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í 4 NOUVEAUX V O Y A G E S AUX ISLES
WÎ93. core toute la ferrure qui le tient attaché
au Vaifleau. On regarda comme un
miracle que l'arriéré du VaiiTeau ne fe
fût pas ouvert par la violence qui avoit
été neceiTaire pour arracher cette ferrure.
On fit .chercher dans toute la flotte
des ferrures pour reparer ce dommagci
mais il fut impoflible d'en trouver
qui y fuiTent entièrement propres. On
paffii à la cappe le refte de la journée
a fau-e un gouvernail leger que l'on
attacha comme l'en pût, & ce pauvre
Vaifleau fut obligé de fe fervir de fon
attimon pour aider à la foibleflè de fon
gouvernail.
L e 30.nous eûmes le commencement
d'un calme qui dura près de douze jours.
Comme il faifoit fort chaud nos Matelots
fe ibaignoient. C'etoit une fcene
continuelle de voir les fauts & les gambades
qu'ils faifoient. A la fin Monfieur
delà Heronniere fut obligé dedefl^endre
ce divertiflement parce qu'on vit un Requien,
qui fit conjefturer qu'il n'étoit pas
feuldansceparage, Se qu'ilpourroit bien
en coûter la vie à quelques-uns de nos
afteurs.
L e Vendredi premier jour <Je l'année
1694. nous fûmes dès le matin faluer
nôtre Capitaine, Scluifouhaiter la bonne
année. Les Vaifleaux de nôtre flotte
le faliierent de leur artillerie. Il fit tirer
quinze coups de canon pour les remercier
tous à la fois. La plûpart des
Capitaines vinrent à .bord, ils y entendirent
la MeiTe, & on les retinta dîner.
Ï694.
Nos Matelots a-woient pris .des Dorades
& d'autres poiflbns que Monfieur de la
Heronniere leur payoit .toûjours fort
gena-eufement.
L e lendemain nôtre Capitaine nous
donna ion Canot pour nous porter
abord de la Tranquille; il efl: impoflible
d'exprimer la furprife où le Capitaine &
nos Peres fe trouvèrent quand ils me
yii'cnti ÍI5 jcQe croyoient mort
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un mois, la joye de nous revoir fut gran- 1694.
de, nous paflames toute la journée fort
agréablement; furlefoir le Canot nous
vint chercher, il apporta un billet de
Monfieur de la Heronniere qui prioit
le Capitaine, 6c nos Peres de venir diner
eh ez lui lejour iliivant.
Le Dimanche Monfieur Chevalier &
nos Peres ne manquèrent pas de venir à
nôtre bord, ils y pafl'erent la journée, on
leur fit gt-andchere, en s'en retournant
Monfieur de la Heronniere les pria de
venir faire les Rois avec nous, fi le
temps le permettoit.
L e Mardi f . veille des Roi s ; a accoutumé de couper le gâteau, le K»»
Capitaine de la Tranquille Ib rendit à
bord avec nos Peres. I y vint auflî d'autrès
Capitaines & des paflagers que
Monfieur de la Heronniere avoit invitez,
de forte que nous nous trouvâmes
vingt-quatre perfonnes. On fit la priere
du loir de bonne heure, nous nous partageâmes
en deux tables fous la tente
qui étoit fur le gaillard. On tira le gâteau
avec les cérémonies ordinaires, la
feve échûtà nôtre Capitaine. Aufli-tôt
Monfieur Chevalier & les Capitaines
Marchands envoyèrent une chalouppe
a leurs Vaifleaux pour leur ordonner de
faluercetteRoyauté quand on leur donneroit
le fignal; de forte qu'un quart
d'heure après tous ces Meffieurs s'étanc
levez pour boire à la famé du nouveau
Roi, nous fûmes furpris d'entendre un
coup de boéte qui partoit d'une des
chalouppes qui étoient à l'arriéré de
nôtre Vaifleau; ce fignal fut fuivi des
déchargés du canon des Vaifleaux
qui avoient été avertis , aufquels le
notre ne manqua pas de répondre.
L e beau temps & la bonne chcre invitoient
à la joye. Monfieur de la Heronniere
.fit doubler la ration de vin à
tout l'équipage, &fic donner quinze ou
Vingt pots de fon eaux-de-vie à fes gens
&
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