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 xC<j6.  peut  porter  aux Mes,  &  s'enrichir  par  
 leur vente} mais il faut que les Marchands  
 fe mettent  en tête de n'y  envoyer  que  ce  
 qu'il  y  a  de  plus  beau  en  Europe.  Ce  
 n'eft plus  le tems  d'y  porter  de la  verroterie  
 ou  des  babiolles,  nos  fauvages  mêmes  
 n'en  font plus  de  cas.  Il faut tout  ce  
 qu'il  y  a de  plus beau,  de plus  riche,  de  
 JIUS nouveau, de meilleur goût  fanss'emjarrafler  
 du  prix,  c'eil  l'unique  moyen  
 d'avoir  un  prompt  débit,  &  un  profit  
 confiderable.  
 Les Marchands  qui  voudront  faire un  
 Commerce avantageux, doivent avoir un  
 Aflbcié,  ou un Commis  refidenten  quelqu'une  
 de nos  Ifles.  La  Martinique  ell  
 la plus propre pour cet effet de  toutes  les  
 Mes  du  Vent.  Il  faut  avoir  foin que  les  
 Magafins foient toûjours remplis, & toujours  
 aiTortis,  afin  d'être  en  état  de  débiter  
 fes marchandifes  fans fe prelîer,  &  
 quand  on  trouve  l'occafion  plus  favorable, 
   &  les  remplir  de  Sucres  bien  conditionnez  
 ,  6c  autres  marchandifes  du  
 païs,  afin  que  les  Vaiifeaux  arrivants,  
 ils n'ayent  qu'à  décharger  promptement  
 ce  qu'ils  ont  apporté  d'Europe,  6c  recharger  
 fur  le  champ  les  marchandifes  
 qu'ils  trouveront  dans  les Magafins.  Par  
 ce moyen ils feront  deux voïages  dans  la  
 même  année  ,  §c  ne  fe  confommeront  
 point  en  frais  6c  gages  d'Equipages  ,  
 A G f E S  AUX  ISLES  
 leurs  cargaifons  feront  mieux  vendues,  »''««S.  
 Se leurs  retours  mieux  choifis.  C'eft  de  
 cette  maniere  que  Meffieurs  Maurellec  
 de  Marfeille,  6c  quelques  autres  Marchands  
 on  fait  des  fortunes  confiderables  
 dans  le  Commerce  de  l'Amerique.  
 Mais il faut  pour  cela  avoir  toûjours  un  
 fond  d'avance  ,  6c  ne  pas  attendre  le  
 retour  d'un  envoi,  pour  fongerâen  faire  
 un autre.  Il  faut  avec  cela mettre  à  
 la  conduite  des  affaires  un  Aflbcié  ou  
 un  Commis  qui  foit  fage  ,  homme  
 d'honneur  ,  de  bonne  confcience,  qui  
 foit  poli  6c accommodant,  qui  connoiffe, 
   ou  du  moins  qui  s'étudie  à  connoîtrelepaïs, 
   c'eft-à-dire,  les  marchandifes  
 qui  s'y  fabriquent,  8c  les  Habitans,  
 qui  foit  attentif  à  fes affaires,  qui  voie  
 tout  par  lui-même,  fans s'en  rapporter  
 le  moins  qu'il  eft  poflible,  à  ceux  qui  
 font employez  fous lui,  6c  fur  tout  qui  
 n'ait  point  de  paflion  violente,  ou  d'attachement  
 pour le vin, le jeu,  ôc les femmes. 
   
 .  Je  fouhaite que  les Habitans  des  Mes  
 6c les Maithands  qui  y trafiquent,  profitent  
 des  lumieres  qu'un  long  fejour  
 dans le  pais,  6c les emplois que j'y  ay eus  
 m'ont  procurées,  6c qu'ils fe  fervent des  
 biens  qu'ils  pourront  acquérir  par  ces  
 moyens  comme  de  vrais Chrétiens  doivent  
 faire.  
 Fin  du  Tome  Premier.  
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