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 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIQ^UE.  ij g .  
 La  fleur  eft  corotiie  une  petite  rofe  ment  trois, petites  amandes, bjçn plqsdç-.  
 à  cinq  feuilles,  toute  ronde,  de  cou-  licates  que celles des  deux  premieres efleur  
 de  ponceau,  dont  le  centre  eft.  peces  qui  purgent  plus  doucement  
 garni  de  quelques  petites  étamines  ivec  bien  moins  de  rifques.  
 couvertes  d'une  efpece  de.  pràiEere  Je  fuis prefque  porté  à. croire  que  les  
 dorée.  feuilles  de  cette  dernière  efpece  fon.l;  
 Le  fruit  n'eft  pas  plus  gros  qu'une  meilleures  en fajade purgative  que celles  
 noifette  dont  le  dehors  eft  découpé  &  de  la  feconde.  Du  moins leur  beauté  
 comme  partagé en  fix  parties  égales  qui  femble  inviter  les  curieux à en faire l'exçompofent  
 'trois  capfules  qui  rénfer-  perience.  
 C H A P I T  RE  I  V.  
 Des  Bananiers i  Bguiers  ¿^  Balijiers.  
 Î ^ N  peut  dire  que  de  tous  les  
 fruifs derAmerique  ceux  qui  
 font  d'un  plus  grand  ufage,  
 font  la  Banane  &  la  Figue.  
 Cette  derniere  eft une  efpece  
 deBanane. Les arbres,ou pour parler  plus  
 jufte,  les plantes  qui  les  portent  font  iî  
 femblables, qu'à moins  d'avoir  une  trèsgrande  
 connoiifance  du  païs,  il eft prefque  
 impoiTible  de  les  diftinguer les  uns  
 des  autres  quand  on  ne  voit  pas  leur  
 fruit.  
 La  Banane  que  les Efpagnols  appellent  
 Plantain, a ordinairement  un  pouce  
 ou  environ  de diametre,  Ôcdix  à  douze  
 pouces  de  long.  Elle  n'eft  pas  ronde,  
 mais plûtôt  comme  un  exagone  dont  
 les  angles feroient émouffez &  les  cotez  
 un  peu  convexes.  Les bouts  fe  terminent  
 en  pointe  exagone  un  peu  courbe.  
 La  peau qui  eft  lifle &  verte  avant  que  
 le  fruit  ait  atteint  toute  fa  perféàionSc  
 fa maturité,  jaunit  lorfqu'il  eft  meur.  
 Elle  a  environ  deux  lignes  d'épaiiTeur,  
 elle  eft  forte Scfouple  comme  une  peau  
 de chamois.  Elle  renferme une fubftanr  
 ce jaunâtre  de  la  coniîftance  d'un  fromage  
 bien  gras,  fans  aucunes  graine?,  
 mais  feulement  quelques  fibres  aiTez  
 groiTe^  qui  femblent  reprefenter  une  
 efpece  de  crucifix  mal  formé  quand  le  
 fruit eft coupé  par  fon travers.  Les  Ef-.  sentipagnols, 
 du  moins  ceux  à qui  j'ai  parlé,  
 prétendent  que  c'eft-là le fruit defFendu,  ¡"¿lu  
 &  que  le  premier  homme  vit  en  le/«r«  
 mangeant  le  myftere  de  fa  reparation  
 )ar  la  croix.  Il  n'y  a  rien  d'impoiTible  
 à  dedans;  Adam  pouvoit  avoir  meilleure  
 vûë  que  nous,  ou  la  croix  de  ces  
 bananes  étoit  mieux  formée  :  quoiqu'il  
 en  foit  il  eft  certain  que  ce  fruit  ne fe  
 trouve  pas feulement  dans  l'Amérique,  
 mais encore  dans  l'Afrique,  dansl'Afie,  
 6c fur tout  aux  environs de l'Eufrate  oîi  
 on  dit  qu'etoit  le  Paradis  terreftre.  
 ( ^ a n d  la Banane  paiTe  un  peu  au  delà  
 de  fa jufte maturité,  fa peau  devient  
 noire, & le dedans  reiTemble à du  heure.  
 On  diroit  pour  lors  que  c'eft  un  fauciipjn  
 du  moins  par dehors.  Jenefçaurois  
 mieux  comparer  le  goût  de  la  banane  
 miire  qu'à  celui  du  coing  &  de la  
 poire  de  bon  chrétien  joints  enfemble,  
 mais  qui  font  trop murs & qui  commen- 
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