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 déla  
 g u e r r e .  
 44  n o u v e a u x  VOY  
 1(594.  &  cache quelques effets qu'il fit venir à la  
 Martinique >  cela lui  donna moyen  d'acheter  
 la  moitié  de  l'habitation,  où  il  
 étoità moitié profit &moitiéperte  avec  
 M.Roy,  pere  de  celui  avec  qui  j'étois  
 venu  de  Fr.ince.  
 Quand  les  habitans  craignent  d'être  
 pillez  par  les ennemis,  voici  de  quelle  
 maniere  ils  cachent ce qu'ils veulent fauver. 
   
 Si  ce font  des chofes qui  peuvent  rejiiter  
 à l'humidité,  commede  lavaifel- 
 Je,  des ferremens,  des uilanciles de cuifine, 
   des  barils  de  viande  ,  de  vin  ,  
 d'eau-de-vie.  On  fait unefofle au  bord  
 Z t h ' '  ^^  à  dix pieds  deprofoncachent  
 ,  ^^^  '  
 afin que  les  foldats fondans  avec  
 hursef.  I^urs  cpécs,  ne  puiiTent  pas  atteindre  
 fendam^uÇqu'à.  fentir  quelque  chofe  plus  dur  
 que  le  fable  ordinaire.  Après  qu'on  a  
 mis dans  la fofi'e ce  qu'on  veut  cacher,  
 &  qu'on  l'a  remplie  du  même  fable,  on  
 jette  dans  la mer  ce qu'il  y  a  de  furplus  
 afin  qu'il  ne  paroifle  point  d'élévation  
 fur  le  terrein.  On  y jette  auflî de  l'eau  
 pour  le  rendre  plus ferme,  &  on a foin  
 lur  toutes  chofes  de  s'aligner  à deux  ou  
 trois  arbres  des  environs  ,  ou  à  quelques  
 groiTes roches  ,  afin  de  retrouver  
 cnfuite  plus  aifément  ce  qu'on  a  caché,  
 en  s'alignant  aux  mêmes  marques.  
 Qiiand  on  ne  peut  traniporter  fes effets  
 au  bord  de  lamer,  on  fait des trous  
 en  terre  dans  un  terrein  fee,  ou  dans  
 des  cannes i  fi  c'eñ  dans  uneSavanne,  
 il  fitut  lever  adroitement  la  premiere  
 terre,  comme  on  la  leve quand  on coupe  
 du  gazon,  après  quoi  on  met  des  
 toiles  autour  du  lieu  où  l'on  veut  creufer, 
   fur  lefquelles  on  pofe  la  terre  que  
 l'on  tire  du trou que  l'on  fait, afin  quelle  
 ne  fe  répande  point  fur  les  herbes  
 des  environs  :  on  doit  faire  le  trou  le  
 plus  étroit  que  l'on  peut  par  fon  entrée, 
   & l'élargir  par  le bas;  après qu'on  
 A G E S  AUX  ISLES  
 y  a mis  ce  qu'on  veut  cacher  ,  on  le  ¡4  
 remplit  de  terre  que  l'on  foule  bien  ;  
 on  y jette  de  l'eau,  on  moiiille  auiTi  le  
 gazon  ou  les  cannes que  l'on  a  levées,  
 ôc  après  les  avoir  remis  le  plus adroitement  
 que  l'on  peut  en  leur  place  ,  oîî  
 porte  loin de-là la terre qui ellreitée,  &  
 on  arrofe  la  terre  des  environs  &  les  
 herbes  qui  ont  été  foulées ,  afin  de  les  
 faire reverdir.  Quant aux  toiles,  dantelles, 
   étoffes de  foye,  papiers.  Se autres  
 chofes  qui  craignent  l'humidité, Oj«  
 on  les met dans de grandes  croyemboucs:  
 ce  font  de  groffcs  callebaffes  d'arbres  f f  
 ¿61)4.  
 ce  iont  de  groffcs  ^c.x.uaii«  umures  
 que  l'on  coupe  à  la  quatrième  ou  cin-^«;,''  
 quiéme  partie  de  leur  longueur  ,  on  
 couvre  cette  ouverture  avec  une  autre  
 calebaffe,  & ces deux  pieces  font  jointes  
 enfemble  avec  une  ficelle  de  mahot  
 ou de pite,  à  peu près  comme  ledeffous  
 d'un  encenfoir  eil  joint  à  fon  deffusj  
 ces deux  morceaùx  de  calebaffe ainfi  ajuftez, 
   s'appellent  un  coyembouc  :  ce  
 mot  auffi-bien  que  l'invention  ,  vient  
 des Sauvages.  Qiiand  le coyembouc  eit  
 rempli  de  ce  qu'on  y  veut  mettre  ,  on  
 ferre  le  couvercle  avec  la  corde,  &  on  
 l'attache  entre  les  branches  des  châtaigniers  
 ou  des  arbres  à grandes  feuilles  ,  
 qui  ordinairement  font  environnez  de  
 liannes.  On  fait  paffer  pardeffus  le  
 coyembouc  quelques  liannes  dont  on  
 treffe un peu  les bouts  pardeffus,  ce qui  
 le  cache  fi  bien,  qu'il  eft  impoiîîble  de  
 l'apperçevoir,  &  les feuilles  qui le  couvrent  
 empêchent  la  pluye  de  tomber  
 deffus &  d'y  caufer  la moindre  humidité. 
   C'eft  ainfi que  les habitans  fauvent  
 leurs  meilleurs  effets,  mais  il  faut  cacher  
 fon  butin  foi-même  ,  &  fans  témoins  
 j  du  moins  fans  témoins  Ne^res,  
 parce  que  s'ils  viennent  à  être  pris'^  les  
 ennemis  ne  manquent  jamais  de  leur  
 donner  la  gefne  pour  les  obliger  à  découvrir  
 le b^utin de leur maître > ou bien  
 il  
 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIQUE.  49  
 le  confeffionnal  étoit  dans  l'autre,  Aprés  
 que  j'eus  adoré  le  faint  Sacrement  
 &  confideré  l'Eglife,  je  fus au  Preibytere^ 
  où  les habitans  ne manquèrent  pas  
 de  me  venir  faluer  à mefure qu'ils  arri- 
 Eglife  
 P a r o i f - 
 p a l e  d u  
 M a c o u - 
 ha.  
 il  arrive  quelquefois  que  pendant  que  
 les maîtres font à  fe  battre,  les efclaves  
 volent ce qui a été caché j  deforte qu'on  
 ne peut trop prendre de précaution a  cet  
 Égard...  Cette  digreffion  m'a  éloigné  
 de mon  fujet que  je  reprends.  
 Nous  arrivâmes  donc  à la maifon  de  
 M.  Dauville  :  il  avoit  pris  une  fécondé  
 femme depuis quelques mois, fur un faux  
 avis qu'il  avoit  eu de  la mort  de  la  premiere. 
   Je  fus  parfaitement bien  reçûde  
 toute  cette  famillej  on  fe mitauffi-tôt  
 à préparer le fouper,  6c un  lit  pour  me  
 repofer.  Nous  foupâmes  parfaitement  
 bien,  & après quelques momens de conyerfation  
 je  me  couchai.  
 Le Dimanche  quatorzième  M.  Dauville  
 envoya  des Negres  dès le point  du  
 jour  pour  avertir les habitans qu'il étoit  
 arrivé  un  nouveau  Curé  ,  &  d'autres  
 pour  nétoyer  le PreibytereSc  lacuifine.  
 Apres  que  j'eus  dit  mon  Breviaire,  je  
 montai  à  cheval  pour  me  rendre  à  l'Eglife  
 accompagné  de M.  Dauville.  JTe  
 a  trouvai bien propre,  elle  venoit  d'être  
 achevée.  Le  Choeur  ou  plutôt  le  
 Sanflruaire étoit  demaçonnerieavec  une  
 corniche  de pierre  de  taille,  il  y  avoit  
 à  côté  une porte  pour  entrer dans la Sacriftie  
 qui étoit projettée,  6c deux fenêtres. 
   Ce Sanétuaire avoit  vingt  pieds  de  
 profondeur  fur  vingt-quatre  de  large,  
 qui  étoit  la  largeur  de  tout  le  refte  de  
 l'Eglife,  dont  la  longueur  étoit  encore  
 de  foixante pieds,  avec  deux Chapelles  
 de  feize pieds en quarré  qui  faifoient  la  
 croiféej  le  tout  de  bois  avec  des  baluftres  
 tout  autour  qui fervoient de  fenêtres. 
   CetteEglife  étoitdédiée à Sainte  
 Anne,  dont  le  tableau  étoit  fur  le  
 grand  Autel  :  laChapelk  à main droite  
 étoit  dédiée  au  Refaire,  &  celle  de  la  
 gauche  à Saint Antoine de Padouë.  Celle 
 ci  fervoit  de  Sacriftie  en  attendant  
 que  celle qu'on avoit projettée  fut faite j  
 Tm.  I.  
 voient  ,  6c  de  m'offrir  leurs  maifons  
 avec  tout  ce  dont  j'avois  befoin  ,  me  
 priant  d'en  ufer  avec  toute  forte  de  liberté. 
   
 Je  puis  affurer ,  6c je  fuis  obligé  de  
 rendre  cette  juttice  aux  habitans  de  la  
 Paroifle  de  Macouba  ,  que  je  n'ay  jamais  
 vû  de  gens  plus  difpofez  à  faire  
 du  bien  à  un  Curé,  ni  qui  le  fiffent  de  
 meilleure grace.  M. Adrien-Michel  Capitaine  
 du  quartier  fut  un  des  premiers  
 à  venir  me  rendre  vifite 6c  à m'offrir fa  
 maifon,  6c  tout  ce qui dépendoit  de lui,- 
 6c  quoique dans  la fuite mon  devoir m'aie  
 quelquefois obligé  de le faire fouvenirdu  
 iien,  cela  n'a  jamais  empêché  qu'il  ne  
 m'ait été très-affedionné,  6c  qu'en  toutes  
 les  occafions  il  ne m'ait  donné  des  
 preuves d'une  fincere  amitié.  Il dit à  M.  
 Dauville qu'il n'étoit  pas jufte qu'il  fut  
 chargé  du  foin de  l'Eglife 6c  du  Curé,  
 qu'il  lui  laiffoit l'Eglife,  mais  quepour  
 le Curé  il vouloit  s'en  charger j qu'auiïïbien  
 fa maifon  étoit  trop  petite  pour  fa  
 famille 6c  pour  moi,  6c que jufqu'à  ce  
 qu'on eût  accommodé la mienne, il efperoit  
 queje ne logerois point chez d'autres  
 que  chez lui.  Comme tout le monde me  
 demandoit la même  chofe  avec inftance,  
 je  crus  devoir  préférer  le Capitaine,  6c  
 j'acceptai  fon oftl-e pour  quelques jours,  
 pendant  que  je  ferois  accommoder  ma  
 maifon.  
 On  me  dit  que mon  voifin le  Pere  le  
 Breton  s'étoit  accommodé  de  plufieurs  
 meubles  du  Prelbytere,  que  je  devois  
 lui  demander  :  6c on  m'affura  que  fi  je  
 voulois  demeurer  dans  la  Paroiffe,  on  
 me  feroit  augmenter  6c  accommoder  
 ma  maifon  comme je  le  jugerois  à  pro- 
 G  pos.