
 
        
         
		iipr^  
 I  H'iW- 
 1  'lii-iri  
 i l l  
 i  'I V  ;  
 20  N O U V E A U X  VOYAGES  AUX  ISLES  F R A N C O I S E S  DE  L'AMERICtUE.  zi  
 i  If'  
 *I   •• !"«   i:;''-^  
 J  -K:  ^t  
 ... ni^:''  
 il  
 U  I.  ili,  it-- 
 S  s f 11« :  
 1ÎÎ94-  nous.  Lejeufut  abandonné,  nous  fortîmcs  
 notre  
 •vìve  Is  
 KqI.  
 de la  chambre,  &  fûmes  furpris  
 de  voii" ee  VaiiTeau  à  un  quart  de  portée  
 de  canon  de  nous.  On  fe remit  en  
 ordre,  Se  comme  nous  vîmes  qu'il  flilloit  
 neceiTairement  fe  battre,  on  ferla  
 les  perroquets,,  &  on  ne  fit  fervir  que  
 les  quatre  voiles  majeures  avec  l'artimon. 
   Quelques  momens  après  il  nous  
 tira  un  coup  de  canon,  &  crut  nous  épouventeren  
 mettant des  fanaux  à  tous  
 fes  fabords ;  il  nous  en  tira  trois  autres  
 quand il  fut prefque  à nôtre  arriéré,  &  
 toute  fa bordée  quand  i]  fut  par  nôtre  
 travers  ;  nous  commençâmes  alors  à  
 faire  feu,  nos  premiers  coups  furent  accompagnez  
 de  plufieurs  Vive  le  Roi,  
 Cri des  pour  répondre  aux  Houra  des  A-nglois.  
 y^nghis  Comme  nous  portions  fur  la  terre.  Se  
 tâchoit  de  nous  !a  couper,  nous  
 lûmes  bien-tôt  bord  à  bord.  Il  reçût  
 dans  ce  tems-là  trois  coups  de  canon  à  
 l'eau,  comme  nous  le fçûmes  depuis de  
 quelques  François  de  la  Guadeloupe  
 qu'il  avoit  pris  dans  une  barque  peu  de  
 jours  auparavant,  qui lui avoient  appris  
 qu'on nrais  attendok,  Se que le  VaiiTeau  
 du  Roi  l'Opiniâtre  étoit  aJJé  au  devant  
 de  nous >,ilnous  avoit  pris  d'abord  pour  
 le VaiiTeau  de  guerre,  Scn'avoit  pas  jugé  
 à  propos  de  nous  attaquer,  maiss'é- 
 &int  détrompé  par  la  manoeuere  que  
 nous  avions  faite,  il  avoit  crû  pouvoir  
 gigner  quelque  chofe  en  nous  attaquant. 
   
 Nous  avions  quarante-cinq  à  cinquante  
 hommes  à  la  moufqueterie  qui  
 avoient devant eux des piles de fufils tous  
 chargez  qui  firent  un  feu fi vif Se fi continuel, 
   qu'en  moins  de  trois  quartsd'heures, 
   ik  lui  tuerent  ou  bleilerent  
 près  de  foixante  hommes j.  cette  perte  
 jointe  aux  trois voyes  d'eau  qu'il  avoit,  
 ralentit  beaucoup  fa vivacité:  il  brouilla  
 fès voiles  pour  nous  laiiîer  paiTer  devant  
 lui,  nous  y  paiTâmes  en  eiïet,,  &.  
 fi  près,  que  nos  grenadiers  qui  étoicnt  1694.  
 dans  les  hunes  lui  tuerent  du  monde  à  
 coups  de  grenade j  Se  fi  nos  pieces  de  
 dix-huit  qui  étoient  à  la  fainte  Barbe  
 avoient  tiré  dans  ce  temps-là,  je  croi  
 que  nous  aurions été  obligez  de  pécher  
 fon  equipage j  mais  notre  Lieutenant  
 qui  commandoit  entre  les  ponts  ne  fça^  
 voit  point fon métier,  ou  s'ille  fçavoit,  
 il  ne le  vouloir  pas  faire j  car  au  lieu  de  
 faire  fervir les  pieces  de  la  fainte Barbe,  
 Se les  quatre  autres  qui  étoient  entre les  
 ponts,  il  s'étoit  gabionné  contre le  mât  
 d'artimon,,  Se  en  avoit  laifle  feire  autant  
 aux  matelots  qui  devoient  fervir  
 fes  canons.  M.  de  la.Heronniere  furpris  
 qu'on  ne  faifoit  point  feu. de  fa  batterie  
 baiTe,.  y  envoya  M.  Kercoue  qui  penià  
 couper  le  vifage au  Lieutenant,  l'ayant  
 pris pour  un  matelot  qui  s'étoit  caché  i  
 il  fit  jouer  nos groiîes pieces  à  ftribord  ,  
 quand  l'Anglois  après  s'être  racommodé, 
   nous  voulut  tâter  de  ce  côté-là,  
 mais n'y  trouvant  pas mieux  fon  compte, 
   il  éventa  fes voiles Se fe  mit  de  l'avant  
 de nous. Comme nous n'avions point  
 de  canon  à  nôtre  avant,  nous  ne  pouvions  
 luifairedumal.  Se  d'ailleurs  nous  
 voulions  porter  à  route,  mais  il fit une  
 petite  bordée  Se fe  remit  encore  entre  
 a  terre  Se nous,  jugeant  peut-être  dumal  
 qu'il  nous  faifoit  par  celui qu'il  recevoitde  
 nousj  il  fut  beaucoup  mieux  
 reçû  qu'il  ne  l'avoit  encore  été.  Nosgens  
 étoient  échauffez  par  le  feu,  par  
 le  vin  qu'on  diftribuoit.  Se parce  que  
 depuis  plus d'une  heure  Se  demie  qu'on  
 fe  battoit  nous  n'avions  eu  que  trois  
 bleiîez  de  quelques  éclats,  fi  legerement, 
   qa'après  le  premier  appareil  ilsétoient  
 remojitez  fur  le  pont.  Nos  batteries  
 joûerent  par  merveilles >  le  feu.  
 de  la  moufqueterie  ne  pouvoir  être  ni  
 ilus vifni  plus  continuel.  Nous  nous,  
 jâtimes  de  cette maniéré  une  groilc  demie 
 heure,  prefque  bord  à bord}  nous..  
 eûmes  
 eûmes dans ce  temps-là trois autres  bleffez, 
   beaucoup  de  boulets  en  bois;  un  
 de  nos  canons  eut  fa  volée  emportée,  
 nos  voiles  furent  criblées  de  balles  de  
 moufquet Se. de  mitraille,  parce  que les  
 Anglois  voyant  le  dommage  que  leur  
 caufoit  nôtre  moufqueterie,  nous  tiraient  
 des  facs de  balles Se  des  paquets  
 de  mitraille  pour  éclaircir  nôtre  monde; 
   nôtre  mât  d'artimon  fut  percé  de  
 deux boulets,  dont  l'un  y  demeura  enchaflé. 
   Enfin  nous  fûmes  furpris  que  le  
 Vaifleau  Anglois  ceiTa  de  tirer  :  nous  
 crûmes  qu'il  le  préparoit  à  nous  aborder, 
   nous  nous  préparâmes  de  nôtre  
 côté  à le recevoir.  Après  quelques momens  
 de  relâche  toûjours  borda  bord  ,  
 nous  recommençâmes  nôtre  feu  plus  
 vivement  que jamais ;  le  Capitaine  des  
 matelots  qu'on  appelle  Maître  dans  les  
 VaiiTeaux  Marchands,  qui  s'appelloit  
 Behveau,  s'avifa  de  mettre  des  pinces  
 de  fer  delTus  les  boulets,  cela  fit  un effet  
 admirable  en  moins  de  rien;-  nôtre  
 ennemi  fut  entièrement  deÇimparé,  Se  
 fi  nous  avions  pû  voir  l'état  oii  nous  
 l'avions  réduit,  il  eft hors  de  doute  que  
 nous  l'euffions enlevé  fi  nous  l'euffions  
 abordé.  C'étoit  le  defir  de  tout  l'équipage  
 qui crioit  fans ceiTe, Aborde, aborde, 
   mais  nôtre  Capitaine  étoit  trop  
 prudent  pour  rifquer  un  coup  de  cette  
 importance  dans  une  nuit  obicure,:  où^  
 il  auroit  trop  hazardé.  
 Cependant comme  nos  voiles  ne  portoient  
 point,  parce qu'elles étoient toutes  
 criblées-;  l'Anglois  gagna  le  devant,  
 nous  nousapperçûmes  un  peu trop  tard  
 de  la  raifon  qui  nous  rendoit  prefque  
 immobiles ;  pendant  qu'on  y  remedioit,  
 nous"^ prefcntâmes  le  côté,  Se le  battîmes  
 à  coup  de  canon  dans  fon  arriéré  
 pendant  un  fort  long-temps,.  à  la  finil  
 le  mit  hors  de  portée.  Se  finit  ainfi  le  
 combat  par  une  retraite  honteufe  à  un  
 VaiiTeau  de  cinquante-quatre  canons.  
 contre  une  Flute  qui  n'en  avoit  que  
 vingt.  
 Nous  avions  commencé  à nous battre  
 devant  le quartier  du  Macouba,  environ  
 à  deux  lieues  au  large.  Se  nous  
 finîmes  à  la  pointe  du  Prêcheur.  Nous  
 étions  fi  proche  de  terre  la derniere  fois  
 que  l'Anglois  fe  mit  entr'elle  Se  nous,.  
 que  nos  boulets  y  portoient.  11  étoit  
 neuf  heures  quand  on  tira  le  premier  
 coup,  Se nous n'achevâmes de tirer  qu'à  
 plus  d'une  heure  après  minuit.  
 Ce  VaiiTeau  comme  nous  le  fçûmes  
 depuis  s'appelloit  le  Cheiler,  il  avoit  
 cinquante  quatre  canons  &  deux  cens  
 cinquante  hommes  d'équipage;  il  eue  
 trente-fept  hommes  tuez,  &c  plus  de  
 quatre-vingt  blefiez;  fon  petit  hunier,  
 ia  grande  vergue  8e  une  partie  de  fon  
 gouvernail  furent  emportez.  Il  eutcommej'ai  
 dit  ci-deiTus  trois  coups  de  canon  
 à  l'eau  ,  toute  fon  arcaile,  tous  fes  
 hauts,  fa  chaloupe  Se  fon  canot  furentbrifez, 
   de  forte  qu'après  s'être  rajufté  
 comme  il  pût  fous  le  vent  de  la  Dominique, 
   il  eut  bien  de  la  peine  à  retourner  
 à  la  Barbade,  où  il  porta  la  nouvelle  
 du  combat  qu'il  avoit  foûtenu,  
 comme  il  difoit,  contre  un  VaiiTeau de  
 foixante  Se douze  canons;  on  peut  juger  
 quel  ciïet produifit  dans  l'efprit  des  
 Anglois  la  vérité  de  ce  combat,  qu'ilsapprirent  
 peu de jours après  par le retour  
 d'un  nombre  confiderable  de  leurs gens  
 qui avoient  été pris par  nos  corfaires,  6c  
 qu'on  leur  renvoya.  
 Les  habitans  de  la  côte  avoient  prisles  
 armes  au  bruit  de  nôtre  combat,  
 tout  le monde  craignoit  avec  raifon que  
 nous  ne  fuiîîons  enlevez,  n'étant  gueres  
 poiTible  qu'une  Flute  pût  refifter  à  
 un  Vaifleau  de  guerre  de  cette  force.  
 Peu de  tems après que  nous  eûmes  ceiîë  
 de tirer,  on découvrit un canot qui nous  
 hefla;  c'eft-à-dire,  nous appella,  Sequi  
 vint  à  bord  après  qu'il  fe  fut aiTuré  qui  
 C  3.  nous