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? i 4 NOUVEAUX
V O Y A G E S AUX ISLES
DU SUC RE ROYAL.
msucrt P" ^^ public dans le Sucre qu'on
H-oyal. lui vend fous le nom de Sucre royal, car
s'il étoit véritablement royal, il feroit impoffible
aux Rafineurs & aux Marchands
de le donner au prix qu'ils le donnent.
Ils font paiîer pour Sucre royal, le Sucre
rafîné mis en petits pains, depuis trois
jufqu'à cinq livres.
La matiere du Sucre Royal doit être le
plus beau Sucre rafiné qu'on puiiTetrouver.
On le fond avec de l'eau de chaux
foible, c'eft-à-dire, dans laquelle on a
éteint très-peu de chaux, Se pour le rendre
encore plus blanc, & empêcher que la
chaux, ne le rougilTe, on fe fert d'eau d'alun.
On le clarifié trois fois, 8c on le
paiTe trois fois dans le meilleur drap, &
le plus ferré, &on le couvre de la meilleure
terre & la mieux préparée, ou bien
on fe fert de la maniéré que je dirai ciaprès.
Quand il eft travaillé avec ces précautions,
il eft plus blanc que la neige,
& tellement tranfparantqu'on voit l'ombre
des doigts qui le touchant au plus
épais du pain.
J'en ai fait faire quelquefois pour faire
des prefensi &une fois entr'autres pour
défabufer certaines perfonnes quiprétendoient
que ce Sucre n'étoit tranfparent
qu'àcaulédu peu de matiere qui compofe
les petits pains oii on le réduit ordinairement
, & que la bonté de la terre contribuoit
beaucoup à fa blancheur. Je fis mettre
une partie de eelui-ci dans des demiesbâtardes,
qui me donnèrent des pains de
quarante-cinq Sc quarante fept livres ,
quand ils furent fees.
Je n'y mis aucune terre, mais je fis
Couper en rond felon lediametre des formes,
des morceaux de groflè étoffe blanche
, que je fis laver bien foigneufement,
& les ayant fait imbiber d'eau bien claire
&bien nette, je les fis mettre fur le Sucre,
après que les fonds furent faits 8c
dreflez àl'ordinaire, commelorfqu'on y
met de la terre. Ces pieces de draps les
unes fur les autres faifoient environ un
pouce & demi de hauteur. On les changeoit
tous les jours pendant huit jours i
elles produifirent fur ce Sucre le même
effet que la^erre y produit, c'eft-à-dire,
que l'eau quien fortit, en fe filtrant doucement,
pénétra toute la hauteur de la
forme, & précipita avec elle, le peu de
firop qui étoit demeuré entre les grains.
Je fis fecher ce Sucre au Soleil de peur
que la chaleur del'étuve ne rouiïït la fuperficie
de la forme, &je fis voir ce que
j'avois promis, 6c ce que c'étok que du
Sucre véritablement royal. Il étoit d'une
blancheur éclatante, dur, preflé Se pefanc
comme du marbre, fitranfparant qu'on
diftinguoit les doigts au plus épais du bas
desgroffesformes, Sc qu'on pouvoit lire
les caraéteres ordinaires au travers du haut
de la forme.
Je donnai à ce Sucre l'odeur de diffe- Stcrei
rentes fleurs. En voici le fecret. On met
les fleurs fous le drap mouillé dont on aTsZn
couvre le Sucre, Se on les renouvelle, l'odiur
autantde fois qu'on change de drap.L'eau j."
qui filtre du drap, s'empraint des corpufcules
qui font dans les fleurs, furlefquellesellepafle,
Se les çorte avec elle dans
ks porcs du Sucre, où ilsreftent. Quand
au ieu de drap, on fe fert de terre, on
met les fleurs fur la terre , Se on les renouvelle
autant de fois, qu'on voit qu'elles
font fannées , Se que la terre a afl'ez.
d'humidité pour attirer l'odeur, Sc la
précipiter avec elle dans-les pores du Sucre.
Douze cent livres de Sucre rafîné ne
produifii-ent que cinqcent quarante fix livres
de Sucre royal, que je fis mettre e»
des formes de ditterens poids depuis quinÎ^
jufqu'à fept livres, outre les deux demie''
F R A N C O I S E S
D E L'AMERIQ^UE. jr ^
r<59(î, bâtardes, je donnai à toutes ces formes
différentes odeurs de fleurs, qui réiilîîrent
parfaitement bien.
En comptant le prix du Sucre rafiné
cre ne peut manquer d'être uni, blanc 8c
pefant, Sc que quand il eft fee Se revêtu
de papier bleu, il doit paroître davan-
/ C'eft auffi ce qui lefait vendre fui- ..
qu'on employa àfaire ceSucrero^al, les le pied de Sucre royal, c'eft-à-dire le
oeufs& 'a un, ilrevenoitenvironI vingt- double, ou le tripk de fa valeur. Ma s
un fols la livre, fans compter le travail, comme les parties de ce Sucre n'ont en- "
Onpeutjugerparcecomptecombienles tr'elles aucune liaifon naturelle , on les
Rafineurs d'Europe Se les Marchands le voit fe feparer Sc fe reduire en mdaiTc
devroient vendre, pour y gagner quelque à la premiere humidité qu'elles fendent
& ceux qui l'avoient acheté trouvent
DU SUCRE tAPPE\ ^^ la caflbnade blanche, au
Ç eft une invention dont les Sucriers Le moyen de connoître cette tromperie
qui font voifinsdesPorts, ou deslieuxou eft de regarder, fi latête de la forme eft S -
les Vaiffeaux mouillent, fe fervent pour percée: ?ar fi elle nel'eft pas, CeTune
•fe defaire de leurs Sucres ordinaires, qu'ils marqueaffurée, que c'eft du Sucre tappé
vendent fous le nom de Sucre royal aux Onpeutencorefefervirdel'odorat, ileft"
Paff^ers, Matelots, Se autres gens qui difficile que ce fens y foit trompé, comme
repaiTent en France, Se qui veulent em- je l'ai fait voir ci-devant
porter avec eux de quoi faire des prefens
à leurs amis. On donne d'autant plus aifément
dans l'erreur de croire que c'eft
DU SUCRE CAN Dr.
du Sucre royal, qu'on le voit en petits Ce Sucre fe fait plutôt avec du Sucre ^'"nun
pains depuis troisjufqu'afeptl.vres,qu'il terré qa'avec du rafiné, parce S o
eft b anc uni, pefant, 8c affez luftré, avoirplus dedouceur. On fdt d ^ u d r e -
enveloç,e propi-ement dans du papier le Sucre qu'on y veut employer dans de ''
bleu,Scdeguifedeman,ereapafferpour l'eau de chaux'foible, £ après qu'm?
Sucre royal quoique dans la%entl ce l'a clarifié, écumé ¿'pafféïu'la? &
n'etoit que du Sucre terré. réduit en un firon Inc^'J î^a^
ÜMiert
. . . . , La -aniere de le f^re eft de râper le cuiff^ron k t ^ d S M^i r p a aXt
u L r , plu^ fin qu eft poffible du Suci^ terré on a foin de préparer les formes où
ra^fi, avantquilfoit en état d'être mis à l'étu- doit mettre! On prend pour cet e f t t d^
ve. On en remplit peu àpeu une forme, mauvaifes formes^On leuiaveife w S d f
aprcs qu'elle a ete bien lavée, 8c fans lui petits bâtons, aufquels on S t S Í
donner le tems de fe fecher. A mefure telles figures eue l'on v^Z l
qu'on y met le Sucre, on le bat avec un coeurs I ^ou 'onni S ' a Î
pi on. Se quand elle eft pleine & bien tres. On fufpend cesform^dan l'étui
pilee, ou foulée, on la renyerfe fur une toute chaude, avec des vaiffÏÏux d e E
planche, pour en faire fort.r le pain qu'on pour recevoir le firop qui c Z c iTvou
y aforme. On mouille la forme à cha- verture du bas qui doit être bouchi^d'uiè
que fois qu on la rempht, 8e quand la maniere à laiffer filtrer le firop p™^^^^
planche fur laquelle on arrange ces pains Le Sucre étant donc au d e S é rcuiffon
eneftremphe, on la porte à l'étuve pour qu'on lui doit doi:ner, oÎfie porte âvec
lesfairefecher.OnvouaflezqueceSu- toute la diligence poffible d a n S v e bleu
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