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yo NOUVEAUX VOY
pos. Je remerciai mes nouveaux Paroiffiens
de leurs offres, les priant pourtant
de s'en rniivpnii- am-pc Pâmifo ¡nrr^^ont.
AGES AUX IS LÉ S
de s'en fouvenir après Pâques, jugeant
que j'avais befoin de ce tems-là, afin
qu'ils me connuflent & qu'ils viiTent fî
je meritois lés honnêtetez qu'ils vouloient
me faire.
^ Le Sacriftain vint nous avertir qu'il
ctoit tems de commencer le Service.
J'allai à l'Eglife avec tous ceux qui étoient
à mon Preibytere. Je fis l'Eaubenîte
& la donnai au peuple. On me
fit exciife de ce que perfonne n'avoit
préparé de pain pour bénir, parce qu'on
ne croyoit pas avoir de grande Meffe
ce jour-là. Je dis la Meffe qui fut chantée'par
le Sacriftain qui fiiifoit auffi
l'office de Chantre, & par tous les autres
habi tansétant affifté à l'Autel de
deux enfans bien inftruits, revêtus de
foutanes rouges, avec des furplis fort
propres. Après l'Evangile je montai en
Chaire, & je prêchai fur ces paroles de
l'Evangile du jour , quiétoit le Dimanche
de la Sexagéi ime. Semen efiverbiim
Dei. Je priai à la fin du Sermon tous
les habitans qui avoient des enfans à
inftruire pour lapremiereCommunion,
ou des Negres adultes qui ne fuffent
Joint baptifez , de m'en donner une
lilteaffn queje puffe prendre le tems neceffaire
poür les inftruire, & les difpofer
ù recevoir ce Sacrement dans les deux feraaines
de Pâques. Je les priai encore de
me faire avertir dès qu'ils auroient des
malades, fanss'èmbarraffer qu'ilfutjour
ou nuit, beau ou mauvais tems, les affurant
que jeferois toûjours pré t à leur rendre
fervice dès queje ferois appelle i que
j'aurois foin de les avertir quand les affaires
m'obligeroienc de m'abfenter de
la Paroiffe, & que le Sacriftain feroit
toûjours informé de l'endroit oii je ferois,
afin qu'on pût ra-'envoyer chercher.
^ Je remarquai que cedifcours fitpkilîr
a tout e monde. J'achevai laMeffe, après ^
aquelle je fis un Baptême. Je trouvai à
la porte de l'Eglife tous mes Paroiffiens
qm me firent de grands remercimens des
offres 6c des promeffes que je leur avois
iaitcs. Ils m'affurerent qu'ils obferveroient
ponftuellement ce quejedefirois
a eux i qu'ils donneroient à mon Sacriftam
les noms de leurs enfans & de leurs
Negres, 6c qu'ils me les envoyeroient
pour les inftruire, quand je l'ordonnems^
6c qu'à l'égard des malades, ils
prendroient leurs mefures pour n eme pas
incommoder.
La plupart me conduifirent au Preibytere,
ou pendant que je prenois du chocolat
que M. Dauville avoit.eu foin de
faire apprêter. M. Michel les engaeea de
convenir de l'aggrandiffement d?mon
Preibytere, de ma cuifine 6c de mon jardin
, que l'on fermeroit avec des paliffades
de bois lézard. CcsMeffieurs convinrent
de tout, & réfolurent que l'on fe
ierviroit des matériaux de l'ancienne Eglifequi
étoit encore fur pied, pour les
augmentations que l'on propofoit, 8c
que pour les planches, les effentes, les
autres bois neceffaires,. 6c le payement èc
nourriture des ouvriers, on feroit une
qtiefte chez tous les habitans. M. Michel'
bourdonner l'exemple, promit quelques
bois 6c quarante écusi- ceux qui étoi'^nt
prefents fe cottiferént auffi-tot fortgenereufenient
Mais comme tous les-Paroifn'y
étoient pas, on réfolut de les.
affembler le premier Dimanche de Carême.
Nous montâmes enfuite à cheval
pour aller dîner chez M. Michel, qui
pria M . Dauville, 'M.Sigoloni fon Enfeigne,
6cdeux'ou trois autres de venir me
tenir compagnie. 11 prit mon cheval 6c
me fit monter fur le fien qui étoitfaitaux.
paffages difficiles des ravines, afin que j e
•ne couruffe aucun; rifque.
- La:
F R A N ^ C O Ï S E S DE
La defcéntfrdu Macouba m^aivoit fait
peuF l e joùr précédent i mais j^étois
L'ÂMERIQ^UE. f i
alcH-s montéiiir un cheval qui étoit accoutumé
à ces montées 6c ces defcentes,
6c qui s'en tiroit comme s'il eût
été dans un plat pays. Après que nous
eûmespaffé l'habitation de M. Dauville,
nous trouvâmes une riviere- ou ravine
une fois plus profonde 6c plus difficile
que celle du Macouba. Le chemin
taillé en zigzag dans la falaife 6c
dans le rocher, préfentoit d'un côté un
mur à plomb, & dei'autre un précipice
épouventable. Ce chemin n'avoit
que fept à huit pieds de large 6c en
beaucoup d'endroits il n'en avoit que
cinq. Si j'avois été fur mon cheval, il
n'y a point de doute que j'aurois eu
grand peur, 6c que j'aurois mis pied à
la Paroiffe en étoit contente, & la réfolution
qu'on avoit prife d'aggrandir
terre } mais celui que je montois y étoit vantage , mais M. Michel me dit qu'ilr
tellement accoutumé, qu'il defcendoit alloit joiier à moitié profit pour moi }
ces mornes 6c les grimpoit comme un 6c que fi je faifois difficulté d'accepter
lièvre. Outre cette ravine , nous en le profit que la fortune lui envoyeroit,
trouvâmes encore deux auti-es avant il me mettroit àpartôcl'employeroit ea
d'arriver à l'habitation de M. Michel, meubles pour le Prefbytere } j'y conquoiquelles
fuffent trèg-profôndes j el- fentis, 6c je le regardai joiier. Je me le-,
les ne me paroiffoient rien en compa- vai quelque tems après pour aller dire
raifon de celle que nous venions de mon Breviare. Le P.Breton mefuivitj
P'ifl'ci"- . „ ^ cauiames un peu enfemble. C'é-
Nous arrivâmes à la Maifon de M. toit un homme de quarante-huit à cin-
,Michel, fon époufe que fa groffeffe quante ans. Il étoit du Bourg Saint Anavoit
empêchée de venir à la Meffe, diol près de Viviers fur le Rhône j boa
nousreçût très-civilement. Le couvert Prédicateur} qui paroiffoit extrêmeétoit
mis} on fervit prefqu'auffi-tôt
que nous fûmes arrivez. Nous n'avions
pas encore achevé la foupe, qu'un Negre
vint avertir que le P. Breton paroiffoit
dans la favanne. On apporta
un couvert pour lui} il arriva un moment
après. Je fus le recevoir, l'embraffer,
6c lui témoigner le pkifir que
j'avois d'être fon voifin : il me fit mille
amitiez 8c fe mit à table. NosMeffieurs
ne manquèrent pas de lui dire de quelle
EQaoïere j'avois prêché, combien toute
mon Preibytere 6c mon jardin , 6c de
me donner toute la fatisfaélion poftiblc
pour m'pbliger à refter dans le quartier
jj quelqu'un de la compagnie remarqua
que ces louanges ne plaifoient
pas au P. Breton , 6c me le fit remai>
quer, mais je fis iêmblant de ne m'en
pas appercevoir. Le dîner fut affez long
6c très-propre. Après qu'on eut deffervi
on apporta des cartes 6c on me preffa
de joiier} je m'en défendis comme
d'un exercice qui ne convenoit pas à;
mon caraébere} mon hôte crût que je
manquois d'argent, 6c en mit une poignée
devant moi} je le priai de le re^
prendre, en l'affurant que je ne fçavois
aucun jeu } on ne me preffa pas dament
fimple, 6c qui n'avoit aucun autre
défaut qu'une paffion extrême pour
les chevaux, donc il changeoit autant
de fois qu'il en trouvoit l'occafîon} du
refte fort exemplaire 6c fort attaché à
fes devoirs. La compagnie nous joignit
après avoir quitté le j e u , mon hôte les
avoit tous retenu à fouper} il n'y eut
que le Marguillier qui voulût abfolument
fe retirer chez lui. Mademoifelle
Michel remarqua que j'avois des de-~
mangeaifôns aux jambes, parce que j'y
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