4 P NOUVEAUX VOY
1^96. aux Moulins qui font tournez par des
Boeufs, ou par des Chevaux : mais il n'en
eft pas de même des Moulins à eau, où le
mouvement de la grande Roiie ne ceiTe
pas d'abord qu'on a détourné l'eau qui la
fait mouvoir, dont la continuation de
mouvement, pour peu qu'il dure, eft capable
de rompre & d'cdenter tout un
Moulin.
Cen'eft pas un petit embarras que de
remettre ces dents, fur tout quand elles
font rompues au ras du Rouleau. J'ai été
quelquefois obligé de les faire hacher à
coups de cizeau, & de les retirer par
Manurt efquilles. D'autres fois on les retire en y
de remet- enfonçant un grosTirefopd dans l'anneau
'dln" duquel on paiTe une corde pour fufpendre
le Tambour en l'air, & pour faire lâcher
]a dent par la pefanteur du Tambour:
mais on ne peut fe fervir de ce remede
qu'aux petits Tambours, & non pas au
grand, à caufe du trop grand embarras
qu'il y a à le defcendre. On eft donc réduit
aies tirer par morceaux avec le cifeau,
ou à faire une efpece de Renard,
comme les Charpentiers le pratiquent
pour retirer les Chevilles qui font trop
enfoncées.
Au refte c'eft une précaution indifpenfable
dans une habitation d'avoir toujours
une trentaine de dents prêtes à mettre en
place,afin de les employer dès qu'on s'apperçoit
que quelqu'une commence à fe
gâter.
pretau- . On afoin trois ou quatre fois le jour
tionpour de frotter les dents avec de la graifle, tant
'Jh!r^ue P®"*" couler plus facilement l'une
hs dents Contre l'autre, que pour les empêcher de
s'échauffer par excès.
J'ai dit ci-devant de quelle maniéré
les petits tambours étoient affermis à côté
du grand par le moyen des collets ou crapaudines
de fonte, qui font enchaiTées
dans les EmbaiTes. Le haut eft arrêté de la
niênie Kianiéreparun autre collet ou cranes
e-
(hatif-
Jtnt.
A G E S AUX ISL E S
jaudine enchaiTée dans une Embafle, que 1696.
'on fait pafler dans une grande mortoife
taillée dans lafabliere, qui joint le haut
des poteaux dans leur long pan. On fait
cette mortoife beaucoup plus longue qu'il
n'eft neceflaire, pour le paflage & pour le
mouvement de l'EmbaiTe, afin de pouvoir
abaifler le Tambour, quand on le
juge neceflaire, en reculant feulement
l'EmbaiTe, fans Tpter tout-a-fait de fa
place. Le haut du Chaflls n'a point d'entre
toifes par les boutsj outre qu'elles feroient
inutiles, puifque les deux entretoifes
qui foûtiennent la table, le lient
aflez,elles feroient embarraiTantes, quand
il faut abaifler le grand Rolle pour reparer
quelque cho.fe au Tambour, parce
qu'on eft obligé de lecoucher fur k table
après en avoir ôté les petits: ce quiferpit
impoflible, fi les bouts du Chaflis étoient
fermez par des fablieres ou entre-toiiès.
Mais afin de ne rien négliger de tout ce
qui peut contribuer à la felidité du Moulin,
on taille de telle fprte les entre-toifes
qui portent les craipaudines du haut des
petits Tambours, qu'on laifl^e à unç de
eurs extrêmitez une épaifl^ur de deux
Douces de leur même bois, & on arrête
: 'autre par le moyen d'une cheville de fer,
qui la traverfe, & qui Î'acçolle çje telle
forte, qu'elle fait l'effet ^'une entre-toife.
On remplit le refte; du vuide de la mortoife
avec des coins, dont on augmppte
pu diminue le nombre a proportion que
l'on veut tenir le Rolle ferré ou lâché}
pourvu qu'il fpitbj^n aplomb: car fans
cela on s'expoferqità vpir fauter toutes
les dents, & à faire gâte;^ Ips oeufs & les
platines, fur lefquelles ils roulent.
A chaque bout du Chaflis & au-deda«s Txlh
des poteaux on çlpûe ¿pux trii^les de
bois de deux pouces d'épaiffeur ÎUr trois
à quatre pouces de large, dont un des mmiibouts
pofe fur la table, & l'autre eft plus i»«»''"
élevé de deux pouces que le niveau de la'^^^jU
'même
F J I A N C D J S E S DE L' A M E R I a . U E.
¡6(^6. même table. Elles fervent a porter des
tables ôa établis, . qui couvrent toute la
fuperficie de cellÉ du Moulin, y compris
même répaî/Teur des poteaux & davantage.
Ces tables ou établis font des deux
cotez des Tamibours, elles fe joignent 6c
s'attachent ehfemble avec des crochets
plâts de fer. Ce qui s'en trouve au-devanc
des Tambours, eft échancré felon leur
circonférence ou leur tour; 6c la pointe
que ferment les deux échancrûres, pénétré
entre les Tambours auflî avant qu'elle
le peutfaire.La largeur de ces établis doit
être telle, que les Nègres ouNegreffes
quifervem le Moulin, c'eft-à-dire, qui
prefentent les Cannes entre les Rouleaux,
ou qui repaflent les mêmes Cannes déjà
preflees entre le premier & le fecondRou
leau, entre le premier Se le troifiéme, n(
puilfent pas toucher avec les doigts à l'endroit,
où les Tambours fe touchent, à
caufe des accidensfuneftes, &du danger
prefque fans remede, qu'il y a de paffer,
& d'être ccrafez comme les Cannes entre
les Tambours. Ces accidens font plus frequens,
ôcplus à craindre aux Moulins à
Eau, qu'aux Moulins à Chevaux, parce
qu'on eft plus maître d'arrêter le mouvement
de ces derniers, que des autres, dont
la Rouë ne laiffe pas de faire encore quelques
tours après qu'on a détourné l'eau
qui la faifoit agir, parce que le mouvement
violent, dont elle étoit agitée, continue
encore, après que fon principe a
ceffé d'agir.
On met fur chaque établi un bloc de
bois d'environ un pied & demi en quarré,
d'ont l'un descôtezeftcoupé en pointe,
& échancré de maniéré qu'il penétre entre
les deux Tambours autancqu'il peut
«'approcher du point de leurjonétion. La
pointe qui entre dans les Tambours, cft
-ploshautequele rèile du bloc. On pofe
es Cannes deflus, &: il fert aies diriger,
ou a ies conduire entre les Tambours, &
empêche que celles qui fe rompent, ne J^JC/Ô.
tombent deffous.
Lorfquc le Moulintourne de gauche à Manière
droite., on met les Cannes entre le premier
Tambour Scie fécond, c'eft-à-dire, donner »
entre celui qui eft à la droite du gyznà, manger
qui eft toujours le fécond, de quelque
côté que l'on commence à compter.
: CommelegrandTambour,c'eft-à-dire,
celui du milieu, eft le principe du mouvement
des deux autres, fon mouvement
allant de gauche à droite, fes dents qui
s'engrenent dans celle du Rouleau qui eft
à fa droite, le font tourner de droite à
gauche, Sc par une fuite néceffaire font
tourner celui qui eft à fa gauche, de gauche
à droite j de forte que les deux fuperficiesvoifines
concourent l'une avec l'aune
tre à attirer puiflamment, & fans efperance
de leur faire lâcher prife ce qu'elles
ont une fois mordu, jufqu'à ce qu'il ait
tout-à-fait paffé entr'elles. L'action que
l'on fait en prefcntant des Cannes entre
les Tambours, s'appelle donner à manger
au Moulin. Il n'eft pas néceffaire de pouffer
beaucoup les Cannes entre les Rouleaux
pour les y faire paffer. Quoiqu'ils
foient polis comme une glace, & fi preffez
l'un contre l'autre, qu'on n'ypeut faire
paffer un Ecu fans l'applatir j dès que
le bout de la Canne eft au point de leur
jonétion, les deux Rouleaux le ferrent, 6c
l'attirent en le comprimant d'une manière
qu'ils en font fortir tout le fuc, & avec
une vîteffe proportionnée au mouvement
du grand Rolle. Les Cannes aïant été
ainfi preffées en paffant entre les deux
premiers Rolles, font appellées Bagaces j Ce qm
elles font reçues de l'autre côté par une
Negreffe, qui les plie en deux felon leur ces.
longueur, & les prefente furie bloc entre
le premier & le troifiéme Rolle, où elles
paflcnt,8c achèvent de rendre tout le refte
du fuc qui pourroit encore y être.
Le jus, ou fuc, ou vin, comme on
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