F R A N C O I S E S D E L'A M E R Í Q^U E. ii^
h - r f
lew
UIH du
t ¡ m ,
Le Coeur de Boe«f eft affez femblable
au coroflblier quant à la feuille & à k
fleur} auffi le regarde-t-on comme une
j fécondé cfpece de Cachiman j il eft vrai
que la feuille eft un peu pliis grande &
moins pointué". Les Efpagnols l'appellent
GaiMi^i/oPi^iiWo. Le nom de Coeur
de Boeuf lui a été donné par les François,
à caufe dé la figure & de la couleur
de récorce de fon fruit; ces deux chofcs
le faifant allez reflembler à un coeur
de boeuf. L'écorce de cet arbre eft brune,
rude Se peu unie} le bois eft brun ,
fes Èbres font longues & d'un aftez gros
grain. Il vient fort branchu 6c chargé
de feuilles. Il fait par conféquent un fort
bel ombrage, d'autant plus que fes branches
font alTez ramaflees. Le fruit qu'il
porte n'eft jamais fi gros cpe le coroiîbl}
je n'en ai point vû qui pailât quatre pouces
de diametre. Sonécorce eft verte au
commencement} elle devient d'un rouge
foncé quand il eft meur. En cet état
elle a trois lignes ou environ d'épaiffeur}
elle eft forte & limite, La fubftance
qu'elle renferme eft blanche, tirant
tant foit peu fur le jaune,de laconfiftence
d'une crème bien épaiiTe} elle eft
douce un peu fade} on corrige ce défaut
avec un peu de fucre & d'eau de iîeurd'orange.
Elle eft fort nourriiTante, aftringente
& d'aiTez facile digeftion} elle
provoque l'urine, mais il en faut manger
avec moderation } car le fruit eft
chaud & fee, & pourroit enflamer le
fang 6c les parties nobles, ce qu'on connoîtroic
bien-tôt par des rougeurs qui
viendroient au vifage, qui y cauferoient
Une demangeaifon violente 6c très-importuue.
11 eft vrai que le remedeeftfacUe,
6c que l'ufage du corroiTolier à bientôt
racommodé par fa froideur, ce que
le coeur de boeuf a gâté par fa trop grande
chaleur.
On s'en ferc avec fuccès pour arrêter
le Élux de ventre.
Il faut prendre garde quand on coupe pre'ra»-
cet arbre de ne pas faire rejaillir le fuc m»
ou l'eau qui fe trouve dans fon écorce
6c dans fon bois dans les yeux, on coureroit
rifque de perdre la vûë. Le reme-ZZJ'
de a cet accident eft de iè laver les yeux
avec du fus de limon. Cela caufe un peu
de douleur, mais c'eft un remede infaillible
6c peut-être le icul.
Lorfque ce fruit eft tôùt-à>fait meurj
on le tire de fon écorce avec une cuillier}
on le met fur une affiette, 6c après
en avoir ôté les graines qui reiTemblent
aflèz à celles du coroflblier, on répand
deflus un peu d'eau de fleur d'orange,
avec du iucre 6c de la poudre de candie.
C'eft une marmelade bien-tôt faite
6c très-bonne. On en fait aullî des pâtes
très-delicates. Quand on le cueille
avant qu'il foit meur, on le coupe par
tranches, 6c^ on le fait comme le corofibl.
Lorfqu'étant bien meur on le coupe
par tranches, 8c qu'on le fait fecher
au four ou au foleil-, après avoir été faupoudré
de fucre 6c d'un peu de poudre
de canelle, il fe conferve long-tems 8c
devient comme une pâte naturelle, trèsbonne
pour la poitrine, qui aide à-la
digeftion,6c qui reflerre doucement ceux
qui ont le ventre trop libre. Les Efpagnols
le mêlent avec l'abricot de Saint
Domingue, dans la compofition dont ils
rempliflent les oranges dont j'ai parlé
cy-devant.
La troifîéme efpece de Cachiman eft
le Pommier de canelle. Il ne croît jamais mer'^e
aflez pout être mis au rang des arbres, «^«»e««,
ce n'eft qu'un arbrifleau très-peu difFerent
des deux premiers pour le bois, la
feuille & la fleur. Son fruit qui n'exce- ^¿îW,
de gueres la groiîèur d'un oeuf d'oye,
reiTemble tout-à-fait à une pomme de
Pin. Lapeauquieftde l'épaiiTeur d'une
piece de trente fols,, eft toute partagée
ou
llllii
.1 rl
M
fifi
î i l :
M¡frf ' î f J ' i
•!< iil; i/ifte rj
M , if
ii'4