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 51  NOUVEAUX  VOY  
 àfeizepieds.  On  appellecelaleRéduit,  
 oil en  cas  d'une  attaque  on  peut  mettre  
 .  en  feureté  dans  les  favanes ou  prairies  
 du  lîeur  Bmneau,  les beftiaux,  les femmes  
 ,  les  enfans, &  les meubles  des  habitaos  
 qui  font facilement des cafes  couvertes  
 de  cannes  pour  fe  loger  dans  ces  
 occafions.  
 Ce  chemin  nous  conduiiît  dans  une  
 longue  allée  d'orangers,  aux  côtez  de  
 laquelle  étoient  les  favanes,  les  cannes  
 &  une  des fucreries du Juge.  Après  que  
 nous  eûmes  monté  un  autre  petit  morne, 
   nous  trouvâmes  la  fécondé  fucrerie  
 ,  &  à  quelques  cent  pas plus  loin,  
 nous  entrâmes  dans  le  bois  qui  dure  
 près de trois  lieues.  
 Lacroix  Nous  vîmes  au  commencement  du  
 du  pere  ^qís une croix  qui  avoit  été  plantée  par  
 WOMÍ  premiers  Miiîîonnaires,  ap- 
 Sritoij.  pellé Raymond  Breton,  de la Province  
 de faint Louis.  Les  Religieux  de  cette  
 Province  dont  le  couvent  principal  eit  
 dans  la  rue  faint Honoré  à  Paris,  ont  
 été les Fondateurs des Miffions que nous  
 avons aux  Illes,  &  les  Supérieurs  généraux  
 &  autres  en  étoient  toûjours  tirez. 
   Ce  bon  Religieux  accompagnoit  
 tnentles  les  habitans  qui  alloient  combattre  les  
 Jafo-  Sauvages  pour  les  chaiî'er  de  la  Gabefinisont  
 J^^^  
 Vifdmi- bitans  s'étoit  embarquée  pour  la  même  
 nijlra-  expedition  , & devoit fe rencontrer  avec  
 Ti"ituel  ^^^^  alloient  par  terre  au  quartier  
 principal des fauvages,  que  Tona  nomi/ 
 emé depuis  le Fort fainte Marie  ,  afin  de  
 '' f i r l a  même'tems  par  terre  &  
 c J e f - " P^""  Les  Jefuites s'étoient joints  à  
 ceux  qui étoient embarquez,  & ne doutoient  
 point  d'y  arriver  les  premiers,  
 .&  d'avoir  l'adminiftration  du  fpirituel  
 de  la Cabefterre, parce qu'on  étoit  convenu  
 qu'elle  appartiendroit  aux  premiers  
 Religieux  qui  y arriveroient 5 cependant  
 ils furent tronipez,  le vent coji- 
 A G E S  AUX  ISLES  
 traire  les retarda,  &  donna  le  tems  à  la  
 troupe du P. Raymond  Breton  d'arriver  
 à  fainte Marie,  d'y  combattre  les  Sauvages, 
   de  les  chailer  &  d'y  planter  la  
 croix  avant  que  les  Jefuites  y  puflent  
 mettre  pied  à  terre.  C'eft  ainfi  que  les  
 ParoiiTes  de  la  Cabeilerre  nous  font  étir  
 re.  
 chues.  J'ai  connu  un  habitant  delaParoilTe  
 du Macouba,  nommé Jean  Grouleau, 
   qui  s'étoit  trouvé  à  cette  expedition  
 i  &  qui  avoit  aidé  à faire  la  croix  
 que  l'on  avqit  plantéeà fainte Marie.  
 Il eft bon d'expliquer  ici  ce qu'on  entend  
 dans  les  Ules par  les  noms  de  Cabefterre  
 ôcde baile-terre,  Cabefterre eft  
 la partie d'une lile qui regarde le Levant,  
 &  qui  eft  toûjours  raffraîchie  par  les  
 vents alifez qui courent depuis  le  Nord,  
 jufqu'àl'EftSudeft. La Baffe-terre eft la  
 partie  oppofée.  Dans  celle-ci  les vents  
 alifez  fe  font  moins  fentir,  elle  eft  par  
 confequent plus chaude,  mais  en  même  
 temps  la mer y  eft plus  unie,  plus  tranquille  
 , & ainfi plus propre pour le moüillage  
 8c pour le chargement des vaifieaux.  
 Les  côtes  y  font  auffi  pour  l'ordinaire  
 plus  baflesau  contraire des Cabefterres,  
 où les côtes font hautes,  compofées pour  
 la  plûpartde  falaifes efcarpées oii  la mer  
 roule fans ceffe 6c  ie brife avec  une  impémofité  
 merveilleufe,  parce  qu'elle  y  
 eft continuellement  pouiTée  par  le  vent.  
 La croix  que nous trouvâmes au  commencement  
 du  bois  avoit  été  plantée  
 dans  le lieu  où  la.troupe du Pere  Breton  
 avoit  paiTé  la  premiere  nuit,  &  où  il  
 avoit  celebré  le lendemain  la Meffe,  &  
 communié  la  plûpart  de  ceux  qui  l'accompagnoient. 
   
 Je  ne  pouvois  afiez  admirer  la  hauteur  
 &  la  groffeur des  arbres  de  ces  forêts  
 particulièrement  de ceux  qu'on appelle  
 Gommiers,  à  caufed'une  gomme  
 )lanche&de  bonne odeur qu'ils  jettent  
 en  certaine  faifon de l'année,  ou  quand  
 on  
 Ci  qui  
 Ct¡l  que  
 cabefterre  
 &  
 Bajfe-  •  
 terre.  
 m  
 Arbres  
 affellis  
 Gommiers, 
   
 n  il  . :  
 F R A N C O I S E S  DE  L'AMERIQ^UE.  35  
 jCgA.  on leur fait quelque entaille,  Je  croi  que  quenouslcur(avions achetez;  nous manc'eft  
 la  gomme  Elemi j  J'avois  tout  le  geâmes  de  nôtre  côté  les  petites  proviloifir  
 deles  confidererà  monaife,  parce  fions  que nous avions  apportées,  
 que nos deux  Negres  qui  étoient  char-  J'avois  une  extrême  envie  d'interrogez  
 &  nos mauvais  chevaux,  ne  pou-  ger  nos  Negres  fur  quantité  de  chofcs  
 voient  pas  aller  fort  vite,  particulière-  quejevoyois,  & dont  je  fouhaitois  d'cment  
 dans  les  montées  que  l'on  trouve  trc  inftruitj mais il  fallut me  priver  de  
 toûjours jufqu'au morne de la  Calebaffe,  ce plai fir, parce que c'étoient des Negres  
 qui  eft  le  lieu  le plus  haut ,  &le  milieu  nouveaux qui  ne  parloient  qu'un  langadu  
 chemin de la Baffe terre à la Cabefter-  ge  corrompu,  que je  n'entendois  prefre. 
   que  point,  auquel  cependant  on  eil  
 ,  Nous  vîmes en paffant au  Morne rou-  bien-tôt  accoutumé,  
 ge l'habitation des Religieux  de  la  Cha-  La  crainte  de  trouver  des  ferpens  Se  
 rité} ils y élevoient des beftiaux &  com-  d'en  étremordu,m'empêchoitauiîid'enmençoient  
 à planter des Cacoyers  6c des  trer  dans  le  bois  pour  voir  les  plantes  
 Roucouyers,  Les  fieurs  Carité  ôc  de  qui  s'y  trouvent.  Je fus en peu de  temps  
 Lorme  avoient auflî des commencemens  délivré de cette apprehenfion. Après nous  
 d'habitation  auprès  de  ces  Religieux,  être  repofez à  cette fontaine une  bonne  
 Depuis  ce  temps-là  beaucoup  de  per-  heure, nous montâmes à cheval,  6cconfonnes  
 s';^  font  placées  pour  faire  du  tinuâmes  nôtre  chemin  fans  preflcr  
 cacao  6c élever  dy  bétail qui  font  deux  beaucoup  nos  chevaux  ni  nos  Negres,  
 marchandifes  de  bon  débit.  parce  que  nous  comptions  de  coucher  
 Nous arrivâmes au Morne de la Cale-  chez  un  de nos Religieux Curé de la Pabaffeunpeu  
 avant midi.  Le  temps  beau  roiffe delagrande Ance,  dontnousn'é- 
 & ferain nous donna  le plaifir de  décou-  tions éloignez que de deux lieuës.  
 vrir une grande  partie  de  la Cabefterre,  Environ  à  trois  quarts  de  lieuës  de  la  Croix  
 qui  de  cette  elevation  nous  parut  un  fontaine  nous  trouvâmes  une  croix  
 païs  plat  6c  uni  infinimçnt  plus  beau  Nous  fçûmes  par  quelques habitans que  
 que celui  que nous  quittions,  tout rem-  nous  rencontrâmes  que  c'étoit  le  Pcre  
 ph  de  mornes  6c  de  montagnes.  On  a  Paul  un  de  nos  Miffionnaires qui l'avoit  
 taille un cheQiin fort étroit dans ce mor-  fait planter depuis  quelques  années  Un  
 ne  qui  eft  l'unique  paffage de  tout  ce  petit terrain  défriché autourde la croix,'  
 cote-la popr  aller d'une  partie de l'Ifle à  étoit  beni,  6c  fervoit de cimetiere  pour  
 1 autre,  que  1 on  pourroit  garder  aifé-  les Negres  Chrétiens  de  quelques  hament, 
   &  empecher  les  ennemis  de  pé-  bitations  que  l'on  commençoit  dans  ce  
 netrer  d'un  cote,  s'ils  s'etoient  rendus  quartier-là  
 "" A nS. ' ^ '  "  .  r  . "  ,  P^"  '«J«  "O"»  defccndîmes  
 „ . r ^ / f  defcendu  la  parun  chemin étroit  taillédans  la  pente  
 pa  tie  la  plus  rude  de  ce  morne,  nous  d'un  morne  à  la  rivière Falaife.  Après  
 taiïï  a X ï ï f  d'une  petite fon-  que  nous  l'eûmes  paffé,  nous  entrâmes  
 tamequieftalagaucheduchemm,  nos  dans  une  allée  d '™e r s  qui  fert  de  
 S l n f o a k t " ^ ^ ^ ^  '' " " r i  ^  cacoyerf  appltenantel  
 S r  m  - P  P^^-  ""  de  la  Paroiiîe  de  la  baffe  
 dant  qu'ils  mangerent  leur  farine  de  pointe,  nommé  Courtois  E i L  corn'  
 Ë m . r "  nous  étions  prêts de L r i Î  du  To",  
 nous  
 'Morne  
 di  la  
 Cflleiafe.