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 no  N O U V E A U X  VOY  
 11594.  Monfieur Michel  dontl'époufe  étoit  accouchée  
 quelques jours  auparavant.  Son  
 peré  le voua  à la fainte V i e r g e ,  &  pour  le  
 faire  avec  plus  de  folennité  ,  il  me  pria  
 de chanter  la MeiTe,  6c  fouhaitta  que  je  
 rcçûfle  les  oftrandes  des  affitlans.  Il  ne  
 naanqua  pas  de  s'y  prefenter  avec  tous  
 ceux  qu'il avoit  invités à la ceremonie.  Je  
 trouvai  après  la  Mefle  qu'on  m'avoit  
 A G E S  A U X  ISLES  
 donné  trois  louis d'or  en e fpece,  &  fix  à  
 fept  écusen  différentes monnoyes  :  nous  
 fûmes  enfuite  dîner  chez  lui  Sffoxiper,  
 &  je  fus  obligé  d'y  coucher,  parce  qu'il  
 étoit  trop  tard pour  retourner  chez  moj.  
 T o u t e  la  compagnie  qui  étoit  venue  de  
 labafle ter rey  demeura  jufqu'au  Dimanche  
 fuivant,  &  je  fus  obligé  d ' y  aller  dîner  
 prefque  tous  les  jours.  
 C H A P I T R E  XIV.  
 Defcription  du  Bourg  de  îa  Trinité,  é-  des fruits  appeliez  V Abricot  
 de  S'-  VomingiUi  ¿r  VAvocat.  
 Voyait  
 lie l'Auteur  
 an  
 ^:i,iriier  
 appdlé  
 h Culîle 
 fac  
 de  la  
 Trinité.  
 ,E  Dimanche  2  Mai  j'allai  dîner  
 chez  lePereBreton.  Nous  
 M'îmes  en palîantle  Pere  Imjert, 
   &  nousallâmes  coucher  
 au f onds Jacques .  Nôt r e  Supérieur  
 general  nous r e çût  très-bien,il  me  
 témoigna  en particulier  la  joy e qu'il  avoit  
 de  ce  que  j'avois  fi  bien gagné  l'eftime  &  
 l'amitié  de  mesParoiifiens,  mais  il  m'avertit  
 en m,én:ie  tems  de  ne me  point  trop  
 attacher  à  cetteParoiiTe, parce  qu'il  étoit  
 refolu  de  ne m'y  lailTer  qu'autant  de  tems  
 qu'il  en  faudroit  pour  m'accoûtumer  à  
 l'air  du  pays,  &  pour  apprendre  comment  
 les  habitans  condaifoientleurshabitations, 
   &  qu'après  cela  il  vouloit  m'établir  
 ù  la  Guadeloupe.  
 LePere  Romanet  nous dit en  foupant,  
 qu'il  étoit  venu  à  bout  de  reconcilier  
 deux  perfonnes  que  tous  les  MiffionnrJres  
 &  les Cur e z  de  Sainte  Marie  qui  
 l'avoient  précédé  ,  n'avoient  pû  engagera  
 un  accommodement ,  êcquelelenemain  
 elles  devoientfe  trouver dans  un  
 lieu neutre  &  s'embraiFer.  On  le loua  beaucoup  
 de  fon  zèle  &  de  fon  habileté  j  
 di  
 1Î9,,  
 mais  quand  nous  entendîmes  quec'étoit  
 deux  femmes  qu'il  prétendoit  avoir  reconciliées, 
   &qui  devoient  le  lendemain  
 matin  fe t rouver  comme  par hazard  dans  
 nôtre  favanne  en  venant  à  la  Meiîe,  &  
 là  fe  faire  excufe  &s'embrairer,  je  conçus  
 quelque  défiance  du  fuccès de  cette  
 afeiire.  Je  ne pûs  même  m'empécher  de  
 lui  en  dire  ma  penfée,  &de  lui  prédire  
 que  fi  ces  deux  femmes  fe  parloient  
 elles  fe  battroient  ,  &  peut-être  lui  
 auiîî.  
 L e  lendemain  nous  dîmes  la  MeiTe  
 de  bon  matin,  &  nous  attendîmes  avec  
 impatience  l'entrevûë  de  ces  deux  femmes. 
   Tous  nos  Peres  fe  mirent  fur  un  
 banc  au  bout  du  jardin  qui  domine  la  
 favanne  ,  pour  être  fpeétateurs  -,  pour  
 moi  qui  ne  me  contentai  pas  de  voir  ,  
 mais  qui  voulois  entendre  ce  qui  fe  
 diroit,  je  pris  un  livre,  &  je  fus  m'affeoir  
 dans  la  favanne  à  peu  près  vers  
 l'endroit  où  elles  fe  pourroient  rencotitrer. 
   
 Quelque  tems  après  la  veuve  du  
 fieur  Birot  de  la  Pommeraye,  parut.  
 L e  
 F R A N C O I S E S  DE  L ' AME R I Q U E .  ni  
 T p Pere  Romanet  la  fut  joindre  auffi-  &  qui  par  confequent  ne  devoir  pas  
 X- r . mir  à l'entretenir  en  attendant  defunir  des  perfonnes  auffi  fages &  auili  
 iTutre  qm  étoit  la  femme  du  fieur  Ga-  vertueufes qu'elles  Le  Pere  Breton  qm  
 W R . f f i n  Comme  celle-ci  venoit  de  m'etoit  venu  jomdre  me  féconda,  fie  
 nlus  S n  que  Mademoifellc  de  la  Pom-  nous  fçûmes  fi  bien  les  tourner  en  leur  
 ^eraye  étok  nôtre  très-proche  &  parlant  tantôt  féparément,  6ctantôt  a  
 S s  incommode  voifine  ,  elle  etoit  a  toutes  deux,  que nous les  appaifames,  &  
 cheval  elle  en  defcendit  à  quelques  pas  qu'elles  nous  prirent  poiu-  médiateurs,  
 du Pere Cur é ,  &  fut  embralfer  l'autre,  nous  promettant  d'en  pafi^r  par  ou  nous  
 qui  fit  auffi  quelques  pas  pour  venir  au  jugerions  à  propos.  Nousleiu"  promîmes  
 ..  0I.  d'y  travailler  à nôtre  retour  de  la  Trinité  
 ,  &  nous  les  obligeâmes  de  fe  féparer  
 civilement,  ôc  fans  aucune  marqued'aidevant  
 d'elle.  Jufques-là  les  chofes  alloient  
 le  mieux  du  monde,  &  je  commençois  
 à croire  que je  m'étois  trompe >  
 mais  le Pere  Romanet  au  lieu  de  prendre  
 la  parole  les  lailTa  parler,  ôç j e  congreur. 
   
 are  la  paroie  ICS juiiui  uitiivi,  — .  Il  n*' ef*t   pr as\   ne, cei.T  a, ire  q' ue  j ' é„ c r i vme  ici  
 nus  dès  les  premiers  mots  qu'elles  fe  laconfufionou  etoit  le pauvre  Pere  Rodirent  
 que  leur  querelle  alloit  fe  renou-  manet,  &  combien  il  fut  raille.  Je  lui  
 veller  En  effet  chacune  de  fon  côté  dis  que  je  l'envoirois  chercher  quand  il  
 commença  à  s'excufer  de  la  rupture  &  faudroit  ajuiter  quelque  different  dans  
 d1e   l,a    me' fri-n  t. elIlVi gence  qui  é¿ft^o;i.t-   oennftirve.   
 elles  depuis  fi  long-tems,  de  forte  que  
 de  paroles  en  paroles  ,  elles  en  vinrent  
 aux  injures  &  étoieiit  prêtes  de  fe  
 ma  Paroiiîe,  &  que  j'avertirois  tous  nos  
 Confreres  d'avoir  recours  à  lui  dans  de  
 fcmblables  befoins.  
 JH.111  tiuA  jii|uiLa  v-v  —-  --  Cependant  nous  m, onTt-,â mesn /rà    chiie  va^l   
 prendre aux  cheveux  quand  le  Pere  Ro-  pour  aller  dîner  chez  le  Pere  Martelly  a  
 manet  s'avifa  mal  à  propos  de  leur  dire  la T r ini té.  Je  lui dis  que  nous  paflerions  
 qu'elles  manquoient  au  refpeft  qu'el-  chez  Madame  * * *  où  je  fçavois  que  j e  
 les  lui  devoient.  Ces  mots  furent  corn-  trouverois  une  autre  Dame  que  je  lui  
 me  un  fignal  pour  fe  réunir  toutes  deux  nommai  > il  compri t  que  c'étoit  une  me-- 
 contre  lui,  lui  chanter  injures,  &  lui  nace  que  je  lui  faifois  de  dire  fon  avanreprocher  
 que  très-mal  à  propos  il  les  ture  àcesdeux  Dames  qui  étoit  la  même  
 avoit commifes.  Nos  Peres  me  faifoient  chofe  que  de  la  publier  à  fon  de  trompe  
 figne  de  les  aller  joindre.  Je  fus  quel-  par  toute  l'Ifle.  Il  me  pria  fort  de  n'enque  
 tems  à  m'y  "refoudrej  mais  enfin  rien  faire,  j e  lui  répondis  qu'elle  étoit  
 craignant  que  les  chofes  n'allaffent  plus  trop  belle  pour  en  priver  le  public  j  que '  
 loin,  je  m'approchai,.  &  véritablement  cependant  j'étoishommed'accommodeil  
 étoit  tems.  Le  pauvre  Curé  nefçavoit  ment,  &  que  moyennant  un  prefent  
 oùilenétoit.  Jeparlaiàces  deux  fem-  honnêteque  jelaiifoismême  à  îa  difcre-- 
 mes  fans  entrer  dans  le  détail  de  leur  tion,  je n'en  diroisrien.  Ma  propofition  
 querelle j  je  les  exhortai  à  la  paix,  à  1»  fit  rire  tout  le  monde,  Ô£ cependant  je  
 recon,c  iliation  j  jJe"-  leur  dis qu'il  n'yj   avoit  partis.  
 que  du  mal  entendu  dans  toutes  leurs  
 affaires,  &  que  raifonnables  comme  je  
 les  connoifibis,-  elles  n'avoient  pas  befoin  
 de  médiateur  pour  accommoder  
 une  chofe  qui  dans  le  fond  n'étoit  rien  
 Il  y  a  deux  grandes  lieiies  du  fond  S-.  c^emn  
 Jacques au  Bourg  delà  Trinité,  le  che-  .  
 min  eit  affez  beau  à  deux  grandes  mornés  
 près  qui  font  fort  hautes  &  fort  roi-  irimii,  
 des,  &  d'une  terre  rouge  fort  gliffante  
 pourï 
 i "  '-it  
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