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135 NOUVEAUX VOY
Î^ÎM. te defiiiin rôtie^ & même un peu brûlée.
Lorfquon juge quC la iqueur à
pris le goût des choies qu'ôn y a miles,
on la palle par un linge fin. Rien n'elt
plus agreable, le goût de citron la Eût
^aroître rafraichiffante, & ceux qui
'ont inventée le prétendent auifij mais
il eil: aifé de voir par ce qui entre dans
fa compoiicion qu'elle eft très-chaude j
& qu'e le donne aifément à la tête.
L a féconde èft la Limonade à Î'Angloife.
Elle fe fait avec du vin de Canarie,
dans lequel on met du fucre,
du jus de citron , de la catielle, de la
mufcade, du géroflè & unpeu d'eifen'
ce d'ambre. Cette boilToti efl: auffi délicieufe
qu'elle eft dangel^ufe.
Me trouvant un joUï â la campagne
Limor.
aiie à
l'An-
Si^'ß.
Bißoire
fir ce
-ßijit.
A G E S ^ . « A U X ISLES
elle eft Cômpofée de deux parties d'eaude
vie fur une d'eau. On y met les mêmes
ingrédiens que dans le Sang-gris,
excepté le citron, à la place duquel on /«jl
met des jaunes d'oéufs qui la rendent
épaiiTe comme du bröüet. Ils prétendent
que c'eft une diofe excellente pour
la proitrine Se fort nourriflànte. Souvent
au lieu d'eau on y met du lait, & c'eft
la pluseftimée. Gomme il n'eftpas permis
de juger des goûts, chacun pourra
porter tel jugement qu'il voudra de ce
falmigondis.
Quand les Sauvages veulent faire Prias
quelque voyage hôrs de leurs liles, ils k
Fönt provifion d'une pâte de bananes, P™'
' - ' ¿isJilU
avec un de mes affiis, j'entrai dans une
maifon ou l'on a'fôit fait de cette Limonade,
que l'on avoit fâit rafiaichir
avec fôin. Oit né manquà pas de nous
en prêfêntêi-} après que nous eûmes
bû, je demandai à mo« ami, qui ne
connoifloit point cette liqueur, ce qu'il
penfoit ile cette Limonade, il me ré--
pondit qu'il avoit fi grand foif, qu'il
n'avoit pas goûté ce qu'on lui avoic
prefenté. On lui en porta fur le champ
un autre Vêrrc qu'il but avec plaifir ët
qu'il trouva admirabie} quelques mb-*
mens après ôn lui en prefenta un tl-oiiiémt
qu'il pfit encore, mais comme
je vis que cela pouvoit continu êr &
avoir des fuites, je pris eonge de k
compagnie, Se nous montâmes à Cheval.
Ce ne fut pas fails peine ^Uè je le
conduifis jufques chez moi , je le fis
coucher i il dormit fept ou huithfeures-,
& fe rési l i a ên'fin avec un mal de téte
épouvenrabk. Je ne crôi pas qu'il lui
ait jaftiais pris envie de fe rafraîchir àvec
de parei life L i m ônade.
' L'a troifiéme boiiîbn des Anglois eft
la Ponc&e, c'êiî: leur boilTon favorite j
qui dans le befoin leur fèrt de nourriture
& d« boiïTon. Pour cet effet ils voy^iii
;prcnnent des bananes bien meures qu'ils
écrafertt & mettent eh pâte, qu'ils font
paffir au traversd'un hebichetfin, à peu
près comme les Apotiquairës pallent la
cafle, après quoi ils en font de petits
pains qu'ils font fecher au foleil ou dans
les cendres chaudes, après les avoir envelopez
dans des feuilles de bafilier,
Lorfqu'ils veulent fe fervir de cette pât
e , ils la délayent dans de l'eau, ce qui
le fait très - facilement. Elle épaiiîit
l'eau, tSc lui donne une petite pointe
d'aigreur agréable qui réjoiiit, qui defâltere
beaucoup, & qui nourit en mêtnecems.
L e Dimanche z^. Mai on m'écrivit
du Fort Saint Pierre que Monfieur de
la Heronniefe, cet obligeant Capitaine,
dans le vaiifeau duquel j'étois venu
d© France , étoit attaqué du mal de
Siam &for t en danger. Les obligations
q<ie je lui avois ne me permettoient paâ
de demeurer indifferent dans cette occafion
j je réfolus de l'aller voir & lui
offi-ir mes fervices ; je choifis deux
douzaines de chapons & de poulardes
pour
F R A N C O I S E S DE L'A M E R IQ^UE. 137
pour lui en faire preient j je lesfispor- le Pere Charles que nous avions laiiTé
ter chez Monfieur Michel oùj'allai cou- malade à la Rochelle, qui mourut biencher,
afin de profiter de fon canot qui tôt après; l'autre le Pere Defchanet
devoit aller le endemain à la Baife-ter- qui avoit déjà été aux Ifles.
re, par le retour duquel e devois Je ne partis delà Baffe-terre que le
faireapporter.quelques meubles pour Mercredi après midi, dans un canot
ma maifon. _ ' que Monfieur Michel avoit envoyé pour
Je partis le Lundi trois heures avant me prendre. Je vis tous les jours Monlejour.
J'arrivai de bonne hei^e au fleur de la Heronniere, dont la fanté
fe rétabliiToit à vûëd'oeil. lime remercia
beaucoup des volailles que j'avois
fait porter chez lui: Je le priai de venir
prendre l'air chez moi dès qu'il feroit
en état de pouvoir faire le voyage j
il me le promit, mais fes affaires ne lui
permirent pas de me donner cette confolation.
J'arrivai fi tard chez Monfieur Miii'
toiirm
fur
kmakàu
âe
Sifim.
Fort Saint Pierre, & j'allai auiîi-tôt
chez Monfieur de la Heronniere. Je
le trouvai encore fort mal, mais hors
de danger , parce qu'il avoit eu unecrife
qui avoit décidé de fon fort. Jedemeurai
plus d'une heure avec lui, après
quoi j'allai au Couvent. Le Supérieur
ayant fçû d'oii je venois me fit une
groife réprimande, & me blâma fort ^
de m'être ainfi expofé à gagner cette chel avec ces deux Rel igieux, que nous
maladie; je le renierciai du foin qu'il fûmes obligez d'y coucher; le lendeprenoit
de ma fanté, & je l'aflurai que main je m'en allai de grand matin dire
je n'avois aucune crainte de ce mal, la Mefle à mon Eglife. Monfieur Mique
ce n'étoit pas le premier malade chel y conduifit mes deux Compagnons,
que j'euffe vû, puifque j'en avois déjà J'envoyai avertir le Pere Breton de leur
enterré dans ma Paroiilè qui étoient arrivée, & le prier de venir leur tenir
morts de cette maladie, que j'avois àf- compagnie à dîner & à fouper, auifififtez,
& à qui j'avois adminiftréles Sa- bien que Monfieur Michel & Monfieur
cremens. Il ne laiffa pas de me donner du Roy mon voifin. Je fus les conduiune
fiole d'Elixir de propriété, & me re le Vendredi jufqu'à la Bafle-pointe,
dit de m'en froter les temples & les na- où le Pere Breton nous donna à diner j
nnes avant d'entrer chez les malades, ils continuèrent enfuite leur voyagejuf-
K même 'd'en prendre quelques goûtes qu'au Fond Saint Jacques fur des chedans
du vin, quand je le pourrois faire, vaux que je leur fis prêter.
Je lui promis tout ce qu'il voulut, 6c Le Samedi vei le de la Pentecôte,
;e ^oubliai auiTi-tôt, car je n'ai jamais après les cérémonies ordinaires du jour,
qoute beaucoup de foy aux remedes; je baptifai dix-neuf Negres adultes de
cç j ai remarqué que ceux de nos Reli- ma Paroifle, ôc prefqu'autant que le
gieux qui ont été le plus fur leur garde,
& qui étoient toûjours chargez
jEiTences, d'Elixirs 6c autres femblables
babioles, ont été les premiers at-
Pere Breton m'envoya de la fienne.
L e Dimanche 30. Mai jour de la
Pentecôte, je fis communier tous les
enfans qui avoient fait leur premiere
taquez, 6c la plupart en ont été em- Communion à Pâques. Je retins à dî-
. , ner chez moi dix ou douze des princij
e trouvai deux de nos Peresqui ve- paux du quartier, 8c ainfi j'eus du monnoient
d arriver de France. L'un étoit de pour affifter à Vêpres. Monfieur du
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