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I f z NOU V E A U X V O Y A G E S AUX ISEES
i M . que j e viens de dire. J'en ébauchai trois fée. Celle de la droite appartient à'M.
qui nous fervirent d'entretien pendant Houelj le tout eft couvert d'ardoifes.
le dîné, & après que nous fûmes fortis Le Pere Romanet Curé avoit fait bâtir
de table, nous fûmes fur le foir nous depuis peu une efpece de tour quarrée "'f'
promener dans les routes de l'habita- pour fervir de clocher, qui auroit fait"'"
t i o n , & le long de la petite riviere des un bon effet fi elleavoit été mieux pro-
Peres qui fepare le terrein de Monfieur portionnée. Lamaifondu Curéqui étoit
EgUfe
Paroiffale
de
Houel de celui qui appartient à nôtre
M i f l i o n , pour chercher un endroit commode
pour la couper & la faire palTer
dans le canal du moulin à eau, afin de
pouvoir tranfporter la fucrerie à cote
autrefois le Couvent que nous avions
à la Cabefterre, eft' féparée de l'Eglife
p r une allée de poiriers de trente-cinq
à quarante toifes de longueur. Il cft à
croire que dans le tems que nous y ade
la maifon qu'on projettoit, dont les vions plufieurs Religieux, la maifon
foiTez auroient pû fervir de refervoir étoit plus confiderable qu'elle n'eft à
pour cette eau. C'étoit l'idée de Mon- .prefent, puifqu'elle ne contient qu'une
fieurHouel, mais elle ne m'accommo-^ falle avec deux chambres & un galetas
doit point du tout , parcequ'enlafuivant au deiî'us. Lacuifine, la dépenfe &auj'aurois
abColument privé nos Rel igieux très pçtits logemens neceiTaires font féde
la commodité de fe fervir de cette
eau pour faire un moulin, s'il leur prenoit
envie de rétablir la fucrerie que
nous avions fur nôtre terrein, & qu'un
de nos Supérieurs généraux a tranfporparez,
dubàLiment. Toutcela eftdemaçonnerie,
bas, malentendu, mal percé,
fans goût 6c fans commodité. Le jardin
étoit affez grand & mal entretenu} ce
qui me plût davantage étoit une allée
î é au Baillif avec tout ce qui en dépen- de poiriers de trois à quatre cens pas de
d o i t , pour des raifons qui ne font pas long qui eft derriere la maifon , qui
d e ces Mémoires. Cette raifon m'em
fourniiîbit une promenade des plus agréables.
pécha de trouver les facilitez que, j'y
aurois rencontré, fi l'intérêt de nôtre
. C'étoit dans ce terrein qu'étoitla fucrerie
Maifon n'y avoit point été mêlé. En
que nous avons tranfportée au
cchangeje lui donnai un expédient pour
Baillifi les murs de tous les bâtimens
prendre de l'eau à une autre riviere plus étoierit encore fur pied, & auroient pû
confiderable, prefque auffi p r o c h e , auifi
commodément 8cfans dommage de perfonne.
,
: Le Samedi j e fus avec ces Meffieurs
à nôtre Eglife, j'y dis k Meffe, après
laquelle Monfieur le Gouverneur fit
l'honneur au Pere Curé de lui rendre
vifite. Nous le menâmes dîner avec
nous.
Cette Eglife bien que Paroiffiale apr
partient à nôtre Ordre ; elje eft de
maçonnerie. Elle a environ cent vingt
/"errfS- longueur fur trente de large,
/me-^ ^yec deux .Chapelles qui en font la croiêtre
remis en état à peu de frais, fi la
place en avoit vallu a peine, mais elle
eft trop petite pour faire un établiilement
un peu confiderable. Elle n'a que
trois cens pas ou environ de large fur
mille pas de hauteur; avec une autre
place dans les hauteurs dont je ne fçai
pas l'étendue bien au jufte.
Il y avoit chez Monfieur Houel un de
fes amis arrivé de France depuis quelques
mois, qui fe faifoit appeller Monfieur
de Rochefort , mais fort connu à
Paris fous le nom de l 'Abbé Vrais, qui
étoit fon veritable nom, C'étoit un hom-
" me
F R A N C O I S E S DE L'AMERIQ^UE. r^-j
me de beaucoup d'efpri t , de belles L e t - . veuve du Sieur Baudouin, dontilaug- 1696, - !
autrement
1 très & très-poli. Il avoit été obligé de fe menta^ confiderablement le bien en peu
retirer aux liîes pour quelques mauvaifes d'années. Nous fîmes connoiflance, &
liSiw affaires que fes ennemis lui avoient fuf- nous liâmes enfemble une amitié qui a l'Abbé
Msft, citées. Il époufa quelque tems après la duré jufques à fa mor t arrivée en 1704.
C H A P I T R E XX I V .
Defcription du quartier des trois Rivieres. Du réduit ^ & de tout le païs
jufqu'au Fort de la Bajje-terre.
due de pais.
Quatre ou cinq cens pas après que nous
eûmes paffé la riviere des Bananiers,
nous entrâmes dans des chemins coupez
à mi-côte dans les montagnes qui foûtiennent
le pied de la Souphriere. Ces
montagnes en bien des endroits'tombent
prefque à plomb à la mer, de forte
que cet endroit qui a une bonne demie
lieiie de long, eft abfolument impraticable
du côté de la mer , excepté
en trois endroits oii il y a de petits enfoncemens,
parlefquels des ravines d'une
eau fale & bleuâtre le déchargent
dans la mer j on les appelle les trois
Trous. Le premier que nous trouva- Les trois
mes eft le Troumadame ; le fécond le
Trou-au-chienj & le dernier le Trouau
chat. A côté de ce dernier ôc fur la
hauteur du morne, on trouve un plat
pais de cinq à fix cens pas, qui s'étend
enfuite dans quelques gorges de montagnes
jufques au pied de la Souphriere.
L a terre y eft noire Se graffe, mais auffi
entremêlée de roches & d'éclats de pierres
qu'un attelier où l'on auroit travaill
é vingt ans. La bonté du terrein y a
attiré quelques habitans qui fe fervent
de ces pierres, pour fau-e des murailles
feches qui renferment les différentes
pieces de leur terrein , comme
leurs cours, leurs jardins, leurs parcs:
& c . Cet endroit étant fort élevé Se
couvert du côt é de TOueft par de grandes
montagnes, eft fort frais. L'herbe
X des
Ous partîmes de chez Monfieur
Houel le Dimanche 6
Mai pour venir coucher au
quartier appellé les Troi s Ri -
vieres,éloigné d'environ trois
lieues du lieu d'oii nous partions. Plufieurs
Officiers 8c habitans accompa-
. gnerent Monfieur le Gouverneur. Nous
paffâmes une aiTez groffe riviere qui
termine l 'habitationdeMonf ieur Houel,
elle fe nomme la riviere du grand Carbet.
A une demie lieiie plus loin, nous
en trouvâmes une autre ¡appellée des
Grands Bananiers, qui termine le quartier
qu'on appelle la Cabef terre, qui eft
aiTurement le plus beau des lilesj car
depuis cette riviere jufques au gros morne,
oil commence le grand cul-de-facen
le prenant du côté de l'Oueft 8c de la
Htmé Baffe-terre} c'eft un païs affez uni de
f cm- près de vingt lieiies d'étendue en fuivant
la côte del à mer, qui monte d'une macdtf.
douce jufqu'au pied des montaime,
gnes, qui en font éloignées depuis une
lieiie jufques à quatre. Ce païseftarrofé
d'un très-grand nombre de rivieres.
J'ai dit ci-devant que j 'en avois compté
huit, 8c prefque autant de ravines, de-
.luis la riviere du Coin, jufqu'à celle de
a Briqueterie. J'en ai compté encore
autant jufqu'à celle des grandsBananiersj
de forte que fi on faifoit des ponts fur
ces rivieres, 8c qu'on accommodât les
paflages des ravines, on pourroit faire
J ouller le carroffe dans toute cette éten-
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