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Précaution
pour
conferler
les
rbres
73 NOUVEAUX VOYA
dant la pluye qui précéda l'ouragan, les
endroits des Hivannes & des jardins qui
n'étoient pas innandés, étoientcouverts
d'une infinité d'oifeaux de mer 6c de riviere,
commc canards lT\uvages, poules
d'eau, pluviers, cercelles & alloiiettes
de mer qu'on tuoit par les fenêtres en telle
quantité qu'on vouloir.
Mon jardin fouffritunpeudece mauvais
tems, mais beaucoup moins qu'il
n'auroit fait fans la précaution que j'avois
eu de mettre quatre ou cinq cordes à la
naiflimce des branches des arbres que je
^ voulois confeiver avec plus de foin,6c d'amarer
les bouts à des piquets que j'avois .fait enfoncer bien avant en terre. Lavent
faifoit ployer les arbres, mais les cordes
les loutenoient de forte que jen'en perdis
aucun.
Le Dimanche 9 Oâobr e , je dislaMeffe
aflez tard, pour donner le tems à mes
Paroiflîens des'ailembler, paixe que les
chemins nepermettoient pas qu'on pût
aller à cheval, ni qu'on marchât fort
vite.
fi'ifeaux Nous nous apperçûmcs cejour-là qu'il
paflbit beaucoup d'oifeaux comme perro-
Marû- quets, grives, ramiers & autres, qui prenoient
la route de la Dominique, qui
n'ell éloignée duJVIacouba que de fept
Heues. Les perdrix, les tourterelles &
les ortolans prenoient auffi le mércie chemin
j mais quand ils avoient un peuvolé
fur la mer, ils revenoientvers la terre iî
las 6c fi fatiguez qu'ils tomboient iiijis
avoir la force de fe relever, de forte qu'on
les prenoit à la main. J'en pris moi même
quelques-uns. C'auroit été prodiguer
fâ poudre que de les tirer dan? ce temslà.
La raifon qui obligeoit tous ces oîfeaux
à changer de demeure, eft qu'ils
ne trouvoient plus de graines dans les
bois pour fe nourrir. Ceux de nos quartiers
croyoient apparemment en trounique.
GES AUX ISLES
ver à la Dominique, qui eft la terre la
plus voifine, 8c ceux de la Dominique '
penfoient en trouver dans nos quartiers,
de forte que le jour fuivant nous
vîmes des nuages de ramiers, de perroquets
6c de grives qui venoient de
la Dominique, ou qui en revenoient ii
abbatus par la faim 6c par la fatigue,
que quelques-uns tomboient dans la
mer, d'autres fur le fable, d'autres dans
nos favannes, ôc d'autres enfin qui n'avoient
pas la force de fe tenir fur les
branches des arbres où ils fe pofoient
en arrivant. Nos habitans fe vangerent
,
fur ces pauvres oifeaux des dommages
que l'ouragan leur avoit caufé, ils en
firent un carnage épouvantable. Il y
eut de mes Paroiffiens qui en falerent
des barils entiers. Je fuivis l'exemple
des autres, 6c j'en fis une aflez bonne
provifion, tant de ceux que je tuai,
que de ceux dont on me 'fit prefent.
Mais la quantité que j'en avois m'auroit
été inutile, fi on ne m'avoit pas
a|3pris le fecret de les conferver en les
marinant comme je vais le dire. Je ne
parle qu^ des ramiers, car pour les
grives, les perroquets, les perdrix &
autres plus petits oifeaux , il eft rarej/j.;.
qu'on fe donne la peine de les mari-ii"»
ner. Pour les ramiers après qu'ils
plumez, vuidcz6c flambez, onlesmet^j,,,
à la broche oii on leur donne environ/«»
le tiers de leur cuiflbn, après cela on""'
les fend en deux , on leur coupe la tête
6c les pieds , 6c on ôte tous les dedans
qui font attachez aux côtes. On
mec une couche de fel pilé environ d'un
demi-doigt d'épaiflêur , dans le fond
d'une jarre de terre verniiléc, ou dans
un baril bien étanché ; on couvre le
fel de fciiilles de bois d'inde feches,
6c on arrange deiTus les moitiez des
ramiers les unes à côté des autres, en
les faupoudrant avec du fel, du poivi'c
• 'Il
!
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE.
0
5c de la graine de bois d'inde battus
enfemble. On fait fur cette couche de
ramiers une autre couche de feiiilles de
bois d'inde, fur laquelle on étend d'autres
«foc
moitiez de ramiers que l'on iixupoudre
comme les premiers, continuant
ainfitant que le vaiiTeau foit plein, ou
du moins tant qu'on ade ramiersj après
quoi on le remplit de vînaig.re, 6í on
le couvre. De cette maniere les ramiers
fc confervent dans toute leur bonté une
année entiere 6c même davantage. J'en
iccoramodai ainfi environ deux cens,
qui fe conferverent fi bien , que j'en
mangeai à mon retour de la Guadeloupe
plus de huit mois après les avoir marinez,
6c je les trouvai auffi frais & auffi
bons que le premier jour. Lorfqu'on
les tire du baril, il fiiut les bien laver
dans de l'eau tiede, 6c lesy laiCfertrcmjcr
environ un quart d'heure, 6c enfuite
es laver 6c les laiifertremper autant de
tems dans de l'eau fraîche , 6c après
qu'il font égoutez ôc efluyez, achever
de les faire cuire comme on le juge à
propos, foit fur le gr i l , foit en corapotte.
Il fembk qu'ils viennent d'être
tuez. Si au lieu de les mettre dans du vinaigre
on pouvoit les mettre dans dufaindoux,
comme on met les cuiiTes
d'oyes en France dans leur propre graiffej
je croi qu'ils fe conferveroient enacere
mieux.
L'ouragan dépeupla prcfqu'entierement
nos liles de perdrix 6c de grives.
Se l'on fut près de trois ans fans en voir
comme on en voyoit auparavant.
Les tourterelles nefe trouvent gueres
que dans les endroits écartez où elles font
71
peu chaiTées. Celles del'Amérique m'ont iîSqj.
wru un peu plus groiTes que celles dt
France} comme les perdrix de France ¿¡sijles,
font en échange bien plus groiTes que
celles de l'Amerique.
Quand on va dans les Mets qui font
aux environs deslûes, dans le tems que
les tourterelles font leurs petits, on en
prend beaucoup de jeunes avec des filets
, on les nourrit dans de grandes
cages comme des volieres. Elles s'y
engraiflenr parfaitement bien cependant
les connoiiFeurs prétendent qu'elles
n'ont jamais le goût fi fin que celles
qui vivent en liberté. Il eftprefqueim^
poffible de les apprivoifer quelque foin
qu'on fe d o n n e , elles font toûjours fauvages.
Celles qui vivent en iberté fe
nourriiTenten certains tems deprunesde
monbin 8c d'olives fauvages , dont les
noyaux leur demeurent affez long-tems
dans le jabot : ce qui a fait penfer à quelques
perlônnes qu'elles mangeoient de
petites pierres. Elles font ordinairement ^
foitgraiTes, ôc d'un très-bon goût.
Les oifeaux à qui nos infulaires ont
donné le nom d'ortolans, ne font que
des tourterelles d'une efpece beaucoup
plus petite que celles dont je viens de
parler. Ils font à peu près de la groiTeur
d'une caille: leur plumage eft gris cendré,
le deflbus de la gorge tire un peu
fur le roux. Ils vont toûjours couplez.
On en trouve beaucoup dans les bois,,
ils aiment à voir le monde, fe promenant
dans les chemins fans s'éfarouchery
8c quand on les prend j-eunes ils deviennent
très-privez. Ce font des pelottonsd'une
graifle qui amn goût excellent. -
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