1696.
180 NOUVEAUX VOYAGES AUX ISLES
chaux
Gmgemhre.
^ » i ä s L
chaux
de co-
¡¡uiilage.
Sable da
rh'iere.
Sable dit
mer
blanc.
très endroits, comme les bois marbrez
& violets. 11 ne feroit pas indigne de la
curiofitédes gens qui y demeurent, de
faire foiiiller en diffcrens endroits pour
connoître queleille fol, jufqu'à quelle
profondeur on trouve cette pierre à
chaux, en quelle fituacion elle elt répandue
fous répaifleur de la terre & autres
circonftances qui pourroient rumer ou
fortifier ma conje6ture. Si j'avois fait
travailler à la grande terre comme j'ai
fait à la Guadeloupe , je n'aurois "pas
manqué de faire quelques-unes de ces recherches.
Il y a une efpece de chaux appelléeGingembre,
parce qu'elle approche en quelque
maniéré du Gingembre pour la figure.
Elle n'ell pas fi blanche que celle
qui eft péchée récemment, & n'eftgueres
plus longue, & plus groiTe que le
pouce. Il y a des Ancesqui en font quellUeiois
toutes couvertes, après de groflès
marées. Ce ne font que des morceaux
l
de chaux ordinaire que la mer a rompus,
& que les flots ont arrondis en les roulant
jufque fur le rivage. Cette chaux
cft b o n n e , mais elle eft plus dure à cuire
que l'autre, & c'eft ce qu'elle a de
commun avec ceilede la grande terre.
On fait encore de la chaux avec de
groiTes coquilles, qu'on appelledesLambis,
des Gafques, des Porcelaines £c autres.
Toutes ces manières font très-bonnes
, mais elles font dures à la cuiiTonôc
confument beaucoup de bois.
Nous n'avons que deux fortes de fable
auxlfles. Celui de mer & celui de riviere.
Ce dernier fi on n'y prend garde eft
fouvent mêlé de beaucoup de terre, &
quand cela arrive, il ne fait pas un bon
mortier} quand il eft pur il eft très-bon,
s'incorpore bien avec la chaux, & fail
une fort bonne liaifon.
Le fable de mer eft de trois fortes. Il
y en a de blanc qm eft aiTez fiaj, il n'eit
bon que pour faire des enduits. On en rijj,
trouve d'autre qui eft plus g ros , grifâ- saij,'
t r e , qui fait du bruit quand on le remue,
c'eft e meilleur pour toutes fortes de
matieres.
L e troifiéme eft de couleur d'ardoife
& fort fin. Je n'en ai jamais voulu em- mir,
ployer, parce qu'il m'a paru trop pelant,
& peu propre pour fe bien incor- ^
porer avec la chaux.
Il faut avoir foin avant d'employer Wt»
le faBle de mer, de le 4-enfermer dans
un quarré fait avec des planches foutenuës
par des piquets, & de l'arrofer/Jwi
d'eau douce, orfqu'on n'eft pas dans
la faifon des pluyes, afin d'emporter
tout le fel qui y eft attaché. On obferve
pour cela que l'aire où l'on le met ait
aflèz de pente pour l'ccqulement des
eaux, parce que fi l'eau dont on le lave
y demeuroit, ce feroit une fatigue inutile,
& on le trouveroit aufli falé qu'eu
fortant de la mer.
Paiirdu fable de cavejen'en ai jamais
trouvé, quoique j'aye fait travailler &
foiiiller en diiFerens endroits & à diverfes
profondeurs.
On trouve en beaucoup d'endroits des Tmi
bafiès terres de la Martinique & de
Guadeloupe, en foiiillant depuis trois
jufqu'à cinq pieds, une certaine terre
grafle de couleur grife, qui eft très-bonne
pour maçonner. On s'en fert toute
feule & fans chaux pour faire des murs
de clôture & autres quinefoient pas fort
élevez, & qui n'ayent pas un poids confiderable
à porter. Lorfque ces murs
font fees on leur fait un crépi de chaux
& de fable, de crainte que la pluye ne
les pénétré & ne les dégrade. Ces murs
ne lont bons que dans les quartiers oii
l'on prend la terre qui compofe le mortier,
parce qu'i.n y trouve auiTi des pierres
qui liaifonnent avec ce mortier.
Nous nous fervons de ciiiq ou fix
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