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 100  NOUVEAUX  VOYAGES  AUX  ISLES  
 16^6.  &  fi  promptcment  qu'il  fembloit  que  
 cela  tînt  du  miraclc.  '  
 On  ne  remarqua  point  que  ce  remede  
 caufe aucune  violence  dans  fon  operation. 
   Il  n'excite  ni  fueurs,  ni  urines  
 extraordinaires:  on  croit  que'c'efl:  par  
 une  douce  tranfpiration  qu'il  produit  
 fon  eiFet  merveilleux.  Meffieurs  les  
 Medecins  feront  ià-deiTus  leurs  reflexions  
 ordinaires.  Tout  . ce  qu'on  fouiiaite  
 d'eux,  c'ell:  de  n'y  rien  mêler  du  
 l e u r ,  de  crainte  del e  gâter,  comme  
 quelques-uns  ont  coutume  de  faire.  
 Il  y  a  beaucoup  d'autres  arbres  aux  
 Ifles qui  donnent  des huiles  &  du  baume. 
   J'en  parlerai  à  mefure  que  l'oceafion  
 s'en  prefentera.  Monfieur  Lietard  
 me  fit  prefent  d'une  petite  calebaiTe  
 de  fon  huile  de  Copaii.  Quoique  
 ce  fut  la  premiere  qu'on  eut  tirée  de  
 fon  arbre,  je  la  trouvai  fi  bonne  que  
 j'aurois. eu  de  la  peine  à  la  troquer  
 contre  le  double  de  baume  du-  Pérou.  
 Nousavons  unarbriiTea»  dont  l'huile  
 ou  liqueur  qui  en  fort  fait  à  peu  près  
 le  même  effet  que  le Copaii.  On  l'ap- 
 Kr« /«-pelle  Bois-laiteux  ,  fa  feiiille  eft  fake  
 comme  celle  du  laurier,  un  peu>  plus  
 grande,  plus  êpaill'e,  plus  charnue  &  
 plus  molle.  Lorfqu'on  la  rompt  ou  
 qu'on  la  déchire  ,  , fes  fibres  jettent  
 une  liqueur  vifqueufe,  épaiiTe  &  blanche  
 comme  du  lait.  Cet  arbriiTeau  ne  
 vient  jamais  fort  grand  ni  fort  gros.  
 On  s'en  fert  pour  garnir  des  feieres  
 parce  qu'il  vient  fort  vite,  comme  font  
 tous  les  bois  mois,  &  parce  qu'ils  font  
 aflez  fouples  &  ployans,  du  moins  
 quand  il  eft  jeune,  on  l'entrelaiîê,  &  
 on  le  conduit  comme  l'on  veut.  Lorfqu'il  
 eft  plus  vieux  il  eft  caiïïint&  
 des  qu'il  eft  coupé  il  fe  feche  auffitôt. 
   H  fleurit  par  petits  bouquets  de  
 cinq  ou  fix  fleurs  chacun,  elles  reifemblent  
 aflez  au  JaGDinj.  eUes  font  blanches  
 &  renferment  au  milieu  d'elles  un  
 petit  bouton  ovale  qui  contient  deux  
 petites  graines  noires,  qui  font  la  femence  
 de  l'arbre,  qui  vient  auffi  parfaitement  
 bien  de  bouture.  Il eft pvefque  
 blanc,  le coeur a un  peu de  moiielle  
 comme  le  fureau,  fon  écorce  eft  d'un  
 verd  pâle  en  dehors,  &  toute  blanche  
 en  dedans.  Les  queiics  qui  attachent  
 les  feiiilles  aux  branches  ont  près  d'un  
 pouce  de  longueur,  avec  un  noeud  
 à  l'endroit  qui  touche  l'écorce.  
 Lesnoeuds,  les feiiilles,  lesbi-anches,  
 l'écorce  &  le  tronc  étant  rompus  
 lègerement  preflez,  rendent  du  lait.'""'  
 On  le  met  fur  les bleflures  &  coupures  
 comme le Copaii,  mais  fans  le  faire  
 chaufter,  &  il  produit  le  même  eiFet.  
 J'en  ai  vû  plufieurs  experiences  qui  
 me  perfuadent  que  mon  Confrere  le  
 Pere  du  Tertre  s'eft  trompé  quand  il  
 a  écrit  que  ce  lait étoit eauftique &  dangereux. 
   
 Un  de  nos  Religisiïx  qui  fe  mêloit  
 un  peu  de  pharmacie,  nommé  le  Pere  
 RofFey,  avoit  rempli  quelques  fioles  
 de  ce  lait.  Il  s'apperçût  au  bout  de  
 quelque  temps  qu'il  s'étoit  entièrement  
 deiTeché.  Il  cafià  les  fioles  pour  voir^™  
 ce  qu'elles  contenoient  -,  il  y  trouva Mt  
 une  matiere  blanche,  déliée  &  fine  
 comme  de  la  farine.  Il  voulut  éproii.  
 ver  fi  elle  feroit  le  même  efitt  que  
 quand  elleétoit  liquide,  &il  vit  qu'elle  
 operoit  beaucoup  plutôt  II  ne faifoit  
 autre  chofe qu'exprimer  un  peu  le  fang  
 de  la  playe,  ^'approcher  les  levres,  &  
 les  couvrir  de  cette  farine  fur  laquelle  
 il  mettoit  une  comprefle  &  une  bande  
 pour  la  tenir  en  état.  Il  m'a  aiTuré  
 que  des  coupures  confiderables  avoient  
 été entièrement  renfermées & gueries  en  
 moins  de  douze  heures.  "  
 Il  s'eft  enfuite  avifé  d'en  faire  pren* pmi  
 dre  le  poids  d'un  ccu  d'or  dans  du  vin  
 à des  
 Mf  
 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIQ^UE.  roi  
 à des Nègres  qui avoient  la  fièvre.  Cette  
 potion  leur excitoit une  fueur fi abondante  
 ,  qu'elle  emportoit  prefque  toujours  
 la  maladie.  
 /„  Il m'a  encore  afliiré  de  s'en  êtrefervi  
 ti- avec  fucces  pour  guérir  des  diflenteries  
 Se des  flux  de  fang.  Il en faifoit  prendre  
 au  malade  le  poids  de  deux  écus  d'or  
 dans  deux  jaunes  d'oeuf,  à  trois  heures  
 l'un  de  l'autre,  cela  provoquoiï  le  vomiiTement, 
   8c  excitoit  enfuite la nature  
 à  fe décharger  copieufementparle  bas,  
 de  l'acide,  bile  ou  autre  humeur  qui  
 caufoit  le mal,  après  quoi  il  reièrroit  ôc  
 arrêcoit  doucement  l'un  &  l'autre  de  
 ces  maux.  
 Nr/iJ  On  iè  fert  encore  avec  fuccès  de  la  
 «i/jw. racine  de  cet  arbrifleau  pour  guérir,  la  
 colique.  On  la  pile  Sc on  en  met  infukr  
 une  pincée  dans  un  verre  de bon  vin  
 pendant  un- Miferere  ôc  non  davantage,  
 après  quoi  on  pafle  le  tout  dans  an  ling 
 e ,  on  le  preflè  5c  on  le  donne au  ma*  
 lade.  '  J'ai  dit  pendant  un  Miferere  ôc  
 non  davantage y  parce  qu'une  plus  longue  
 infufion  donneroit  trop  de force au  
 vin Se pourroit caufer  la  fièvre,  quoique  
 fans  aucun  danger.  
 Onm'avoit  envoyé  de  la  Martinique  
 une  quantité  de  cette  poudre  que je  devois  
 donner  à- Monfieur  Peliceri  Médecin  
 des Galeres du Roi  j  la prife  du vaiffeau  
 a privé  le  public  des  découvertes  
 que  ce  fçavant  homme  auroit  pix  faire  
 des  vertus  de  cette  poudre.  En  attendant  
 qu'il  m'en  vienne  d'autre,  je  dois  
 dire  ici que cette poudre n'a  aucun  mauvaisgoût, 
   non  plusque  lelait qui  la  forme. 
   J'ai  goûté  de  l'un- 6c  de l'autre,  il  
 me  fembloit  avoit  fur  la  langue,  de  la  
 fiirine  de  froment  qui  avoit  une  petite  
 pointe  d'aigreur.  
 C  H  
 è  
 A  P I T R E  xv i r j .  
 Du  bois appelle  Tendre  a- catllm.  Des  Fourmis  blanches ou poux  de bois.  Vw  
 m ip  
 âi  
 adre  
 adta. 
   
 bois amer  &  de fis effets.  Des  Ignames  à'  des  Patates.  
 E  bois  appellé  Tendre  à  caillou  
 ne  fe  trouve  que  dans les  
 lieux fees ,  pierreux &  arides.  
 Il  tire  fon  nom  de fa  grande  
 dureté,  qui le fait  reflembler  
 aux  cailloux.  Sa  feuille  efl; médiocre,  
 ovale,  dentelée,  feche  &  comme  brûlée  
 du  foleil j  de  forte  que  de  loin  ces  
 arbres  paroiflent  rougeâtres  &  comme  
 grillez.  Us n'ont  jamais  plus  dedouze  à  
 quatorze pouces de diametre,  du  moins  
 ee font  les plus  grosquej'ai  vûs.  Quant  
 a  leur  hauteur,  elle  eft  confiderable.  
 On  en  trouve  de  vingt-cinq  à  trente  
 pieds  de tige>  cet  arbre  a  peu  de  branshes  
 & n'eft  pas  trop  fourni  de  feuilles.  
 Son  écorce  eft  blanchâtre  avec  quantité  
 de petites  hachures y  elle  n'a  pasplus  
 de quatre lignes  d'épàifleur j'elle  eit  peu  
 adherente,  fe  leve  d'elle-même,  fe  feche  
 &  fe roule  dès  que  l'arbre  eft  abbatu. 
   L'aubour,  l'aubier ou  l'aubelle,  car  
 on  fe  fert  de  tous  ces  noms  aux  Ifles  
 pour  fignifier  la  même  chofe,  eft  prefque  
 blanc,  médiocrement  dur,  &  de  
 l'épaiflTcur  du  quart  du  diametre  ducoeur; 
   il  ne  vaut  rien du tout ,  6c fe gâte  
 très-aifément,  mais  le  coeur  eft  admirable, 
   également  bon  dans  la  terre  
 6c  dans  l'eou,  d'une  dureté  extrême,  
 fort  roide  &  fort  compaét.  Ses  fibresfont  
 longues,  droites^  6ctellementpreUfées  
 les  unes  contre  les  autres,  qu'il eft,  
 plus  facile  de  les  brifer  ou. de  les  couper, 
   que  de  les  féparer.  Il  eft  rouge  
 quand  on  le  coupej  il  perd  fa  couleur  
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