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 19^  NOUVEAUX  VOY  
 i6ç6.  chacune dcfquelles eft compolïe  de, cinq  
 feuilles ;  les  extérieures  font  rouges  avec  
 des  points  dorez,  &  les cinq  qu'elles  
 renferment  font orangées  6c forment  
 une  efpece de calice  plein de petites  étamines  
 dorées.  Le  bouton  en  grofliiTant  
 forme le  fruit,  & cette double  fleur  qui  
 •y  demeure  attachée  lui  fert  de  couron- 
 Le  fruit eft  rond,  de  trois  pouces  
 A G E S  AUX  ISLE  S  
 ne.  
 ou environ  de  diametre.  Son  écorce  ou  
 peau  eft  unie  &  lifle,  d'un  très-beau  
 verd,  mêlée  de  taches  rouges  Se  aurores. 
   Sa  chair  eft blanche,  molle,  fpon- 
 :gieufe,  pleine d'un  fuc doux  &  miellé,  
 qui ne  plrût  pas d'abord  aux  Européens,  
 mais  qu'ils  trouvent excellent  dès  qu'ils  
 s'y font accoûtumez.  En effet, rien n'eft  
 plus  agréable  &  plus rafraîchiiTant.  On  
 en  donne  fans  crainte  aux  malades,  &  
 quelque  quantité  qu'on  en  mange,  il  
 eft inoiii  qu'il  ait jamais fait de mal.  On  
 trouve  dans  ce  fruit  quelques  graines  
 plates  &  aflez grofles ,dont  Ja coque  feche, 
  grife, unie & luftrée,  renferme une  
 amande  blanche  £c ferme  qui  eft amere,  
 &  qu'on  peut  employer  comme  les  a- 
 Prumer  mandes ameres  d'Europe.  
 d'Ica-  On  a donné  le nom de Prunier  à  l'ar- 
 S«^-  bre  qui  porte  les  fruits  qu'on  appelle  
 Icaques.  Quelques  Auteurs  ne  laiflent  
 pas de  le nommer  Pommier,  parce  que  
 fa  feuille approche  un  peu  plus  de  celle  
 du Pommier  que duPrunierj  mais  pour  
 fon fruit, on le doit plutôt regarder comme  
 une Prune,  que comme une Pomme.  
 Aînfi  contre  mon  ordinaire  je  prendrai  
 parti  dans  cette  querelle ,&  je l'appellerai  
 Pommier  d'Icaque.  
 Cet  arbre  vient  ordinairement  fur les  
 bords  de  la mer  8c fur lesfalaifes qui  en  
 font  voifînes.  Il  eft  rare  de  le  trouver  
 dans  les  hauteurs  ou  dans  les  favannes.  
 Il  n'eft  pas  bien  fait  ni  fort  gros.  Je  
 n'en  ai  jamais  trouvé  dont  le  tronc  eut  
 plus  de  iix  pouces  de diametre  :  il  ne  
 laifle  pas de jetter  quantité  de  branchages  
 qui  s'étendent beaucoup.  Son écorce  
 eft brune, peu  unie & peu  adhérante.  
 Le  bois  eft gris ;  il  a  les  fibres grofles 6c  
 mêlées.  On  ne fe  fert  de  ce  bois  que  
 pour brûler,  il  y  en  a de  plulîeurs efpeces, 
   qu'on  diftingue  feu ement  par 1«  
 couleur  du  fruit, dont les  uns font  rouges, 
   les autres violets, les autres blancs,  
 mais  tous  de  même  forme, même chair,  
 même  goût ,  même  vertu.  
 La  feuille'de  cet  arbre  eft  prefque  
 aufli large que longue, & par  conféquent  
 prefque  ronde;  elle eft épailTe & ferme, '  
 d'un  verd  jaunâtre,  aiTez  luifante;  fes  
 bords  font  riiTolez  &  grillez,  ce qui  eft  
 ordinaire  à  tous  les a rh es,  qui  viennent  
 au  bord de  la mer,  où  l'air  marin,  le Tel  
 que  le vent  emporte  &  qu'il  répand  fur  
 eux  comme  une  petite  bruine,  &  l'ardeur  
 du  foleil  ne  manquent  jamais  de  
 produire  cet  effet.  
 .  Sa fleur ne  paroît d'abord que  comme  
 un petit bouton  verd,  qui en s'épanoûiffant  
 produit  de  petites  feuilles blanches,  
 minces &  fans odeiir,  qui  font  accompagnées  
 de petites  étaroinesjaunes.  
 Le  fruit  paroît  à  la  chute  de  cette  
 fleur  j  il eft rond,  applati  fur  fes  deux  
 poles,  &  fa  circonférence  partagée  en  
 cinq ou fix côtes.  L'écorce eft aflèz unie  
 &  fine,  de couleur rouge,  ou violette  ou  
 blanche,  felon  l'efpecc  ou  fruit,  avec  
 de  petites  taches de  différentes couleurs  
 qui font un  très-bel  effet.  
 La  chair  de  ce fruit eft blanche,  aiTez  
 ferme, & fi adhérante au noyau qui eft au  
 centre, qu'il n'eft pas prefque poffible de  
 l'en  détacher  qu'en  la  fuçant.  Elle eft  
 peu  agréable  au  goût ,  fur  tout  dans les  
 commencemens  qu'on  en  ufe.  On  n'y  
 trouve qu'un goût fade,  avec une pointe  
 d'aigreur  qui prend à la gorge;  auifi n'ufe  
 t-on  de  ce  fruit  que  comme  d'un  remede  
 pour  le  couis  de  venire  &pour  le  
 flux  
 F R A N C O I S E S  DE  L^AMERIQ^UE.  igp  
 flUîJ  ii®.  parce  qu'il  eft  extrême-  liqueur  agréable &  qui  produit  le mémè  iffpiî.  
 "  ment  ftiptique  ôcaftringerit. Son amande  effet.  Ceux  qui  font  accoûtumez  d'en  
 pilée  &  réduite  en  hit  avec  un  peu  de  manger  le  trouvent  bon  ,  &  le  mangent  
 lucre & d'eau  de  fleur  d'orange,  fait une  avec  pkifir malgré  fon  âcreté.  
 miks  
 hmctf.  
 alms.  
 C H A P I T R E  I  I.  
 Des  Habitations  nouvelles.  Comment  on obtient les concevions des  terres  
 &  comment  on  les  défriche.  
 ¡Eux  qui  n'ont  point  de  terre  
 6c qui ne peuvent  ou  ne veulent  
 pas en  acheter,  de man- 
 _  dent laconceflion d'un  terrein  
 qui n'a point encore de maître,  
 & qui par conféquent  appartient  au Roi.  
 Il  s'adreffcnt  pour  cela  au  Gouverneur  
 General  8c  à  l'Intendant  à  qui  ils  prefèntent  
 un  Placet,  dans  lequel  celui  qui  
 demande  la  conceflion  expofe  fa  qualité  
 ,  le nombre  de  fes  enfans  ôc  de  fes  
 efclaves 6c fes  autres  facultez.  Il  indique  
 le  terrein  qu'il  demande,  avec  les  
 bornes de  la hauteur 6c de  la  largeur.  Il  
 y joint  un  Certificat  du  Capitaine  du  
 quartier  ôc  de  l'Arpenteur  Royal,  qui  
 aiTurcnt la  venté du contenu dans le Placet  
 ,  6c fur tout  que  ce terrein  n'eft  occupé  
 hi concédé à perfonne.  Sur  cet  expofé  
 ces Meflîeurs font  expédier  laConceffiondu  
 terrein  demandé,  dont  ilsreglent  
 la quantité  à  proportion  du befoin  
 "& des forces de  celui qui  le  demande,  6c  
 avec  ces claufes ,  que l'expofant fera  enrcgiftrer  
 fa conceflion  au  Grefl-e ;  qu'il  
 fera  fommer les  p!us  proches  voifins  du  
 terrein  qu'il  a  demandé,  d'être  prefens  
 à fa  prife de  pofleffion ,  6c  de  déclarer  
 f»r  écrit  qu'ils  n'y  ont'aucune  prétention; 
   6c enfin que  dans l'efpace de  trois  
 années  il  défrichera  6c  habituera  du  
 moins la troifiémepartie  du  terrein  concédé  
 à  peine  d'en  être  dépoffedé  6c  la  
 Conceflion annulée. Ces claufes font fort  
 judicieufes;  6c  fi  elles  étoient  obfervées  
 avec  autant  d'exaftitude  qu'elles  le  devroient  
 é,ti-e, les Ifles feroient bien mieux  
 peuplées  £c habitées  qu'elles  ne  le  font,  
 parce  que  ceux  qui  viennent  pour  s'é^  
 tablir  trouveroient  du  terrein,  au  lieu  
 que  les terres  font  três-fouvent  concédées  
 à des  gens  à  qui  il  eft  impoffible  
 d'en  défricher  le  tiers  en  cent  ans.  Il  y  
 a  même  des  habitans  qui  ont  des  Conceflîons  
 en  differens endroits  d'une  même  
 Ifle,  oil  depuis  un  très-grand  nom^  
 bre  d'années  ils  n'ont  fait  qu'un  défriché  
 de  cent  ou  cent  cinquante  pas en  
 quarfé  ,  feulement  pour  marquer  leur  
 poffeflîon,  fans  fe mettre  en  peine  de  
 continuer  le  travail  comme  ils  y  font  
 obligez.  
 Il  eft vrai  que les Gouverneurs  Généraux  
 6c les Intendans font  quelquefois réunir  
 au  Domaine  du  Roi  ces terres concédées  
 6c négligées; mais  ce  n'eft le plus  
 fouvent qu'une  ceremonie  ou  une  peine  
 qui  ne  tombe  que  fur  quelque  pauvre  
 malheureux  qui  n'a  pas  affez de  credit  
 pour  s'exempter  d'être  la  viélîme  de  la  
 Loi;  puifqu'on  voit que  ces mêmes  terresfont  
 données  à d'autres qui n'en  font  
 pas un meilleur ufage, ou qui les vendent  
 6c en  font  comme  un  commerce  continuel^ 
   malgré  les  dcfenfcs qu'il  y a contre  
 ce  trafic  odieux,  6c qui  n'eft  pourtant  
 que  trop  commun.  Il  ne me  feroit  
 pas  difficile de  prouver  ce  que je  dis  ici  
 par  beaucoup  d'exemples.  
 La  Conceffion étant  accordée,  enre-  choix  
 giftrée,  les voifins dûément  appeliez  6c ?«>»  
 la pofleffion prife,  onchoifit  un  endroit  
 un  '  
 j."•^y.'  t  
 ' ' . »r -Ù  
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 •--TÎWIl',;  
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