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i69A.' lible, lesAngloisfe rallicrent, & fondirent
fur lui de toutes parts, & trouvant
des gens chargez de butin, ou
occupez à en amailer, il eft certain
qu'ils en auioient eu bon marché fans
la prudence & la valeur du chef, qui
avec une poignée de gens qu'il raiTem-
- bla, fit tête aux ennemis, &f e retirant
en bon ordre, & toujours en combattant,
il donna lieu à "fes gens de s'embarquer
fans précipitiition, & avec le
butin qu'ils avoient fait. Il battit dans
k même campagne un vaiffeaude guerre
Anglois de cinquante quatre canons,,
quoique celui qu'il montoit n'en eut que
vingt-huit. On lui eft redevable de k
confervation de quantité de bàtimens
François qui feroient tombez entre les
mains des Anglois, fifabonne conduite,
fa valeur & fon experience, fuppleant
au peu de forces qu'il avoit, il n'avoit
obligé les Corfaires ennemis à s'éloi^
gner des côtes 6c des croifieres de nos
ïfles. Enfin je lui dois cette juftice
qu'on lui eft redevable de la confervation
de la Colonie de la Martinique,
& vrai femblablcment de toutes celles
des autres We s , puifque dans le tumulte
qui arriva au mois de Mai 17 i f .
ayant été élû malgré lui chef de la
Colonie, il agit avec tant de prudence
& de fermeté, qu'il conferva l'Iile au
R o i , fans que dans une fi horrible confufion
il foit arrivé aucun defordre ni
aucun meurtre. Cette affaire eft trop
de confequence, & fiiit trop d'honneur
au fieur du Bue pour n'en parler qu'en
jaiTant comme je fais ici. Je k rapîorterai
tout au long dans une de mes-
Prefaces..
Son cadet Baltazard du Bue a toujours
fervi comme Officier dans la Milice de
k Martinique, & n'a point dégénéré
de k valeur de fon pere &de fon aîné,
quoique fon peu de fanté l'eût empê-
AGES AUX ISÉES
ché de fe trouver dans les occafions ou tj,
les autres ont été hors de k Martinique.
L e Roi pour reconnoitre les fervices
de cette famille, accorda des Lettres de
NobleiTe à Monfieur Pierre du Bue en
1701.
Il eft mort en âgé de foixantehuit
ans, fe voyant alors pere ou grandpere
de quarante-deux enfans, quoiqu'il
n'y euft encore que fes deux aînez les
fieurs Jean & Baltazarddu Bue qui euf.
fent été mariez..
Je parierai des autres familles des liles
à mefureque l'occaGon s'en prefentera,
8c je tâcherai de rendre à un chacun
k [uftice qui lui eft dûë. J'ai demeuré
aiîcz long-tems dans le païs pour être
bien informé de tout , & pour ne pas
ajouter foi trop legerement aux mémoires
qu'on pourroit m'envoyer.
Nous defcendîmes au Bourg de la Trinité
après que nous eûmes dîné. Nousfiâmes
voir Monfieur de Mareuil Lieutenant
de Roi de l'Me Commandants
k Cabefterreà qui nous dîmes ce que
nous avions refolu. Il approuva beau^
coup le choix que nous avions fait. Il
connoiiïbitleterrein, &par confequent
k commodité qu'il y auroit d'établir
un Bourg auprès de k nouvelle Eglife;
ce qui n'auroit pas été fi facile à la
Jointe du fieur Fevrier, quoique le
ieu eût été bien plus commode pour
le Curé. Il nous loua d'avoir préféré
l'utilité publique à celle de nos Confreres..
Monfieur de Mareuil étoit d'Amiens,
fon nom eft le Correur. Il avoit un
frere aîné qui étoit établi à S. Chriftophle
long-tems avant que le cadet vînt
aux Ifles. Celui-ci fut d'abord employe
à conduire les travaux qu'on faifoit en
cette lile-làj il monta de cet emploi
à celui de Capitaine d'un détachement ài
îyiANCOrSES DE L^AMERIQ^UE. 16^
c í e l a Marine, & devint enfin Lieutenant baraiTer. Celui-ci qui avoit autant foufde
R o i de la Martinique. IlavoitamaiTé fertque moi & mes gens de fa mauvaife
du bien, & ne négligeoit rien pour humeur, au lieu de lui donner de
f m l'augmenter. Il avoit époufé une des l'argent comptant, le paya avec un de
mil, filles du fieur Piquet de k Calle, Com- fes billets qu'il avoit trafiquez, penrais
principal comme Intendant de k dant que je fis mettre fes outils hors
""fat Compagnie de 1664. Monfieur de Ma- de ma cour, lui kifl'ant le foin de les
mi- reuil prétendoit être Gentilhomme, & porter lui-même comme il pourroit,parque
fon grand-pere avoit étéannobli par cequeleMarguillier ne lui voulut don-
Henry IV. pour les fervices qu'il avoit ner perfonne pour lui rendre cefervice.
rendus à k reprife d'Amiens. Ma maifon fe trouvant^ ainfi ache-
Je fus coucher au fonds . Jacques, 6c vcc, je commençai à goûter le pkile
lendemain matin je me rendis chez fir du repos. Mon jardin m'occupoit
moi. Ce voyage m'àvoit fait pkifir, quelque tems le foir & le matin. Je
outre les connoillances que j'acquis des m'appliquai à mettre en ordre les lelieux
où je n'avois pas encore été, il çons de Mathématiques que j'avois
m'avoit épargné le chagrin de voir les enfeignées à Nancy pour en faire un
fottifes 6c les impertinences de mon cours abrégé. Cela avec k vifite des
Menuifier, qui pendant mon abfence malades , mes exercices fpirituels ,
avoit penfé défoler mon Penfionnaire j mon étude, I'inftrudion de mon Pen-
& le Negrc que j'avois laiiTé à la mai- fionnaire 6c de ma petite famille, 6c
fon. Il venoit d'achever fon ouvrage} un peu de promenade le foir, partac'eft
pourquoi j'envoyai chercher le geoienttoutmontems, 6cmelefaifoieht
Marguiliier pour le payer, 6c m'en dé- paiîer le plus agréablement du monde.
C H A P I T R E XXL
Hîjioires de quelques Negres Sorciers.
¡trcut.
î E fut environ ce tems-là
qu'un Negre efclave d'un de
mes Paroiiîiens appellé le
fieur Philippes Mignac, me
vint prier de lui rendre un
certain petit fac que je lui avois ôté
avant de le baptifer. J'avois été averti
par fon maître qu'il fe mêloit d'être
Sorcier, il fiiifoit retrouver les chofes
perdues j il devinoit; il predifoit
l'arrivée des vaiffeaux, 6c autres chofes
à venir, du moins autant que le diable
le pouvoir connoître , 6c le lui réveloit.
Mais comme je n'ai jamais ajoûté
beaucoup de foi à ces fortes de
chofes, je crus que ce Negre étoit un
charlatan qui en faifoit accroire aux
fimples pour attraper leur argent. Cependant
l'ayant examiné avec foin, je
reconnus en partie la vérité de ce qu'on
m'avoit dit, 6c cela m'obligea de différer
de le- baptifer jufqu'à k Pentec
ô t e , quoique j'euife reiolu de le faire
à Pâques, l'ayant trouvé bien inftruit,
ÔC voyant qu'il demandoit le Baptême
avec une ferveur extraordinaire. A k
fin je m'étois kiiTé gagner, 6c je l'àvois
baptifé après l'avoir fiiit renoncer
à tous l'es paétes implicites 6c explicites
qu'il pouvoir avoir fait avec le
diable. Je chargeai fon maître qui étoit
auiTi fon parrein, de veiller fbigneufement
fur k conduite. Pendant plus
de trois mois j'en fus fort content; il
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