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104- NOUVEAUX VOY
On trouve dans les bois & autres lieux
de ces mottes ii groiTes & fi pefantes ,
qu'un homme ne les peut porter. Quoiqu'on
les coupe en pieces, ou qu'on les
arrache du lieu oij elles étoicnt bâties,
leurs habitans ne s'enfuyent pas pour
cela, au contraire ils travaillent à répara"
les brechcs. Lorfqu'onà pris une
motte & qu'on la veu,t conferver pour
la donner petit ,à petit aux poules, ,&
empêcher en meme tems que les poux
de bois ne .fe retirent ou qu'ils n'étendent
leurs logemens & leurs galeries,
ne ie répandent dans des lieux où on
ne les fouhaite pas,; on enfonce un piquet
au milieu de quelque mare d'eau ,
êc on fiche Ja moue fiir le piquet, & à
mefiire qu'on en a befoin pour les pouletp,
on en coupe o,u rompt une partie
qu'on leur jet te; c'eft un plaifir devoir
comme ils ie jettent fur ces infeites, &
comme la poule brife la motte avec fon
bec & fes pieds pour les obliger de fe
montrer.
11 y a deux fortes de bois qui ne font
pas de leur goût; l'acajou & le bois amer.
Cela vient de ce que le fuc & le
bois de ces deux arbresell extrêmement
amer. Je parlerai d,an,s un autre endroit
de l'acajou.
Le bois amer eft un aiTez grand arbre.
J'en ai trouvé de plus de deux pieds de
diamètre. Son écorce eft brune, hachée
& forx épaiije. Sa feuille eft longue &
pointue, d'un verd pâlej aiTezdouce &
peu épaiile. Le bois eft d',un jaune clair
qui fe décharge en fechan.t & devient
prefque blanc^il e^ filafleux & léger. 11
fautobferverlorfqy'on le fciedelè tenir
toujours au vent , c'cft-à-dire, qu'il faut
fe mettre dans une iituation que le vent ne
puiflepas vousjetterlapouffiere au vifage
; fans cette précaution la pouffiere qui '
entre dans 1 c nez & dans la b o u c h e , y fait
le même eiïet que fi on avoit mâché ou
Mois
*mer,
A G E S AUX ISLES
pris de la rhubarbe en guife de tabac,
On fe fert ordinairement de ce bois
pour faire des lattes, ou des planches
minces pour cloiier l'ardoife, parce qu'il
eil leger, & qu'on eft afluré qu'il ne fera
jamais attaqué de ces infe.(5tcs.
L'acajou & le bois amer ont encore
une autre qualité ; c'eft de commuaiquer
leur amertume à tout ce qu'on fait
cuire à leur feu, foit qu'on le fafte cuire
dans une marmite, ou qu'on le fàiTe rôtir
à la broche ou fur le gril. J'en ai
fait l'expérience à mes dépens; car un
jour qu'on travailloit à la couverture
de mon Presbytere au Macouba, & que
j'avois envoyé monNegre dehors, j'amaifai
des bouts de lattes .de ce bois que
j e mis au feu, afin que l'abfence ducuifinier
n'apportât auçun retardement au
diner de mes ouvriers ni au mien, mais
je fus furpris quand le Negre fut revenu
de l'entendre crier contre fon camarade,
qui étoit un petit Negre nouveau.
Je lui en demandai la raifon, &
il me dit que le dîner étoit perdu, parce
qu'on avoit mis du bois amer dans le
feu. Je crus d'abord que c'étoit quelque
fuperftition, à quoi lesNegresauffibien
que beaucoup d'autres gens font
aflez portez, êc je m'en mis peu en peine^
Cependan: comme il perfiftoit à dirp
la même i^hofe, je goûtai le bouillon
& la viande 6c je les trouv?à amers corn- mt
me du fiel. Les ouvriers à qui il importoit
de dîner defcendirent, on fit chauffer
de l'eau, on échauffa la viande, on
la lava dans plufieurs eaux chaudes &
froides; mais j'avois eu tant de foin de
la faire cuire avec du bois amer, qu'il
fut impoffible même à mon chien d'en,
manger. Mçj volailles réparèrent mafiiureaux
dépens de leur peau. Je me
fuis aiTuré plus d'une fois de cette expcr
rience, mais d'une maniéré qui me por-,
toit moins de préjudice. -
L o r t
ml
• ifrt
F R A N C O I S E S D
Lorfqu'on eft obligé de manger des
volailles dès qu'elles font tuées, voici
les moyens dont on fe fert aux Ifles pour
les attendrir, 6cdont onpourroitfe ferw
vir en Europe.
Le premier eft de les plumer tout en
;,Uis vie, après quoi on leur fait avaler du
vinaigre, & pendant qu'elles l'ont dans
iSÎpfii
E L'AMERIQ^UE. to y
6c fes grains ne font gueres plus gros
la gorge, on acheve de les étouffer en
leur tordant le col.
Le fécond e f t , après les avoir faignées
à l'ordinaire, de les pendreà une branche
de figuier.
Le troifiéme ef t , de les enterrer pendant
le même efpace de tems, après qu'elles
ont été faignées.
Et le quatrième eft, de les écorcher
tout en vie, quand on les veut accommoder
d'une maniere , où on n'a pas
befoin de conferver leur peau. Il eft
certain que ces maniérés font excellentes,
& qu'elles donnent aux volailles que
l'on eft preffé de faire cuire une tendreté
admirable. On dira peut-être que
voila bien des documens de cuifine pour
un Miiïïonnaire Apoftolique ; à quoi
j'ai à répondre, que quand on eft obligé
d'avoir foin de fon ménage, on eft
en même tems obligé de s'inftruire de
bien des chofes, dont je ne me ferois
pas chargé la mémoire fi j'avois toûjours
été dans mon cloître : mais l'obéïlTance
m'ayant employé dans un état,
j'ai été en même tems obligé de fçavoir
ce qui étoit comme des dépendances de
cet état, eu égard à la neceifité qu'il
y a de vivre 6c fou vent de iê préparer
foi-même ce qui eft neceffaire à la
vie.
J'allois oublier qu'on fe fert encore
aux Ifles d'une autre efpece de mil, qu'on
appelle petit mil, pour nourrir & pour
engraifter les volailles. La feuille de celui
ci eft à peu près la même que celle'
du gros mil, mais beaucoup plus petite,
^om. IL -
que le chenevis. Ses feuilles font excellentes
pour nourrir les chevaux. Qiiand
on le plante ou feme uniquement pour
cet ufage, on le met par filions; il croît
à mefure qu'on le coupe, 6c dui-e fort
long-tems fans être replanté , pourvu
qu'on ne le laiffe pas monter en épi. On
fe fert auffides feuilles du gros mil pour
donner aux chevaux, mais elles ne font
pas fi bonnes.
Il y a une autre efpece d'herbe, longue,
étroite, douce au toucher 6c au '
goût, d'un verd-de-pré, qui vient de
bouture, bien mieux 6c p us vite que
de graine, dont on a foin d'avoir toûjours
une bonne quantité dans les habitations
bien reglées. Elle fert auflî poules
chevaux, elle les engraiiTe, les rar
fraîchit, 6c leur fait autant 6c peut-être
plus de bien, eu égard à la temperature
du climat, que fi on leur donnoit de
l'avoine ou de l'orge ; car en ces payslà
, les chevaux font toûjours au verd,
8c ne laiffent pas d'être très-bons 6c de
grande fatigue. On la nomme herbe de
cofie; elle crgît vîte, on la coupe tant
qu'on veut; elle revient promptementôc
multiplie, pourvû qu'on ait foin de la
farder, 6c dene la pas laiffer monter en
graine.
Le mil gros 6c petit demande une terre
graffe £c profonde. Pour l'herbe de
côte elle veut un terrein bas 6c humide,
c'eft pourquoi on la plante toûjours aux
bords des rivieres.
Les ignames 6c les patates font des
fruits d'un fi grand ufnge <lans toute
l'Amérique , que je ne dois pas remettre
à un autre endroit d'en parler,
fur tout étant dans un quartier où on
en cultive une quantité très-eonfiderable.
L'igname eft une efpece de beteravc
qui vient grolle à proportion de la bon-
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