1 V
"-•i
I N,;
! à . !
i -il:' ;ni:^
r. n!;; .
1 1).
3
!' ;,
l!
i
iir'
" t
- "i
M
f 1;
.1, ' :
i • t
E F ^ C E. P R E F yf C E.
TiluxU- degrez dcLatitude Septentrionale, on
ne Par- cit aloi's au Brcfil, au lieu que tousles
Géographes & to.js les Pilotes dumon-
^^ • de s'en étoient toûjours crus alors éloignez
de près de deux cent lielies vers
le Nord, & de plus de quatre cent cinquante
de la Ville de Saint Salvador,
qui ell par les treize & demi de Latitude
Méridionale. C'eft pourtant ce
voiiinage qui oblige notre Relateurd'y
fliire un tour. Il eft vrai qu'il le fait
bien plus vite que le Courier le plus
preflc, & que quoiqu'il y féjourne quelque
temps , iln'cmployenéanmoins que
lix jours dans tout ce Voyage, c'eilà
dire, que depuis le zf .Février qu'ils
P. uS. partirent des Ifles de Caïenne, jufqu'au
3- Mars qu'ils y revinrent moiiiller, il
eut le plaifir de voir la Ville de Saint
Salvador & fes environs, d'en examiner
i- ^37. les Fortifications, les Places, les Maifonsj
les Eglifes & les Convents, de
£iire inventaire de leurs meubles, de
fupputer les fommes qu'on a dépemees
pour les bâtir , de s'informer des Moeurs
&des Coûtumcsdes Habitans, de leurs
RichelTes, de leur Commerce, deleur
Gouvernement, de leur Police, de leur
maniéré de faire la Cuifme, du prix
des denrées, jufqu'àcelui des Oignons,
de connoître les Plantes, les Arbres^
les Fruits, les Animaux, les Simples,
les Manufaclures, les NaturelsduPaïs,
6c bien d'autres chofes qui dans un autre
demanderoient un temps infini pour
s'en informer. Mais peut-être croirat
on que j'exagere: il faut convaincre
le Leâ:eurdemafinceritc, & d'ailleurs
il eft à propos de lui faire remarquer la
délicatefle, la netteté & le tour aifé des
defcriptions de M. Durret, car en cela
& en diligence pour les Voyages, on
peut dire qu'il cft incomparable: jene
connois que le Sr. Gemelli Careri qui
en approche On en jugera par ces
échantillons.
„ On voit encore, dit M. Durret, p.
„ un autre fruit nommé Margoviajfo ^
5, & il y en a une grande abondance,
„ Il eft gros comme un poire deBon-
„ Chriétien , & plein d'une efpece de
„ mortier Se de pépins. Les Portugais
„ le mangent avec délice, mais les Fran-
„ çois le trouvent trop amer.
„ Nous y mangions des noix de Co- p, r^e,
„ cos, & nous en buvions le lait avec
„ plaifir. Mais unjour quelques-uns de
„ nos gens ayant envie de fe réjoiiir,
„ abattirent unegrandequantité de ces
55
55
35
Arbres, ilsen cueillirent le fruit, ôc
en tirèrent plus de quatrevingt pintes
de lait. Enfuite s'étant afîis fur la
„ teije, ils burent unefi grandequan-
„ tité de cette liqueur, qu'ils en fu-
„ rent fort incommodez : ce n'eft pas
„ qu'elle enivre, car bien loin de leur
monter à la tête 8c deles échauffer,
elle leur glaça ôcleur engourdit fi fort
les nerfs,qu'ils nepouvoient marcher,
ni même fe tenir debout. Il fallut
„ que ceux qui n'avoient pas été de la
fête , les portaiTent à bord , oîï'
cet engourdifTement leur dura quatre
ou cinq jours, fans pouvoir
„ agir en aucune maniéré.
( ^ ' o n fe garde bien de revoquer Vo'^agt:
ce fait en doute j car la même chofe '•'«^i/«»';
eft arrivée à un de nos Avanturiers
dont les Voyages font imprimez bien
des années avant celui de Marfeille à
Lima : & ce qui prouve la vérité de
l'avanture , c'eft qu'ils font rapportez
tous deux d'une maniéré fi uniforme
, qu'il n'y a pas une virgule dans
l'un plus que dans l'autre.
" On voit dans le Brefil quantité
d'Animaux qu'on y nomme de&
Ents. Ils font de la hauteur d'ua
Afne, & ont autant de chair que
le plus gros Boeuf. Il y a cncor©
„ quan-
55
>5
55
5)
} Iii. »5
33
n j .
quantité de Cochons privez 8c fau-
^^ vagRS. Enfin il y a une fi grande
quantité de Beftiaux , que la
„ viande n'y revient qu'à un fol la
„ livre. Ils ont des Rats que l'on
„ rôtit, & que l'on mange à la fau-
„ ce douce : Ils font roux comme des
„ Ecureuils, & ont le goût de La-
55 pin-
" Il y a quelques mmes d'Or, be-
„ aucoup plus d'Argent, du Safran,
„ delaLacque, duTabac, de l'Am-
„ bregris, quelques mines deJafpeSc
„ de Criftal blanc & rougeâtre, avec
„ une très-grande quantité de Sucre ;
„ les machines avec lefquelles on le
5, prépare, & qu'ils appellent Engins^
„ font d'un très-grind poids} & en-
„ tre les Sucres qu'il y a , celui de
„ Candi ou Canti, dont on fait tant
„, d'eftime, tire fon nom de Canton,
& non pas de fii candeur ou blancheur,
non plus que del'Ifle de Candie,
comme on l'a crû.
55
35
C'eft dommage que M. Durret ne
s'efv pas étendu davantage fur la fabrique
du Sucre, il nous auroit fans doute
appris quelque chofe de nouveau, dont
nos Infulaires lui auroient obligation ,
aufîi-bien que ceux qui mangent du Sucre
Candi fans fçavoir l'étimologie de
fon nom, que les ignorans, felon M.
Durret, croyoient venir de l'Ille de Candie
dans la Méditerranée, au lieu qu'il
vient de Canton dans la Chine. J e ibuhaite
qu'on n'aille pas croire que M.
Durret a pris la Chine pour le Brefil;
car jufqu'à prefent les Portugais n'ont
trouvé dans le Brefil ni Lacque, ni mines
de Jafpe, ni de Criftal b anc & rougeâtre,
Il faut efperer que dans une autre
Edition il mettra plus d'ordre à fes
colleétions. Mais avançons.
" L'Huile de Capahu £c le Baume
„ viennent de Spiritu Sando. On les
55
35
35
55
55
tire de certains Arbres où les bêtes
fauvages vont fe guérir de leurs bleffures
à force de fe frotter contre l'écorce,
car pour peu qu'elles en enlèvent,
ces liqueurs en fbrtent, ôc font
un eiïet d'autant plus admirable,
qu'elles ne font point falfifiées comme
celles que nous avons en Europe,
& que débitent ces Charlatans qui
„ courent de Ville en Ville.
La Charité m'oblige d'avertir M.
Durret que Baume & Huile de Capahu
font la même chofe, & qu'il y a un autre
Arbre que les bêtes, & fur tout les
Cochons marons, entament avec leurs
défenfes lorfqu'ils font bleiTez, d'oii il
fort une liqueur epaiiîe qui les guérit,
qu'on appelle à Cochon. Puifque
cet Auteur ou ces Auteurs n'ont pas jugé
à propos d'en dire d'avantagefurcet article,
quoiqu'il me femble qu'ils y fuffent
obligez, je me charge de ce foin.
Mais je ne fçai fi les Fleuriftes lui *
pafleront auiîi aifément que moi la defcription
qu'il fait des Rofes à feiiille
de Guimauve, & des Rofes d'Inde. Ma
profeffion m'engage à paiTer legeremenc
fur les défauts de mon prochain ; mais
qu'il corrige au plutôt fa defcription ,
car tous les Fleuriftes ne font pas fi faciles
que moi, à moins qu'il ne leur donne
un Diftionnaire des foixante différentes
Langues qui font en ufage chez les
Naturels du Brefil. Je n'ai garde de
m'infcrire en faux contre la defcription
abregée qu'il fait de la Ville de St. Salvador,
M.Frezier, en eft un trop bon
garant; mai^il ne devoit pas l'abandonner
, comme il a fait le P. Feiiillée,
fur tout quand il appelle Palcin^uin ce
qu'on appelle au Brefil Hamac ou Serpntin.
Iln'aqu'àvoirl'HiftoirederEtabliiTement
de la Compagnie des Indes
Orientales , ou celle de Tavernier, pour
apprendre ce que c'eft qu'un Palanquin»
* * 5 &
-••; t
i l f ^ '