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130 NOUVEAUX VOY
gaudronner de tous cotez & de le tenir
toûjours hors de l'eau fur des rouleaux,
& à couvert du foleil quand on ne s'en
fert pas.
On lui a donné lenomdeCottonnier
bianca Saint Domingue & fur les côtes
de la Terre ferme, pour le diftinguer
d'unautre qu'on nommeCottonnierrouge,
que nous appelions Ponnmier à la
Guadeloupe &: autres Mes du Vent. J'en
parlerai dans un autre endroit.
L'arbre appellé Mahot à grandes feuilles
ou Bois de flot, ou improprement
Liege, eft encore une efpece de cottonnier.
Il croît fort vîce j £c il eft
d'une grandeur médiocre, c'eft-à-dire,
entre celui que j'ai mis au rang des mangles,
& celui dont je viens de parler.
Sonécorce eft mince, fe leve aifément,
& on s'en fert à faire des cordes comme
Mahot à petit mahot. Le bois eft
grandes blanc, léger,fendant. On s'en fert pour
/tudlts. foutenir les folles & autres filets qu'on
met à la mer, où l'on feroit obligé de
mettre du liege pour les empêcher de
couler bas.
On l'appelle Mahot à grandes feuilles,
parce que eiFeâivement fes feuilles
font fort grandes. Elles approchent
pour la figure de celles de la maune.
Elles font d'un beau verd par deflus, 6c
beaucoup plus blanches pardeiTous; elles
font molles, cottonnées 8c femées
^'un efpece de petit duvet prefque imperceptible,
qui tire fur le roux ou la
couleur d'or. Les nervures qui les entretiennent
font fort apparentes, elles font
dures & accompagnées de certaines fibres
fortes Se épaiiîès qui fe diftinguent
aifément du refte de fa feuille.
La fleur de cet arbre eft belle & grande}.
elle pest avoir cinq à fix pouces de
longueur fur quatre de largeur. Oq fe
la peut reprefenter comme un calice ,
foutenu d'une membrane ferme ôcépaàf-
A G E S AUX ISLES
fe, de couleur de chair, qui renferme iw|
cinq feuilles qui font blanches d'abord '
& qui deviennent enfuite d'un jaune
foncé ; ces cinq feuilles en s'épanoiiiP
fant fe renverfent en dehors 8c font les
bords du calice. C'eft du fond de ce calice
que fort un piftis de la grofl"eur du
doigt, fiiit en colonne avec un chapiteau
tourné en volute, chargé de petits
grains dorez. Le fruit qui fuccede a cette
fleur eft un cilindre de huit à neuf
pouces de longueur, fur un pouce Se
demi ou environ de diametre, partagé
dans fa longueur par dix canelures. L'écorce
eft verte au commencement 8c cottonnée,
elle devient enfuite unpeurouffe,
8c enfin tout à fait jaune lorfque le
fruit eft meur. Cette gouiTe eft remplie
d'un cotton extrêmement fin, gris de
perle, qu'on peut regarder comme une
efpece d'hoùate dont on fe fert aux îfles
pour faire des oreillers, 8c pour garnir
des robes de chambre. Les graines renfermées
dans la gouffe font comme de
petites feves, dont la fuperficieeftunie,
liTe 8c blanchâtre.
Voici du duvet d'une efpece un pew
moins commode que les précédentes.
L'arbriireau qui h porte, ne vient jamais
ni aiîez grand ni aiTez fort pour fe
foûtenir de lui même. Il s'appuye 8c s'attache
aux arbres qu'il rencontre comme
le lierre 8i les liannes. Son bois eft gris,
aifez fouple 8c plein de feve. Sonécor- ,
ce eft grife & fort mince. Sa feuille elt tó«
large de trois pouces par le bas 8c n'en^*!
a gueres davantage de hauteur; elle fe
termine en pointe 8c eft partagée en
deux parties inégales par fa principale
nervure. Il porte de petites fleurs bleuâtres,
aufquelles fuccedcnt des filiqucs
de fix à huit pouces de longueur, dont
l'écorce eft garnie pat deflus d'un duvet
brun, fin, court 8c épais, qui fefépare
aifément de la Clique quand elle eft meure.;
F R A N C O I S E S DE L'A M E R I Q^U E. 131
j jrtyfi, re. Le dedans contient de petits pois cette demangeaifon eft de s'abftenir de li^piî.
noirs, plats 8c durs qui ne font d'aucun gratter, parce que cela ne fait qu'irriter R«»»«!^« j;
ufage, que-pour multiplier l'efpece de le mal 8c en répandre la caufe en plus
l'arbrifleau,} mais le duvet caufè une demangeaifon
extrême, cuifante 8c douloureulè
en tous les endroits où il touche.
C'eft pour cela qu'on appelle ces
fruits des Pois à gratter. Il fuffit que le
d'un endroit, & fe frotter au plus vite '^^aaer
avec de l'huile, 8c à fen défaut avec
de l'eau tiede. Ces deux liqueurs émouf-
-fent la; poirite de ce duvet 8c le détachent
de la fuperficie de la peau, où fa
vent en porte fur quelque partie du corps, petite pointe très aiguë le tenoit attaché,
ou qu'en ayant fur fes habits on y porte Mes amis m'en ont fouvent demandé,
la main, pour fentir aufli-tôt une de- 8cj'ai été contraint de ceder à leurs immaneeaifon
re
8c un feu qui vous defefpe- portunez 8c de leur en envoyer, en leur
qui augmente à mefure que vous marquant en même-tems le remede.
Le Mercredi Saint dix huit Avril j'allai
voir Monfieur le Gouverneur, 8cfçavoir
s'il feroit le voyage dont il m'avoit
îarlé j il me le promi t , 8c me pria de
'attendre à l'AnceFeri la fecondeFête
de Pâques, 8c de porter avec moi les inftrumens
neceflaires pour lever des plans.
vous grattez. On en met quelquefois
dans des tuyaux de plumes pour lesfouffler,
ou bien on en répand dans les lits
ouïes hamacs de ceux qu'on veut attraper,
Se on peut s'aflùrer qu'ils feront
bonne garde tout la nuit.
Le remede qu'on peut apporter à
C H A P I T R E XXII.
Defcription du grand & du petit cul- de-fac de ïa Guadeloupe. De la riviere
S. Charles. Dé la riviere Salée. Du Fort Louis ^ ¿r ce que c'eji qu'un
Boucan de lortu'é.
5E Jeudi-Saint dix-neuf Avril
le Sieur Lietard me vint
chercher avecfon canot, mais
comme il étoittrop tard pour
pouvoir arriver chez lui,nous
ne partîmes que le lendemain. Nous
nous arrêtâmes à Goyaves pour voir
mon Confrère 8c dîner chez lui. Le
gros vent fut caufe que nous arrivâmes
un peu tard à Feri.
Le Samedi je me rendis un peu avant
le jour à la Chapelle, j'y trouvai déjà
bien du monde. Je confeflai long-tems
je fis les fondions du j o u r , 8c je baptifai
onzeNegres adultes que je trouvai trèsbien
inftruits. Je confeflTai encore une
partie de l'après midi, après quoi j'allai
nie promener. Un des enfans du Sieur
Lietard qui avoitfon fufil me donna oc- crahler^
cafion de tuer quelques tourterelles 8c un ^ii"«
ciabier. C'eft une efpece de heron qui
vit de petites crabes, de tourlouroux8c
d'écrevifles qu'il prend fur le bord des
rivieres. Sa c^jair eft graiTe 8c de bon
goût. On le met ordinairement en foupe
ou en daube.
Le vingt deux jour de Pâques je fis
le fervice, 8c confeflai la plus grande
partie des habitans de ce quartier, 8c
quelques-uns du grand cul-de-fac ; je
prêchai, je fis le Catéchifme après la
Mefli, 8c j'eus la confolation de trouver
les enfans 8c les Negres auflî-bien
inftruits pour le moins que dans les Paroifles
où il y a des Curez refidens 8c
des Maîtres d'Ecole. Je fis encore le
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