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LIA NOUVEAUX VOY
fervant d'huile de poiiTon , quoiqu'il
femblat d'abord le contraire. Il X a
qu'a comparer le poix de ces deux huiles
& le tems qu'elles durent pour fe
convaincre de la vérité de mes expériences.
^
L e pot mefure de Paris contenant deux
pintes d'huile de Palma Chr i f t i , fe vendoit
quand je fuis parti des Ifles eniyoc,
trencefols à la Martinique, & vingt fols
a Ja Guadeloupe. Mais quand on a un
peu foin de fes affaires, on n'eft point
oblige d'en acheter. 11 n'y a qu'à planter
de cesarbriiTeaux dans les lizieres &
a coté des grands chemins & autres endi
oits peu occupez, oneftaiTuré de re-
^ cueilhr de l'huile beaucoup plus qu'il
n en faut pour entretenir toute une habitation,
ians que ce travail détourne
prefqueperfonnej rien n'eft plus aifé,
les enfans cueillent .-&V épluchent «.J^iucnent les eraînpc
graines,
Rt- -Ml- M ^ .
& quelque vieille NegreiTeinfirme
- ou eftropiee fait l'huile fans beaucoup fe
fatiguer.
11 eft étonnant que depuis plus de
quatre-vingt ans qu'on a commencé à
« établir aux Mes, on ait négligé dV
planter des oliviers j ij eft certain qu'ils
y feroient tres-bien venus, & qu'ils feloient
le fond d'un commerce d'autant
Ze ter- plus confiderable qu'il feroit plus aiTuré,
7 l ! Z les arbres ne feroient point ex-
^'sjps ^ gelez comme il arrive aiTez
¡ouvent en Europe, & que fe naturalifrepcur
lant au pais, ils pourroient imiter ceux
T ' y r"^ P " ' "^iflance Se porter du fruit
deux fois par an comme eux. D'ailleurs
en les plantant dans les favannes , ils
n occuperoient point une place bonne à
quelqu'autre chofe , ils ne nuiroient
pointai herbe, &donneroient de l'ombre
aux beftiaux.
J e n'ai pas avancé fans fondement
qu ilsviendroient parfaitement bien aux
Jfles, puilqu'on fçait très-certainement
A G E S AUX ISLES
qu'un ancien habitant de la Martinique
nomme le Sieur Dorange, dont l'habicoté
de nôtre Couvent du
Mouillage, enavoitplantéunpied dans
Ion jardin qui étoit venu très-beau en
peu d'années. Ses Negres l'abbatirent
par mepnfe, & on le trouva tout charg
e de fruits. Cet exemple fuffit ce me
lemble pour prouver ce que j'ai avancé
mais ce n'eft pas la feule chofe de con'
iequence que Jes habitans négl igent, ne
s attachant qu'à ce qui peut leur faire
un profit prefent, fans longer à ce qui
en produiroit un bien plus confiderable
avec un peu de patience & de travail. Te
terai dans un autre endroit le détail des
manufadures qu'on pourroit établir
dans nos liles.
L'on trouve dans tous les bois, & fur o/,w,
tout dans les lieux fees & élevez, des
arbres dont la feuille & le bois font prefque
entièrement femblables aux veritables
oliviers i auffi les appelle-t-on Oli- . « i
viers fauvages. Leurs fruits font de la
groileur de nos plus belles olives, de la
meme figure, de la même couleur, mais
le noyau eft beaucoup trop gros à proportioji
de la chair qui le couvre qui eft
tres-mince & trés-amere.
Les perroquets, les grives & les ramiers
en mangent beaucoup dans la fai- f"^"''
fon & s'en engraiiTenti mais leur chair ^r""
contraae auffi l'amertume du f í l i t i Í S : -
eft vrai que cette amertume ne fe répand
pas par tout le corps, & qu'elle ne fe ¿ í
trouve que dans les inteftins & dans leí«",
croupion; de forte que fi les chaiTeurs W ,
n ont pas foin de vuider ces oifeaux dès^^"''
qu ils les ont tuez, & de leur couper le
croupion l'amertume fe communique
par tout le corps, & il eft impoffible
a en manger. ^
Procureur
de notre Miffion de la Martinique en
j e voulus regaler deuxde nos Peres
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. 21 3
,(¡96. rcs nouvellement arrivez de France. J'en- point ,|foit pour quelqu'autre raifon qui i<'><A
0tire voyai pour cet effet à la chaiTe, bienfeur n'eft point venue à ma connoiifance.
fur ce que mon chafleur ne retourneroitpas les Lorfqu'il eft planté f /»r eul il vient de la
¡»¡11. mains vuides, car c'étoit dans un tems
où les ramiers donnoient très-fort -, mais
par malheur c'étoit auffi dans la faiibn des
olives. En effet, mon chaffeur fut heureux
, il revint chargé de perdrix 6c de
ramiers ; ce qu'il y eut de fâcheux, fut
grandeur & de la grofl'eur d'un poirier
médiocre. Son bois eft blancheâtre, fon
écorcegrife, mince, unie. Ses branches
qui font en grand nombre, droites,
fouples 6c ployantes, font garnies de
quantité de petits fcions couverts de
qu'il oublia d'arracher les croupions 6c fciiilles qui y font attachées deux à deux
les inteftins de fon gibier. Nousrecon- par des queues afiez courtes. Les feuilnûmes
le mal quand il n'y avoit plus de
remede. Je fis laver le gibier avec du vinaigre;
on mit des oignons dans chacun,
on fit en un mot tout ce qui fe
pouvoit faire pour les rendre moins amers
; tout fut inutile, il ne fut pas poflîble
d'en goûter, 8c nos Peres auroient
fait un fort maigre repas, fi je n'avois
pas eu la précaution de faire fervir de
quoi fuppléer à nôtre chaffe gâtée.
Les habitans qui ne peuvent pas faire
des lizieres ou hayes d'orangers, parce
que leurs terres font trop expofées au
vent, en font de coroifolier, de bois
immortel ou de medicinierj 6c quand
on apprehende que le vent n'empêche
ces arbres décroître, on les couvre avec
trois ou quatre rangs de bananiers ou de
les ont environ quatre pouces de longueur
fur un pouce 6c demi à deux pouces
de large en maniere d'ovale allongée,
avec une petite pointe à l'extremité.
Elles font d'un verd un peu b run, aiTez
fortes, roides6ccaftantes, 6cd'unebonne
épaiffeur. Cet arbre fleurit 6c porte
du fruit deux fois l'année. Ses fleurs
font de petits boutons qui en s'épanoiiiffant
deviennent un peu rouges. Le fruit
qui leur fuccede étant dans fa parfaite
maturité , a depuis quatre jufqu'à fix
pouces de diametre, 6c huit a neuf pouces
de hauteur j on en trouve qui pefent
fept à huit livres. Sa figure approche
toûjours de celle d'un coeur un peu
mal formé. 11 eft couvert d'une écorce
épaiiTe comme une piece de trente fols,
d'un beau verd gai , marquée 6c partagée
comme en écailles, garnies de petites
élévations en forme de pointes éfîguiers
cmHo- L'arbre que les François appellent
. ar- Coroifolier 8c fon fruit corofîbl, fe nom- ^
¿"lli.f" me Guanabo chez les Efpagnols, Ca- mouflees 6c trop tendres pour faire du
ùm, chiman ou Monin chez quelques autres mal. On connoit que le fruit eft meur,
Européensquihabitentl'Ameriquejpour quand ces petites pointes commencent
moi je croique leCoroffolier eft une des à noircir, 6c que la queue qui l'attache
trois efpeces de Cachiman que l'on trou- à l'arbre qui a pour l'ordinaire trois à
veaux Ifles. Les François qui en trouve- quatre pouces de long 6c de la grofl'eur
rent beaucoup de cette efpece en une Ifle d'un tuyau de plume à écrire, change
Hollandoife près de la côte de Carac , de couleur & fe flétrit j pour lors fi on
appellée Curacao ou Curaflb, ou Co- ne le cueille pas il tombe à terre, 6c les
roiTol par corruption, 6c qui en appor- beftiaux qui en font fort avides, ne
terent î'efpece aux Ifles Françoifes, lui manquent pas de le manger. La fubont
donné le nom de cette lîle au lieu ftance renfermée dans cette écorce eft
du fien propre, foit qu'ils ne le fçuiTent toute blanche, de la confiftence à peu
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