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74 NOUVEAUX VOY
trois quarts d'heure dans fa hanche &
dans fon arcafle à coups de canon & dc
fufil, après quoi on Télongea, & M.
Pinel fejetta deflus avec foixante dix
hommes.
Ceux qui entrèrent par l'avant, trouvèrent
par hazard une petite écoùtille,
que les Anglois n'avoient pas fongé à
fermer en fe retirant fous le gaillard,
ils y jetterent un flacon de verre plein
de poudre, entouré de quatre ou cinq
bouts de mèche allumée qui mirent le
feu à la poudre dans le moment que le
flacon febrifa en tombant qui grilla d'une
il horrible façon fept ou huit An-
^lois , - qu'ils demandèrent quartier i
ainiî on s'empara de ce gaillard qui auroit
donné beaucoup de peine, & qui
mettoit nos gens entre deux feux ; dans
le même tems ceux qui étoient fur le
pont ayant trouvé un canon qui étoit
chargé, le pointèrent contre le gaillard
d'arriéré, & le tirèrent contre le retranchement
oil il fit beaucouq de fracas,
pendant que ceux qiai étoient monter
fur le gaillard éventoient les coffres à
feu en les perçant à coupj de piftolet,
après quoi ils ne font plus d'effet; d'autres
arrachoient les grenades lardées, ôc
d'autres rompoient à coups de haches
le deiTus du gaillard pour y faire un fabord
, pendant qùeceux qui étoient demeurez
fur le pont & qui s'étoient gabionnezderrierela
chaloupe que les Anglois
avorent eu l'imprudence de laiiTer
itrr le pontjfaifoient feu fur les meurtrieres
& fur les, fabords- du retranchement
avec tant de iuccès, que la vivacité des
Anglois fut bien-tôt ralentie,parce qu'ils
eurent nombre de morts & de bleflez}
mais ce qui acheva le combat, furent
quelques flacons de poudre & de grenades
qu'on jetta par le fabord qu'on avoit
fait fur le gaillard. Ils en furent tellenientincommodez,,
c^u'ils demandèrent
A G E S AUX ISLËS
quartier Sc fe rendirent : ils avoient eu iCj^l
quinze hommes tuez. Se environ vingt
bleiTez; nos Flibuftiers eurent 4. hommes
tuez fur le vaifleau 8c cinq blelTez,
ils en avoient eu iîx autres avant d'aborder.
Pendant qu'on fe battoit ainft dans le
VaiiTeau Anglois, fon camarade faifoic
toujours feu de fon canon fur la Corvette
qui lui répondoit du fien & de ià
moufqueterie, fans s'éloigner beaucoup
de fon monde qui combattoit dans lé
vaifleau qu'on avoit abordé, dans l'incertitude
du fuccès du combat j mais
dès qu'il vit la viftoire aflurée, parce
qu'on amena le pavillon, il fe rendit
fans donner la peine à la Corvette de
l'aborder; s'il fefiat rendu plûtôt il auroit
conferve la vie à quatre hommes
de fon équipage, fie n'auroit pas eu
huit ou neufbleifez comme il fe trouva
qu'il avoit, quand nos gens s'en emparerent.
' Lorfque le vaifleau qui va en courfe
appartient aux Flibuftiers qui le montent,
ils partagent les prifes égalementt.
Le Capitaine, le Chartier-maître, le
Chirurgien & le Pilote n'ont par deflus
lèur lot qu'un prefent, dont les autres
les gratifient. A l'égard du pillage, il
fe partage également, fans que perfonne
puifle s'approprièr la valeur d'un ecu ^
fous peine de perdre fa part du profit
duvoyage, & fouvent même d'êtredé-,
gradez, c'efl:-à-dire, misa terre dans
quelque Ifle deferte, ou du moins chaf-^
fez du bord. Mais quand le bâtiment
n'appartient pas à l'équipage; les Armateurs
ou Propriétaires du bâtiment
pirennent un tiers des prifes pour la part
du vaifleau , les vivres, la poudre, les
boulets Scies grenades. Les deux autres
tiers fe partagent à tout l'équipage j,
bien entendu qu'avant toutes chofes,
on a pris le dixième pom- l'Amiral ou
Coui- "
=;Ï:
I FRANCOISES D
I i<>?4. Gouverneur qui a donné la commiflion,
•Se qu'on a paye le Chirurgien, les bleffez
6c les eftropiez. L'afte qui contient
furtii toutes les conditions fous lefquelles ©n
fc'fait la courfe, s'appelle Chafle-partie.
/Mî/i/-Les principales de ces conditions, font,
quelles que les bleflez ont outre leur lot un écu
'¡Acmrfi par jour pour leur nourriture pendant
«^xijiss qu'ils font entre les mains du Chirurgien
, qui efl: obligé de les panfer 6c de
Fournir les remedes ; ce tems eft pour
i v l'ordinaire limité à foixante jours. Ceux
qui font eftropiez d'un bras ou d'une
jambe emportée, ou rendus inutiles,
-j ont fix cens ecus pour chaque membre ;
% on donne trois cens écus pour le poui
ce, l'index de la main droite & un oeil ;
cent écus pour chacun des autres doigts.
Ceux qui font obligez de porter une
canule font réputez comme eftropiez,
& ont fix cens écus auflî-bien que ceux
ayant une jambe ou un bras de bois,
s'ils viennent à les perdre de nouveau.
Soit que l'on fafle prife ou non, les Armateurs
& les Flibuftiers font obligez
de faire la courfe jufqu'à ce qu'on ait
gagné pour payer les bleflez oC les eftropiez.
La part ou le lot des morts eft
donnée à leur matelot ou camarade, ou
quand il ne s'en trouve point, à leurs
héritiers fi on les connoît ; fi non on le
diftribuë aux pauvres & aux Eglifes pour
faire prier Dieu pour le défunt ; car on
aime mieux prendre ce parti que de le^
remettre entre les mains du Procureur
des biens vacquans, parce qu'on fçait
que c'eft un abîme qui abforbe tout
fansjamais rendre rien. Celui qui a dé-
Couvert le bâtiment qu'on a prié, a un
demi-lot plus que les autres; 'chaque
boé ou moufle a un de mi-lot; le prefent
qu'on fait pour l'ordinaire au Capitainevaà
la valeur de trois lots, quelquefois
quatre i le Quartier-maître qui
eft la fécondé perfonne du bâtiment a
E L'AMERiaUE. 7f
deux lots; le Pilote Scie Chirurgien un
lot Se demi chacun.
Avant la paix de Rifvick on donnoit
les lots en efpeces, mais dans cette dernicre
guerre, les Bourgeois ou Armateurs
ont jugé qu'il étoit de leur intérêt
défaire vendre les effets, Sc d'en partager
enfuite le prix : cela a donné lieu k
une infinité de friponneries, tant de leur
part que de celle dés Quartiers-maîtres,
Se la négligence de ceux qui pouvoient
y apporter du remede, acaufé la deferìtion
d'un grand nombre de Flibuftiers,
comme jele dirai cy-après.
Quand j'eus confider é à loifir la Corvette
Se fes prifes, je voulus acheter un
quartdebéureSc une caifl!e de chandelles;
j'en demandai le prix au Quartier-'
maître, qui me répondit fort obligeamment
, que je pouvois choifir ce que je
voudrois. Se qu'enfuite nous nous accommoderions
enfemble. Je fis donc Prefent]
choifir un quart de beure d'environ
vingt-cinq livres, Scunecaifle de chandelles
du même poids; mais quand j e À .
voulus en fçavoir le prix pour payer, il l'A feme
dit que les prifes étoient aflez confi- f"^''-
derables pour me faire prefent de ces
bagatelles, Se de cinquante bouteilles
debiereScde cidre qu'il fit mettre dans
mon canot ; que c'étoit la moindre chofe
qu'il me pouvoit offrir pour, la peine
que j'avois eue à chanter la Mefle pour
eux, & pour la part qu'il efperoit que
je leur accorderois dans mes prieras.
On trouvera peut être en Europe
ces maniérés extraordinaires pour des
Flibuftiers, en qui oti fuppofe peu dc
pieté; mais ceux qui connoiflent l'Amérique,
fçavént qu'ils ont un trèsgrand
foin de faire part de leurs bonnes •
fortunes aux Eglifes, Sc que s'ils trouvent
dans leurs priiès des ornemeii«
d'Eglife, ou des étoffés propres à en
faire, ib ne manquent jamais de les
vK 2 don