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 «S8  NOUVEAUX  VOY  
 l6ij6.  de  I'Eglife  une  vingtaine de maifons  occupées  
 par  des Arcìfans,  des Cabareticrs  
 &  autres  gens.  
 Tout  le  tei'rein  depuis  la  riviere  du  
 PJeflîs jufqu'au  fond  des  Habitans,  eft  
 iec  &  ulé  depuis  le  bord  de  la  mer  
 jufques  huit  ou  neuf  cens  pas  dans  la  
 hauteur  ,  excepté  quelques  fonds  où  
 la  terre  eft  encore  bonne  grafle.  
 Cela  n'empêche  pourtant  pas  qu'on  
 n'employé  fort  utilement  ces  terres  en  
 cotonniers,  en pois,  patates  &  manioc,  
 dont  les  habitans  font un très- bon  commerce. 
   
 LeFond  des habitans a été ainii .appellé,  
 parce  que  du  tems  de  la  premiere  Compagnie  
 qui  peupla  l'Iile,  tous  ceux  qui  
 avoient  achevé  les  trois  ans  de  iervic 
 e  quails  devoient  à  la  Compagnie,  fe  
 retiroient  dans  cet  endroit-là  pour  n'êt 
 r e  plus  confondus  avec  les  iefviteurs  
 &  engagez  de  la  Compagnie,  &  s'appelloient  
 Habitans.  Le  quartier  a  hérit 
 é  de  leur  nom.  La  terre  y  étoit  autrefois  
 beaucoup meilleure,  qu'elle  ne  l'eft  
 à  .prefent  parce  que  les  débordemens  de  
 leur  riviere  y  ont  apporté  une  quantité  
 incroyable  de  fable}  &  cela  par  lafaute  
 de  quelques  habitans  qui  ont  coupé  les  
 arbres  qui retenoient  la  riviere  dans  fon  
 lit,,  quelque groiTe qu'elle pût  être,  dans  
 un  coude  qu'elle  fait  en  fortant  d'un  
 fond  qui  pft  à  l'Eft  avant  de  couleur  
 dans  la  plaine  }  cette  digue  naturelle  
 étant  rompue  ,  elle  fe  répand  à  prefent  
 par  tout ,  &  agâtéce  pJat  païs  qui  
 cft  un  des  plus  beaux  de  la  Baflè-terre.  
 p n  ne  laiife  pas  d'y  cultiver  des  cotonniers, 
   du  mil,  des  pois,  des  patates,  
 &  du  manioc,  &  tout  cela  y  vient  en  
 perfeftion.  
 Cette  plaine  a  plus  de  mille  pas  de  
 hauteur  depuis  le  bord  de  la  mér  jufqu'à  
 un morne  aflez  haut  qui Ja  partage  
 en deux  fonds,  de  grande  étendue,  ¿c  
 A G E S  AUX  ISLES  
 de  très-bonne terre.  La  riviere  des Ha-  i«,  
 bitans  palFe  dans  celui  qui  eft  à  l'Eft  '  
 &  dans celui de l'Oueft  il  y a  une  autre  
 petite  riviere  appellee  la  riviere Beaugendre. 
   Je  ne  fçai  point  qui  a  donné  
 le  nom  à  celle-ci.  Son  embouchure  
 eft  éloignée  de  celle  des Habitans de  
 cinq  à  fix cens  pas.  Elle  coule  au  pied  
 d'un  morne haut &  roide du même nom  
 qui  termine  la  plaine  des  Habitans  du  
 côte  de l'Oueft.  La  terre depuis  cet endroit  
 jufqu'à  l'Illet  à Goyaves  eft  prefque  
 par  tout  fî  feche,  fi maigre  &  fi  
 remplie  de  pierres  qu'elle  ne  produit  
 que des arbres,  qui à caufe  de leur  durete  
 font  appeliez,  des tendres  à caillou,  
 ecles  chemins  font  les  plus  difficiles 6c  
 les plus  raboteux  de  toute  l'Ifle.  A une  
 petite  demie  lieiie  de  la  riviere  Beaugendre  
 ,  on  defcend  dans  une  vallée  
 étroite &  profonde,au milieu de  laquelle  
 il 7  a un  ruiifeau qui  fe perd  dans  la  mer  
 au fond d'une  ance  appellée  l'Ance  à la  
 Barque.  Cette  ance  a  un  bon  quart  de  
 heue  de  profondeur,  depuis les pointes  
 des mornes  qui  la  forment jufqu'a  l'extrémité  
 de  fon  enfoncement  dans  les  
 terres.  Elle  eft  large  d'environ  auatre  
 cens pas  à ion  entrée,  elle  s'élargit  dans  
 fon  milieu où  elle en  a  bien  fix cens,  &  
 finit  en  ovale.  Comme  les  terres  qui  
 l'environnent  font  extrêmement  hautes  
 &  efcrirpées, elle eft par une  fuite  neceffaire  
 fort profonde.  Sa  fituation  la  met  
 a  couverjde  tous  les vents,  excepté de  
 l'Oueft  Sud-oueft  qui  fouffle  dans  fon  
 embouchure.  Le  fond  eft  par  tout  de  
 iàbleblanc, net & fans roches.  On  trouve  
 près des falaifes jufqu'à  trois  &  quatre  
 brail'esd'eau.  Dans  lefond  de  Tance  
 le  rivage  va  en  pente  douce,  de  forte  
 qu'on  peut  mouiller  comme  l'on  veut.  
 Ces  commoditez  obligent  nos Corfaires  
 à s'y  venir  carener , & même  à s'y  retirer  
 pendant  les mauvais  tems.  
 Ce  
 196.  
 Aniifj  
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 mil  
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 F R A N C O I S E S  
 D E  L'AMERIQ_UE.  89  
 Ce  fut  dans  le  fond  de  cette  ance  Se  
 à la  pointe  de  l'Eft  que  les  Anglois  fixent  
 leur  débarquement  en  1691.  ils ne  
 pouvoient  pas  c loifir  un  endroit  plus  
 propre,  pour  fe  faire  tailler  en  pieces.  
 Mais  Monfieur  le  Chevalier  Hincelin  
 Gouverneur  de  l'ïfle  qui  étoit  malade  
 depuis  long-tems d'une efpece  d'hydropifie, 
   de  telle  manière  qu'à  peine  fe  
 pouvoit-il  tenir  à  cheval,  ne  pût  agir  
 avec fa vigueur  ordinaire,  ôc  s'avancer  
 aflez  vite  pour  fe  trouver  au  lieu  de  
 leur débarquement.  D'ailleurs il ne pouvoitfe  
 perfuaderque ce fût  là  leur  veritable  
 deiTein:  quelle  apparence  que des  
 troupes  nombreufes  comme  celles  des  
 Anglois, allaflént débarquer à trois lieLies  
 de  la  forterefle  qu'ils  vouloient'attaquer, 
   pendant qu'elles pduvoient  le  faire  
 beaucoup  plus  près,  &  s'épargnerla  
 peine  d'avoir  à  combattre  à  tous  les  
 défilez  &  palTages  des  rivieres  dont  je  
 viens de  parler?  Le  Gouverneur  crut  
 avec raifon  que  ce  n'étoit  qu'une  feinte  
 pour  attirer  fes  troupes  de  ce  côté-là,  
 & taire  leurveritable  defcente  plus  près  
 du Bourg  de  la Balle-terre  &  de  la  forterelTe, 
   afin  de  les  couper.  De  forte  
 qu'il  fe contenta  d'envoyer  le  Sieur  de  
 Bordenave fon Ayde-major,  avec  vingtcinq  
 hommes  pour  les  obferver,  8c  lui  
 donner  de  leurs  nouvelles.  Il  fe  fit  fuivre  
 à quelque  diftance  par  le  Sieur  du  
 Cler,  Major,  avec  cent  hommes 5  £c  
 lui  avec  le  refte  des  troupes  le  tint,  fur  
 la hauteur de la Magdelaine,  après  avoir  
 deiFendu  à  Monfieur  de  la  Malmaifon  
 Lieutenant  de  R o i ,  de  fortir  du  Fort  
 fous quelque  pretexte  que  ce  fût.  
 L'aide Major Bordenave  s'étantafliiié  
 par  le  grand nombre  de troupes  qu'il  
 vit defcendre,  que  c'étoit  leur  veritable  
 débarquement  ,  en  donna  avis  au  
 Gouverneur  afin  qu'il  fît  avancer  du  
 monde  pour  le  foûtenir,  6c les  empê- 
 2s®.  n .  
 cher  de  gagnèr  la  hauteur  dii  Morne,  i6ij6.  
 où  il  falloir  qu'ils  montailènt.  En  attendant  
 le  fecours,  ôc  pour  n'être  pas  
 pris  en  flanc,  il  fepara  en  deux  fa  petite  
 troupe  qui  avoit  été  augmentée  de  
 fept  ou  huit  Negres  armez  qui  s'étoient  
 joints  à  lui  dans  le  chemin.  II  
 en  envoya  la  moitié  vers  laPointe,  ou  
 une  partie  des  ennemis  débarquoit,  où  
 il  n'y  avoit  qu'un  feul  petit  fentier  étroit  
 8c efcarpé  qui  étoit  aifé  à  défendre, 
   8c lui  avec  le  refte fe tint à  mi-côte  
 de  la  defcente  de  l'Ance,  d'où  il  
 commença  à  faire  feu  fur  les  ennemis  
 qui  montoient;  il les a r r ê t a,  parce  que  
 fa  troupe  difperfée8cgabionnée  derrière  
 des  arbres  faiiimt  feu  de  divers  endroits, 
   les  Anglois  n'ofoient  s'engager  
 plus  avant  ,  fans  être  aiTurez  auparavant  
 du  nombre  de  ceux  contre  qui  ils  
 avoient  à  faire.  Il les  tint  ainfi  prefque  
 immobiles  pendant près  de trois  heures,  
 fe  fervant  de  ce  tems-là  pour  faire  abbatte  
 des  arbres  derriere  lui  8c  embarafler  
 le  chemin.  A  la  fin  ne  voyant  
 point  venir de  fecours,  8c fes gens  commençant  
 à  manquer  de  poudre  8c  de  
 balles,  il  voulut  fe  retirer  plus  haut,  
 derriere  l'abbatis  qu'il  avoit  fait  faire i  
 mais  il  fut  tué  dans  ce  moment  avec  
 quatre  autres  de  fa compagnie.  Cette  
 diigrace  aïant  jet t é  l'épouvante  dans  le  
 refte  de  fa  troupe,  ilsfe  retirerentplus  
 vite qu'ils  n'auroientfait,  quoique  toujours  
 en  efcarmouchant.  Ils  firent  ferme  
 derriere  l'abbatis  ,  8c  envoyèrent  
 avertir  de  leur  retraite  ceux  qui defcendoient  
 le  petit  fentier,  afin  de  fe  rcu-'  
 nir  8c faire  leur  retraite  tous  enfcmble.  
 Cela  s'executa  Hins  confufion,  8c  les  
 Anglois  qui  avoient  profité de  leur  retraite  
 pour  gagner  la  hauteur  du  Mor^  
 ne,  furent  étrangement  furpris  quand  
 ils  virent  le  peu  de  monde  qui  les  a^  
 voit  arrêtez  fi  long-tems,  8c  qui  leur  
 N  avoit  
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