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 14  NOUVEAUX  VOY  
 dedans.  Tous  leurs  hamacs  font  rocoiiez, 
   non  feulement  parce que  fe mettant  
 dedans  ayant  le  corps  tout  rouge,  
 ils  les  peignent  de  la  même  couleur,  
 mais  encore  parce  qu'ils  ont  foin  de  
 leur  donner  cette  couleur  avant  de  s'en  
 fervirj  ils  y  deffiiient  auffi  des  compartimens  
 de  couleur  noire  très-jolis  &  
 très-agreables,  & compaflez avec  autant  
 de  juftelfe que  s'ils  s'étoient  fervis  du  
 compas  &  des  règles  de  la Geometrie,  
 &  cependant  €e  font  les  ouvrages  des  
 _ femmes.  Un  Caraïbe  feroit  déshonoré  
 à  jamais  s'il  avoit  filédu  cotton,  ou  s'il  
 avoit  tiffii  ou  peint  un  hama.c.  Ils  laiffent  
 ces  fortes  d'ouvrages  à  leurs  femmes, 
   qui  y  employent  un  temps  confiderable.& 
   beaucoup  de  peine  à  caufe  
 de  la  largeur  de  la  toile  qui  les  oblige  
 Manie-  ^  deux  perfonncs  pour  la  travailre  
 dont  1er.  Ils  n'ont  pas  eu  encore  l'induftrie  
 'l^f^ii'e  des métiers,  de  forte  que  quand  
 "  elles  ont  é mes  des  tendu  les  fils  de  la  trame  
 Caraïbes  
 font  fur  deux  gros  rondins  plantez  en  terre  
 les  ha- Se  appuyez  contre  la  fibliere  du  cartmcs. 
   ^ ^  qu'elles  ont  ainfi  déterminé  la  
 longueur  &  la  largeur  qu'elles  veulent  
 donner  au  hamac,  elles  font  obligées  
 de  paifer  leur  pelotton  de  fil  deiTiis  &  
 deflbus  tous  les  fils  de  la  trame  l'un  
 après  l'autre,  &  de  battre  deilus  avec  
 une  efpece  de  coûteau  d'un  bois  dur  &  
 pefant  pour  faire  entrer  tous  les  fils  
 dans  leur  place,  &  rendre  le  travail  
 plus  uni.  II  eft  certain  que  les  hamacs  
 faits  de  cette  façon  font  bien  plus  
 forts,  plus unis,  s'étendent bien  mieux,  
 &  durent  bien  davantage  que  ceux  que  
 les  François  &  les Anglois  font  fur  le  
 métier,  qui  étant  de  quatre  pieces  ou  
 de  quatre  lez  n'obeïifent  jamais  fi  bien,  
 parce  que  les  coûttires  font  toiijours  
 plus  roidcs  que  le  refte  de  la  toile,  ce  
 qui  ne  peut  manquer  de  caufer  de  l'incommodité  
 à  celui  qui  y  eft  couché.  
 il  G E S  A  U X  JS  L  E  S  
 La  maniéré  d'attacher  un  hamac,  ou  ""Sil  
 pour  parler  en  Ameriquain,  de  le  ten-  Ms  
 d r e ,  eft  d'éloigner  les  deux  extremitez  
 l'une  de  l'autre  de  telle  forte  que  
 le  hamac,  avec  fes  cordages  fafl& un  de-  J  
 mi-cerele  doat  la  diftance  d'un  • bout  lie 1)  
 à  l'autre  foit  le  diametre.-  On  l'éleye.'^''"*  
 de  terre  de  maniéré  à  s ' j  pouvoir  affeoir  
 comme  fur  une  chaifeun  peu  haute. 
   Quand  on s'y  met il  faupobferver  de  
 mettre  une de  fes mains  en  arriéré  pour  
 l'ouvrir,  de crainte que  s'afleyant deiFus  
 quand  il  eft  tout  plille,  on  ne  fafle la  
 culbutte;  ce  qui  arrive  aflez  fouvent  à  
 ceux  qui  ne  font  pas  accoûtumez  à ces  
 fortes de  lits,  mais  qui s'y font  aifément  
 aux  dépens  de  quelques  meurtrillures  
 aux  bras,  aux  épaules  &  aux  feiîes.  
 Il  ne  faut  pas  s'y  étendre  tout  de  fon  
 long  enforte  que  la  tête  &  les  pieds  
 foient  fur  une  hgne  droite  qui  fuive la  
 longueur  du  hamac.  Cette  fituation  feroit  
 incommode,  &  les  reins en fouftViroient. 
   Mais  il  faut  fe  coucher  diagonalement, 
   de  maniéré  que  les  pieds  
 foient  à un  des  coins,  &  la  tête au  coin  
 oppofé.  Pour  lors  le  corps  repofe  prefqueauffiuniment  
 qu'il  feroit  furun matelas. 
   On  peut  fe  remuer  à  fon  aife,  
 s'étendre  autant  que  l'on  veut,  &  fe  
 couvrir  de  la  moitié  du  hamac.  Lorfqu'on  
 veut  fe  tourner d'un côté fur  l'aut 
 r e ,  il  faut  commencer  par  mettre  les  
 pieds  à  l'autre  coin  du  hamac  ,  &  en  fe  
 tournant  le corps  on le  trouve  fur  l'autre  
 diagonale.  
 La  commodité de ces  fortes de lits eft  
 qu'on  les  peut  porter  par  tout  avecfoi,  ¿'j,  
 deux  taquets  de  bois  ou  deux  cram-  „,»  
 pons  de  fer  fuffifent pour  les  tendre.  
 J'en  ai  porté  avec  moi  dans  mes  voyages  
 d'Italie  où  tout  le monde  fçait  que  
 les  lits  des  hôtelleries  font  pour  l'ordinaire  
 fort  mal  propres  j  mes  crampons  
 étoient  avis  comme des tire-fonds,  
 f  R A N  C O  I S  ES  L ' A  M ERIQ^UE .  
 169^.  
 6n  
 fmrroh  
 ft firvir  
 utilimintdei  
 hamacs  
 ¿am les  
 l-  tmées.  
 je  les faifois  entrer  dans  les  chambranles  piedsau  matatou  pour  l'élever de  terre,  
 des^portes  &  des fenêtres,  &  j'ctois  feur  font  enchaiîez  dans  les  angles,  ils  leur  
 d'être bien couché,  fans  crainte  des pu-  donnent  depuis  huit  jufqu'à douze  pouces^ 
   punaifes &  autres  ordures  dont  les  ces  de  longueur  au  deflbus du  fond  du  
 lits  de  ces  païs-là  font  abondamment  matatou,  afin  de  l'élever  de  terre  de  
 pourvus.  Obtre  cette commodité  qui eft  
 trés-confiderable,  il  eft  certain  qu'on  y  
 dort  plus  au  frais,  on  n'a  befoin  n'y  de  
 cette haiiteur.  Le  fond  6c les cotez  font  
 travaillez  d'une manière fi ferrée,  qu'on  
 peutremplird'eau  le matatou  fans craindre  
 qu'e  le  s'écoule,  quoiqu'il  ne  foit  
 eouverture,  ni de linceuls, ni d'oreillers  -,  
 ils  n'embaraiTent  point  une  chambre  ,  
 farce  qu'on  les  peut  ôter  Scies plier  dès  
 qu'on  n'en a plus befoin.  On  eft  exempt  
 des puces  Se des punaifes,  6c le peu  d'efpace  
 qu'ils  occupent  en  rend  le  tranfpoTt  
 facile.  
 fiiit  que  de  rofeauX  ou  de  queues  de  
 lataniers.  
 L e  matatou  eft  la  table des  Caraïbes",  nat*- 
 qui  leur  fert  en  même  tems de plat.  Or-  toueffedinairement  
 ils  en  mettent  deux  devant  
 celui  ou  ceux  qui  mangent.  L'un  fert  Caràidans  
 Je  m'étonne  qu'on  ne  s'en  ferve  pas  pour  mettre  la  'caflàve "qu'ils  font  tous  ïês.  
 les  armées;  ils  embarafl'eroiênt  
 beaucoup  moins,  6c  feroient plus faciles  
 à  porter  :  car  il  ne  faudroit  que  deux  
 grands  piquets plantez  enterre,  6c arrêter  
 fortement  avec  des  cordes  aufquelks  
 on  attacheroit  le  hamac par  les  deux  
 bouts,  on  pafléroit  fur  le  fommet  des  
 es jours,  6cfouvent  autant  de  fois qu'ils  
 veulent  manger.  Ils  font  voir  en  celaqu'ils  
 ont  plusd'efprit  que les François}  
 car  elle  eib  bien  meilleure  quand  elle  
 fort  de  defliis  la  platine  que  quand  elle  
 eft- feche 6c froide.  Ils  mettent  fur  l'aittre  
 la  viande,  le  poiiTon  ou  les  crabes,,  
 deux piquets une  corde  @u une gaule  qui  avec un  coiiy  plein  de pimentade,  c'eftferviroitdefaitage, 
   6c  entretiendroit  les  à-dire  de  fuc de  manioc  qu'ils  ont  fait  
 piquets dans la  même  diftance,  qui  por-  bouillir,  8c  dans  lequel  ii  
 teroit  une  toile  cirée  ou  un  bon  coitis  quantité  de piment avee du j  
 pour  former latente.  Onporteroit  aifé- C'eft  leur  fauce  favorite  6c  
 ment  dans  une  valife le  hamac,  latente  
 & les cordages,  6c  on  feroit aifuréd'être  
 bien  plûtôt  logé  Se  couché  que  quand  
 il faut des  mulets  ou-des  charettes  pour  
 tranfporter  ce  qui  eft  neeeiTaire  pour  
 une  tente  Se un  it.  
 Le Matatou  eft une  efpece de  corbeille  
 quarrée fans couvercle,  dont  la  grandeur  
 eft différente felon le goût de  ceux  
 s  ont  écrafé  
 us de  citron.  
 univerfelle  
 pour  toutes  fortes  de  viande  6c  de poif- 
 Ion v  8c ils  la  font  fi  forte  qu'il  n'y  ac  
 gueres  qu'eux  qui  s'en  puiflént  fervir.  
 LeCatolieft  uneefpece de hot te  dont  Cateli,  
 les  femmes  fe fervent  pour  apporter  au  efpece  dé  
 earbet  le  manioc,  les  bananes,  les  patates, 
   le  poiflbn  8c  les  autres  chofes  
 qu'elles  vont  chérchfer  dehors.  11 y en a  
 de  deux  fortes,  les  unes  font à j o u r ,  les  
 qui  la font.  Lefond  eft  plat&  uni,  fës  autres font à plein.  Telles qu'elles  foient  
 •bords  ont  trois  à  quatre  pouces  de  hau'  "  '  -  .  -  -  - 
 teur;  les  coins-font  portez  fur  quatre  
 petits  bâtons  peints  6c  ouvragez  à  leur  
 maniéré  qui  excedent  de trois  à  quatre  
 pouces  la  hauteur  des  bords5  ils'font  
 proprement  terminez  enboiile,  ou  coupez  
 a-pans.  •C'es  bâtons  qui'fervent  de  
 elles  n'ont  point  de  doifier j  leur  fond  
 eft  plat,  le  refte  a  la  figure  d'une  piramide  
 de  plufieurs  côtez;  elles  font  
 fort  legeresfort  propres,  6c fort  enolivées. 
   Les  rofeaux  ou  les  queues  de  
 atanier dont elles  font faites,  font  teintS'  
 de  plufieurs  Couleurs  8c mis  en  Oeuvre  
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