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1696.
R t t n a r -
que fur
les bois
que l'on
met en
terre.
1 0 1 NOUVEAUX V O Y A G E S A U X ISLES
Ins, bkd
de Turquie
,
G r a n d -
T u r c ,
fignifient
la
même
g r a i n .
quand il eft à l'air j & devient prefquc
gris.
Je ne croi pas devoir renvoyer à un
autre endroit la remarque que j'ai faite
fur tous les bois qu'on met en terre ,
qui ef t , que pour peu qu'ils foient bons,
ce n'eft pas la partie qui eft en terre qui
fe pourrit ni celle qui eft dehors, mais
feulement ce qui eft au ras de terre.
Pour éviter cet inconvenient, il faut
brûler la partie qui doit être en terre &
quelques poujcesaudelTus, c'eft-à-dire,
lafecherau feu ou dans les cendres roug
e s , fans la réduire en charbon, afin
que la feve ou l'humidité qui s'y pourroit
encore trouver, foit entièrement
d e f l e c h é e , 6c que les pores fe referment,
les parties fe raprochent les unes
des autres, le bois devient plus compaét,
Se par conféquent plus propre à refifter
à Vhumidité.
T o u s les quartiers depuis la riviere
du Baillif étant remplis de petits habitans,
on peut dire que ee font autant
de fourmillieres de volailles de toutes
les efpeces. La facilité qu'ils ont à les
élever y contribue infiniment; le gros
mil & le petit y viennent en perfeârion,
fur tout dans les fonds où la terre eft
plus gralîe & plus profonde. On en peut
faire trois récokes dans la même terre en
treize ou quatorze mois. Toute la façon
qu'il y a pour le planter, après qu'on a
nettoyé la terre, eft de donner un coup
de houe & dejctter dans le t rou deux ou
trois grains de mi l , & le recouvrir à Pinftant
avec la terre que la houë a enlev
é e , en l'y repoufiant avec le pied. Lorfque
le terrein eft neuf ou léger, on fe
contente fans fe baiiîer de fcireun trou
avec le bâton fur lequel on s'apuye, &
d'y laiiîer tomber deux ou trois grains
de mi l , après quoi on remplit le trou de
terre, en comprimant avec lebâtoncelle
qui eft à côté du trou, ou avec legros
doigt du pied. C'eft ainfi quelesCaraïbes
plantent le leur. On ne fçauroit croire
combien les volailles qui font nourries
de ce mil, fontgrafles, fermes&fuculentes,
Qt.iand les poulets font encore
jeunes, on écrafe un peu le mil avant
de leur donner.
Mais il y a bien d'autres animaux qui
vivent de mahis. Une bonne partie des
Efpagnols & des Portugai s de laTerreferme,
n'ont point d'autre pain que celui
de mahis. On le mange avant qu'il
foit encore tout à fnit mur, Sc lorfqu'il i i H
eft encore tendre, en faifant griller fur
les charbons l'épi tout entier. J'en ai ^ "
mangé quelquefois de cette maniéré; il
eft très-bon Scdonnedel'apetit. Les Efpagnols
le prennent quand il eft encore
très-tendre & prefque comme du lait>
ils le broyent avec un peu d'eau & en
font comme un lait d'amendes qu'ils
aiTaifonnent avec du fucre, de l'ambre c«
& autres aromates, dont ils font une po- ¿h ,
tion excellente, qui nourrit extrême-''^*
ment, qui fortifie la poitrine, & qu'ils
mêlent encore aveclechocoiat . Ils l'appellent
Atolle.
O n broyé avec un moulin à bras, ou
bien on pile le mahis lorfqu'il eft tout à Mil.
fait raur, 6c on le réduit en farine, dont
on fait un pain jaune qui eft très-bon
quand il eft tendre, mais qui fe feche
aifément, ôc qui perd beaucoup de fa
bonté.
Nos Flibuftiers fe contentent après Ml.
qu'il eft pi lé, de le met tre cuire avec de'i'J^i'''«
lagraillè ou de la viande dans leur chaudiere,
àpeuprès comme on fait le risy
8c c'eft leur pain le plus or<iinaire. Heureux
quand ils ont quelque chofe pour
l'ailaifonner, viande ou poiflbn; car il
leur arrive aiTez fouvent de le manger
comme une bouillie épailTe à l'eau & au
fel.
O n donne du mil écrafé groiTierement
aux
F R A N Ç O I S E S DE L'AMERIQ.UE. lô j
16. aux chevaux que l'on veut engraiiÎêr & tous les endroits où ils veulent aller»
aux cochons, mais il faut en donner peu Le dedans de la motte eft un labyrinte
aux chevaux, de crainte qu'ils ne de- de ces galeries tellement entrelaffées les
Viennent pouffifs. unes dans les autres & fi peuplées, qu'il
5- On prétend que le friahis eft venteux eft impoiîible de concevoir combien cet
« Siindigefte. Je n'en ai pasuféaf lez pour infeéle multiplie 6c fon adreiTe à faire
m'appcrcevoir de ces deux mauvaifes fon logement. Si on fait une breche à
qualitez. Des Flibuftiers quienavoient
fait un très-long ufage , m'ont affuré
qu'ils ne s'en étoient point apperçiis,
qu'ils avoient remarqué au conti'aire
que cette nourriture les engraiflbit beaucoup
£c les rafraiehiiroit. Je reviens aux
volailles.
m ie On leur donne encore des poux de
"" bois, dont elles font fort friandes. C'eft
un intente qu'on ne trouve que trop
dans toute l'Amérique,
qu'on appelle fourmis
C ' e f t le même
blanches dans
toute la Ter i e ferme 6c dans les Indes
Orientales. On lui a donné le nom de
poux de bois aux Mes, parce qu'il s'attache
aux bois, les mange , les gâte
êc les pourrit. Cet infeéle engraiiTe les
volailles, 6c c'eft lefeul avantage qu'on
en puiflè retirer, car du refte il eft trèspernicieux.
lia la figure desfourmisordinaires,
excepté qu'étant plus gras Se
plus rempli, fes membres ne font pas
ii bien diftinguez. Il eft d'un blanc-Cilej
il paroît huileux à la viië 6c au toucher.
l a m o t t e , ou qu'on dérruife une galerie,
vous voyez dans le moment des milliers
d'ouvriers qui travaillent à la réparer.
J e me fuis quelquefois arrêté à les voir
réparer une breche que j 'avois faite exprès
à leur motte. Je les voyois tous
accourir 6c fe prefenter fur le bord de
la b r e che , 6c s'en retourner auifi-tôt a-
Vec précipitation. D'autres leursfuccedoient
avec empreflèment, 6c quoiqu'il
parût, qu'ils n'apportoient l'ien, le travail
ne laiflbit pas de s'avancer imperceptiblement,
la breche diminuoit
à vûëd'oei l , 6c à la fin fetrouvoit réparée.
Je croi que ce font leurs excremens
qui leur fervent de matiere pour
bâtir.
O n a une peine infinie à les chaiTer
d'un endroit, quand ils s'y font une fois
établis. - T u e z en tant que vous pourrez,
pour peu qu'il en refte, ils travaillent
avec un fuccès étonnant à la multiplication
de leur efpece 6c de leur logement;
ce qu'ils ne peuvent faire fans
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6c il a une odeur fade 6c dégoûtante. I! ronger le bois, le cuir, les toiles, les
multiplie d'une maniere étonnante. En
quelque lieu que ces infedes s'attaitiiis.
chent, iisfont une motte d'une matiere
comme de la terre noire, dont ledeiTus
quoiqu'aiTez peu uni 6c rabotteux, eft
fi ferme que l'eau ne le peut pas penetrer.
On ne remarque au deiTus aucune
ouverture , parce que ces infeftes ne
vont jamais à découvert; ils font une
infinité de petites galeries großes 6c
creufes comme un tuyau de plum^ à écrire,
de la même matiere que la motte,
qui y aboutiflènt j 6c qui conduifent en
étoffes, 6c generalement toute les chofes
oii ils peuvent mettre le p ied, carils
font par tout des galeries, 6cpourriffenc
tous es lieux oij ils paflènt. Ils s'attachent
fur tout au bois de fapin , ôc
autres bois qui viennent d'Europe qui
font pour l'ordinaire plus tendres 6c
plus doux que ceux de 'Amérique; ils
les rongent 6c les pourriflent en moins
de rien.
J'ai vû des maifons prêtes à tomber
en ruine , parce que ks propriétaires
avoient négligé de chaffer ces infeftes.
O n
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