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i<î4 NOUVEAUX VOYAGE S AUX ISLES
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ï6;j6. viiltâmes l'habitation de l'Efperance,
qui eli: feparée de celle du Sieur du Querr
y , appelléel'lllet, par une ravine affez
profonde Scefcarpée, Le terrein de
r i l l e t eft commandé par celui de l'Efjcrance,
dont la maifon, lafucrerieÔC
e moulin qui font de maçonner ie, contribuent
à défendre ce pofte & à empêcher
de pénétrer dans h favanne de
Suè're & de s'approcher du Grand-paffage.
T o u t le terrein depuis la riviere des
Gallions jufqu'à celle de Saint Louis,
eft très-beau, de bonne terre & tout
à Elit propre pour le fucre blanc, auffi
il s'y en fait une quantité confiderable.
C'eft le quartier de l'Iile oii il y a plus
defucreries; il eiivrai qu'elles font petites
& qu'elles manquent abfolument
de bois à brûler> mais comme les terres
font vieilles, c'eft-à-dire , qu'elles
fervent depuis long-tems , & que la
fechereiTe y eft plus ordinaire que la
pluye, les pailles des cannes & les bagaces
tiennent lieu de bois & fuffifent.
L a riviere aux Herbes fepare en deux
parties prefque égales tout ce terrein,
qui a environ une lieuë de large, & à
tagnede qui on a donné difFerens noms. On apmontagne
de Beau-foleil, la par-
(iuBeau-eft entre la riviere aux Herbes,
fokil. & celle des Gallions. Au-deiîlis de l'habitation
de l'Efperance, font celles de
Suè're & des Gomier s , & à côt é eft celle
de l'Iilet. La partie qui eft renfermée
entre la riviere aux Herbes & celle de
Saint Louis, fe nomme la montagne de
Belle-viië. Au-deiTus eft l'habitation du
Sieur Abbé Guefton, appellée . . . .
& une autre qui eft aux Jefuites qu'ils
appellent Saint Claude. Elle confine à
une des terres refervées par feu Moniieur
Houel , appellée le Parc, dont elle
eft feparée par des falaifes de très-difficile
accès j & par une riviere qui vient
Mondes
montagnes de la Souphriere, qu'on
appelle la riviere de Saint Claude qui fe '
j e t t e dans celle de S. Louis.
La riviere aux Herbes eft compofée
de deux branches qui renferment un
triangle qu'on appel e I'Met. C'étoit
aufîi une des referves de M. Houel
que fes héritiers ont vendue au Sieur du
Query. Nous vifitâmes la plus grande
partie de tous les endroits qui font entre
la riviere aux Herbes & le Fort où
j e fus dîner avec Monfieur Auger. Après
dîné nous montâmes à cheval pour voir
tout le terrein ie long de la gauche de
la riviere aux Herbes, depuis le bord
de la mer Jufqu'à l'Iflet. Nous traverfâmes
enfuite les habitations jufqu'au
bas de celle de Saint Claude pour voir
en defcendant la droite de Ja riviere de
Saint Louis, qui dans ces hauteurs-là,
coule entre deux fafeifes extrêmement
profondes & efcarpées. Depuis la rivie- Kmm
re Saint Claude qui fe jet t e dans celle
de Saint Louis à plus de trois mille pas 2'm
du bord de la mer , jufques un peu au»«
deiTus de l'éclufe du moulin des Jacobins,
éloigné du bord de la mer defept
à huit cens pas , & depuis l'éclufe jufqu'a
la mer, on la peut pailer par tout
a g ü é , quoiqu'elle foit grolTe, large,
fort remplie de groiTes roches, qu'elle
ait de grands baflins, & qu'elle foit fort
fujette à fe déborder & à croître confiderablement
d'un moment à l'autre;
mais depuis l'exclufe jufqu'à la riviere
Saint Claude, fon paffiige n'eft praticable
qu'en deux endroits. Le plus bas
s'appelle le paiTage de laCouliiTe, par'- diU
ce qu'un habitant s'étoit avifé de faire f " *
un moulin au pied de la falaife , 6c ^
côté de la riviere oii l'on conduifoit les
cannes, en les faifant glilTer dans une
couliftê de planches, appuyé fur des
tréteaux enfoncez en terre le long de la
peace d'un morne très-long Se très-roide.
F R A N C O I S E S D
de. Il eft vrai qu'il n'eut pas le fuccès
qu'il efperoit de cette invent ion, parce
que la rapidité de la couliflè faifant que
les paquets de cannes en fortoient fore
fouvent, avec danger de bleflèr ou de
tuer ceux qui fe rencontroient fous leur
chute, ou quand elles arrivoient en bas;
elles étoient toutes froilîées, & auffi
échauffées que fi elles euiTent été coupées
depuis quatre jours, ce qui les rendoit
prefque inutiles à faire du fucre,
fur tout du fucre blanc. La defcente de
ce morne quoique longue 6c roide , ne
laifl'è pas de fervir aux gens qui font à
cheval, & feroit un fort bon endroit
pour pailer la riviere ôc s'emparer des
kwteurs de Bel le-vûë, fi elle n'étoit pas
tout-à-fait découverte & commandée
par deux hauteurs qui font à la droite
de la riviere , qui fembloit avoir été
faites & placées-là exprès pour rendre
ce chemui inutile aux ennemis qui y
voudroient paifer. Monfieur Auger ne
manqua pas de remarquer ces deux endroits
pour y faire travailler quand il
feroit befoin.
Le fécond paiTage eft à neuf cens pas
ilus haut que celui-ci. La defcente de
adroite eft belle & facile; elle à été
fiiite par les habitans voifins pour aller
à l'eau, mais celle de la gauche eft fi
efcarpée&fî roide, qu'elle fait peur,
auffi n'y a-t-il gueres que des N egres qui
s'en puiiTent fervir. J'y ai paflë deux
fois pendant que les Anglois nous attaquoient
en 1705. Je ne croi pas avoir
jamais couru de plus grand danger en ce
genre.
Depuis réclufc des Jacobins jufqu'à
leur moulin qui en eft éloigné d'enviion
quatre cens pas, le terrein de la
droite de la riviere eft éleVé & efcarpé,
Se commande abfolument celui de la
puche. Depuis cet endroit jufqu'au
bord de la nier, les deux rives font à
E L'AMERIQ^UE. i6 f
peu près égales; oiï s'il y a quelque a- i6<j6.
vantage, il eft du côté de la droite. Il
fut réiblu de faire un retranchement de
pierres feches avec des raquetes pardevant
depuis l'EcIufe jufqu'à la mer,que
l'on continueroit le long de la mer par
le morne des Irois 6c le Morne doré,
jufqu'à la ravine Billau qui couvre l'entrée
du Bourg St. François. Nous découvrîmes
chemin faifant quelques petits
angles faillans de pierres feches
qu'on avoit fait en quelques endroits de
la côte ; mais outre qu'ils étoient prefque
éboulez 6c tous couverts de brouffailles,
ils laiilbient de trop grands vuides
entre eux, 6c ils étoient trop éloignez
les uns des autres pour fe pouvoir
défendre. On réfolut de réparer ceux
qui étoient éboulez, d'en faire d'autres
où il feroit befoin, 6c de lesjoindrepar
des courtines qui feroient face à la mer,
comme auffi de creufer un boyau autour
de la pointe du morne des Irois,
6c d 'un autre qui en eft éloigné d'environ
cent pas, avec une muraille feche
pour les joindre l'un à l 'aut re, 6c de continuer
ces retranchemens jufqu'à la ravine
Billau. Il y avoit une batterie à la
jauche de cette ravine qu'on appelloic
a batterie de Carcani, quel'onjugeaà
propos de tranfporter de 'autre côté de
cette ravine, 6c de la renfermer dans
l'enceinte du Bourg.
Nous trouvâmes au Bourg S. François
un nommé leBlanc, Maîtred'une
barque qui venoit d'arriver de la Martinique.
Il rendit quelques paquets
Monfieur le Gouverneur, 6c nous dit
qu'il étoit frété pour le retour par nos
Religieux, pourlefquelsil devoit prendre
chez nous fa charge de pots 6c de
formes pour nôtre habitation du fond
Saint Jacques. Il me rendit auffi quelques
lettres, une entre autres de nôtre
Supérieur qui fembloit fuppofer que je
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