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8S NOUVEAUX V 0 Y A G E S A U X I S L E S
îaravant fur une toile claire & fouvent Après l'avoir tiré il reite toujours
avée. Cette eau étant raife fur le feu quelque gratin, ou partie du Roucoutejette
bien-tôt fon écume, que l'on tire nant à la chaudière qu'il ne faut pas
& met dans un canot, appellé canot aux raefler dans le bon Roucou, mais repaf-
^-ruvnpR fei- ayec d écumes. e l'eau 8c des graines.
Quand l'eau n'écume plus, elle n'efl:
bonne qu'à mettre dans le canot à l'eau
pour tremper les graines Quand l'écume
vient trop vite, il faot diminuer
le feu.
Quand vous vous trouvez aflez d'écumes
pour les cuire, vousles mettez dans
«ne chaudiere, appellée la batterie, fous
laquelle vous faites d'abord aifez grand
feu, le diminuant à proportion que les
écumes montent.
Il faut de tems en tems bien éckipcir
vos chaudieres avec de la pierre de ponce
, fur tout la batterie.
Il faut à la batterie un Negre qui mouve
prefque continuellement, & détache
le Roucou quis'arrêteroitaufond&aux
bords de la batteriej & quand vôtre Roucou
faute il faut diminuer le feu, cari] en
fauteroit lamoitiéSc ilcuiroittrop vite:
quand il ne faute plus, il ne fàut laiiTér
que du charbon fous labatterie, alors il
ne faut plus qu'un peu mouvoir, &cela
:ppelle veflër.
V^ÔôttrreelR oucou s'épaiiîiflant 5c formant
une maife, il le faut.tournerôc retourner
fouveat dans la chaudiere , diminuant
peu à peu le feu afin qu'il ne brûle pas,;
c'eil à quoi il faut être bien exaft , car
le Roucou ne fe cuit guercs en moins de
dix ou douze heures.
Pourconnoître quand il.eft cuit, vous
n'avez qu'à le tourner & retourner,
mouiller vôtre doigt ou cracher deiTus,
& quand le Roucou n'y prend plus, il
ell: cuit.. ;
Quand il eft en cet état, onlekilTe
un peu durcir dans la' chaudiere avec
une chaleur très-moderée, enle retournant
pôiir qu'il cuife ¿c feche de tous
côtez.
Le Roucou fortant de la batterie ne
doit pas être mis en pain d'abord, mais
il faut le mettre fur une plancheen manière
d'une maife plate , & on le laiiîc
refroidir huit ou dix heures^ Le Negre
qui le manie 6c fait les pains doit avoir les
mains legerement frottées debeure fraisj
ou de fain-doux ou d'huile de Palma
Chrifií.
Les feuilles de Balifier font fort pro-
3res à les mettre en pain, que l'on fai^
e plus çommunéme;]£ de deux à trois
livres.
Le Roucou diminue confiderablcment,
mais il a fait toute fa diminution
en deux mois.
jiutre maniéré de faire Je Romou, fié
le fait très-heau.
Pour faire de très-beau Roucou, il
faut mettre tremper vos graines dans un
çanot, & que ce foit du Roucou verd,
& s'il fe peut fortant de delTus l'arbre fans
lebattre ni le piler, mais feulement le
lyiouver, .& paiîanc les graines fur le canot
les froter avec les mains, puis les
jetter après les avoir allez frotées j il
montera fur cette eau une écume pu
graifle qu'il faut tirer Avec une écumoir
e , 6c ia battant dans un vaiifeau bien
net, ou avec les mains fans k cuire la
faire épaiffir, & puisfecher à l'ombre j
on aura de très-beau Roucou, mais on
perdroit trop à cette façon, 6c les Marchands
ne le voudroicnt pas payer à
proportion de ce que l'on perdroit en
quittant l'autre maniéré plus coiîimuiie.
Cette
F R A N C O I S E S D
f Cette marchandife valloit encore vingt
fols la livre en i6P4- elle avoit vallu
iufqu'à trente fols les années precedenies
i mais la trop grande quantité que
l'on en fit, & la paix deRifvick, en firent
baiiler le prixjufqu'à fix 6c fept fols
la livre. Malgré cela ceux qui en faifoient
y trouvoient encore leur compte,
parce qu'il ne fxut prefque aucune
dcpenfe pour la faire. Lès arbres qui
k portent font pkntez dans les favanïies,
où ils ne caufent aucun préjudice à
l'herbe, 6c par conféquent aux beftiaux
qu'on y éleve; 6c les enfans de fix ou
fept ans y peuvent travailler, 6cen font
autant que les grandes perfonnes. Ce
qu'elle a d'incommode outre fa mauvaife
odeur, eft qu'elle tache tout le linge
pour peu qu'on s'approche des Heux où
'on la fabrique, & qu'il faut ufer de
grandes précautions pour n'être pas
bien-tôt tout rouge.
On remedie à ces trois inconveniens,
«n faifant les cafes où l'on travaille le
Roucou éloignées 6c fous le vent de k
maifon du maître, 6c en mettant dans
uneleflive particulière tout le linge dont
onfefertdans ce travail.
Trompe- La tromperie que l'on peut faire dans
r, ::» '•«î«'"» cette marchandife, confiile à mêler de
' I7*dln' la terre rouge bien tamifée ou de kbri-
It Bw- que pilée dans les chaudieres où on k
cuit, un moment avant qu'elle ait acquisfaderniere
cuifibn. Cette terre en
augmente le poids 6c le volume, mais
le moyen de connoître cette fraude,
eft de mettre un peu de roucou dans un
verre plein d'eau , fi le roucou eft pur il fe
diilbut entièrement fans rien laifl^er au
fond, au lieu que s'il eft mêlé de terre ou
de brique, on la trouve au fond du verre.
Quand on pefe le roucou on rabat cinq
pour cent pour le poids des feuilles dont
il eft enveloppé, 6c pour l'éguillette qui
le lie. C'eft-làfa tare.
Tom. L
'Ufi,
E L'AMERia.UE. «P ,
Le roucou pour être beau doit être d'un i (¡'/irouse
ponceau, doux au toucher fansgVMj;..'
aucune^duretéi il doit s'étendre beau-^/^f»
coup, 6c n'être jamais fi dur, qu en le
touchant un peu fortement, on n'y puiffe
laiffer quelqu'impreflion. Quand on le
rompt, le dedans doit être plus vif encore
que le dehors, fans cela on peut
dire qu'il eft altéré ou du moins qu'on
lui adonné une cuifibn trop forte ôc qui
lui fait perdre une partie de fa couleur,
& diminue confiderablement fon
prix.
Les I n d i e n s ou Caraïbes en font pour
leur ufage, car ils n'ont point d'autres
habits que cette peinture dont les femmes
ont foin de es barboûiller tous le
matins.
Leurroucoueft infiniment plus beau
6c plus fin que le nôtre. II eft d'un rouge
éclatant prefque comme le carmin, ées font
il foifonne à merveille quand on l'employe,
mais les habitans ne trouve-"''
roient pas leur compte à en faire de cette
qualité.
Les Indiens cueillent les gouiTes 6c
les épluchent comme nous, mais au lieu
de mettre les graines dans l'eau, 6c de
les y kifier fermenter, ils les frottent
dans leurs mains, qu'ils ont auparavant
trempées dans l'huile de carapat, jufqu'à
ce que k petite pellicule incarnate
foit détachée de la graine, 6c réduite en
une pâte très-claire 6c très-fine. Alors
ils la raclent de defilis leurs mains avec
un couteau, 6c k mettent fur une feuille
bien propre qu'ils kiflent fecher à l'ombre
, de peur que le Soleil ne mange 6c
ne diminue fa couleur. Ce travail comme
on voit eft long 6c ennuyant, mais il
eft bon pour des Caraïbes, qui font les
plus indolentes créatures du monde.
Quand leur roucou eft prefque fee, ils c i
font des pelottes groftes comme le poing
qu'ils-enveloppent dans des feuilles de
M bafi-
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