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 314  NOUVEAUX  V O Y A G E S  AUX  ISLES  
 •t6<)6.  que les  fix Negres  &  leRafineur  n'avoient  
 pas  un moment  libre pour  manger.  
 Trsis  On  met  trois  Negres  aux  fourneaux  
 hommes  quand  il  y a  fix  chaudieres.  Ce  travail  cft  
 rude,  fur  tout  aux  chaudieres  que  l'on  
 m/ti4x.  chauffe  avec  des  pailles,  des  bagaces  &  
 du  menu bois.  Lorfqu'on  ne  fait  travailler  
 que  cinq  chaudieres^  on  fe  contente  
 de  mettre  deux  Negres  aux  fourneaux.  
 C ' e f t t r op  peu,  & j 'ay  toûjours  remarqué  
 que  le travail  étoit  trop  grand  pour  deux  
 hommes.  Car enf in,  quelque  force  qu'ait  
 un  homme,  le  travail  le  furmonte  bient 
 ô t ,  quand  il  eft  rude  8c  continuel,  &  
 que  les  forces  ne  font  pas reparées  parle  
 fbmmeil  &  les  alimens,  8c  c'eft-là juftementce  
 qui  fe trouve dans le  fait  dont  je  
 parle.  
 Trm  à  LaPurgerie  abefoin  de trois  hommes.  
 ia Pur-  Il  eft  vrai,  qu'ils  y  font  inutiles  dans  de  
 certains  tems;  mais  dès  qu'on  a  travaillé'  
 trois  femaines  à  la  Sucrerie,  ils  ont  de  
 J'ouvrage  de  refte;  foit  à  faire  les  fonds  ,  
 accommoder  k  terre,  la  porter  fur  les  
 formes,  l'en  retirer,  la  nettoyer,  la  faire  
 fecher,  mettre  le  Sucre  à  l'étuvc,  y  entretenir  
 le  feu,  cuire  les  fîrops,  accommoder  
 les  formes  &  autres  chofes,  qui  
 dépendent de la  Purgerie.  Lorfqu'ij  n'y  a  
 point  de  travail pour eux  dans  tout  ce  que  
 j e  viens  de  dire,  on  peut  les  employer  à  
 couper  du  bois  à  brûler  avec  ceux  qui  
 fontdeftinez  pour  cela,  qui  viennent  les  
 aidar  à  leur  tour  quand  il  faut  piler  le  
 Sucre, avec  les  ouvriers qui peuvent  quitter  
 le travail,  fans  que  le travail de  la  Sucrerie  
 foufïre aucuneinterruption,  c'eft  à  
 quoi  il faut  bien  prendre  garde.  
 dnif  Il faut  cinq  NegreiTes  au Moulin,  Il  eft  
 vrai,  que  dans  beaucoup de  Sucreries  on  
 ^Modin  quatre', mais il eft certain  que  
 '  le  travail  eft  trop  grand  pour quatre  perfcnnes  
 y  fur  tout  lorfque  les  Cannes  cuifent  
 promtement,  &  qu'on  a  peine  à  
 uirouver  le  raoïixçntd«  iaver  le  Moulin ^  
 ou  bien  lorfque  les cafes  à bagaces  font  un  
 peu  éloignées.  Car il arrive que pour  n'avoir  
 pas le  tems  de  les tirer,  êcde  mettre  
 en  paquets  celles  que  l'on  doit  referver  
 pour  être  fechées&  brûlées,  elles  jettent  
 tout  aux  beftiaux  pêle  mêle.  D'où  il  eft  
 aifé de  conclure, que pour fervir  un  Moulin  
 à eau,  d'une maniéré que le travail  foit  
 bien  fait, &  qu'il  ne foit pas  au-deftiis  des  
 forces des femmes qu'on y  employe,il  faut  
 y  en mettre  cinq.  
 On  employe  une  Negrefîe  pour  laver  Vmlalesblanchets, 
   balayer  la  Sucrerie,  &  autrès  
 femblables  ouvrages.  Le  Rafineur  chetj.  
 doit  bien  prendre garde  quelesblanchets  
 foient  bien  lavez,  échangez,  fechez  à  
 l ' a i r ,  ou  au Solei l ,  &  jamais  dans les  appentes  
 des  fourneaux,  parce  que  le  feu  
 mange leur laine,  Scdès  que  la  corde  paroi  
 t ,  ils  deviennent  inutiles.  On  ne  doit  
 jamais  les  employer  que  quand  ils  font  
 iècs,  autrement  le  vezou  ne  paiîe  pas.  
 Cette  NegreiTe  aide encore à celle  qui  eft  
 àla Vinaigrerie,  à  porter  les  firops  &les  
 écumes,  à  charge;-fes  chaudieres,  &  a  
 remplir  les  canots.  
 O n  met  plutôt  une  femme  ,  qu'un  ^»efem'  
 homme à Élire l 'Eau-de-Vie,  parce qu'on  fJJ"""- 
 fuppofe  qu'une femme eft- moins  fujetteA  fvIJboire  
 qu'un  homme.  Comme  cette  regie  de-riA:  
 n'eft  pas  infaillible,  c'eft  au  Maître  à  
 choifir  une  des plus  fidelles,  &à  veiller  
 avec  foin fur  fa  fidélité,  afirtqu'elle  ne  fe  
 démente pas  à  force  d'être mife à  l'épreuve. 
   Pour  es encourager  à bien  faire,  &nelespas  
 expofcràla  tentation  de  voler,  jedonnois  
 un  pot  d'Eau-de-Vie  à celle  qui  
 la  faifoit,  quand  elle  faifoit  apporter  atr  
 Magafin  celle  qu'elle avoit  fait pendant  h  
 femaine  dans  la  quantité,  &  a  qualité  
 requife. Une  chofe qu'il faut  obferver,  eft  
 de  n'en  pas  refuferauxNegies,  quand ils-- 
 enontbefoin,  &  de ne permettre  à aucun  
 d'eux  d'entrer  dans  k  Vinaigrerie  fousquelque  
 pretexte  que  ce  ibic.  
 Une  
 F f l ?  
 F R A N C O I S E S  ÛE  L'AMERia.UE.  
 mit  
 ca  
 hrouettisrs. 
   
 Devoirs  
 des  cabrouetmn. 
   
 Maladies  
 ordinaires  
 des  
 boeufs.  
 '  Une  Sucrerie,  comme  celle dont je^jarl 
 e ,  nepeutfepaiTerde  quatre  cabrouets,  
 c'eft  ainfi  qu'on  appelle  leseharettes  aux  
 Mes,  fi  on  veut  faire  un  travail  qui  foit  
 continuel,  (ans être  outré,  &  fans  ruiner  
 les beftiaux  : trois cabrouets  fuffifent pour  
 fournir  un  Moulin  à  eau.  Le  quatrième  
 cft  neceflaire  pour  aider  aux  autres  dans  
 un befoin pfeilant, &  ordinairement  pour  
 porter  du  bois aux  fourneaux,  &  tranfporter  
 les Sucres  enfutaillez  au  Magafin,  
 qui  doit  être  toûjours  proche  du  lieu  de  
 l'embarquement.  11  faut  huit  perfonnes  
 pour  conduire  quatre cabrouets 5 f çavoi r ,  
 quatre hommes  &  quatre enfans  de  douze  
 à  treize  ans  pour  marcher  devant  les  
 boeufs.  Il  faut  huit  boeufs  pour  chaque  
 cabrouet,  parce  qu'on  ne  fait  travailler  
 chaque  attelage  qu'une  fois  par jour.  Ce  
 fonttrente-deuxboeufs,  outre  lefquelsil  
 eft  bon  d'en  avoir  encore  fix  autres  pour  
 remplacer  ceux  qui tombent  malades,  ou  
 pour  quelque  travail  extraordinaire.  
 Il  y  a  quatre  oucinq  chofes à obferver  
 touchant  les  cabrouettiers.  La  premiere,  
 d'empêcher  qu'ils  ne fe donnent  k  liberté  
 de  maltraiter  les jeunes  enfans  qu'on  leur  
 donne pour  les  aider.  La  fécondé,  qu'ils  
 ayent  foin  de  penfer  tous  les  jours  leurs  
 boeufs,  les  laver  à  la mer,  leur  ôter  les  
 tiques,  &  avertir  le  Maître  ou  leCommandeur, 
 quand il eft neceflaire de leur  faire  
 ôter les barbes,quifont  certaines  excreffencesde  
 chair,  quîleurs  viennent  fous  k  
 k n g u e ,  qui les empêchent de  paître.  Çar  
 les  boeufs  ne  coupent  pas l'herbe  avec  les  
 dents comme  les chevaux,  ils  ne  font  que  
 l'entortiller  avec  k  langue  &  l'arracher y  
 mais quand  ils  ont  ces  excreffences,  qui  
 leurs  caufent  de  k  douleur,,  ils  ne  peuvent  
 appliquer leur langue autour de  l'her^  
 be,  6c  deviennent  maigres 6c  fans force'  
 On  doit  encore  obliger  les  cabrouettiers  
 d'apporter  des  têtes  de  Cannes  fur  leurs  
 cabrouets j  pour  les donner  àieursboeufs  
 après  qu'ils  ont  dételé,  6c d'en  apporter  lipis  
 le  foir  une  quantité  fuffifante pour  tous  
 les  beftiaux  qu'on  enferme  dans  le  Parci  
 C'eft  auffi  à eux d'aider  le  Gardien  à  entretenir  
 les lizieres,  6c à nettoyer  le  Parc,  
 rien  n'étant  plus  contraire  aux  beftiaux  
 que  l'ordure,  &  rien  ne  contribue  d'avantage  
 à  leur  fanté 8c à leur  embonpoint  
 que  la  propreté  du  lieu  oii  on  les  reiTerre  
 pendant  k  nuit.  
 Il  n'^eft paspoiEble  defepaflerdedeux  ^^"x  
 Tonneliers  dans  une Habitation.  Quand  Tonaeon  
 ne  fait  pas  de Sucre,  6c  que  tous  les  
 Negres  font  occupez  à  couper  du bois  à  
 brûler,  ils  doivent  y  être  avec  les  autres  - 
 pour  profiter  des  arbres  qu'on  abbat,  qui  
 fe  trouvent  propres  à  faire des douves.  Il  
 faut  qu'ils  les  fendent,  &  qu'ils  les  dolent  
 furie  lieu,  Se qu'ils les fafient  apporter  
 à  k  maifon  à  mefure  qu'elles  font  
 achevées,  fans  les  laifler  dans  le  bois  le  
 moins qu'il eft poffible,  parce que les  vers  
 &  les poux  de bois s'y  attachent  aifément  
 8c  les  pourriffent.  C'eft-k  le  tems  pour  
 faire  provifion  de  douves  pour  tout  le  
 refte  de  l'année.  On  doit  es  mettre  à  
 couvert,  les ranger les unes fur les  autres,.,  
 en  les  croifant par leurs extrêmitez  , &  les^  
 charger  de  quelques  groflès pierres  dont  
 k  pefanteur  les tiennent  enfujettion,  de  
 crainte  qu'elles  ne  fe cambrent,  ôc  ne  fe.  
 dejettent  en  fechant.  
 Quant  aux  cercles,  les tonneliers  doivent  
 avertir  le Commandeur  quand  ils en  
 ont  befoin,  afin qu'il envoye  des  Negres  
 leur  en  couper,  fans qu'ils foient  obligez',  
 de  quitter  leur  travail'.  
 Deux, tonneliers  qui  ont  leurs  douves  
 dolées,  &  leurs fondsfciez, doivent  faire  
 trois  barriques  par  jour ;  ce  qui  n'eft un-i  
 petit  profit  pour  le Maî t re,  qui vend  cha?  
 que  barrique  fur  le  pied  de  centfolS;  or  
 quand  on  conteroic  pour  le  prix  du  boisée  
 k  façon'  le  tiers  de  cette  fomme,;  il'  
 eft  toûjours  conftant  qiie  chaque  tonneï  
 t  j  '  licjy  
 9f'* i ;  
 fit.; li  
 m  
 Wi  
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