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1 4 1 NOUVEAU X V O Y A G E S AUX ISLES
1696. doute où il y a fix canons qui battent
dans la rade. Elle feroi tai fément empor -
t é e fi on faifoit une defcente , parce
q u ' e l l e el l tout -à- fai t commandée & vûë
d e revers.
J e ne fçai quelle idée on a eu en
f a i f a n t ce F o r t , qui n'eft bon à rien.
T o u t ce qu'il a de b o n , c'eit qu'il eft
e n très-bon air, & qu'il a une vûë des
p l u s belles & des plus étendues. On
d é c o u v r e la plus grande partie de la
C a b e f t e r r e 6c du grand cul-de-fac de
l a Guadeloupe, un nombre confiderab
l e d'Iflets dont le pet i t cul-de-fac eft
r e m p l i . On voit les Saintes , & quand
l e tems eft ferein, les montagnes de la
D o m i n i q u e .
L e Lundi matin Monf ieur Auge r fit
l a revûë de la G a r n i f o n du F o r t , & d'un
e Compagni e de Milice du quartier le
p l u s p r o c h e , qu'on appelle le Gofier,
d o n t la Paroifle étoit deflérvie par un
E c c l e f i a f t i q u e appellé Monf ieur Biez,
a u defïiiut des Capucins à qui les trois
ParoiiTes de la grande terre appartienn
e n t , mais qui n'avoient pas alors de
R e l i g i e u x pour la remplir.
J e m'occupai toute la mat inée à di'eff
e r les mémoires de ce que j'avois rem
a r q u é , & les projets que Monfieur
A u g e r vouloit envoyer en Cour. Je
l e s achevai à mon retour au Baillif,
a v e c les plans qui écoient neceflaires
p o u r leur parfaite intelligence. Ils fur
e n t envoyez , & à ce qu'on dit, app
r o u v e z : cependant jufqu'à mon dép
a r t des liles ils étoient demeurez fans
e x e c u t i o n , malgré tous les mouvemens
q u e le Gouverneur s'étoit donnez,
l ' u t i l i t é 6c la neceffité évidente qu'il y
a v o i t , & les facilitez tout-à-fait grandes
q u ' o n faifoit t rouve r pour les exécut
e r fans qu'il en coûtât prefque rien au
R o i .
N o u s nous embarquâmes après dîné
p o u r aller voi r les abîmes. Ce font de
g r a n d s enfoncemens que la mer fait
dans les terres o ù les vaiiTeaux peuvent f ' '
f e retirer pendant la faifon des oura- 5 ,
g a n s , ou dans un befoin pour ne pas'"»«
ê t r e infultez par les ennemis. Ce font^""'
a f l u r e m e n t de beaux endroits, l'eau y Z f
e f t profonde , & les bâtimens y font
t o u s couverts des branches des palet
u v i e r s ent r e lefquels ils fe mettent & 7m,
s ' y amarrent ; car il feroit inut^ile d'y
j ' e t t e r l'ancre, à moins que de la voul
o i r laiifer dans les racines, ou emport
e r en levant la moitié d'une foreft.
I l nous parut qu'on pourroit faire un
p o r t excellent de cet endroit-là , pourv
u que les terres des environs foient
d é f r i c h é e s , Se qu'on élevé quelque
r e d o u t e ou batterie pour le deffendre.
N o u s allâmes voir un lilet qui couv
r e parfaitement bien la rade -, il me
f e m b l e qu'on le nommoit l'Illet àprm
C o c h o n s . Il paroît que s'il y avoit'''»
deflus une bonne redoute , ou qu'on
y tranfportât le Fort Louis, il met-^&.
t r o i t tout ce quartier hors d'infulte.
M o n f i e u r le Chevalier Renau Ingén
i e u r General de la Ma r ine , étant ven
u en 1700. vifi ter les places de l'Amer
i q u e , projetta d' y faire un fortin. Je
l'ai vû fur le papier, & j'en ai eu un
d e f l e i n .
L e Mardi premier jour de Mai je ni»
dis la MeiTe de fort bonne heure.'''®'
M o n f i e u r Auger acheva ce qu'il avoit
à faire. Nous déjeunâmes , & nous fir finous
embarquâmes pour repafler à la ¡"'{i^
G u a d e l o u p e . Nous allâmes encore jufques
à l'embouchure de la riviere fn-fiiii,
lée pour chercher un endroit commode
pour faire un corps de garde fur
p i l o t i s , avec une chaîne ou eftacade
p o u r fermer la riviere, & empêcher
les promenades des Anglois dans ce
q u a r t i e r inhabi té. On chercha & on
mariiii/>.
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marqua ce lieu dont je fis le deiTein qui
f u t exe cut é avec diligence , parce que
les habi tans fe chargèrent d'en faire la
dépeiife , qui ne fut pas confiderable.
N o u s rengeâmes enfuite toute la terre
de Saint Germain depuis la pointe de
G r i g n e au vent jufqu' à la riviere du
Coin qui la fepare d'une autre terre
appellee Arnouville, appartenante aux
héritiers du Sieur Baudouin , ci-de-
• vant Commis principal de la Compagnie
de 1664. à la Guadeloupe ,
en faveur duquel ils prétendent qu'elle
a été érigée en Fief par leRoi , à
la recommandation de la Compagnie.
L a veuve du Sieur Baudouin reçût
M o n f i e u r Auger avec beaucoup de
civilicé. Les chevaux que Monfieur
H o u e l avoit envoyez pour le fervic'e
du Gouverneur , y étoient dès le
j o u r precedent. Apres que nous nous
fûmes rafraîchis , nous montâmes
à cheval pour aller voir une terre à
c ô t é d'Arnouville que Monfieur Auger
vouloit achepter conjointement
avec le Sieur Biez , qui étoit auiîi
d e la Compagnie. Le Sieur Fillacier
Officier de Mi l ice de la Cabefterre
, à qui elle appartenoit , s'y trouva.
Nous vifitâmes le terrein qui me
parut bon ; après quoi nous retournâmes
chez la veuve Baudouin , parce
que la Compagnie qui étoit avec le
G o u v e r n e u r étoit trop groiTe pour
pouvoir loger chez le Pere Capucin,
Curé de la Paroifle du petit cul-defac.
E n attendant l'heure du fouper , je
fus me promener dans la terre d'Arnouville
que je trouvai parfaitement
belle , ou du moins très-propre à la
devenir. C'eft une étendue de près
de deux mille pas de large fur cinq à
fix mille de hauteur. Le terrein eft
a la vérité un peu rouge Se comme
E L ' AME R I Q J J E . 14 3
c e n d r e u x en quelques endroits i cepen- 169(5.
d a n t les cannes y etoient très-belles, 6c
les bcftiaux en bon état, ce qui eft
u n e marque infaillible de la bont é de
la terre. Il y a deux petits ruiflèaux
qui la traverfent , dont l'un fe jette
dans la riviere du Coin, & l'autre dans
celle de Saint Paul qui paiTe dans l'hab
i t a t i o n du Sieur Fillacier , que Monfieur
Auger a achepté depuis , ôc qu'il
a nommée Trianon. A la referve des
m o u f t i q u e s qui nous importunèrent un
p e u , nous fumes par fai tement bien trait
e z & logez , quoique cette maifon
eut été pillée depuis dix-huit mois
p a r l e s Anglois, qui ayant furpris le
corps de garde qui etoit au bord de
la mer , s'étoient rendus maîtres de la
m a i f o n , dont ils avoient enlevé les
meubles & un bon nombr e d'efciaves,
d o n t quelques-uns s'étoient fauvez
d ' A n t i g u e s , & étoient revenus chez
l e u r maîtreiTe. Depuis ce malheur on
f a i f o i t la garde plus exaftement 5 &
nous la doublâmes afin de dormir plus
e n repos.
N o u s partîmes le Mercredi matiri
p o u r aller à la Paroifle du petit culd
e - f a c . Le Pere Capuci n qui en étoit
C u r é , ne manqua pas d'haranguer
M o n f i e u r Auger en lui prefentant de
l ' e a u benî t e à la por t e de l'Eglife. La
r e v û ë fe fit après la Mefle. Cette
C o m p a g n i e étoit de foixant e -hui t h ommes
bien armez. Nous dînâmes chez
le Pere- C a p u c i n , où il eft à croire que
les Officiers du quartier avoient fait
p o r t e r ce qui étoit néceflaire pour le
r e p a s . Après que Monf ieur Auger eut
d o n n é fes o r d r e s , nous partîmes pour
aller coucher chez le Pere Capucin,
C u r é de la Paroifle de Goyaves. Le
G o u v e r n e u r choifit la maifon du Relig
i e u x plutôt qu'une autre à caufe de
c e r t a i n s diftercns qui étoient entre lesp
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