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 N O U V E A U X  VOYAGES  AUX  ISLES  F R A N C O I S E S  DE  
 iCy^.  que  les  premieres  récoltes  foient  abondantes, 
 Marli  
 nique.  
   elles  feront  très-médiocres.  Il  
 faut  que  les  graines  fe  naturalifent  au  
 pays,  &  quand  cela  eft  fiiit,  elles  produi  
 lent  à  mer^^eille.  J'ai  experimenté  
 qu'ayant  femé  des  pois  qui  venoient  
 de  France,  ils  rapportoient  très-peu,  
 ceux-cy  rapportoient  davantage,  mais  
 lestroifiémes  produifoient d'une  maniere  
 extraordinaire  pour  le  nombre,  la  
 groiîeur  & la bonté.  On  peut  avoir  des  
 pois  verds  toute  l'année,'  il  ne  faut  
 qu'en  femer  toutes  les  Lunes.  C'eft  à  
 quoi  je  ne  rnanquois  pas;  en  trois  mois  
 i  s font bons à manger.  
 Fremmt  Un  habitant  de  ma  Paroifle  nommé  
 /««je'i/i! Sellier,  fcma  du  froment  qui  étoit  venu  
 de  France,  il  vint  très-bien  en  herbes, 
   mais  la  plûpart  des  épis  étoient  
 vuides,  6c  les  autres  avoient  très-peu  
 de  grains,  mais  ceux-cy  nez  dans  le  
 pays  étant  femez  poulTerent  à  merveilles, 
   &  produifirent  les  plus  beaux  épis  
 &  les  mieux  fournis  qu'on  puiife  s'imaginer. 
   On  en  pila  dans  un mortier  dont  
 on  fit  de  la  farine  &  du  pain,  que  cet  
 habitant  prefenta  à  l'Eglife  que  je  bénis  
 ,  & qui fut diilribué au  peuple.  
 j'avois  crû  pendant  long-tems  qu'il  
 étoit  défendu  aux  habitans  des  liles  de  
 iemer  du  bled  fie  de  cultiver  des  vignes, 
   &  que  la  raifon  de  cette  défenfe  
 étoit  le  préjudice  que  cela  cauièroit  
 au  commerce,  puifqu'il  eft  certain  que  
 le  fond  principal  des  cargaifons  des  
 vaifleaux qui  viennent  aux  Mes  eft  le  
 vin  &  la  farine  de  froment.  Mais  j'ai  
 appris  depuis  très-certainement  qu'il  
 n'y  a  jamais  eu  de  pareilles  défenfes,  
 &  j'ai  connu  par  experience,  que  la  
 culture  du  bled  de  la  vigne  étoit  
 inutile,  &  comme  impoftîbleaux  Mes,  
 Raifons  particulièrement  celle  du  bled.  Je  la  
 ^auMei'  comme  inutile,  parce  que  trèsi 
 » «i/fc-peu  de  gens  mangent  du  pain  de  froment, 
   les  Negres,  les  engagez,  les  ifo  
 domeftiques,  les  ouvriers  ne  mangent  
 que  de  la  farine  de  Manioc  ou  de  hd/ l  
 CaiTave  ;  prefque  tous  les  Créolles,  \  
 ceux  mêmes  qui  font  riches  &  qui  font  °  
 fervir  du  pain  fur leurs  tables  par  gran-1)1  
 deuroupourles  étrangers,  mangent plus/"»n  
 volontiers  de  la  caiîàve  &  la  préfèrent  
 au  pain.  Il  n'y  a donc  qu'un  très-petit  
 nombre  de  gens  qui  mangent  du  pain,  
 &  je  ne  croi  pas  avancer  rien  qui  ne  
 foit  exaûement  vrai,  quand  je  dis  que  
 de  cent  perfonnes.  il  n'y  en  a  tout  au  
 plus que  cinq qui en  mangent.  
 Il n'en  eft pas  de même du  vin,  quoique  
 ks  Negres,  les  engagez,  les  domeftiques  
 &  les  ouvriers  n'en  boivent  
 pas  à  leurs  repas,  il  y  a  aiTez  d'autres  
 gens  qui  en  font  une  très-grande  confommntion. 
   Qiielque  quantité  qu'on  en  
 apporte  aux  Illes,  on  n'a jamais  entendu  
 dire  qu'il  fe  foit  gâté  pour  n'avoir  
 pas  été  confommé.  Mais  il  eft  impoffible  
 qu'on  puiiTe  s'appliquer  à  ces  deux  
 cultures,  par  rapport  à  la  petiteiTe  du  
 terrein  que  poflede  chaque  habitant,  
 qui  emp  oye  bien  plus  utilement  celui  
 qu'il  a  en  cannes,  cacao,  cotton,  roucou  
 &  autres  marchandifes,  qu'en  bled  
 ou  en  vignes ;  étant  certain  que  le  même  
 terrein  qu'on  feroit  obligé  d'employer  
 en  bled.Sc  en  vignes  pour  fournir  
 le  neceiTaire  de  ces  deux  chofes  à  
 dix  perfonnes,  le  fournira  pour  cinquante  
 &  même  plus,  étant  employé  
 en  marchandifes du  pays : d'ailleurs  que  
 viendroient  faire  les  vaifleaux  d'Europe  
 fi les  habitans  employoient  leurs  terres  
 en  bled  &  en  vin,  de  quoi  fe  chargeroient 
 ils  en  Europe  &  que  pourroient 
 ils  efperer des Mes ?  
 On  m'a  afluré qu'ils étoit défendu aux  ihlli  
 Efpagnols  du  Mexique  &  de  toute  la/«"*,  
 nouvelle  Efpagne,  du  Jucatan,  de  
 côte  de  Carac  &  de  Carthagene,  des  jï  
 Ifles  
 IÄ94'  
 Mes  de  Couve,  de  Saint  Dominguc,  
 Portvic  &  autres  lieux  aux  environs  
 du Golfe de Mexique,  
 Lw»  pne  &  les  oliviers.  Se  qu'il  n'y  avoit  
 I f l e t .  de  que  les  feuls  Jefuites  qui  euiTent  permiiTion  
 de  faire  certaine  quantité  de  
 dire  la  Meft'e.  Les  gallions  
 w»  ir  
 Mhui-  Tin  pour  
 It.  
 n'auroient  pas  de  quoi  fe  charger  ,  Sc  
 ces  deux  denrées  qui  font  très-abondantes  
 en  Efpagne y  demeureroientinufiles  
 6c fans debit.  
 Les  Etats  du  Pérou  &  du  Chili  ne  
 font  pas  fujets à  cette  défenfe.  On  y^  
 fait  du  vin  en  quantité  qui  eft bon  ;  à  
 l'égard  du  bled  il  vient  par  tout  en  afeondance; 
   on  en  fait  deux  récoltes  par  
 an  dans  le  Mexique  &  la  nouvelle  Efpagne. 
   Je  croi  qu'on  le  pourroit  cultiver  
 avec  un  pareil  fuccès  dans  les  endroits  
 qui  font  aux  environs  du  Golfe  
 de  Mexique;  cependant  foit  par  pareffe  
 ou  pour  quelqu'autre  raifon,  les  habitans  
 de  la  côté  de  Carac,  de  Carthagene  
 &  des  grandes  Iftes  ne  fement  
 point de bled,  &  aiment mieux  acheter  
 des farines des  François &  autres  étrangers  
 qui leur  en por tent ,  &  qui  les  leur  
 vendent  bien  cher.  
 Un  habitant  de  Marie-galante  nomtueilii  
 à  mé  le  Tellier,  recueilloit  tous  les  ans  
 Mtirie-  fa provifion  de vin  qui  croiiîbit  fur  fon  
 TJfmim habitation.  Ceux  qui  en  ont  bû  m'ont  
 aiTuré  qu'il  étoit  très-bon  ;  le  feul  défor 
  faut  qu'il  avoir,  étoit  qu'il  ne  pouvoit  
 pas  fe  conferver  toute  l'année,  mais  
 peu  à  peu  on  auroit  trouvé  remede  à'  
 ce  mal.  D'ailleurs  quelle  neceiïïté  de  
 le  garder  fi  long-tems  puifqu'on  fait  
 deux  récoltes chaque  année.  
 Nous  avons aux Mes  quatre  fonesde  
 Jafmins,  le  commun  comme  celui  de  
 France  qui  n'a  que  cinq  feuilles,  &  le  
 double  qui  en  a  dix.  Ces  deux  efpeces  
 font  blanches,  le  Jafmin  commun  d'Arabie  
 eft  rouge,  il  n'a  que  cinq.feuilles.  
 L ' A M E R I Q ^ U E .  ii p  
 le double en a dix.  
 La  quantité  de Jafmins  blancs  qu'on  
 de  cultiver  la  vi-  trouve  par toute la  Martinique,  '  
 rm  
 /W:  
 6c  même  
 dans  les  endroits  des  forêts  où il  n'y  
 a  point  d'apparence  que  les  Caraïbes  
 les  foient  allez  planter,  me  fait  foupçonner  
 que  cette  plante  eft naturelle  au  
 pays.  La  defcription  que  j'en  vais  faire  
 donnera  lieu  aux  cbnnoifteurs  de  juger  
 fi  celui  des  Mes  eft  de  même  que  celui  
 d'Europe.  
 Le  Jafmin  que  nous  avons  aux  Mes  
 eft  une  plante  qui  devient  en  arbriiTeau  
 qui  pouife  quantité  de  tiges,  rameaux  
 ou  branches  tout  droits,  qui  s'entrelaiflent  
 aifément,  qui  fe  fortifient  èC  
 multiplient  à  merveille  fi  on  a  foin  de  
 les  tailler  une  ou  deux  fois  l'année,  au  
 commencement  6c  à  la  fin  de  la  faifon  
 des  pluyes.  Le  pied  de  l'arbrifteau  eft  
 couvert  de  deux  écorces,  l'interieure  
 que  l'on  pourroit  prendre  pour  le  bois  
 même  eft  verte,  lifle  cC  fi  adhérente,  
 qu'il  eft  très-difficile  de  la  feparer  dii  
 bois.  Elle  eft  couverte  d'une  autre  écorce  
 mince,  friable  qui  fe  détache  
 d'elle-même  6c  qui  fe roule,  qui  eft  de  
 couleur  grifé.  Le dedans du bois eft mêlé  
 de  gris  6c  d'un  verd  pâle;  il  eft  aifez  
 tendre,  caftant,  leger  6c  rempli  d'une  
 moiielle  qui  n'a  pas  beaucoup  d'humi-- 
 dité.  Les  tiges  qu'il  poufie  en  quanrité  
 font  unies,  liantes,  d'un  verd  foncé,  6c  
 aflez  chargées  de  feuilles;  elles  font  
 d'un  très-beau  verd,  pointues  par  les  
 deux  bout,  beaucoup  plus-longues  
 qu'elles  ne  le  devroient  être  par  rapport  
 à  leur  largeur;  elles  tiennent  aux  
 tiges  ou  branches  par  une  queuë  court 
 e ,  6c  font  toûjours  accouplées.  C'eftà  
 l'extrémité  de  fes  branches  que  naiffent  
 les  fleurs.  Elles  viennent  toûjours  
 par  bouquets,  il  eft  auffi  rare  qu'elles  
 foient  feules  que  d'en  voir  autre  part  
 qu'aux  extrémitez  des  branches.  CesfleurS' 
   
 i  ...  
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