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ì 6 o NOUVEAUX VOY
i'ii>4- qui renferme lin« petite graine rabotrufe.
^ La racine de cette planteefl une fubftance
bulbeufe, blanche, acqueufe, &
neantmoins alTez ferme, garnie de quantité
de filets longs & fees. Elle eft toute
couverte de membranes filamenteufes ,
attachées les unes fur les autres comme
plufieurs enveloppes qui cachent une
peau polie & un peu luifante, à k referve
de quelques filets qui en fortent.
Sa figure eû; ronde & prefque conique.
,
Sa feiiille eil: d'un verd clair attaché au
tronc par une queiie longue & canelée ;
elle eil ronde par le bas, c'eft-à-dire à fa
naiflance, quatre fois ou environ plus
longue que large; elle fe termine en
pointe à peu près comme le fer d'une
pique. Elle eft forte & ferme prefque
comme du parchemin., & fe roule d'elle
même auifi-tôt qu'elle eft cueillie.
• On pile la racine & on la fait infufer
pour en feire une ptifanne qu'on fait
prendre à ceux qui ont été bleiTés de
fléchés empoifonnées. Elle a la vertu
de chaiîèr Je v inin, & de l'empêcher
de gagner les parties nobles ; ôc cepend^
uu on applique la même racine pilée
& broyée en maniere de cataplaffne
iûr la playe dont elle attire le venin
; mais il faut que ce remede foit
appliqué promptement ; car pour peu
qu'on tarde , ce poifon travaille avec
viteiTe , il 'corrompt les environs de la
bleiTure; & quand il s'eft une foit communiqué
dans de grands vaifliaux, la
blellure devient mortelle.
, L'ombre du Manceniliern'eftgueres
moins dangereufe pour ceux qui s'y
endorment, que fon lait & fon fruit.
Ils font afîurez de fe trouver à leur
réveil enflez extraordinairement, avec
une migraine très-violente , 6c une
iiévre trés-dangereufe. C'eft à force
A G E S AUX ISLES
de jus de citron & de cordiaux qu'on
chaiîc le.venin qui s'étoit infinué dans
le corps. En un mot cet arbrecftauifi
dangereux qu'il eft beaîî ; & en matiere
de bois on n'en peut pas trouver qui
en approche.
Avant d'arriver au Bourg de la Trini -
té , nous allâmes à l'habitation de Monfieur
du Bue l 'Etang, à qui le Pere Martelli
avoir à parler; Se comme il étoic
à peu près l'heure de diner, on nous
y convia, 6c nous l'acceptâmes. La mai-
Ibn du fleur du Bue eft fîtuée fur le morne
ou coline qui fepare le cul defal de
la Tr ini t é d'avec celui du Gal l ion, dans
l'endroit où commence une longue pointe
qui avance dans la mer près de deux
lieues, qu'on appelle la pointe de la c U
Caravelle, qui jette une autre branchef f
vers l'Eft qu'on nomme la Tartane ;
cette branche avec un morne qui eft ne'"'
à l'Eft de la riviere du Gallion , forment
le cul de fac du Gallion , qui eft
partagé en deux par une pointe qui
fait le grand 6c le petit cul de fac Gallion.
J'étois charmé de la fîtuation de
cette maifon dont la vûe s'étend fur ces
deux culs def ies, furleBourg, lePort
6c le fort de la Trinité , ôc fur une
)artie de la Gabeft-erre. Monfîeur du
iuc l'Etang avoit un frère nommé
Baltazard du Bue , marié à une des filles
de Monfieur Monel. Ils fontenfans de
Monfieur Pierre du B u e , dont l'habitation
étoit au deiTus du Bourg delaTrinité.
C'étoit un des premiers habitans
de la Martinique. Il étoit d'une bonne
famille de Normandie. Dés l'âge de
quatorze ans fes *{)arens le firent fervir
dans le Regiment du grand Maître.
Etant revenu en fon pais après quelques
campagnes , il eut querelle avec dtum
un homme de qualité appelié le Chc-pur
valier de Piancourtj ils {ébattirent, àif' "
le Chevalier étant demeuré mort fur la s1„ ¡'f
place uire,
F R A N C O I S E S DE L 'AMERIQUE. rffr
/(Î54' P' i i"' lefîeurduBucquin'avoitpasen- Fort S. Pierre de la Martinique qu'ils
core dix-huit ans, fut obligé de fefauver. avoient attaqué en [6i>i. 8c on étoic
Il trouva heureufement à la rade de fl perfuadé à la Cour de fa prudence 6c
Dieppe un VaiiTeau qui mettoit à la de fa valeur, que Monfieur e Chevalier
voile ¡.lour les Mes ; il s'y jet ta, ôc fut de S. Laurent Lieutenant General des
portéaS.Chnftophle. Sa bravoure l'y Ifles, ôc Monfîeur Begon, Intendant,
É: bientôt connoitre, aufîi fut-il choifi eurent ordre de le mener avec eux lorfparMonfieurd'Efnambuc,
Gouverneur qu'ils allèrent par Ordre du Roi , à S
6c Fondateur de la Colonie de S. Chrif- "" • i . - - '
tophle, pour accompagner Monfîeur du
Parquet fon neveu lorfqu'il l'envoya
gouverner la nouvelle Colonie
venoit d'établir à la Martiniq que...
un de ces braves qui chaflerent les Sauvages
qu'il
fut
de la Cabefterre de cette lile ,
après un rude combat qu'il y eut entre
les deux Nations à la cafe du Bor-
Domingue, afin de fe fervir de fWconfeils.
Son fils aîné Jean du Bue , que l'on appelloit
du Bue l'Etang pour le diftingucr
de fon pere, a marché fidelement fur fes
traces. Après avoir fervi quelques années
fur les VaifTeaux du Roi , s'étanc
retiré ôc marié à la Martinique, il s'efl
- y - -.- - r -r «Jiffingué dans les Charges de Major,
gne, qu'on appelle aujourd'hui le Fort de Capitaine de Grenadier , ôc de Lieubainte
Marie; d'où après qu'on les eut tenant Colonel des Mîlices de la Capoufles
jufques aux culs de fac les plus befterre. Qiioique jeune il avoit toûreculez
du cote del 'Ef t le fieurdu Bue jours accompagné fon pere dans les en^
s etablita^u culdefacdel a Trinité, dont treprifes que l'on avoit faites fiarles enon
peut dire qu'il a été le premier habi- nemis, ôc y avoit acquis une iufte réputatant
qu il y a fait la premiere Sucre- tion. Il fut blcfTé à la defcente que les
ne 6c que c eft a lui que ce quartier, à Anglois firent à la Martinique. Il feiprefent
le plus confiderable de l'Ifle, vit avec beaucoup de diftinftion à la
eftredevabe de la culture du Cacao, Guadeloupe en 170^ à la tête d'une
Compagnie de cent habitans-de fon
n f S i ^ ^ r " ' " ' ^ ^ ^ contribua pas peu à
d in a ,b,ef iut i le, enluifaifant part de je le dirai en écrivant l'attaque de la
0 'ni v de c ouvme s Guadeloupe. Il acquit beaucoup degloid
o n ^ " h' H ' '' ^ S. Chriftophle fo^ le
t,o n" de Chavagnac , ôc fous le fieur
ouve par tout ou il pouvo.t acque- CaiTar, à la prife de Monfarrat; ce fut
ves d e f o n T l ' ' ' ^ ? i-éduit de
ves ^ Ion zele ôc de fon courage. On cette Ifle avec la troupe qu'il comman-
1 prS Chr i f tophl e , doit. Il voulutfaire u L L o n d c e r e -
Mnlr 'l/'^'gues, de Nieves, de prife fur cette même Ille en 17 II v fit
1 ¿oro?^ ' il - ^ ^^ ^^^^ de cinq c^ns quitiÏ
touteTcÎ n dans vingthommes, poufla les ennemis, ôcfe
p l u f i e u r f l T ^ ? ' 7 rendit maître de plus de la moit é de
en 6 , ' S '' Guadeloupe pour piller avunt qu'il eut entieremenc
n T l "" dedevant le achevé fa conquête qui paroifToit infail-
^ Uble,
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