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N O U V E A U X VOYAGES AUX ISLES
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eil venue ils_ portent aux environs de
r-arbre des charbons allumez , fur lefquels
ils y
(ju
ils mettent de la gomme avec du
piment verd, çela fait une fumée épaifle
qui étourdit de telle forte ces pauvres
oifeaux qu'ils tombent à terre comme
s'ils étoient yvres ou à demi morts. Ils
k s prennent alors, leur lient les pieds
êc les ailes, & les font revenir en leur
jettant de l'eau fur la tête. Qband les
arbres font trop hauts pour que la fu-
Hiée y puifle arriver Se faire l'effet;
qu'ils prétendent, ilsaccornmodent des
cpiiis au bout de quelques grands royaux
ou de quelques longues perches.,
mettent du feu,, de la gomme Se
îiment, ils ks approchent k plus
peuvent des oifeaux, Se les enyvrent
encore plus facilement. Pour
les apprivoifer & ks rendre traitabks ,
ils ne font que ks: laiffer jeûner pendant
quelque tems -, Se quand ils, jugent
qu'ils ont bien faim, ils leurprefentent
à manger ; s'ils mordent Se qu'ils fe
montrent trop revefches, ils k w foufflent
la fumée du tabac au bec, ce qui
ks étourdit de telle maniéré qu'ils oublient
prefque auffi-tôt leur naturel
fiiuvage 5 ils s'accoutument à voir ks
hommes, à s'en laiffer toucher, Se deviennent
en peu de tems tout à. fait
privez, ils leur apprennent mêm.e à parkr.
Ils prennent ks lézards de h maniéré
que j'ai marqué dans la premiere partie
de ces Mémoires; Se comme ils n'en mangent
point, & qu'ils en ont une averfion
extiême, ils nous les apportent pour les.
• trafiquer..
Iknourriffent beaucoupde volailles Se
deçochons, beaucoup moins pour s'en
lervir pour leur nourriture , que pour
les vendre. Leur viande l'a plus ordinaire
eft k poiffon Se k s crabes. Je parlerai des
Manhre
d'apprincijer
les perroquels.
dififerentes cfpeccs de crabes dansun au«
tre endroit.
On peut croire qu'étant nouvellement
venu.d'Europe, Se voyant pour la pre-
EOiiere fois tQus ççs meubles Indiens, je
ne manquais pas d'envie d'en achepter
tant pour moi que pour en envoyer en
Francç à.mes amis : je fouhaitois fuf toutes
choies un lit ou hamac Caraïbe, Se
une garniture de caracolis.
Je priai Monfieur Michel d'en Élire
marché s'il étoit poffibk; mais il me
dit qu'il étoit trop tard pour leur parler
de vendre leurs lits, que quand la
nttiE approchoic ils n'étoient pas traitabks
fur ce point-là, parce qu'ils fènr
toient le belbin qu'ils en alloient avoir
pour dormir; au lieu que k matin ils ne
faifoient pas tant de réflexions, kurprévoyance
n'étant pas fi étendue. Nousrefolûmes
donc de remettre ce marché au
lendemain; cependant je vis ce que je
voulois avoir de leurs meubles, Se je le
dis à mon ami.
Je choiiis trois beaux perroquets que
nous eûmes pour vingt-deux lois marquez.
C'eftla feule monnoyequ'ilsconnoiffent.
Un louis d'or chez eux n'eft pas
tant que deux fols marquez, parce qu'ils
s'embaraffent moins de lamatierequedu
nombre. Ilsn'ontpas encorejugé à propos
de fe remplir l'efprit des différentes
valeurs des monnoyes, ni de leurs réductions.
J'apris encore une circonftance qu'il Mlit
faut obferver quand on leur compter^
de l'argent i c'eft d'étendre ksfolsmar-p
quez qu'on leur donne. Se de ks ran-es/c
ger les uns après ks autres comme on f"}
met des foldats enhaye, loin à
fans jamais doubler les rangs , ni les ^
mettre ks uns fur ks autres en les
comptant Se ks couvrant à moitié, car
cela ne fatisfait pas affcz leur vûe, Se
vous
'' f ' f l A N t : b IS E S^ ù
v&ù's iife 'coiïclucz rien : inàis quand ils
voyfent ùiiè loiigtie file d-è fols rhârquez,
ils fiéïit & fe réjoiliiffdnt comme
des ehfàns.
Une autre 'chofe qu'il faut ôbfci'V'er
tft d'ôter de le-ur VÛe Se d'enkver aliffitôt
ce qu'on a achepté ; car fi la faritai^
fie leur venoit de le reprendre, ils k reprendi'oiènt
fans ceremonie Se fans vouloir
rettdrè le prix qu'ils et» âurôïêht receu.
Je fçai bien qu'on k leUr fefoit bien
iendi-e par force; mais commfe on veut
vivre en paix avec eux, Se ne pasexpofer
toute la Nation à une nouvelle guerre,
on évité autant qu'il eft poffibk toutes
fortes dé difctitions avec eux, Se cela
en ferrant prornptement ce qu'on a
achepté, 8c quand ils viennent krede-^
mander, ce qui àfrive àffez fouvent,
on feint dé ne pas fçavoir Ce què
c'eft.
J'acheptai deux grands atcs Se un
petit, avec deu:x dbuzàines de floches,
dont la moitié étoient empoifonnées,
Se l'autre moitié étoit pour la chàfle Se
pour là pefche. J'eus avec cek deùx
boutons Se trois paniers'Caraïbes. Cette
partie me coûta quelques fols marquez
avec fépt à huit pots d'eau-devic.
On m'achepta deux pierres vertes Se
deux camifas qui me coûtèrent quatre
couteaux Flamands, fix braffesdegro'iTe
toile, une maffe de raffade, Se une groffe
callebaffe d'eau-de-vite.
Les pierres vertes viennent de la riviere
des Amazones ou de celle d'Orenoque
qui eft dans k continent de l'Amerique
Méridionale. Comme nos Sauvages
ne les ont qu'avec bien de k
difficulté. Se qu'ils en connoiffent ks
vertus, ils ne s'en défont que dans un
befoin extrême. J'eus le bonheur de
les trouver dans ¿et état : une des Voiles
du bacaffas avoit été emportée, &
fe l 'AMÉRIQ^UÉ . U)
il en fâlloit faille une à quelque prix 1694.
que ce fût. Je priai Monfiefur Michel
de toe prêter h. toile Se ks a'ûtï'es chofes
dont j'avois befoin pour ma traite,
ce qu^il fit tfèS^voîontiers. Il fallut encote
leur làiffèr mèfurer eux-m'êmes
la toile, ce qu'ils firent en étendant les
bras de tonte leur force, de forte que
ces fix braffes en emportei'ent plus de
dix aunes, qui quoique gl'offe, carc'é*
toit du gros vitré, val'oit un écill'aune.
Mais tout -cela étoit peu de choie en
cbmparàifon de là valeur des pierres
vertes, qui étant veti tables étoient hors
de prix. Si nôtre marché avoit été en
toile blanche, comme celle dont ils fc
ÎèrveHt po'u'r paiTer dans leur ceinture Se
couvrir kui nudité, jen'auroispas manqué
de faire ce qu'on pratique ordinairement
avec eux, qui eft de fendre la toile
dans toute fa longueur, 6c de l'éfilerdes
deux cotez pour cacher là fupercheriej
Sed'ailkurs une toiklarge leureftinutik
, parce qu'ils ne la veulent que de huit
à dix pouces de làrg'e, ôc qu'ils eftiment
plus ces bandes poUrvû qu'elles foient
bien longues , qu'une toik de Hollande
ou de baptifte qui aUrbit trois quarts de
kvge Se qui auroit moins de longueur
C'^eli une commodité poureux d'en trou-
Ver dé la largeur qu'ils fouhaitent, &c'eh
eft encoreuneplus grande pour ceux qui
traitent avec eux.
La principale vertu des pierres Vertes, Vertu
eft d'empêcher ks vertiges, les ébloiiiffemens
dé quelque principe qu'ils viennent.
Se les accidens de l'épilepfie. On
a voulu dire qu'elles gueriffoient radicalement
cette maladie, mais cela n'eft pas
Véritable; je me fuis convaincu parplufieurs
expériences qu'elles ne font qu'en
fufpendre ks accidens ; mais il eft vrai
aum qu'elles.ks empêchent tout àutant
de temsqu'on en porte, nôn pas fur foi,
mais au dedansdefoi, c'eft-à-direentre
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