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85 NOUVEAUX. VOYAGES AUX ISLES
'tr>()4- a tiré. On la fait bouillir pendant dix
ou douze heures la remuant fans cellc
avec une fpatule de bois, de crainte
qu'elle ne s'attache à la chaudiere oii
elle pourroit brufler, ou du moins fe
noircir. On connoît qu'elle à fa cuilTon
neceflairc quand elle commence à fe détacher
d'el e-même de la fpatule j pour
lors on la retire, on la met refroidir dans
des baffinesoudes canots de bois bien
propres. Lorfqu'elle efl: prefque iroide,,
on en fait des pelottes de deux à trois
livres chacune , & pourempêcher qu'elle
ne s'attache aux mains en les travaillant,^
on a foin de fe les frotter de tems
en tems avec de l'huile àe paJmaChrifii
ou de carapat, comme l'appellent les Indiens.
Les pelottes étant faites, on les
envelope dans des feuilles de bafilier
que l'on a fait pailer'fur le feu pour les
amortir ÔC les rendre plus maniables.
Se on les lieavecdes aiguillettes de mahot.
^
Je viens de dire en peu de mots de
quelle martiere on fait le Roucou, & cela
pourra fuffire pour ceux qui ne fe foucient
pas d'entrer beaucoup dans cette
matiere, mais il faut contenter les plus
curieux en leur expliquant plus en détail
cette Manufafture.
De îe mmïere de cultiver de foire
îe Roucou.
• Depuis le mois de Mars jufqu'à la fin
¿eMay, c'cille tems déplanter le Roucou,
néanmoins quand vous le planteriez,
des Février 5c même Janvier, il viendroit
auflî, tnais ne i-apporterôit pas plutôt que
de le planter en Mars.
Il ne faut pour le planter, après avoir
netoyé fa terre, que faire de petits trous
avec la houë, & jetter dedans trois ou
quatre graines au plus, comme on fait
pour planter des pois ou du mil.
La diftance la plus raifonnable éil de
huit pieds en quarré i on le lîu-cleôc entretient
comme les autres arbres.
Quand il pouffe trop haut, on le châtre
pour le faire épaiiSr , 6c convertii;
l'arbre en buiiTon.
On le cueille deux fois l'année vers la
faint Jean 6c vers Noël. Celui qui eft
planté en Mars, Avril, May, rapporte
,à Noël.
Dès qu'il y en a dans une grappe une ÎJ»,.,,
cofîe qui s'ouvre, toute la grappe eft meu- wii,
re , 6c celui que l'on cueille en cet état
s'appelle Roucou verd.
Quand on le veut laiiTer fecher davantage
pour le garder 6c ccaler 6cfaire àfon
loiiîr, on attend à le cueillir qu'il y ait
beaucoup plus de coifes feches que de
vertes à la grappe, & on appelle cela
Roucou fec. Rmm
Le Roucou verd ne iê peut garder que/«- i
quinze jours avant que d'être écalé 6c
fait, mais il rend un tiers plus que le
Roucou fec, 6c le roucou en eft plus beau.
Le Roucou iec fe gardera fort bien fîx
mois, 6c on lé peut battre pour l'écaler,
après l'avoir fait un peu fecher au foleil
6c l'avoir remué
Pour écaler le Roucou verd il ne faut
que rompre la coffe du côté de la queue,
& le tirer en bas avec la peau qui environne
les graines fans s'embai aifer de cette
péau.
Après que vos g-rdnes font écalées ^
il faut avoir un canot ou plufieurs, fuivaut
ce que vous avez de Roucou à faire, his è
que VOUS appeliez canot de trempe où /' ""
vous mettrez vos graines à trois ou quatre
fois, les battant un peu avec le pilon,
environ l'efpace d'un A / ^ w f ; après
quoi vous remplirez le canot d'eau
à huit ou dix pouces près de fon bord :
fur trois barils de -graines, il faut bien
cinq barils d'eau ; la plus clajre 6c la
plus vive eit la meilleure. On le laiiTe
au •
F R A N C O Î S E S DE L'AMERIQUE. S/
a u m o i n s huit ioursidaas le canot de trem- puis frottées, relavées 6c paflees deux
ne le remuant deux fois par jour avec fois, après avou-trempé un jour ou deux
!in'rabot un demi^-quart d'heure envi- dans toutes les deux eaux, & l'eau ron à chaque fois. . j i •
A p r è s qu'il à affez demeure dans le canot
de trempe, on le paife dans des paniers
fc le canot afin d'y faire tomber
foute l'eau 6c les graines i on les met dans
un fécond canot, appcllé canot de pile,
qui doit être épais de quatre pouces par
deilbus.
. Si l'on veut Remettre en même tems
de nouvelles graines à tremper, on doit
ietirer l'eau du canot de trempe, qui
s'appelle premiere eau y 6c la mettre
dans un autre canot, qui s'appelle canot
de garde, parce que l'on y garde
cette eau pour être partagée fur la fécondé
6c troiiîëme eau pour —
Roucou.
qui
en fort s'appelle irgifiéme eau.
Il yen a qui les mettent encore à reffuer
pour en tirer encore de l'eau à faire
du Roucouj mais ce Roucou eft trop foi -
ble, 6c cen'eft qu'un tems perdu, 6c
rend vôtre Roucou de moindre qualité
On peut bien fl l'on veut faire cette façon,
mais l'eau doit fervir à tremper
d'autres graines, comme l'eau de Rouc'eft
à-dire cou, , celle qui refte après
avoir tire les écumes q
dans un canot pour
ufage , que l'on nomme canot
ui doit être mife
es garder à cet
a l'eau.
Outre ce canot on doit en avoir un
autre, que l'on nomme canot à laver ,
cuire le qui doit toujours être plein d'eau afin que
ceux qui manient les graines 6c le Roucou
Lao-râine qui eft danslecaiîot de pi- s'y lavent leg mains, 6cy lavent les pale
doit être bien pilée avec les pilons niers,pilons6chebichets, atîndencrien
6c de bons bras, l'eipace d'un bon quart
d'heure ou plus, en forte que toute la
graine s'en fente 5 on les met après cela
tremper dans le même canot de pilc,=
ou un autre canot de trempe une heure
ou deux dans Teau claire ou qui aurafervi
, enfuite on les
paffe au panier,
es mains en les
les frottant bien dans
palTant, puis on les remet une feconde foiff
perdre", car cette eau eft plus propre à
tremper les graines, 6c doit être jointe
à l'eau du R o u c o u p r c e que l'une 6c
l'autre en contient toûjours un p eu, 6c
communique cette impreffion lorfque
vous voulez faire vôtre Roucou, ce qui
fe doit faire incontinent après vôtre feconde
eau tirée.
Il faut prendre cette eau 6c la paiTer
danslecanot de pile pour les y r e p i l e r f u r u n c a n o t , appellé canot de palle dans
qui doit aulli être gardée
Après quoi il faut les mettre à reiTuer
bien envelopées dans fon canot avec des
feuilles deBafilier. On nomme ce canot,
canot àreiTuer. Elles y doivent bien demeurer
huit jours fans y toucher,6cjufqu'à
ce qu'on voye qu'elles veulent moifir.
On les tire de ce canot pour les metl'hebichet,
qui doit être lavé fouvent
dans le canot à laver. Ce canot de pafle
doit être bien net , 6c l'on doit mefler à
cette féconde eau un bon tiers de la premiere.
On paife la troifiémc eau de même,
lamellant avec les deux tiers de k
premiere.
L'eau ayant étépafleedeuxfoisà l'hetre
dans le canot de pile, oi:i elles doi- bichet, doit être mife dans une ou pluvent
ècrepiléescomme la premicere fois,^ fieurs chaudieres de f e r l a . p a f l a n t aupa^
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