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 f 4  NOUVEAUX  VOY  
 liyj.  le fend&;on  le lie comme  le  precedent,  
 mais  auparavant  il  Euit  faire  fecher les  
 éclats :  c'ell ce qu'on n'efl: pas obligé  de  
 faire au  bois de  chandelle  qui  brûle  très  
 bien  dès  qu'il  eii  coupé.  
 Le  mibi  donc  on  fe fert pour  lier  les  
 flambeaux  ,  elt  une  lianne  qu'on  employe  
 Mìbì,  
 Itanne.  
 à une  infinité d'ufages.  On en fait  
 des paniers,  elle  fert  a  lier  les  rofeaux  
 dont  on  fait  les naifes pour  la pêche,  à  
 arrêter  les  rofeaux ou  gaulettes  qui  fervent  
 de lattes  auj; couvertures  des cafes,  
 ou  de paliflades.  Cette  lianne  poufle  de  
 très-longs  farmens  ou  efpeces  de  branches, 
   qui  s'élevent jufqu'au  fommetdcs  
 plus  grands  arbres,  par  le  moyen  des  
 petites  queues  ou  filamens  qu'elle  jette  
 en quantité,  &qui  s'attachent  aifément  
 aux  écorces &  branches qu'elles  rencontrent. 
   Son  écorce  eft mince,  aiFezunie  
 elle fe leve  aifément,  elle  eft  de  couleur  
 de  cendre.  Le  bois qu'elle  couvre  
 eft fouple, liant,  flexible,  fes fibres font  
 longues  &  droites,  il  a le grain  fin.  Sa  
 feiiille  a  prefque  la  figure  d'un  coeur,  
 «lie  eft molafle,  lice ,  unie,  d'un  verd  
 pâle  par  deflus,  &  damafquinée  par  le  
 delfous.  Sa  fleur  avant d'être  épanouie  
 cft comme un bouton pentagone  qui  eft  
 d'abord  de couleur  rouge, qui  en  s'épanouiffant  
 produit  une  efpece  de  rofe  à  
 rinq  feiiiUes de  trois  grandeurs  &  couleurs  
 différentes.  La  plus petite eft  rouge, 
   les  deuxmoyennens  font orangées,  
 Bc  les  deux  plus grandes  font  de  même  
 couleur  avec des  filets  couleur  de  pourprej  
 les bords  de  ces  feiiilles font dentelés, 
   rudes 8c  frifés,  le  milieu  de la fleur  
 yenferme trois filets à téte  ronde  de couleur  
 verdâtre  accompagnez  de  plufieurs  
 craminesjnunc-s.  Cettediverfîtéde cou- 
 A G E S  AUX  ISLES  
 leurs fait un très-bel effet. Cette fleur n'a  a,  
 point d'odeur,  &je n'ai point vû  qu'elle  
 produifît  aucune  femence,  cette  ianne  
 fe multiplie alTez d'elle-même,  elle prend  
 aifément par tout ,  & fouvent où on ne h  
 demande  pas, je  veuxdire  dans  les cannes, 
   les maniocs & les cacoyers,  qu'elle  
 accableroit  à la fin fi on  n'avoit  pas foin  
 de  la couper  ou  arracher,  ce  qui  eft  h  
 maniéré la plusfûre pour s'en  débaraifer.  
 Il y a une autre  lianne  que le  rapport  iq  
 qu'elle  a  avec  la precedente  a fait nom-  »  
 mer Mibi pi,  parce  qu'elle  eft plus  gran-'®"  
 de  plus groflé & plus forte ;  on s'en fert  
 aufli aux  mêmes  ufiges.  Celle-ci  porte  
 despoisàpeuprèsdela  grofléur  &  de  h  
 figure  de ceux que nous avons en France,  
 qui  font  renfermez  dans  une  goufle  à  
 quatre pans,  ils font d'une fubilance verdâtre, 
  tendre,fort gluante, doux au goût.  
 Les  oifeaux  les mangent  quand  ils peuvent  
 les  avoir  avant  que de certains vers  
 qui s'en nourriflent,  les ayent  dévoré après  
 avoir percé  la  filique  qui  les renfermoit. 
   La feiiille du mibipi  eft d'un  ailcz  
 beau verd  par deflus,  mais prefque blanche  
 par deffbus, el le eft  douce au touchtr  
 &  comme veloutée, ovale, ôc  trois à trois  
 à chaque  pedicule.  La  fleur  eft fourenuë  
 3ar une queiie  de quatre à cinq pouces de  
 ong,  ronde,  ferme,  quoique  grefle &  
 velue.  Le bouton eft  ovale, couvert d'un  
 poil  ou  efpece de duvet afléz long ;  il fe  
 divife  en  cinq  parties  lorfqu'il  s'ouvre  
 qui font  une maniéré  de  cloche qui renferme  
 im  piftis  environné  de  quelques  
 filets  ou  étamines  ,  on  voit  dans  cette  
 fleur  le blanc,  le jaune & le violet agréablement  
 mélangez.  Son odeur approche  
 beaucoup  de celle  de  l'oeillet.  
 CHAm 
 F R A N C O I S E S  DÊ  L'AMERIQUE.  0  
 C H A P I T R E  X.  
 L'Auteur  va  faire  faire  les Tkques  aux  haUtans  des  Culs-defac  
 Robert  &  Francois.  
 Defer ipion  à'un Poiffon appelli Lament in,  ou Menate.  
 ¡E  Dimanche  de  Quafimodo  
 IO Avril,  je  me  rendis fur le  
 foir  au  Cul  de  fac  de  la Trinité, 
   chez  mon Confrere  le  
 PereMartelli,qui m'avoit  prié  
 de l'aider  à  faire faire  les  Pâques  aux  
 habitans des culs-de-fac Robert  8c  Franc 
 o i s ;  qui  n'avoient  point encore de curez  
 refidens. Je trouvai qu'on avoit  changé  
 la garnifon  qui étoit  fur la  poime  ou  
 a maifon  Curiale  eft  bâtie.  La  Compagnie  
 détachée de  la Marine qui y etoit  
 àcvuk  quelques  jours ,  étoit  commandée  
 par Monfieur  Coullet,  Oflicier  de  
 réputation,  & mon  compatriote,  Cek  
 me fit un  vrai  plaifir.  Je  croi  pouvoir  
 mettre  ici  tout, de  fuite  ce  qui  eft  répandu  
 dans  differens  endroits  de  mon  
 journal  touchant  cet Officier.  
 Monfieur  Coullet  eft Parifien.  Il eft  
 né au Pakis Royal.  Son  pere  qui  etoit  
 attaché  à  la  perfonne  de  Monfieur  ,  
 Frere unique de Louis XIV.  commandoit  
 un  Bataillon  du  Regiment  de Navarre, 
   &  fa-mere avoit  élevé  tous  les  
 enfans de Monfieur,  quiaufli-bien  que  
 Madame  ont  toujours  eu  une  confideradon  
 très-particulière  pour  toute  fa  
 famille.  11 étoit  Lieutenant dans  le Bataillon  
 de  fon  pere,  &  il n'auroit  pas  
 manqué  de  s'avancer  bien  plus  vite  
 qu'un  autre,  puifque  outre  la  protection  
 de Monfieur,  il étoit  brave 6c  fort  
 appliqué  àfon métier.  Cependant  l'envie  
 de  voir  l'Amerique  lui  fit  quitter  le  
 ferviee de  terre  pour  entrer  dans  celui  
 de mer,  ôc  pafler  à  la  Martinique  en  
 qualité de Lieutenant  d'une Compagnie  
 détachée de  la  Marine.  Il  y  arriva  en  
 1687.  A  peine  eut-il  mis  pied  à  terre  
 que Monfieur le Comte de Blenac  Gouverneur  
 General  des  Ifles,  l'envoya  à  
 S.  Chriftophle.  Il  y  fut  ppfaitement  
 bienreceu de Monfieur de Saint Laurent  
 Chevalier de Malthe,  qui étoit Gouverneur  
 de  cette Ifle,  qui avoit befoin  d'un  
 Officier  habile,  adif  Se  vigilant  td,  
 qu'étoit  le Sieur  Coullet  pour  difcipliner  
 les Troupes  réglées  &  les  Milices  
 de  fon  Gouvernement,  dans  la  fltuation  
 où  étoient  les  afeires  en  Europe,  
 où tout  fembloit fc difpofer à  la  guerre.  
 En  effet il  le  pria  de  faire  les  fondions  
 d'Aide  Major,  ce que  le  Sieur  Coullet  
 accepta,  &  s'en  acquitta  d'une maniere  
 qui  contenta également  le Gouverneur,  
 les Officiers ,  les Troupes  reglées  8c  les  
 Milices.  
 La  guerre  s'étant  déclarée  en  Europe  
 environ  fix  mois  après,  les  Anglois'  
 qui  partagent  l'Ifle  avec  nous,  en  furent  
 avertis  bien  avant  nous.  Ils  craignirent  
 avec fujet que  les Irlandois  Catholiques  
 qui  demeui-oient  dans  leurs  
 quartiers  ne  fe joigniffent aux François,  
 c'eft pourquoi  ils  leur  ordonnèrent  fous  
 de  grandes  peines  d'apporter  leurs  armes  
 dans  leurs forterefles,  afin  qu'étant  
 defarmez,  ils n'euflént plus rien à  craindre  
 de  leur  côté.  Mais  ceux-ci refuferent  
 d'obéir,  &  aïant  abandonné  leurs  
 habitations,  ilf vinrent  demander  azile'  
 au  Chevalier  de  Saint  Laurent,  avec  
 un  Officier  pour  les  commander.  On  
 les  reçut  avec Joyc,  ôC le  Gouverneur  
 aïant  aflembléfonconfeil,  tout  le  monde  
 jetta  les  yeux furie Sieur Coullet  pour  
 être le  Commandant  des  Irlandois.  Ils  
 étoient  
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