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4 i N O U V E A U X VOYAGES AUX ISLES
ï6()4. comme il nes'étoit point trouvé d'épingles
pour lui, il avoit été obligé de
faire fa viiîte fans parler. Cette fable
courut toute l'ifle, ee qui irrita étran^
gcmcnt ces trois Dames.
Meffieurs le VaiTor Se la Chardonniere
avoient encore unfrcre appellé François
le VaiTor de la Touche qui étoit venu
aux Illes après fes deux aînez. Son indsMon
^^ portant plûtôt à chercher
/eur de occafions de fe fignaler à la guerre,.
la Toii- qu'à devenir un bon habitant comme
chi^ fes freres, il fut un temps conûderable
iâns fonger à fe faire un établiiTement.
II fit pluiîeurs voyages en courfe où il
s'acquit de la réputation, & fe u'ouva à
toutes les expeditions qu'on fit contre
les Caraïbes orfqu'on fe vit obligé par
les maffàcres frequcns qu'ils failbient
des habitant,-contre la foi de plufieurs
accords qu'on avoit faits avec eux, de
• les détruira entièrement ou de les chaifer
del'Iile.-
S'étant à la fin établi & marié il fut
fait Capitaine des Milices de fon quartier.
Cefut très-peu de temps après qu'il
eut été élevé à cette Charge, que neuf
Gens habitans de la Martinique ne
pouvant s'accoûtumer au gouvernement
nouveau de la Compagnie de 1664. prirent
les armes, & alloient faire ibûle--
ver toute l'Iile, fi le fieur de la Touche
n'eût ramaflé en diligence environ cinquante
habitans braves & fidèles, à la
tête deiquels- il attaqua ces révoltés
avec tant de bravoure & de prudence
que les ayant défaits & mis en fuite,
il les força de rentrer dans leur devoir
& d'obéïr V & diffipa ainfi cet orage qui
auroit infailliblement entraîné la perte
delà Colonie, & là ruine de la Compagnie.
Cette aétion de valeur qui' marquoit
en même temps fa fidélité pour
fon Prince, & fa fageiTe, lui acquit
l'eiHme- des Gouverneurs généraux ôc
particuliers des l'Ifles: de forte que l'Iflè 1^94,
de S. Chrillophle étant fur le point d'êtrcattaquée
par les Anglois qui avoient
réiini toutes leurs forces pour détruire
cette floriflante Colonie & ruiner enfuite
toutes les autres Monfieur de
Clodoré Gouverneur de la Martinique y
crut qu'il n'y avoit perfonne dans fon
Gouvernement plus capable d'être à la
têtedufecours qu'il y envoyoit, que le
fieur de la Touche. Il lui donna donc
cent cinquante braves de fon Ifle qui ne
contribuèrent pas peu aux avantages quel'on
remporta fur les Anglois.
life trouvai la prife d'Antigües fous
le même Monfieur de Clodoré, à celles
de Saint Euftache & de CoroiTol oa
Curacao, & à celle de Tabac.
Il fut envoyé par le fieur de Baas Gouverneur
general des Mes , pour voir de'
qu'elle maniere on pourroit s'emparer
de Saintefoy., dans la terre ferme de
l'Amerique, place également riche &
importante, & il s'acquitta fi bien de
cette dangereufe commiffion, que cette
conquefte étoit infaillible, felon lesmefures
qu'il avoit prifes, fi des raifons de
confequence qui ne font point de ces^
Mémoires n'avoient obligé nos Généraux
de fedefifter de cette entreprife.
Le Comte de Blenac auffi Gouver--
neur general des Illes, lui donna deux
cens hommes pour tenter la conquête
de l'Iile de la Trinité > il y fut , fit fadefcente
avec fuccès, pouiTa vivement
les Efpagnols, & s'empara des portesles
plus avantageux pourfe rendre bientôt
maître de la fortereíTej. mais ayant
eu le genoiiil fracaiTé d'un coup de
moufquet, fes gens perdirent courage,,.
8c fe rembarquèrent.
Le fieur de la Touche s'acquit encore
beaucoup de gloire en idpj.
lorfque les Anglois attaquèrent la
Martinique. 11 fie des merveilles à la
F R A N C O I S E S DE L'AMER IQ^UE. 4;
Longpré Ecuyer, eilAyde Gardc-côte
tetc
é94- tête des Milices qu'il commandoit.
Quoiqu'il fut âgé de foixante dix
ans, il vouloit courir au fecours de la
Guadeloupe quandellefut attaquée par
les Anglois en 1703. 6cil fallut que le
Gouverneur general & l'Intendant employalTent
toute leur autorité pour le
retenir à la Martinique, aufii-bien qu'en
1705. lorque Meiïïeurs de Chavagnac
Se d'Iberville allèrent prendre les liles
de Nieurs & de S. Chriftophle. Il avoit
dans ces deux expeditions deux enfans
6c trente-deux neveux.
Le Roi pour recompenfer fes longs
fervices & fon inviolable fidélité le
nomma Colonel d'un des quatre Regimens
de Milice qu'on fit à la Martinique
en 1705-. & Capitaine general
Garde-Côte du Croific le 27. Novembre
1706. Il lui donna des Lettres de NobleiTe
au mois de Décembre de la même
année, qui furent enregiilrées au Parlement
le 2f. Janvier fiiivant, & confirmées
par d'autres Lettres du Roi à
prefent regnant, le quinze Oilobre
1716.
Il a eu plufieurs eniâns de fon mariage
avec Marie Magdelaine Dorange,
fille de ce brave Dorange dont la mémoire
lera toûjours très-précieuiê aux
habitans desl'Iiles, qui fut tué en 1674.
lorique les Hollandois attaquoient le
Fort Royal.
L'aifné Charles Lambert le Vaflbr de
la Touche, Ecuyer, Lieutenant general
Garde-côte du Croific, & Lieutenant
Colonel du Regiment de Milice
de fon pere.
Lefecond, Charles-François le VaiTor
de Beauregard, Ecuyer. Après avoir été
Garde de la Marine, & Lieutenant d'u-
• ne Compagnie du même Corps j il s'eit
établi à la Martinique oîi il eil Capitaine
de Cavalerie.
Letroifiéme, Alexandre le VaiTor de
du Croific.
L'a:înée de fes deux filles, Marie le
VaiTor a époufé Robert Giraud, Ecuyer,
Sieur du Poyet , Chevalier de S. Louis,
& Capitaine d'une Compagnie détachée
de la Marine.
Et la fécondé, MarieRofe, a cpoufé
Louis de Carquerei, Ecuyer, Sieur de
Valmeniere, Chevalier de S. Louis,
Lieutenant de Roi, Commandant au
Fort Royal de la Maitinique.
J'?.urai occafion de parler de ces deux
Meilleurs dans d'autres endroits.
Ce que je puis dire à preiènt des enfans
du fieur de la Touche , c'eil qu^'ils n'ont
point dégénéré des vertus de leur pere.
Ils fe font trouvez dans toutes les occafions
oii ilyalloit du fci'vice du Roi,
6c de la confervation des Colonies, & où
il y avoit de la gloire à acquérir, & ils
s'y font toûjours diilinguez. Et les filles
imitent de près leur mere que l'on peut
regarder comme un modele excellent
de toutes les vertus convenables à foa
fexe.
Puifquejefuisfurle chapitre de cette
famille, il faut achever d'écrire ce que
j'en fçai.
Meidames le VaiTor & la Chardonniere
avoient une foeur & deux freres. Cette
foeurvintà la Martinique en 1698. c'étoit
une petite boiteufe fort fpirituelle
qu'un long féjour dans les Couvents n'avoit
pû engager à prendre le voile,
elle ne laiiToit pas d'être devote, en attendant
quelque occafion de mariage,
A l'égard des deux freres, le fieur le
Quoy l'aîné vint aux liles un peu après
la paix de Rifvicjç. Il avoit été Garçon
Major dans leRegiment d'AIface, mais
il avoit oublié le mot de Garçon pendant
le voyage, 8c avoit paru comme Major'
reforméde ceRégiment. Onconnoiiloit
aifément qu'il étoit frere des femmes
F 2, dont