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 V O Y A G E S  AUX  ISLES  
 5 i i  NOUVEAUX  
 travail,  &  aux  intérêts  de  leur  Maître,  
 &  comme  ils  font aecoûtumez  a  mettre  
 tout  à  profit jufqu'à  l'eau  dont  on  lave  
 les chaudieres,  & où Ton met tremper  les  
 formes,  ils  tirent  dés  Cannes,  Sc de  ce  
 qui  en provient,  tout  ce  qu'on  en  peut  
 tirer.  
 Il  eftvrai, que  quand  ils arrivent  aux  
 liles,  ils neconnoiflent  rienàla  premiere  
 cuiíTon  du  Sucre  qui  provient  dire£lement  
 des Cannes} mais ils s'y font en  peu  
 de jours,  & s'appliquent par une loiiable  
 émulation,  à  fe furpafler les  uns  les  autres, 
   tant  pour  la  beauté,  que  pour  la  
 quantité qu'ils tirent  de  la matiere  qu'on  
 leur  met  entre  leurs  mains.  
 J'en  avois  arrêté  un  en  1704.  lorfque  
 j'écoisdeftinépour  être Supérieur de  nôtre  
 Maifon  delà  Guadeloupe,  nommé  
 Corneille  Corneille  dejerufalem,  il  étoitd'Hamflhtn'^' 
  ^^'-"•g-  Mais nos Peres aïant foûhaité que  
 Hafinsar  Supérieur  de  la Martinique  pour  
 pluiîeurs raifons, &: entr'autres  pour faire  
 achever  Nôtre  Bâtiment  du  Moiiillage,  
 que  mon  voyage  à  la Guadeloupe  &  a  
 Saint  Domingue  avolt  interrompu,  le  
 Religieux  qui  fut  nommé Supérieur  à la  
 Guadeloupe  m'écrivit  qu'il  auroit  de  la  
 peine  à  fe fervir  de  ce  Rafineur,  parce  
 qu'il  étoitLutherien.  Cefcrupulemefit  
 pJaifir :  carj'avois envie de  le mettre fur  
 nôtre  Habitation  du  Fond  S.  Jacques,  
 & je ne fçavois comment m'y prendre.  Je  
 répondis  auffi-côt qu'il  n'avoit  qu'à  me  
 l'envoyer,  parce qu'il m^étoit indifferent  
 qup  le Sucre qu'il feroit fût Lutherien  ou  
 Catholique,  pourvu  qu'il fût bien  blanc.  
 J'écrivis  en  même-tems  au  Rafineur  de  
 venir,  ce qu'il executa avec joye,  &  tout  
 le  monde  fut  content j  &  moi  fur  tout  
 parce  qu'il  nous  fit  le plus  beau  Sucre  
 que  l'on  pouvoit  voir.  
 Mauvair  Les  Rafineuisl'^rançois  n'approchent  
 /es^Wi-  p^s  (jg l'exactitude,  &  de  l'attachement  
 les . étrangers  onf  à  leur  ouvrage.  
 Commeleurnaturcl  nechangepas,  pour  
 changer  de  climat,  ils  font  inconftans,  
 negligeans,  &  trop adonnez  à leurs plaiiîrs  
 pour  fe captiver  autant  qu'il  eft  neceifaire, 
   pourfuivre  piedàpied  &  infa- Cwi/ei:  
 tigablement  nuit  & jour  le  travail  d'une  
 Sucrerie.  
 Mais  les plus mauvais  de tous  font  les  
 Creolles,  c'eft-à-dire,  les François  nez  
 aux liles-  Ils font d'une  vanité  infuportable, 
   &ineans  au  dernier  point,  adonnez  
 au vin,  & aux femmes,  au jeu,  &  à  
 d'autres  débauches i  fi  préfomptueux,li  
 menteurs,  & fi glorieux  que j'ai  vû  des  
 Habitans  prêts à quitter  les établiifemens  
 qu'ils avoient fait pour blanchir  leurs  Sucres, 
   parce qu'ils nepouvoient  plusfouffrirles  
 inégaiitez,  les bizarreries,  &  le|  
 impertinences de ces fortes de gens.  A les  
 entendre  parler  ils'font  impecables  -,  ce  
 n'eft jamais leur  faute quand  ils ont  gâté  
 une  étuvée  de Sucre.  C'eil  la  faute  des  
 Cannes,  du  bois,  des  blanchets,  de  la  
 terre,  de l'étuve ; de forte qu'on eft  quelquefois  
 obligé de  les prier  de ne  fepoin.t  
 fâcher,  pour  avoir  la  paix  dans  la  maifon. 
   
 J'en  trouvai  un  de cette  efpece  quand  
 je pris le foin de nos biens en 1697. il avoit  
 ti-availlé fous mon prédeceifeur,  qui  n'avoit  
 pas lieu d'en  être content:  mais  qui  
 n'avoit ofé le  renvoyer,  parce^uec'étoit  
 le Supérieur qui  l'avoit  place  chez  nous.  
 Je ne fis pas  tant de  ceremonies,  dès  que  
 j'eus pris poiTeffion, je comptai  avec  lui,  
 je  le payai,  Sc lui  donnai fon  congé j  6c  
 j'écrivis au Supérieur  que  cet  homipe  ne  
 m'accommodoit  pas.  
 Il  ne  manqua  pas de s'enprefenterun Moyen  
 grand  nombre  ,  qui  s'en  retournèrent »^e  
 comme  ils étoient  venus,  quand  ils  en- ,  ^  .  ^  .  ,  r-  rendre  
 tendu'ent  les propolitions que je leurs  ns,  
 &  entr'autres  que  leurs  gages  leurs  fe-  »wî  
 roient  payez  en  Sucre,  &  non en argent  
 comptant,  &  qu'ils  prendroienç  pour  
 leur  
 F R A N C O I S E S  T> E  L'AMERIQ^UE.  u.  
 î o L t ^ S r '  q^i '^g^t e -  dans fa clarté,  dans fa fe.-metc,  qu'il foie  x^^i.  
 ro  en  ,  au même prix que le plus beau  au-  bienpurgé  &  bien  fee,  la beauté du  Su- 
 S  tJnih-  f^ b l a n c "  tel qu'il puifi-e être,  terré,  rai 
 T l ^ f n ^ ^ ^ ^  fné,ouroyal,confiftedan3lablancheur,  
 i . l i ?  ^lapetitcfledefongrain  qui  doit  com- 
 S  J1 f ' T ^ t ^ ^  ""  P'-"'"  uni, % f a n t ,  dur,  &  un  
 f e s l l ï ï ,  Í  Í  peutranfparant.  Maisplus  k  Sucre  a  a c  
 es baT^^^^^^^^^^  qi^iscesqualitezparlesdifFerentesfontcs  
 tie  bagatelles.  Je  fus  alTez content  des  où  ila  palTé,  moins  iladedouceur  
 deux  premieres  etuvées  qu'il  ñt ;  mais  Le Sucre terré iimplement a beaucouD  
 beaucoup,  &  que  la  fuite ne  repondoit  ci que  le Sucre royal :  & quoiqu'ils puifpas  
 au  commencement,  je  l'avertis  d'v  fenr  ^vn.V  3 ^  
 Jemarchér,n7iw;c7  V  7  " "  ^"^'''^eniesêcliauitantunpeudansles  
 Î  uÎ  i t 'Tfoued'êSl " ' "-  g " ' " '  '  ^  airodeui  d o ^ ^  
 fe X  etierenvoye&payeavec  chantedecelle  du miel  ou de la violette •  
 c  plus mauvais Sucre  parce  qu'il  avoit  &  plus il s'en élo.Vne,  moins i l^rCet '  
 ¿  : Z :  S i e r " "  teideur  eftrenfeÎmé^Zslefirop, &  i  
 le  r e ^  îlTnnlnrV  f  certainque  lefirop a beaucoup p  us de  mÊ^mm  
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 champ avec fon  compt e^nlubl e,  où il  on  d ^ ^ L e  f! Z  '  
 S S S i S S E  s S  i f S S  
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