
une gerbe à fa cime, & le couronnent;
elles font longues de fept à huit
pieds, Se même plus ; il eft difficile
de décider fi on les doit appeller branches
ou feiiilles : car ce font delongues
côtes, des deux côtez- defquelles font
attachées ces efpeces de feiiilles, longues
d'un pied& Jemi, & larges d'environ
deux pouces dans leurnaifTance,
& qui diminuent à mefure qu'elles s'approchent
de l'extrémité ; elles n'ont
qu'une nervure dans leur milieu , elks
font affez fortes 8c maniables, d'un verd
clair au deflus 8c plus pâle au deffous.
Cet arbre eft de deux efpeces , le
franc qiii eft celui dontje viens de parler,.
8c l'épineux ainfi appellé parce que
fon tronc 8c fes feiiilles font tout couverts
d'épines. Lecoeur oulamoëlede
cet arbre eft jaunâtre, belle du palmifte
franc eft blanche, celui-ci ne porte aucun
fruit ; l'épineux porte des bouquets
de petites noix comme des chateignes
qui font remplies d'une fubftance blanche
8c oleagineufe, que les enfans mangent
avec paifir. J'en ai fait faire de
l'huile qui étoit bonne à manger étant
fraîche,, mais qui devient rance en peu
de tems; elle eft bonne à brûler. On
employe ces arbres à trois fortes d'ufages.
On s'en fert pour fe nourrir 5 pour
le loger, §c pour faire des cordes, des
E L'AMERI Q^U E.' r4i
corbeilles, des nattes, deslits 8c autres i6(jn.
necelîitez d'un ménage.
Quand le palmifte eftabbattu, on cou- chou Je
pefa tête à deux pieds ou deux pieds 8c P'^lmifdemi
au deflbus de l'endroit où les feiiil- l1e s prennent naiílance,. coc aprèVs qu , on a m,ieaïnaiepr-e
ôté l'ex terieur on trouve le coeur de l'ar- prêter.
bre, ou pour mieux dire, des feiiilles qui
ne font pas encore eclofes, pliées comme
une éventail, 8cferrées-les unes contre
les autres, blanches, tendres ,• délicates,
8c d'un goût approchant de celui des culs
d'artichaux. On les appelle en cet état
Choux Palmiftes. On les met dans l'eau
fraîche, 8c on les mange avec le poivre
8c le fel comme les jeunes anichaux,
ou bien on les fait boiiiilir dans l'eau avec
du fel i 8c après qu'ils font égoûtez, on
les met dans une faulce blanche comme
les cardons d'Efpagne ou les cercifis
avec de lamufcade. On lesaccommode
ençore comme des bignets en les trempant
dans une pâte fine, 8c les paflantà
a poefle, avec l'huile ou le beure ; oubien
encore on les fait frire comme du'
poiHbn, après les avoir pafle par la farine.
Onles metdans la foupe, ils lui donnent
un très bon goût ; enfin on les mange
en falade après qu'on a développé
toutes les feiiil es : de quelque maniere
u'ons'en ferve, elles font très-bonnesr
très-délicates, c'eft une nourriture
legere Sc de facile digeftion, de forte
qu'on la peut appeller une véritable manne
pour le païs.
Lors que le palmifte eft abattu , 8c
qu'on n'a pas befoin de- fon tronc, on ment les
y fait avec la ferpe ou la hache plufieurs
entailles le long du tronc, ^^^'dairL
que certaines groiTes mouches qui pro- Vdmifduifent
les vers dont je viens de par-^"-
lerj puifTent entrer dans le coeurde l'arbre,
en manger la moële, 8c y laiffer
leurs oeufs qui s'éclofent 8C forment
ces vers. Il faut avoir foin d'aller au
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