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 I  '^fiii^lt:  
 28  N O U V E A U X  VOYAGES  AUX  ISLES  
 1694.  tendant  il y  a un Monaftere  deReligieufes  
 Moniiftere  
 dss  
 Vrfuiints. 
   
 U rlulines, elles prennent des penfionnaires  
 &  inftruifent  toutes les  petites  filles  
 du Bourg  ;  elles font fous  la  diredion  
 de  Peres  Jefuites  
 Ce  Monaftere  appartenoit  autrefois  
 aux  Religieufes  de  nôtre  tiers  Ordre,  
 il  avoit  été  bâti,  &le  terrein  où  il eft,  
 sonhif-  acheté  par  la Mere  Marguerite  de  Saint  
 tûire.  Jofeph  ,  Religieufe  Profefle  du  Couvent  
 de  Toul  en  Lorraine,  qui  autorifée  
 par  les  Supérieurs  de  l'Ordre,  &  
 munie  des Lettres  Patentes du R o i ,  données  
 à Paris  au mois  de Décembre  i (if  3.  
 étoit  pailee  à  la  Martinique  avec  trois  
 Novices,  dont  la  Soeur  de  Clemy  qui  
 étoit  la  premiere  ,  avoit  donné  quatre  
 mille  francs pour  fa dot.  Cette  fomme  
 Se  quelques  Aumônes  qu'elles  avoient  
 reçû  de  la  Cour  fervirent  à  l'acquiiîtion  
 du  terrein  oîi  le  Monaftere  fut  bâti,  à  
 la  dépenfe  des  bâtimens  réguliers  ,  de  
 la  Chapelle}  &  l'oeconomie  de  ces bonnes  
 filles  leur  fit  trouver  le  moyen  d'acheter  
 une  petite  fucrerie  à  trois  chaudières  
 avec  dix  neuf  efclaves.  La  Soeur  
 de Clemy  fit  Profeffion,  mais  celles  des  
 deux  autres  Novices  qui  étoient  les  
 Soeurs  Martel  &  Sanguin,  furent  différées  
 fi  long-tems,  par  les  Peres  Jefuites  
 ,  peu  inftruits  des  pratiques  de  
 nôtre  Ordre,  &qui  avoient  prisladirectionde  
 ce Monaftere,  parce que nos Peres  
 ne  s'étoient  pas trouvez  en  état  d'en  
 prendre foin,  &  que la Mere  Marguerite  
 &  la  Soeur  de  Clemy  moururent  avant  
 que  cette  affaire  fut  terminée  -,  après  
 quoi  on  notifia  à  ces deux  Novices  que  
 les  Profefles  étant  mortes,  il  n'y  avoit  
 plus  perfonne  qui  fut  capable  de  les  recevoir  
 àProfeiîîon,  &qu'ainfi  elles  dévoient  
 quitter  l'habit  Religieux  8c  fortir  
 du  Monaftere  ;  on  interpofa  même  
 l'autorité  de  M.  du  Parquet,  Seigneur  
 Propriétaire  de  la  Martinique  pour  les  
 y  contraindre,  ce  qu'elles  furent  enfiti  
 obligées  de  faire  après  avoir  fait,  toutes  
 les  proteftations  qu'elles  pouvoient  
 &  de voient faire contre  la violence  qu'on  
 exerçoit  contre  elles.  Leur  proteftation  
 fut  reçûë  par Villers  Notaire  de  l'Ifle,  
 le  4Juin  1663.  Elles  avoient  porté  l'habit  
 de  l'Ordre  plus  de  neuf  ans,  l'ayant  
 reçû  à  Paris  dans  nôtre  Couvent  de  la  
 rue  Saint  Honoré,  des  mains  du  R .  P.  
 Dominique  le  Brun  au  mois  de  Janvier  
 16  f  4.  
 Auffi-tôt  après l'expulfion  des  Novi - 
 ces,  le R . P. la Forcade  Supérieur  gerirai  
 de  nosMiffions,  fe  mit  en  poiTeiîîon  
 du  Monaftere  6c  des biens  qui y  étoient  
 attachez, non-feulement comme de  biens  
 appartenansài'Ordre,  mais encore  comme  
 Procureur  fpecial  de  nos Religieufes  
 de T o u l ,  dont la Mere Marguerite  étoit  
 Profeffe,  en attendant  qu'il fut arrivé de  
 France  des  Religieufes  pour  remplacer  
 celles  qui  étoient  mortes.  Mais les Religieufes  
 de  Toul  ne  s'étant  pas  trouvées  
 en  état d'en envoyer,  elles  firent  une ceffion  
 de tous les biens  du Monaftere  à nos  
 Mifljons.  
 Nonobftant  la  ceffion  6c  la  poiTeffion  
 où  nous  étions  de  ces  biens,  les  Peres  
 Jefuites  firent  nommer  des  Hofpitalieres  
 de  Dieppe  pour  venir prendre  la  place  
 de  nos Soeurs.  Nous  nous y  oppofâmes, 
   on  plaida,  &  le  Procureur  qu'elles  
 avoient  conftitué  fui  débouté  de fes  
 prétentions  par  Arrêt  du  Confeil  Supérieur  
 de  rifle  du  4  Février  1664.  Ce  
 qui  n'ayant  point  rallenti  les  pourfuites  
 des  Jefuites,  ils  appellerent  de  cet  Arrêt  
 au  Confeil  du  Roi ,  oii  après  bien  
 des  conteftations,  laceiHon  de  nos  Religieufes  
 de Toul  fut annullée,  &  le  Monaftere  
 avec  tous  fes  biens  meubles  &  
 immeubles  transféré  ou  donné  aux  Urfulines  
 de Saint Denis  en France.  C'eft  
 ainfi que  nôtre Monaftere eft  tombé  entre  
 F R A N C  a ï s  ES  DE  
 Ì694.  tre  les  mains  de  ces  bonnes  Religieules. 
   On  trouvera  à  la  fin  de  cette  premiere  
 Partie,  la  copie  des  Lettres  Patentes  
 du  Roi  du  mois  de  Décembre  
 &C  l'Arrêt  du  Confeil  d'Etat  du  
 R o i ,  fi  on  me  l'envoye  aiTez-tôt  pour  
 le faire  imprimer.  
 Les  Urfulines  s'occupent  comme  fai- 
 L ' A M E R I C L U E .  ip  
 fterité  s'eft  tellement  multipliée,  qu'en  
 1704.  ce  bon  homme  voyoit  cinquante  
 te-cinq  enfans  provenus  defon  mai-iage  
 .oudefesenfans.  
 L e  Dimanche  trente  &  unième  Janvier  
 nous  affiftâmes  aux  Offices  Divins  
 dans  nôtre  Eglife.  Je  fus  très-édifié  de  
 la  dévorion  &  de  l'affluencedu  peuple.  
 1694.  
 foient  nos  Religieufes  à  l'inftruétionde  Le  P.  Chavagnac  fit  le Prône  ScTexplilajeunefle  
 de  leur  fexe.  Elles  ont  reçû  cation de  l'Evangile,  ôc  la  fit  très bien,  
 à  l'habit  plufieurs  Créolles  qui  leur  ont  
 apporté  quatre  à  cinq  mille  francs  de  
 dot j  de  forte  qu'il  y  a apparence que  ce  
 Monaftere fera un jour bien  riche.  
 J'appris  à mon retour au  couvent,  que  
 M.  Houdin  mon  ancien  camarade  de  
 College  étoit  venu  pour  me  voir.  Il  y  
 avoit plus de  quinze  ans  que  je  ne  l'avois  
 vû, 8c je n'euiTe jamais crû le  trouver  
 aux  Ifles} je  priai  le  P.  Chavagnac  de  
 me  conduire  chez  lui}  nous  le  trouvâmes  
 à  la  raffinerie  du  Moiiillage  chez  
 fon  beau-frere  M.  Dubois.  Il  étoitaux  
 Ifles depuis  quelques  années,  où il  avoit  
 fuivi  fon  frere  aîné  Se  unedefesfoeurs,  
 mariée  à M.  Dubois.  Leur  frere  aîné  
 qui  étoit  Receveur  des  Domaines  du  
 R o i ,  venoit  de  mourir  &  avoitlaifle  de  
 grands  embarras  dans  fes comptes}  c'étoit  
 pour  les'terminer  que  M.  Houdin  
 fe  trouvoit  au  Fort  faint  Pierre}  car  fa  
 demeure  ordinaire  ttoit.au  Fort  Royal.  
 Nous  allâmes  le  P.  Martelly  Se  moi  dîner  
 chez  M.  le  Commandeur  de  Guitaut. 
   Après  Vêpres  nous allâmes à  bord  
 de  la  Loire  faluer M.  de la Heronniere }  
 il  nous  retint  à  fouper,  après  qu'il  en  
 eût  envoyé  demander  la  permiflîon  à  
 nôtre  Supérieur,  qui  l'accorda  volontiers. 
   
 L e  lundi  premier  Février  le  P.  Chavagnac  
 me  mena  prendre  le  chocolat  
 chez  un  de  nos  voifins,  appelléM.  Braguez, 
   qui  eut  l'honn^etéde  me prêter  
 un  cheval  pour accompagner  le  Pere  qui  
 alloit  confefler  des  malades  fur les  mornes. 
   J'eus  beaucoup de plaifir  de  voir  la  
 campagne,  ôc  les  arbres  chargez  de  
 fruits 6c  de  fleurs.  Nous  dînâmes  chez  
 un  habitant qui nous  fit  manger  des  perdrix  
 du  pays,  &  des  ramiers.  Les  per-  PerJnx  
 drix  font  petites,  elles  perchent,  les  
 rouges  font  meilleures  que  les  grifes;  
 les  ramiers  qu'on  nous  fervit  étoient  
 mers  
 des  Jfles.  
 Il étoit alors  Procureur  du R o i ,  depuis  fort  gras,  &  avoient un goût  de  eéroflc  
 il  a  eu  la  Charge  de Juge  Royal,  Civil  6c  de  mufcade  très-agréable j  j'en  de- 
 CC  Crimmel  de  toute  r i f le;  fon  mérite  j-:  °  
 perfonnel,  fon  application  à  l'étude 6c  
 à  fes  devoirs,  fon  intégrité  &  fon  defintereiTement, 
   lui  ont  acquis  une  trèsjufte  
 réputation.  H  étoit  veuf  quand  je  
 le  vis,  6c  n'avoit  eu  que  deux  enfans,  
 un  fils  qu'il  faifoit  étudier  6c  une  fille  
 qui  a  pris  le  voile  6c  fait  profeflîon  aux  
 Urfulines de  la  Martinique.  Il  s'eft  depuis  
 marié  à  une  fille  d'un  très  riche  hamandai  
 la  raifon,  on  me  dit,  que  comme  
 nous  étions  dans  la  faifon  des  graines  
 de  bois-d'Inde,  ces  oifeaux  s'en  
 nourriiToient  6c  en  contraétoient  l'odeur. 
   On  nous  fervit  auffi  des  ananas  
 6c  des  melons  d'eau,  les  premiers  me  
 prurentexcellens.  J'ai eu  plus  de peine  Melon}  
 à m'accoûtumer  aux melons d'eau}  pour  de piw,  
 les  melons  ordinaires  rouges  6c  verds,-/'®""  
 Qu'on  annelle  melnns  rl'Rinormf.  
 ïn  lnr  \v  ^  T  u  ^PP^^^^  d'Efpagoe,  nou  
 bitant,  nommeleBoucher,  dont  la  po-  en  avions  mangé  tous  les  ioÎrs  depuis  
 D  3  
 jours  depuis  
 que