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 N O U V E A U X  VOYAGE S  AUX  ISLES  
 *694.  Indienne  pour  tapiiTer  la  Chapelle  ,  
 &  donnèrent  de  la  toile  pour  faire  des  
 nappes,  &  les  autres  linges  neceiTaires  
 à  une  Eglife.  Ils prièrent  le  Marguillier  
 de  faire  une  eolleCTre  chez  eux  
 Paroifle.  Je  trouvai  au  fond  Saint  
 Jacques  le  Supérieur  de  nôtre  Miffion,  
 j e  lui  rendis  compte  de  ce  qui  avoit  
 été  fàiti  il  me  remercia  de  la  peine  
 que  j'avois  prife,  Sc  me  pria  de  me  
 pour  achepter  des  Vafcs  facrez,  &  des  trouver  au  Moiiîllage  ie'  fecond^our  
 ornemens,  parce  que  ceux  dont je m'é-  de l'année  prochaine,  afin  de  l'accomtois  
 fervi  appartenoient  à  Monueur  de  ^  „  .  ..  ,  
 ia  Vigne.  
 Nous  partîmes  après  dîné.  Nous  remîmes  
 à  la  pointe  à  la  Rofe  les  quatre  
 Caraïbes  que  nous  y  avions  pris  ,  
 qui  étoient  fort  contens  de  leur  voyag 
 e ,  ^oii  ils  avoient  bû  de  l'eau  de  vie  
 à  difcretion,  ¿k: en  emportoient  encore  
 chacun  une  calebafle.  Nous  arrivàmas  
 avant  la  nuit  chez  Monfieur  Joyeux  
 où  nous  couchâmes,  &  le  Samedi  de  
 grand  matin  je  m'en  retournai  à  ma  
 C H A P I T R E  V ,  
 Defcription  de h  Fille &  de VEglife  du  Fort  Royal  Mort  extraordmtire  
 de  quelques perfomes  nouvellement  venues  de  France.  Confeil  
 Souverain  de la  Mavtiniqiie.  
 | E  premierjour de Tannée  i6pf  
 je  receus  les  complimens  de  
 tous  mes  Paroiffiens,  &  des  
 prefensdelaplus  grande  partie. 
   On  me  donna  entre  autres  
 chofes  une  chevre,  ou  comme  on  
 dit  aux  liles  une  cabritte,  avec  les  
 trois  petits  qu'elle  avoit  eu  de  fa  derniere  
 portée  C'étoit  la  plus  belle  &  la  
 meilleure  bète  qu'on  pût  voir.  Je  priai  
 Monfieur  Michel  de  la  fouffrir  dans fa  
 favanne  avec  les  ficnnes.  Elle  auroit  
 peuplé  toute  une  Ifle  tant  elle  étoit  
 féconde  ;  car  elle  faifoit  trois  portées  
 che-  en  treize  ou  quatorze  mois,  &  trois  
 unaux  petits  à  chaque  portée,  &  quelquefois  
 Zïtonî  q^ii^i'e-  -Les  chevreaux  ou  cabrittons  
 thàtrez des  Ifles,  châtrez  lorfqu'ils  font  en- 
 •*H  laït.corc  au  lait,'  font  très-eilimez,  leur  
 chair  eft  tendre,  graffe,  delicate,  6c  
 de  très-facile  digeftion.  Je  partis  le  
 Dimanche  après  le  Service  pour  le  
 Moiiillage,  où  j'arrivai  d'allez  bonne  
 heure  pour  faire  mes  .complimens  à  
 l'Intendant,  au  Gouverneur,auxCommunautez  
 Religieufes,  &  à  mes  amis  
 particuliers.  
 Nous  partîmes  nôtre  Supérieur  5c  
 moi  dans  le  canot  de  Louis  Galere  fur  
 les  trois  heures  après  minuit.  Il  étoit  
 environ  fcpt  heures  quand  nous  arrivâmes  
 au  Fort-Royal.  Nous  allâmes  dire  
 la  MeiTe  aux  Capucins,  &  prendre  le  
 chocolat  chez  Monfieur H o u d i nj  8c  en  
 attendant  qu'on  pût  voir  Monfieur  le  
 General,  je m'occupai  à  confiderer  TEglife  
 &  les  maifons  de  cette  nouvelle  
 ^''ille.  Les  rues  font  tirées  au  cordeau  
 &  bordées  de  maifons  de  différentes  
 elpeces.  Il  y  en  avoit  déjà  plufieurs  
 de  
 ttf,  
 magner  au  Fort-Royal  où  il  devoit  aler  
 faire  les  complimens  du  nouvel  an  
 à  Monfieur  le  Comte  de  Blenac,  5c  
 lui  parler  de  l'établiffement  de  la  nouvelle  
 Paroiffe  du  cul-de-fac  François,  
 afin de k.jjpire  mettre  fur  l'état.  
 J e  paffai  le  refte  du  mois  dans  ma  
 Paroiffe,  où  les  Fêtes de Noël  me'donnèrent  
 affez d'occupation,  car  un  Miffionnaire  
 qui  veut  s'acquitter  de  íes  devoirs  
 à  toûjours  du  travail,  6c  ne  trou»  
 ve jamais  du  tems  de  reite.  
 F R A N C O I S E S  DE  '  L"A  M  E  R  I  CLU  E.  Í7  
 ïipîville  
 i t  
 m  
 i#i nijfiMefjinit  
 la  
 Cufiicai. 
   
 de maçonnerie  dont  la  plûpart  menaçoient  
 ruine,  parce  que  tout  le  terrein  
 où  la Ville  eft  fituée  eft  un  fable  mouvant, 
   dans  lequel,  quand  on  veut  faire  
 les  fondemens  d'un  édifice,  plus  on  
 creufe,  &  moins  on  trouve  de  folidité.  
 On  prétend  même  avoir  expérimenté  
 que  pour  bâtir  avec  quelque  forte  d'affûrance, 
   il  falloir  mettre  le  mortier  &  
 les  premières  afiifes  fur  une  certaine  
 herbe  courte  en  maniéré  de  chiendent  
 dont  ce  terrein  eft  tout  couvert  On  
 n'a  pas  crû  devoir  fuivre  cette  obfervation  
 en  bâtiffant  l'Eglife.  On  a  fait  
 un  grillage  qui  a  beaucoup  coûté,  &  
 qui  n'a  pas  empêché  que  les  murs  
 n'ayant  travaillé  beaucoup,  &  ne  foient  
 furplombez &  ouverts  en  plufieurs  endroits. 
   Cette Eglife a environ  cent  trente  
 pieds  de  longueur  fur  trente  pieds  
 de  large,  avec  deux  Chapelles  qui font  
 la  croiice.  Les  fenêtres  font  à  peu  près  
 le  même  effet  que  le  capuchon  des  
 Capucins  qui  la  deffervent,  c'eft-à-dire  
 qu'elles  font  formées  par  deux  arcs  de  
 cercle  qui  font  un  angle  fort  pointu  
 Se fort  defagreable  à  la  vue.  Le  dedans  
 étoit  peu  orné  &  fort  mal  propre}  èc  
 pour  la  difgracier encore davantage,  on  
 y  afait un  portail  de pierre de  taille  grife  
 dont  les  joints  de  plus  d'un  pouce  
 font remplis  d'un  mortier  bien  blanc,  
 qui  eft  terminé  en  pointe  comme  le  
 comble  fans  amortiffement  &  fans  ornemens. 
   Avec  tout  cela  il  ne  manque  
 pas de  gens  qui  en  ont  envie,  &  qui  
 fe donnent  aflez  de  mouvement  pour  
 en débufquer  les  Capucins.  
 Nous  allâmes  faluer Monfieur le  General  
 fur  les  neuf  heures.  Il  nous  reçût  
 très-bien,  il  approuva  ce  qu'on  avoit  
 fait au  cul-de-fac  François  pour  l'établiffement  
 d'une  nouvelle  Paroiffe,  &  
 nous  promit  de  concourir  avec  l'Intendant  
 pour  la  faire mettre  fur  l 'Etat ,  £c  
 mértie'  de  nous  faire  donner  quelques  i6<jj;  
 quartiers  avant  qu'il  y  euft  un  Curé  
 réfident  pour  achepter  les  meubles  qui  
 lui  feroient  neceffaires.  Malgré  toutes  
 nos  excufes il nous retint à dîner.  En  attendant  
 l'heure nous  fûmes  rcndrevifite  
 à Monfieur le Beguc  Lieutenant de  Roi,  
 à quelques autresOfficiers,&: à  deuxConfeillers  
 qui demeuroient  dans  la  Ville.  
 Nous  partîmes  un  peu  après  quatre  
 heures,  &  arrivâmes au Moiiillage  avant  
 fept  heures,  ayant  eu  une  bonne  brife  
 pendant  tout  le  chemin.  Je  demeurai  
 tout  le  Mardi  au  Fort  S.  Pierre  pour  
 achever  mes  vifites,  &  recevoir  celles  
 de mes  amis.  J'en  partis  le  Mercredi  de  
 grand  matin,  ôcfus  dîner  chez  moi.  
 Le  ro.  de  Janvier  un  vaiffeau  de  la  
 Rochelle  nommé  le  Pont  d'or  arri\>aau  
 Fort  Royal:  il  y  avoit  plus  de  quatre  
 mois  que  les  vaiffeaux  qui  étoient  partis  
 avec  lui  de  France  étoient  arrivez,  
 fans  qu'on  en  eût  pû  apprendre  aucune  
 nouvelle.  On  étoit  feur  qu'il  n'avoic  
 point  été  pris,  on  lecroyoit  perdu  y fon  
 arrivée  fit  plaifir  à  bien  du  monde,  &  
 fur  tout  à  quelques  Marchands  qui  avoient  
 été affez  hardis  pour  affurer quarante  
 mille  écus  à  foixante  &  quinze  
 pour  cent,  quoique  felon  toutes  les  apparences, 
   ce  vaiffeau  dût  être  péri  en  
 mer j  auquel  cas  c'étoit  un  prefent  de  
 dix  mille  écus  qu'ils  rifquoient  de  faire  
 à ceux  qui  leur  avoient payé la  prime.  
 11 vint  dans  ce  vaiffeau un  affez grand  
 nombre  de  paffagers, &  entre  autres  un  
 de  nos  Religieux,  appellé  le  Pere  le  
 Clerc,  fils  ou  frere  d'un  Confeiller  au  
 Prefidial  d'Orleans^i  La  longueur  du  
 voyage,  &  mille  incommoditez  qu'il  
 avoit  fouffertes  dans  la  traverfée  l'avoient  
 rendu  malade,  cependant  la  fié-  ¡rh^  
 vre  l'avoit  quitté  trois  iemaines  avant prompte  
 qu'il  débarquât,  &  il  avoit  joiii  d'une  
 affez  bonne  fanté  depuis  qu'il  étoit  à  
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