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grand
cul-dsfac.
134 NOUVEAUX VOY
Sieur Van Defpigue. C'étoitleCapitaiva
» ne de ce quartier-là -, il étoit Flamand
i>efp!- ou Hollandois. Après que les Portugais
IZfn,' i^liallez du Breiîl, il fe retira
de Alili- à la Guadeloupe avec plufieurs autres
ce du de iîi Nation qui y furent reçû par M.
Houel. Cell d'eux qu'on a appris la
culture des c anne s , & a fabrique du fucre
dans nos liles. Le Sieur Van Defpigue
étoit Catholique quand il vint du
Breiîl, c'étoit un très-honnête homme.
Il vint recevoir le Gouverneur au bord
de la mer à la tête de fa Compagni e , qui
n'étoit que de trento-fept a trente-huit
hommes, y compris même quelques Negres
armez.
Je m'étonnai qu'un fi beau pays fut
fi dépeuplé, &j'en demandai la raifon
au Sieur Van Defpigue qui m'en donna
trois au lieu d'une. La premiere, parce
raifom qu'il étolt trop éloigné de la Bailé-terre
TeFuel petit cul-de-fac, qui font les lieux
l i 7 u ' de commerce & du mouillage des vaifgrand
feaUX.
La feconde, que tout ce quartier depuis
le gros morne jufqu'à la riviere
falée, qui fépare la Guadeloupe de la
Grande-terre, fe trou voit prefque tout
entier dans les réferves que les Seigneurs
Propriétaires s'étoient faines en vendant
r i f l e à la feconde Compagnie en 1664.
de forte que bien que ces deux endroits
fuiTent éloignez l'un de l'autre d'environ
cinq lieues, à peine fe trouvoit-il une
lieue de pays qui ne fut aux héritiers
des Seigneurs ou leurs repréfentans,qui
étendoient leurs prétentions d'une maniere
fi vafte, qu'il n'y avoit du terrein
pour perfonne , à moins d'en acheter
d'eux 5 ou de le prendre :t titre de rente
Seigneuriale avec des lots & ventes,des
hommages & autres droits femblables,
inconnus dans le pays, 8c point du tout
du goût des habitans , qui ne veulent
reconnoitre d'autre Seigneur que le Roi ,
Trois
cut-defacefi
defm.
A G E S AUX ISLES
qui donne les terres fans aucune condition
de foy, hommage, vente, lots &
ventes, en un mot , fans aucuns droits
Seigneuriaux,^ comme ces Meffieurs en
prétendoient éxiger.
La troifiéme enfin, que ce quartier
fe trouvant entre Monfarat 6c Antigües,
qui font des Ifles Angloifes, 8c étant
couvert par plufieurs liles où les ennemis
fe peuvent tenir à l'abri, 8c épier
l'occafion de venir piller les habitations
8c enlever les Neg res 6c les meubles
des maifons, peu de gens vouloient fe
rifquer d'y venir demeurer. Il en pou.
voit parler comme le fachant bien,
niifqu'il n'y avoit pas plus d'un an que
es Anglois ayant furpris au point du
jour les deux hommes qui étoient demeurez
au Corps de Garde, avoient inveiti
fa maifon, l'avoient forcée 8c pillée
, avoient enlevé une partie de fes Negre
», après avoir tué fon Commandeur,
& lui avoir caffé à lui-même le bras droit
d'un coup de moufqueton.
Cette relation obligea Monfieur le
Gouverneur à fe tenir fur fes gardes. 11
n'auroit pas été de la bienfeance qu'il fe
fut lailfé furprendre, 8c qu'il eut fait un
voyage à Antigües accompagné d'autres
troupes que des fiennes. I ordonna deux
Corps de Garde avec une patrouille de
quelques Cavaliers. Cette précaution
nous auroit fait dormir en répos, files
mouftiques 8c les maringoins nous l'euffent
voulu permettre.
L e IVlardi vingt-quatre Avril j'employai
toute la matinée àconfeifer ceux
qui n'étoient pas venu à Feri. Il étoit
près de midi quand je commençai la
MeiTe. Celane n'empêcha pas deprêcher
8c de faire le Catéchifme.
Après dîné j'accompagnai Monfieur
le Gouverneur à l'Jflet à Fanjou 8c autres
Ifles qu'il vouloir vifiter. Nous avions
trois canots bien armez, 8c un petit
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allant
F R A N C O I S E S DE L'A M E R I Q.U E,
lit où il n'y avoit que cinq hommes de Varennes qui ayant appris en allant
q u ' o n envoyoit à la découver te, afin de à une habitation qu'il faifoit iaire à la
n'être pas furpris 6c de ne pas donner pointe d'Ant igues, que Monfieur Auger
dans quelque embufcade.
Le Sieur Van Defpigue avoit fait un
plan de tout cegrand cul-de-fic, où il
avoit marqué les fondes j mais comme
il nous parut que les Ifles & quelques
pointes n'étoient pas tout-à-fait bien
r.
étoit dans le quart ier, étant venu pout
le voir. Monfieur Houel de Varenne.ç
eit fils de feu Monfieur Houel cy-dévant
Propriétaire 8c Marquis de la Guadeloupe.
Il a un frere aîné Capitaine aux
Gardes Francoifes, un autre qui eft Abfé
le Marquis de Saint Viftour-Seneterre.
Je l'avois déjà vû à la Bafie-tei're,
8c comme nonobftant un grand procès
que nous avions eu avec fon pere, il ne
laiflbit pas d'avoir beaucoup de bonté
pour nos Millions , j'avois réfolu de
l'aller voir chez lui , 6c de lui offrir
mes fervices p»ur un bâtiment de conféquence
lacez , je me chargeai d'y travailler le bé &que!quesfoeurs, dont l'une à épou-
1 • Ci. Ts^^ j^o.^lendemain avec ma planchette, r.i^fc'ï/j/^/-»ii«"
pt/tri/i- J'étois charmé de la beauté de ce
' quartier, il eft couvert de huit ou neuf
Iflets de différentes grandeurs, avec trois
ou quatre rangs de cayes 8c de hautsfonds
qui forment un bafiîn de cinq à
lix lieues de longueur,depuis la pointe
du gros Morne jufqu'à celle d'Antigue
dans la grande terre. Ce baflin n'a pas
moins d'une lieuë dans fa moindre largeur,
6c près de trois dans f i plus grande.
Les vaiiTeaux de toutes fortes de grandeurs
y peuvent être en feureté. Ils y
encrent par deux pafles, 8c les barques
par deux autres. 11 feroit facile de les
défendre par une batterie fermée, ou
)ar un Fort fur la pointe de l'Iflet à
î^anjou où efl; la principale pafl^e, avec
une redoute fur un petit Ifletqui en eft
tout proche, qui ferviroit encore à défendre
une des pafiïs des barquesi fùppofé
qu'on ne prît pas le parti de la combler,
en y enfonçant quelque vieux bânment
maçonné dans fon fond 8c arrêté
avec des pieux pour les foûtenir, jufqu'à
ce que la mer y eut apporté des
pierres 8c du fable, ce qui ne manqueroit
pas d'arriver bien vite.
Nous fîmes couper une bonne quantité
de branches de Palétuviers chargées
d'huitres, 6c nous revînmes au logis du
Sieur Van Defpigue, en fondant par tout
pour verifier les fondes qu'il avoit marquées.
qu'il vouloir faire , £c pour
lequel il m'avoit demandé un deffein. Il
avoit avec lui fes deux grandes pirogues
, avec plus de trente hommes
blancs 8c noirs qui étoient tous bien armez.
Ce renfort nous faifoit fouhaiter
qu'il prît quelque demangeaifonaux Anglois
de venir vifiter nôtre hôte ; nons
étions en état de les recevoir d'une maniéré
à leur faire oublier le chemin de
leurs maifons.
L e Mercredi je fis mefurer une diflance
de trois cens toifes, ou fix cens pas
de la Guadeloupe, dont les extrêmitez^
me devoient fervir pour pofer ma-planchette.
Pendant que j'étois occupé à
ce travail,- j'envoyai un canot pour mettre
des balifes avec des bannières aux
bouts des Iflets, dont je voulois avoir la
pofition, 6c à toutes les pointes que l'on
pouvoir découvrir 8c qui étoient à portée
de mon opération. Je travaillai toute
la matinée , 6c je corrigai une bonne
partie de la Carte du Sieur Van Defpi-
gue. J'allai après dîné avec Monfieur
Auger 8c Monfieur Houel voir la grande
Nous y trouvâ-naes Monfieur Houel riviere i Goyaves, autrement la riviere
Saine
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