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 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIQ^UE.  45  
 Pere qui mourut p 1^94.  nous  allâmes  tous  enfemble  à  l'Eghfe  eu de jours après.  Tous  
 rendre  graces à Dieu  de  nôtre  heureqx  
 voyage,  &  enfuite  au  Couvent,  qui  en  
 ce  temps-là  étoit  éloigné  de  l'Eglife  
 d'environ  deux  cens  pas.  Le  Pere  
 Ignace  Cabaflbn  qui  étoit  Supérieur  
 particulier  de  l'Ifle  notts  reçût  avec  
 beaucoup  de  bonté,  il  fit  faire  collation  
 à  ces  Mei3îeurs  qui  nous  avoienc  
 accompagnés  ,  6c  après  quelques  mojnens  
 de  converfation ,  il  nous  fit  ôter  
 nos  chappes  ,  dont  on  ne  fe  fert  en  
 ces  paÏ5-là  que  pour  prêcher,.  &  nous  
 mena  faluer  Monfieur  du  Mets  de  
 Goimpy  Intendant,  Monfieur  le  Commandeur  
 de Guitaut Lieutenant au Gouvernement  
 General  des  liles,^  &  Monfieur  
 de Gabaret Gouverneur  particulier  
 de  la Martinique.  Je  fus  très-bien  receu  
 de  ces Meilleurs,  je  leur  rendis  les  lettres  
 que j'avois  pour  eux,,  dont  la  plûpart  
 étoient  de  leurs  parens  qui  les  
 prioient  de  me  faire  plaifir  quand  l'oc- 
 Gafion  fe préfenteroit.  Ils me  k  promirent  
 avec  beaucoup de bonté,  &  m'ont  
 tenu  parole,  particulièrement  les  deux  
 premiers.  
 Après  ces  trois vifites,  nous  allâmes  
 aux Jefuites.  Leur  m-aifon  efb  hors  le  
 Bourg,  à l'extrémité oppofée à  la  nôtre.  
 Nous  trouvâmes  le Pere Gombault  Supérieur  
 de  leur  Miffion  de  la  Martinique, 
   qui  fortoit  avec  le  R.  P.  Holley  
 nôtre compagnon de voyage,  pour nous  
 venir voir.  Nous  entrâmes  chez eux,  &  
 fîmes noscomplimens  à tous  les  Jefuites  
 qui  s'y  trouvèrent (  c'étoit  le Pere  Moreau  
 leur  Supérieur  general,  qui  étoit  
 convalefcent  d'une  maladie  contagieufe  
 qui  regnoitdans  le  Païs,  le  Pere  Farganel  
 Curé de la Pareille,  k  Pere  Lavaur  
 Curé  du  Prefcheur,  le  Pere  le  Breton  
 Miirionnaire des Sauvages de S- Vincent,  
 k  Pere  Lageneftei  qui  avoir  foin  des  
 Negres  deleurParoiile,  qu'on  appelloit  
 pour ceklePere  des Négrçs > Se un autre  
 ces Peres nous  reçûrent  avec  une  amitié  
 &  une cordialité ex traordinairci  ils nous  
 firent  rafraîchir,  nous  vîmes  kurjardin  
 qui  étoit  beau  ôc  bien  entretenu,  leur  
 maifon,  leur  Chapelle  domeilique-  En  
 revenant  nous  entrâmes  dans  l'Eglifc  
 Paroiffiale  de  Saint  Pierre  qu'ils  deflervent. 
   
 Le Pere Daftéz s'étant joint à un autre  
 de  nos  Peres  que  nous  trouvâmes  en  
 chemin  ,  je  demeurai  feul  avec  k  Pere  
 CabaiTon.  Il  me^ditque  kPere  Martelli  
 qui  étoit  fon  parent,  lui  avoit  parlé  de  
 moi  fortavantageufement,  qu'il  vouloic  
 être  mon  ami,  &  me retenir à la  Martinique, 
   où  il  prieroit  nôtre  Supérieur  
 general  de me  donner une ParoiiTe  commode  
 en  attendant  queje  fuiTe  accoûtumé  
 à l'air,  & qu'on pût faire autre  chofe  
 pour moi ;  il me dit auiîî quelque chofe  
 de l'état  de  nôtre  Miflîon,  &  des  Religieux  
 qui  la  compofoient,  6c me donna  
 des  avis  qu'il jugea neceiTaires  queje fuiviiTe, 
   fur  tout dans  un  commencement.  
 Nous  paiîîimes  chez  les Religieux  delà  
 Charité  qui  font  nos  proches  voifins.  
 Leur  Supérieur  general,  ou  comme  ils  
 difent,  leur  Vicaire Provincial,  venoit  
 de  mourir.  Nous  faluâmes  le  Frere  
 Médard Larcher,  Supérieur de leur Maifon. 
   Nous  eûmes  bien-tôt  fait  connoiffance, 
   il étoit Parifien,  bon  Religieux,  
 &  fort  aélifj  ily avoir quatre autres Religieux  
 ,  entre  lefquels il y avoit un  Prêtre  
 appellé  le  Pere  Gallican,  &  deux  
 très-habiles  Chirurgiens,  qui  fe  nommoient  
 les  Freres  Damien  &  Cofme  
 Viard.  
 En fortant de  eh ez  les Freres de la Charité  
 nous  entrâmes  chez  la  veuve  du  
 ficur  le Merle  C'étoit  une  des plus  anciennes  
 habitantes  des  Ifles,  elle  avoit  
 près  de  quatre-vingt  ans.  Elle  avoit  un  
 fils  Conlêiller  au  Confeil  Souverain  de  
 rifle,  qui étoit marié,  6c  deux  ou trois  
 autres  
 1694.