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1(52 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
iCg6. pourroit des arbres ôc des brouflailles
épaifles pleines de ronces & de crocs de
c h i e n , qui font tout le long de cette
Ance depuis l'endroit ou finiiTent ces
amas de roches , jufqu'à un étang qui
en occupe prefque toute la longueur.
Cet Etang eil formé deplufieurs fources
qui fe rencontrent fur k lieu, & d'une
partie de l'eau de la riviere du Sence,
qu'on Y a conduit par une rigolle, &
encore d'une autre petite ravine ^ui coule
au pied du morne de-Raby, qu'on appelle
la ijavine Salée.
L e Morne qui forme & qui borne le
fond de cette Ance efl: défriché depuis
le pied , julqu'à la moitié ou environ
de fa hauteur qui eft coniîderable. Le
refte eft couvert d'arbres qui y font crus
depuis que ce terrein a cefle d'être cultivé
comme il l'étoit dans le tems qu'il
appartenoit à Monfieur Aubert, un des
premiers SeigneursProprietaires de l'Ille.
O n avoit profité de petites avances ou
faillies que fait le terrein du Morne à
la hauteur où commencent les arbres,
.& on en. avoit fait deux poftes capables
de loger quarante ou cinquante hommes.
On réfolut de les augmenter, Sç
d'y placer deux petites pieces de canon
à chacun, & d'en faire un troiiîémp
pour défendre l'entrée de la riviere de
Sencc. - ^
. Il fut auffi refolu d'élargir le boyaù
qui étoit creufé dans le haut de la falaife,
depuis la riviere de Sence jufqu'à la
defceme de celle des Gallions , & de
profiter d'une petite pointe de terre
qu'on avoit négligée pour y faire un ai>
île faillant .qui découvriroif le pied de
a felaiie^ & qui battroiE tout le long du
boyaiî.' - - -
Nous- paffa-mesà pred tout le long de
la falaife en fuivant le boi^d de la mer,
depuis.k'chemin qui monte de la riviere
dés Galiitins - à l'efpliVnade du- Fortv
Nous trouvâmes de gros pans dç tnurs
qui avoient fervi autrefois à une batterie
qui étoit en cet endroit, adoffée felon
les apparences à la falaife } mais la
mer dans quelque out-agan l'en a dén
tachée & l'a ruinée. Cette filaifè eft ex-r
trêmement élevée & coupée prefque à
plomb, & continue ainfi depuis la monT
tée de l'efplanade du Fort, julqu'à la
diftance d'environ quatre cens pas en
allant vers la riviere aux Herbes. Un
peu avant d'arriver à la batterie qui eft
devant le Couvent des Carmes j la falaife
bkifle beaucoup, c'eft pourquoi on y a
fait de gros murs de bonne maçonnerie,
avec u,n angle qui ferme en partie la pla-r
ce d'armes de ce côté-là. On a pratiqué
quelques embrafures dans ce mur avec
une ouverture pour aller à la mer, qui eft
fermée par un grillage de fer à peu près
comme une porte de jardin. C'eft ce
qu'on appelle la Porte de fer.
L a batterie des Carmes eft de maçonnerie
, les angles des embrafures font da
pierres de taille. Il y avoit onze canons
de fer, de dis-hui t , de douze & de huit
livres de balle} les plattes-formesétoient
de bois. Après que nous eûmes bien
eoniîderé tous ces ieux, raifonné deiTus,
& fait beaucoup de projets qui iie s'executerent
qu'en 1701. & qui nefervirent
à rien, je pris congé du Gouverneur à
qui je promis de revenir le lendemain
matin, pour l'accompagner dans lavi-'
fite qu'il vouloit faire le long de la riviere
des Gallions.
Je ne manquai pas de me trouver au
Fort de très-grand matin. Nous nous
rendîmes d'abord fur cette petite efplanade
ft/ffii
tilth
lu rièri
iliiSll
aU' bas de l'habication-du- Sieur Mi^
let} nous remarqu-âmss encore plus exaétement
que la premiere fois la conféquence
de ce pofte, Monfieur Auger
fe confirma dans la réfolution qu'il
ayoit prifede le- fortifiêr pour s'çn ftrvir
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au befoitt. T^ÔÙS rethôhtiimes éHÎUiré l'a
riviei^ des Gallions en marchant tôûjoursfur
le bord de la fàlâifej fàtts trouver
qu'elle fût àcceffible en âùtuh endroit
poûr des trollies, quoiqu'il lie fut
pas abfolument împoiîîble à des getis
qui n'ont rien à craindrfe, & qlii ne font
etnbaraifez ni d'amies ni d'habits, de la
monter en s'aidant des pieds Se de's
mains, Se en fe prennant aux liannés 6c
aux racines des arbres. C'èft ce qu'on
ne doit pas craindre d'un corps de trouves
, dont on peut aifémeht renverfer
e deiîein , en portant de diftance en
diftanee quatre ou cinq hommes, pour
avertir les corps de garde les plus voillns,
Scfans fe donner la peine de tirer,
faire rouler des pierres fur ceux qui s'expoferoient
à tenter une pareille entreprife.
Au commencement de l'habitation de
la veuve Cherot qui cft à huit ou neuf
cens pas plus halit que la maifon du
Sieur Mi let, nous trouvâmes Un petit
fentier qui defcend à la riviere, que les
Negres de cette habitation ont pratiqué
pour aller à l'eau, & encore un autre à
cinq cens pas plus haut j mais comme il
eft facile de rotopre ces petits chemins Sc
de les rendre inacceffibles, Monfr. Auger
laiiTa à ceux qui les avoient fait la liberté
de s'en fervir, avec défenfes d'en faire
d'autres, & à condition que fi-tôt qu'il
y auroit une allarme générale , ils ne
manquâflent pas de les rompre Se de les
détruire, fous peine d'en être privez
pour toujours dans la fuite.
Depuis cet endroit jufqu'au paiTage
de la même riviere ^ appe lé le Grand
Critnd
ffige
^ la riâVôît
tiire Pelage, ou le palTage de Madame } il
ihiGui. y a environ neuf cens pas. On l'appelle
ainfi, parce que ce fut Madame du Lion
qui le fit faire -, elle étoit veuve d'un
Gouverneur de l'iilc , prédeceiTeur de
Rlonfieur le Chevalier Hinfelin j elk
iiiife ftlci-ei-ife & une habitation de
l*àiitre côté de la rivieré, qu'on appélloit
l'Efpérance. CepaiTage du côté de
l ' E f t éft coupé èn zigzag dans lé Morrte
àvec quelques parapets a droit Se à gauehé^
& Urte place d'armes à mi-côté qui
eft couverte de grands arbres qui peuvent
donner de l'ombré 8c de la fraîcheur à
ceilx qùi y ferôiënt poftez, mais qui ne
les couvriroient nullement des coups de
moufquets qu'on feroit pleuvoir fur èux
de l'autre côté de la riviere, dont la falaife
eft plus élevée 6c plus commode
avec-un beau chemin pour defcendre à
la riviere ; de maniéré que ce chemin 8c
la plate-forme 8c fes retranchemens, font
abfolument commandez par la falaife
oppofée. Cela nous obligea dé remonter
fur nos pas poul" chercher un éndroit
qui commandât le pofte oppofé; il ne
nous fut pas difficile d'eti trouver un j
Monfieur Auger le marqua fur fes tablettes.
Après celà nous coiitinuâmes nôtre
chemin, en remontant toûjoUrs là rivière
jufqu'au deiTus d'iihé gràrlde iàvârine
qui eft de l'autre côté de la riviere^ ap^
pellée la kvanné de Suëte. Nous tròiivâmes
à la vérité quelques endroits bu
le pafîiige ne feroit pas abfolument impoffiblej
mais comme pour y arrivEr il
faut venir tout à découvert le long d'une
grande favanncj Se être éxpofei au
feu de toute la hauteur fur laquelle nous
étions > nous jugéanies qu'il n'y avoit
3as grand chofe à craindre de ce côtéà
. Se qu'il feroit toujours facile de prévenir
les ennemis Sc leur empêcher le
paffage.
Depuis cet endroit jufqU'au pied des
grandes montagnes, là riviere coulé entre
des falaifts efcarpéés qui en rendent
l'aprocheScle paflage impoffible.
Nous retournâmes fur nos pas pour
paflèr la riviere au grànd paflagé. Nous
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