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t e s NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
\6<Xi. feftionné. On auroit donc été réduit à
faire tout ce retranchement de palilîades
& de fafcines, ce qui auroit été fort
à charge aux habitans: d'ailleurs les ennemis
faifant leur defcente plus près du
Fort, tout ce travail auroit été perdu j
ainfi nous nous conteiitâmes de tracer
environ cent toifesde retranchemens au
bord de la mer. Les deux Capitaines de
Milice de ce quartier-là qui étoieiit preiens,
nommez Tomafean êcBoucachar,
fe chargèrent de les faire executer; comme
ils étoient bons Officiers & fort zelez
pour le bien commun, Monfieur le
Gouverneur s'en repofa fur eux.
^ Nous allâmes chez le bon Pere Romain
Cupucin, Curé de la Paroifle où
Monfieur Auger avoit envoyé préparer
à dîner. Ce bon Religieux qui étoit tout
de coeur, fut un peu fâché de la précaution
que le Gouverneur avoit prife,
& lui en fit de petits reproches tout à
fait obligeans. Il avoit convié les deux
Capitaines de Milice afin d'avoir plus
de tems de les inftruire de ce qu'ils avoient
à faire. Les habitans du quartier
avoient une vénération toute finguliere
pour leur Pere Curé ils avoient
rebâti tout de nouveau fa maifon qui
étoit de charpente, grande & fort propre,
avec un fort bel enclos & un jardin
bien entretenu. Les Anglois avoient
épargné l'Eglife dans l'incendie qu'ils firent
de toutes celles où ils purent pénétrer
en uîpi . elle étoit vieille & toute
de bois, mais propre, bien entretenue
Se bien prnée.
Nous montâmes à cheval fur les quatre
heures.après midi, & nous cotoyâmes
la riviere depuis environ trois cens pas
audeiTus de l'Eglife jufqu'à fon embouchure.
Il eft certain q ue dans une occafion
on pourroit y arrêter les ennemis ; mais
il n'y avoit aucune apparence d'y faire
des travaux, tant pour les raifons que
j'ai dites cy-devant, en parlant de la crê- 1655. j
te du morne, que parce que les fréquens
débordemens en emporteroient
plus qu'on n'en pourroit achever. Comme
nous vîmes que les raquettes venoient
parfaitement bien au bord de la
mer, Monfieur Auger ordonna aux Capitaines
d'en fiire planter le plus qu'ils
pourroient tout le long de l'Ance.
Nous pailames fur le bord de la falaife
en nous en retournant, afin de
mieux obferver ce que nous avions vu
le matin. M. le Gouverneur me laiiTa
chez nous en paflant, 6c ne voulut jamais
que j'allafl"e le conduire chez lui.
J e travaillai tout le Dimanche èc une
partie du Lundi aux mémoires des réparations
& augmentations qu'il y avoit à
faire depuis a riviere S. Louis jufqu'à
celle des habitans.
Le Mardi j'allai avec Monfieur Auger
à nôtre habitation du Marigot & de-là
au Parc. La defcente de la riviere Saint
Louis eft longue, roide & fort difficile
: il ne faut pas penfer d'y aller à cheval.
Je remarquai cependant qu'il ne
feroit pas impoffible d'y faire un chemin.
Les Nègres que nous avions avec
nous, nous portèrent de l'autre côté de
la riviere. Nous trouvâmes la montée
du Parc bien plus facile que la defcente.
On avoit fait un petit retranchement fur
le haut, lorfque quelques habitans s'y
étoient retirez avec leurs familles en
1691. mais ils y avoient fiiit fi mauvaife
garde, & s'étoient fi mal défendus
quand un parti Anglois les y alla viiîter,
qu'ils les y laiifercnt pénétrer, & perdirent
la plus grande partie de ce qu'ils
y avoient retiré. On-appelle cet endroit
le Parc, parce qu'il eft renfermé
de tous côtez par des rivieres profondes
& prefque impraticables, &
qu'il eft adofTé aux montagnes qui
portent la Souphricre. Nous en fîmes
une
F R A N C O I S E S DE L 'AME R i aUE . 169
1,1596, utie bonne partie du tour depuis l'en- de renvoyer au camp ceux qui oublient 169«.
droit où nous étionsentrez, en gagnant d'y retourner..
fa pointe du côté de la mer, ôc retournant
parle côté oppofé, où nous trouvâmes
toute fa largeur qui nous parut
être dans cet endroit-làde dix-huit cens
à deux mille pas.
Quoique ce porte paroiilè fort bon
pour en faire un réduit, Monfieur Auger
refolut de ne s'en point fervir. Se même
de deffendre aux habitans d'y retirer
leurs fimillesSc leurs effets, fous peine
d'être abandonnez, & de n'avoir aucune
protedion ni aucune juftice des pillages
qui pourroient leur être faits par les Ne -
gres, qui dans ces occafions font fou-
Vent autant à craindre, que les ennemis.
Les raifons qu'avoit le Gouverneur, é-
Nous retournâmes par le même chemin
que nous étions venus en vifitant
toutes ces hauteurs, afin d'en bienconnoître
la fituation & les avantages qu'oti
en pourroit tirer fi les ennemis y faifoient
des courfes. Nous defcendîmes
w le chemin de la couliife, & nous alâmes
jufqu'au Fort toûjours par les hau-
•teurs des étages, dont il étoit important
au Gouverneur de connoîtrelesfentiers,
les ravinages, les hauteurs, & generalement
toutes les difpofitions du terrein.
Ceux qui liront ces Mémoires fefouviendront,
s'il leui plaît, du plan que
je viens de faire de tout le tour de la
Guadeloupe, 8c fur tout du quartier des
toient qu'il eft abfolument neceiTaire que trois rivieres & du terrein qui eft depuis
le peuple foit réuni dans un même en- le vieux Fort jufqu'à la riviere des Hadroit,
afin que ceux qui portent les ar- bitans, ou du moins d'en remarquer l'enmesfoient
également intereifezàfacon- droit ô^la page pour entendre plus aiféfervation.
1. Qu'il faut que ce lieu ait ment ce que j e dirai dans les années 1701,
communication avec la partie de l'Iiîe ïjoî. 8c 1703. au fujet des fortifica--
qui n'eft point attaquée. 3. Qu'on puiife tions qu'onyfit faire, dontj'euslacon-f
retirer dans un même lieu les bleflez 5c duite 8c la direélion j 8c encore tou"
les malades, l'hôpital 8c les Chirurgiens, chant l'attaque 8c le fiege que les Anles
magazins des vivres 8c des munitions glois formèrent devant le For t de la Bafqiii
doivent être derriere le camp , à fe-terre en 1703.
portée d'y être conduits facilement Sc Le Jeudi gt Mai, j'allai dîner chez
avec l'ordre 8c l'oeconomie neceflaire j Monfieur de la Malmaifon Lieutenant
& enfin pour éviter que les habitans fous de Roi. Lejourfuivant je fis mes adieux,
3retexte d'aller voir leurs familles, n'a- 8c je me préparai pourpartir le Samedi,
)andonnentle camp, 8c n'y retournent
parce qu'on efperoit que labarqueferoic
plus. Ces inconveniens ne font point à
prête ce jour-là de bonne heure, comme
craindre lorfque le réduit eft derriere le
elle le fut en effet -, mais Monfieur
camp. Il eft bien plus en feureté, on en
le Gouverneur ordonna au maître de ne
tire plus aifément ce qu'on abefoin, les
partir que le lendemain après midi. H
malades 8c les bleflez font mieux fervis,
vint me voir le Dimanche matin, 8c
les munitions plus à la main 8c mieux m'emmena dîner chez lui. Il envoya
ménagées, 8i l'Officier qui y comman- dire au maître delà barque de mettre en
i^e, ^qui ne lailTe entrer perfonne fims panne devant le fort, 8c de m'y attenvoir
le congé du Gouverneur , 8c pour dre. Je pris congé de nos Peres, 8cfui^
combien de tems il eft accordé, à foin vis le Gouverneur.
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