
 
        
         
		E  .ti .1,  
 i p  
 ii  '  
 ;  ;  
 :  t'   i'" '  
 i  ...  s  í  • - 
 i j ' í i  
 - 
 !r  
 íl  
 i  
 » riííi  
 * y  f •  '  ••  
 ^  iff.  V i-si:  
 'i m  
 Ç'll]5i   i.•   '>M M'VÍir   
 ii  I'- 
 ll:'if:  
 I  "i'ì  '  
 ili.  I  
 18  NOUVEAUX  VOY  
 1^94-  Capitaine,  il  eít  mort  au  commencement  
 de  1708.  étant  pour  lors  Commandant  
 au Port Paix  dcSaintDomingue,  
 M.  Ravari  étoitCreolle  de  l'Ifle  Saint  
 Chriilophle,  c'et-à-dire,  né  dans  cette  
 Ifle}  il  étoit  entré dans  les  Compagnies  
 détachées  de  la  marine,  après  que  les  
 Anglois  eurent  chalTé  les  François  de  
 cette  lile  en  lópi .  M.  deRagni^l'avoit  
 fait Lieutenant  fans brevet,  fous  le  bon  
 plaifir  de  la Cour  :  il étoit venu en France  
 avec  le  iîeur de Gagni  6c pour  les mêmes  
 raifons j  il  s'en  retournoit  avec  un  
 Brevet,  Se  promelTe  d'être  avancé}  on  
 le fît Capitaine  deux  ans après.  Sa  Compagnie  
 étoit  à  S.  Chriftophle  en  1702..  
 quand les Anglois nous en chaflerent,  &  
 lui  avoit  été  arrêté  prifonnier  contre  le  
 droit  des gens  à Antigües,,  où  le  Comte  
 de Gennes Commandant  de fiintChriftophle  
 l'avoit  envoyé  pour  quelque  négociation. 
   
 L e  iîeur  Kercoue  étoit  né  à  Paris  ,  
 fon  pere  étoit  un  fameux  Teinturier  
 des  Gobelins,  &  fa mere  étoit  Hollandoife. 
   Il  s^étoit  échappé  de  la  maifoa  
 paternelle  à  l'âge  de  quinze  ans:  étant  
 arrivé  à Dieppe,  il  s'engagea  pom*  paffer  
 à  Saint  Domingue  ,  ou  il  fut  vendu  
 à  un  Boucanier  avec  lequel  il  palTa  le  
 tems  de  fon  engagement.  Il  fît  dans  la.  
 iuite  le  métier  de Boucanier,  &  puis  il  
 alla  en  courfe.  Il  avoit  roulé  la  mer  du  
 Sud,  &  tout  le  Golphe  de  Mexique  ,  
 dont  il  connoiilbit  tous  les  recoins  y  il  
 s'étoit  trouvé  dans  les  plus  fameufes  enr  
 de  joie  
 C  H  A  P  I  
 Combat  contre m  Anglois..  
 E  Jeudi'18.  à  la pointe du jour  
 on  découvrit  un  VaiiTeau  ,  
 nous crûmes que  c'étoit  celui  
 que  nous  cherchions  :  grannous  
 portons  fur  lui  à  toua 
 g e s  aux  isles  
 treprifes  des Flibuftiers  François  &  Anglois  
 qu'il  avoit  commandez  en  qualité  
 de  Capitaine : enfin  s'étant  trouvé  à  la  
 Marcmique,.il  s'étoit  amouraché  de  la  
 fille  d'un Confiturier  nommé  Loiiis,  Se  
 l'avoit  époufée.  Cet  établiflement  l'avoit  
 engagé  à  faire  un  voyage  à  Paris  
 pour  y  voir  fa famille &  s'y  faire  reconnoitre, 
   car  il  y  avoit  plus  de  vingt  ansqu'il  
 n'avoit  donné  de  fes  nouvelles  :  il  
 revenoit  aux  liles  avec  des  marchandik 
 s  &  des  projets  pour  faire  la  courfe.  
 C'etoit  un  très-brave  homme,  fort  fag 
 e ,  fort  fobre,  ôc  qui  auroit  pû  paiTer  
 pour  être  fans  défauts,  s'il  n'eut  point  
 aimé  le  jeuf-jufqu'à  la  fureur  
 •  M.  Roy  Capitaine de Milice,  Creolle  
 de  la Martinique,  étoit  fils  de  M.  Jean  
 Roy,  premier  Capitaine  &  Doyen  doe  
 Confeil  de  la  mêmeiffei  c'étoit  un  jeune  
 homme  plein  de  coeur,  qui  avoit  
 ftit  des  merveilles  quand  les  Anglois  
 avoient  attaqué  la Martinique  en  169Z.  
 il  étoit  aimé  de  tout  l'équipage,  excepté  
 des mouiTes  qu'il  avoit  foin  de  faire  
 fouetter  prefque  tous les jours.  
 L e  mardi  26.  nous  eûmes  fur  le  foir  
 un  coup  de  vent  qui  nous  eiHotade  nôtre  
 chere  compagne  la  Tranquille:  la  
 nuit  obfcure&la  groiTe  mer  nous  la  firent  
 fi  bien  perdre,  que  le  lendemain  
 nous ne la pûmes découvrir.  Nous pafTâmes  
 toute  k  journée à  faire  des  bordéespour  
 tâcher  de  la  trouver,  nous  fûmes  
 pendant  la  nuit  i  la  cappetout  fut  
 inutile.  
 t r e  II I .  
 Arrivée  à, U  Martinique,  
 tes  voiles,  nous  découvrons  la  terre  en?  
 même  tems,  &  on  reconnut  que c'étoit  
 la  Martinique.  Nos  Pilotes fur  tout  furent  
 ravis  de  cette  découverte  ,  il  y  
 avoit  huit  jours  qu'ils  fe fiùfoient  à  terre,, 
   
 f R A Î « r C Ô Î S E S  DE  L'AMEâïa.UÈ.  
 f é ,  ee qùi  faifoit  penférà  bien  des  gens  Sc  des  iabord  fermez,  il  c^rut  qùc  c'éqiie  
 riôiïs  avions  depafTé  les  ïfles  pen-  toit  une feinte pour l'attirer,  &  que nôdànt  
 la  nuit.  Il  efl: vfai qu'il  eft très-dif-  tre  VaiiTeau étoit  un VaifTcau  de  guerre  
 ficile  que  cela  arrive,  mais  il  n'cft  pas  avec  lequel  il  n'y  avoit  que  des  coups  à  
 abfolument  impoiïïble.  J'en  dis une fois  gagner:  il  vira  enfin  Se  fit  une  grande  
 ma  penfée  au  contre-  maître  qui  étoit  bordée pour  s'éloigner  de nous,  &  voir  
 un  très-bon  marinier j  je  fçavois  qu'il  fi  nous  le  chaflerions  Se  faire  un  jugefaifoit  
 fon  journal  en  fecret  pour  ne  pas  ment  plus  aifuré  de  ce  que nous  étions,  
 donner  de jaloufie  aux  Pilotes:  il  m'af-  mais nous continuâmes  nôtre  routeavec  
 fura  que  nous  étions  en route,  mais que  toutes  nos  voiles  dehors.  Il  revira  fur  
 les  differens bords  que  nous  avions faits  nous  vers  les  trois  heures  après  midi,  
 pour  rejoindre  la  Tranquille  avoient  Se  une  heure  après  il  fe trouva  dans  nos  
 caufé  du  defordre  dans  l'eilime  de  nos  eaux  environ  une  lieuë  à  nôtre  arriéré  j  
 pilotes :  il  mç  promit  de  m'avertir  la  la  manoeuvre  que  nous  faifons  en  porveille  
 que nous devions  découvrir  later-  tant  à  toutes  voiles  fur  là  terre,  lui  fit  
 î e :  il  n'y avoit  pas manqué,  car  le jour  connoître  que  nous  avions  plus  envie  
 précédent,  il  m'avoit  aifuré  qu'on  la  de  nous fauver  que  de  l'attaquer,  ce qui  
 verroit  fur  le  foir  ou  le  lendemain  de  le  fit  enfin  refoudre  de  nous  tât'erj  il  le  
 1694- 
 pouvoit  fur l'heure,  cependàlïtil  attendit  
 jufqu'à  la  nuit.  Je  ne  fçai  quel  fut  
 fon  motif.  
 Sur les fix heures nous  eûmes un grain  Comiat  
 de  pluye qui obligea  de  ferrer  les  armes  
 fous  le  gaillard.On  fit  Priere  8c Z .  
 grand  matin j  ce qui étoit arrivé.  
 Nous  ne  fûmes  pas  long-tems  à  reconnoitre  
 que  nous  nous  étions  trompez  
 au fujet du Bâtiment  fur  lequel  nous  
 chaiîîons:'  nous  vîmes  que  c'étoit  un  
 VaiiTeau  pour  le^ moins  auffi  gros  que  xwua  gaumiu.  vyii  nt  la  mer e  cc  on  
 Ctque  le  nôtre,  bien  frégaté,  qui  tâchoit  de  donna à  fouper à  l'équipage  j  nous fou-  Anglais,  
 ¿^lue  nous  gagner  le  ventj  on  fit  aulH-tôt  pâmes énfuite.  Comme  nous'avions  rehranfle  
 btanile  bas,  c'eft-à-dire,  qu'on  fit  dé-  marqué  que  depuis  près de  trois  heures  
 i/m.  tendre  les  lits de  l'équipage,  qui  confif-  ce  Vaifl'eau  ne  nous  avoit  point  hauiTé,  
 terit  en  des  pieces  de  grolTe  toile  de  fix  . c'eil-à-dire,  qu'il  ne  s'étoit  pas  plusappieds  
 de  long,  fur  trois  fie demi  de  lar-  p'oché  de  nous,  ce  qu'on  connoît  
 g e ,  attachez  par  les  quatre  coins  fous  a la hauteur du  Bâtiment  qui  paroît  plus  
 le  pont.  On  prépara  le  canon,  on  ap-  ou  moins  hors  de  l'eau,  felon  qu'il  eit  
 porta  fur  le  gaillard  plufieurs  caiiTes  de  plus  prés  ou  plus  loin,  nous  jugeâmes  
 fufils  que  nous  portions  aux  magazins  qu'il  n'alloit  pas  mieux  que  nous,  &  
 des Mes  afin  de  les joindre  aux  menues  que  confervant  toute la  nuit  nôtre  mênrmes  
 du  VaiiTeau,  Se  quand  tout  fut  me  voilure,  nous  arriverions  au  point  
 prêt  on  fit  la  Priere,  Se  on  donna à  dé-  du jour en lieu de feureté.  
 jeûner  Se  à  dîner  tout  eniemblc  à  l'é-  Après  fouper  on  fe  mit  à  joiier  aux  
 quipage,  pendant  qu'avec  toutes  nos  échecs,  laLunequin'avoit  quetroisou  
 voi  es  dehors  nous  portions  fur  la terre,  quatre  jours  ne  pouvant  nous  éclairer  
 Lnviron  à midi,  ce VaiiTeau nous appro-  beaucoup,  avec  le  tems  qui  étoit  à  la  
 a  k  poe-tee  du  canon:  nousconnû-  pluye,  de  forte  que  nous  eûmes  bienmes  
 diilinétcment  qu'il  étoit  de  dn-  tôt  une  nuit  bien  noire.  Déjà  l'équipaquante 
 quatre pieces,  nous  crûmes qu'il  ge  commençoità  racommodcr  fcs brannous  
 attaqueroit  dans  le  moment;  mais  les,  quand  les  ientinelles  qui  étoient  à  
 comme  il  vit  du  canon  entre  les  ponts  l'arriéré  crierent,  Voi le,  voile à bord  de  
 C  2  nous.