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 N O U V E A U X  VOYAGES  AUX  IS  LES  
 t6ç)6.  de  BoiiTeret  Confeigneur  de  l'Iile avec  
 MonfieurHouel  leur oncle.  J'allai voir  
 ce qui  en  reftoit.  C'eft  un  quarré  long  
 dont  le côté  qui  regarde  la  terre  vers le  
 Nord-eft, 6c celui qui regarde  leNordciieft, 
   étoient  couverts  par  de  petits  
 baillons d'environ quatre  toiles de  flanc  
 fur neuf  toifes de face.  L'angle du  côté  
 de  la  rivière  duBaillif  n'avoit  point  de  
 baftion,  parce qu'il étoit  fur un rocher  
 efcarpé  qui  regnoit  tout  le  long  du  
 côté  oppofé  à  la mer.  On  avoit  ménagé  
 une place au  deflbusde  cet  angle,  
 où  l'on  avoit  fait  une  batterie  à  Barbette  
 de deux  pieces  de  canon.  Les  
 foiTez qui  font devant  tous  ces  ouvrages  
 ont  cinq  toifes de  large  Sc trois  de  
 profondeur.  A  trois  toiiès  de  la  contrefcàrpe  
 il  y  a  un  petit  mur  d'environ  
 fix  pieds de h ^ t e u r  coupé  en  angles  
 faillans &  rentrans^  qui  fervoit de  
 parapet  au chemin couvert.  Le  dedans  
 de  ce  poligonè  qui  peut avoir cinquante  
 toifes du  centre  d'un  baftion à  l'autre  
 ,  étôit  occupé  en  partie  par  un  
 grands  corps  de  logrs  de  maçonnerie  
 qui  n'a  jamais  eu  que  la  moitié  de  fa  
 longueur.  Ce  qu'il y a eu  d'achevé  n'a  
 qu'environ  douïe  toifes  de  long  fur  
 huit  de  large.  Un  côté  faifoit  face  à  
 la mer j  &  l'autre  aux  montagnes  &  à  
 la  porte  du  Fort.  Entre  le  bâtiment 6c  
 la  falaife du  bord  de  la mer,  il  y  avoit  
 de  très-belles  citernes,  &  le  refte  du  
 terrein  bien  uni,  marque  qu'il  y  a  eu  
 en  cet  endroit  uneterraiTe.  On voit par  
 des  reftes  de  murs  qui  font  en  dedans  
 des  Courtines,  qu'il  y  avoit  des  bâcimens  
 ou  apentis tout  autour  de  la  tour.  
 Cette  ForterefTe  eil  commandée  à  la  
 portée  du  fufil par  une  motte  deterre  
 d'environ  deux  cens  cinquante  pas  de  
 circonférence,  qu'il  feroit  aifé de  couper. 
   Ce Fort & là maifori q'u'ilrériferme  
 ôiit  été  bâtis  par  Meiîieurs  de  Boilîeret, 
   Marquis  de  Sainte Marie,  neveux  
 de  Monfieur Houel ,  après  le  partage  
 qu'ils  firent  avec  lui de  la  propriété de  
 la  Guadeloupe  ôc autres  terres  dépendantes  
 de  leur  Seigneurie.  La  borne  
 de  ce  partage  étoit  la  riviere  du  Baillifdu  
 côté  de  TOiieft  avec  une  ligne  
 imaginaire  tirée  par  le  fommet  des  
 montagnes jufques  à  la  grande  riviere  
 à  Goyaves,  autrement  la  riviere  Saint  
 Charles  du  côté  de  l'Eft,  comme  on  
 le  peut  voir  fur  la  carte.  Tous  cesbàtimens  
 avoient  été  entretenusjufqu'ea  
 1691.  on  y  avoit  même  tenu  une gar-' '  
 nifon.  On  les abandonna  & les Anglois  
 y  mirent  le feu en  fe  retirant.  On les'  
 a  negh'gé  depuis  cé  tems-là,  de  forte  
 qu'il  ne  réfte que les murs  ôc  les foiTez  
 qui  foient  en  leur  entier.  On  pourroit  
 cependant  faire  un  aiTez  bon  pofbe de  
 ce lieu-là  qui  mettroit  à  couvert  tous  
 les  environs,  &  qui arrêteroit  aiTez  leí  
 ennemis  pour  les  empêcher  d'allerplus  
 loin.  Je  vis  à  côté du'Fort  une  maifon  
 8c  une  petite  habitation  que  le  Nègre  
 qui  me  fuivoit  me  dit  appartenir  à la  
 veuve  Gremy.  
 Après  avoir  confideré ces ruines,  je  
 repris  le grand  chemin.  Je  trouvai  environ  
 à  cent  pas  plus  bas  un  terrein  
 uni,  moins  élevé  d'environ  quatre  toifes  
 que  le  rez  de  chauflée du  Fort  où  
 l'on avoit commencé  un parapet de terre  
 Se  de  fafcines  avec  des  embrafures  fur  
 le bord  de  la falaife'qui  regarde la  mer,  
 6c une  grande  ance  de  fable  qu'on  appelle  
 l'ance  du  gros  François,  elle  a  
 plus  de  cinq  cens  pas  de  large  d'une  
 5ointe  à  l'autre.  Elle  eft  bornée  fou«  
 e  vent  par  un  gros  cap  aflèz  élevé  ,  
 au  pied  duquel  coule  la  riviere  duPlef»  
 fis.,  Uri  autre  petit  cap.s'élève  à  peu  
 près  dans  Jon  milieu  qui  la  partage  en  
 deux  parties  prefque  égales,  il  'femble  
 que* celte  hauteur  ait  été  mife  là  
 F R A N C O I S E S  
 D E  L'AMERICLUE.  87  
 ce  dernier  quartier  eft  éloignée  d'une  
 bonne  lieiiede  la riviere  du  Pleffis.  Le  
 chemin  qui  y  conduit  ne  fuit  pas  le  
 bord  de  la  mer,vai  vicua  - —  ..  ^   mais  il  s'en  él„ojig" ne'   
 murailles  de pierres  feches  de  diftance  de  trois  ou  quatre  cens  pas  Tout  ce  
 ^ d i f t a n c e  iur  le  chemin  ,  depuis  le  terrein  eil:  aiTez  um  jufqu'a  la  morne  
 f  à deiTein de  faire un  pofte  pour  défen- 
 '  dre  l'ance  en  cas  que  les  ennemis  y  
 vouluÎTent  faire unç  defcente.  Je  trouvai  
 quelques  vieux  retranchemens  ou  
 ^tarticr  
 b o r d s ,  c ' e l t - a - d i r e ,  l e  n a u t  a e i a r a ï a i i c ,  ui.  vii.ui.  ^ u ^  o  ..  . . p . ^ . -  -  jP^^^t-.  
 étoienr  encore garnis  de fsmblables  re-  s'approche  de  la mer,  ou  il  forme  une  
 tranchemens,  alors fort en  defordre, &  baye  ou  ance  qu'on  appelle  1 Ance V a-  hMprefque  
 tout  éboulez.  Tout  le  terrein  delorge.  A cinq  cens  pas  ou  environ  
 oui  eft entre  la  riviere  du Baillif & cel-  avant d'arriver  a  l Unghie  d^s  iiaoïtans ^  ^^^  
 'S-  le du Pleffis,  s'appelle  la Montagne  S.  on  trouve  une  defcente  aiiez  ailee  au  
 rt- j^obei-t  bas  de  laquelle  eft une  plaine de douze  tans,  
 La  defcente  de  la  riviere  du  Pleffis  à  quinze  cens  pas de  large,  qu'on  apcil  
 difficile, quoiqu'on  ait multiplié les  pelle  le  Fond  des  habitans  ,  qm  eft  
 détours  en  zigzag  pour  adoucir  la pen-  partagée  en  deux  paities_ prefque  egate  
 du  chemin  ,  il  ne  laifle  pis  d'être  les  par  une  aflez grolle  riviere  du  meencore  
 fort roide.  On  a ménagé  unpe-  me  nom,  qui  avant  de  fe  jetter  dans  
 tit pofte capable  de  contenir  quinze ou  la  mer,  forme  un  étang  coniiderable  
 vingt  hommes  au  milieu  de  la  defcen-  où  les  poilTons  de mer  entrent  quand  
 te  afin  de  pouvoir  découvir  le  fond  la  riviere  eft debordee,  ou.  que  a  dide  
 k  riviere.  Ce  pofte me  parut  fort  gue  de  fable  eft  rompue  par  quelque  
 inutile  8c  fort  dangereux  pour  ceux  marée extraordinaire.  C'eft  un  endroit  
 d'autant  plus  rempli  de  poiflons  de  
 toutes  efpeccs ,  qu'il  eit  difficile  d'y  
 pêcher  à  caufe  des  mangles  &  autres  
 arbres  qui  font  fur  fes  bords,  dont  les  
 racines  fervent de retraites aux poiiTons.  
 L'Eglife  &  la maifon Curiale  fontaOez  
 près  de  la  riviere.  Ce  font  les  Capuj 
 L i U L J L i &  Wv  IVI  u  v*«*»^w  w  
 qu'on y mettroit,  parce qu'ils y feroient  
 découverts jufques  aux  pieds  par  ceux  
 qui  feroient  de  l'autre  côté  de la rivière, 
   &  qu'il  leur  feroit  abfolumentimpoffible  
 de  fe  retirer.  
 La  riviere  du  Pleffis  n'a  pas  plus  
 defix  toife's  de  large  ,  elle  a  beau-  r  ;  
 coup  de  pente,  8c par  confequent  peu  crns qui  deftervent  cette ParoiiTes  celui  
 d'eau i  5c  comme  elle  coule  entre  des  qui  en  étoit  Cure  s'appelloit  le  Pere  
 rochers 8c quantité  de pierres^fonpaf-  Romain,  très-honnête  honime,  bon  
 fage eft toujours  difficile.  On  prétend  Religieux  qui  s'etoit  acquis  l eftime  &  
 que  fon  eau  eft  des  plus  faines 8c  des  l'amitie  de  tout  le  monde  ^ r  fes  maplus  
 legeres  de'toute  rifle.  L'autre  nieres  douces  8c  pleines  de  candeur,  
 côté  de  la  riviere  eft  encore  une  fa-  Sa  maifon  8c  fon  jardin  etoient  treslaife  
 auffi haute  que  la  premiere  ,  qui  propres.  Il  me  fit  mille  amitiez,  8c  ce  
 ne laifle pas  de  fournir  un  chemin plus  ne  fut  pas  fans  peine  qu'il  me  laiffiî  
 doux,  parce  qu'on  l'a  mieux  ménagé  fortir de  chez  lui  pour  continuer  mon  
 en  cottoyant  la ' pente  de  la  falaife.  voyage,  après  m'avoir  fait  rafraîchir,  
 Cette  riviere  fepare la  Paroifle du Bail-  6c  donné  à  manger  à  mon  Negre  8c  
 lif de celle  des  habitans.  L'EgUfe  de  à  mon  cheval.  Il  y  avoit  aux  envirodnes   
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