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 i i 8  N O U V E A U X  VOYAGES  AUX  ISLES  
 On  
 pourrait  
 fane  
 de  L'huile  
 avec  
 les  ^  .  
 graines.  
 Cotton  
 de  Siam  
 Cotton]  
 de  Fromager. 
   
 dans  des  rets  aurour  des  gaillards.  Tls  
 fervent  d'un  très-bon  garde-corps,  que  
 les  coups  de  moufquec  ne  fçauroienc  
 percer,  &qui  amortiflent  beaucoup  les  
 coups  de  canon.  
 Les  graines  du  cotton  contiennent  
 fous  une  peau  noire  ou  -verte,  une  
 fubilance  blanche,  oleagineuie  comme  
 les  amendes  ,  &  qui  n'a  ni  mauvais  
 goût  ni  mauvaife  odeur.  On  enpourroit  
 faire  de  l'huile.  D'autres  gens  que  
 des  François  accoûtumez  au  climat  indolent  
 des  Ifles  ,  ne  négligeroient  pas  
 cet  avantage.  
 Il  y  a  aux  liles  une  autre  efpece  de  
 Cottonniers,  dont les graines ont  été  apportées  
 de  Siam,  que  l'on  appelle  par  
 cette  raifon,  Cotton  de  Siam.  11 a  naturellement  
 la couleur de cafFé clair.  Ce  
 cotton  eft  d'une  finefie  extraordinaire,  
 il  eft  long  &  plus  doux  que  la foye.  On  
 en  fait  des  bas  qui  font  d'une  fineiTeadmirable  
 &  d'une  beauté  qui  fait  honte  
 aux  plus  beaux  bas  de  foye.  Mais  comme  
 cet  ouvrage confomme beaucoup  de  
 tems,  on  fait  peu  de ces bas,  &  ilsiont  
 fort  chers.  J'en ai vû  qui  ont  été  vendus  
 dix,  douze  &  quinze  écus  la paire.  
 Nous  avons  encore  une  autre  efpece  
 de  cotton,  qu'on  appelle.  Cotton  de  
 Fromager.  L'arbrequi  le porte  devient  
 fort  gros  &  fort  grand.  Si  on  n'a  pas  
 foin  de  l'ététer,  il  pouffe  fon  jet  fort  
 haut  fans aucunes  branches que quand  il  
 a vingt-cinq  ou  trente  piedsde  haut  &  
 fpuvent davantage.  Son  écorce  eft  verte  
 quand  l'arbre  eft jeune,  ScdeTépaiffeurdefixàfeptlignes  
 ;  elle devient  grife  
 &  plus  épaifle  à  mefure  que  l'arbre  
 vieillit-  Sa  feliille  eft  longue  &  paroît  
 étroite,  parce  qu'elle  eft  découpée  en  
 trois  parties  dans toute fa longueur.  Elle  
 eft tendre,  peu  épaiffe, d'un verd  clair  
 quand  elleeftjeune,  un peu  plus obfcure  
 quand  elle  eft vieille  &  fur  le  point  
 de  tomber}  car  elles  tombent  tous  les  
 ans  au  commencement  delà  faifon  pluvieufe, 
   d'une maniéré qui ne laiffe point  
 l'arbre  dépouillé  ,  parce  qu'elles  ne  
 quittent  la  place  qu'elles  occupoient  
 que  quand  celles  qui  leur  doivent  fucceder  
 les  pouffent  dehors  en  prenant  
 leurs  places.  Trois  ou  quatre  jours fuffifent  
 pour  renouveller  l'arbre  entièrement. 
   Lorfqu'on  veut  le  faire  groffir,  
 il n'y a qu'à découper fon écorce perpendiculaire  
 afin  de  donner  le  moyen  au  
 bois  de  fe dilater.  L'écorce  eft toûjoiirs  
 chargée  de  groffes épines,  droites,  fortes  
 6c  rondes,  d'un  pouce  ou  environ  
 de  hauteur,  dont  la  baze  qui  enaprefque  
 autant  ,  fait  avec  la  pointe  une  
 maniéré  de  piramide.  Elles  ne  font  
 point  du  tout  adhérentes  au  corps  de  
 l'arbre,  c'eft  l'écorce  feule  qui  les foûtient, 
   encore  eft ce  fi  foiblement  qu'il  
 fuffit de  les  toucher  un  peu  avec  un  
 bâton  pour  les  faire  tomber.  Elles  ne  
 laiffent qu'un  veftige  blanc  fur  la  peau  
 à  l'endroit  qu'elles  occupoient  ,  fans  
 qu'on  remarque  aucun  autre  veftige  
 dans  l'épaiffeur  de  l'écorce  ni  dans  le  
 bois.  
 Le  bois  de  cet arbre  eft blanc  &  tendre, 
   mais il  eft  filaffeux,  ce qui le rend  
 difficile  à  couper,  fur  tout  quand  il eft  
 un  peu  vieux  -,  il  eft  ployant  &  fouple,  
 &  vient  fort  vite.  Je  ne  fçai  s'il  étoit  
 plus  tendre  du  tems  du Pere  du  Tertre,  
 ou  fi  les  haches dont  on  fe fervoit alors,  
 étoient  d'une  autre  trempe  -,  mais  je  
 fçai  très-bien,  qu'il s'en  faut  beaucoup  
 qu'il  foit  de  tous  les arbres le  plus  facile  
 à  couper.  
 On  le  plante  ordinaiirement  devant  
 les  maifons  pour  joiiir  de  la  fraîcheur  
 de  fon  ombre,  &  on  le  choifit  plûtôc  
 qu'un  autre,  parce qu'en  très-peu  d'années  
 il  devient  trés-gros  Se  fort  garni  
 de  branches  &  de  feuilles,  aufquelles  
 on  
 H  
 •  wrj».  ;  .  
 F R A N C O I S E S  DE  L'A  M  E  R I  Q^U  E.  
 on  fait  prendre  telle  fîtuation  que  l'on  
 veut.  
 Peu  de  jours  après  qu'il  a  changé  de  
 feiiilles i  il pouffe fes  fleurs  par gros  bouquets  
 } elles font petites,  délicates,  blanches, 
   5c  tombent  en  moins  de  huit  ou  
 dix jours  i  des  gouffes ou  coffes vertes,  
 fuccedent  aux  tiges qui  étoient  chargées  
 de  fleurs.  Elles  font  delà  grofleur&de  
 la  figure  d'un  oeuf  de  poulie,  mais  un  
 peu  pointues  parles  deux  bouts.  Lorfque  
 e  cotton  qu'elles  renferment  eft au  
 point  de  fa  maturité,  il  fe  dilate  tout  
 d'un  coup,  ôc fait  éclater la goufle avec  
 bruit,  8c  le cotton  qui  en  fort auffi-tôt  
 feroit  emporté  par  le  vent  fi  on  nelerecueilloit  
 promptement.  Ce  cotton  eft  
 de  couleur  de  gris  de  perle,  extrêmement  
 fin,  fort  doux  &  naturellement  
 luftré.  Il  eft  plus  court  que  le  cotton  
 blanc ordinaire.  On  ne  laiffe pas cependant  
 de  le  filer.  J'en  ai  vû  des  bas  qui  
 étoient  d'une grande  beauté.  
 Les goufles renferment encore des graines  
 qui  font  la femence  de  l'arbre,  elles  
 font brunes,  plates  comme  des  haricots  
 6c affez tendres.  On  ne  s'amufe  gueres  
 à  les  femer  ,  parce  que  l'arbre  vient  
 parfaitement  bien  de  bouture,  ôc  plus  
 vite.  
 On  dit  que  ce  cotton  eft  de  contrebande  
 en France,  parce qu'il nuiroit  aux  
 poils  de  caftor,  de  loutres  &  d'autres  
 animaux,  dont  on  fe fert pour  la  fabriqua  
 des  chapeaux  fins.  
 Nous  nous  en  fervons  aux  Ifles  pour  
 faire des oreillers, des traverfins Se même  
 des couettes,  au  lieu  de  plumes.  On  
 prétend  qu'il  eft plus  fain,  &  qu'il  tire  
 davantage  l'humidité  du corps.  Il  excite  
 par  fa  chaleur  le mouvement  des  efprits. 
   Se  la  chaleur  dans  les  parties  engourdies. 
   On  l'applique fur  leseftomacs  
 affoiblis ou  deftituezde  chaleur,  Se fur  
 les membres  paralitiques,  avec de  trèsl'om. 
   IL  
 129  
 bons  fuccès.  Ce  qu'il  y  a  de  fort  commode, 
   c'eft  qu'on  n'eft  point  obligé de  
 le  remuer,  quand  on  s'en  eft  fervi j  il  
 fuflit de  l'expofer  un  moment  au  foleil  
 pour  le  voir  fe  relever  de  foi-même,  8c  
 remplir  entièrement  la toile  qui  le  renferme. 
   
 -  Il  y  a  encore  un  arbre  qui  porte  
 cotton  qu'on  appelle Cot ton  de Mahot .  Mahe't,  
 J'ai  parlé  ci-devant  du  mahot  qui  vient ou  
 fur  le  bord  des  rivieres  8c  des  falaifes,  
 que  j e  prends  pour  une  efpece de man-  ^¡¡l""'  
 gle,  qui  ne  porte  point  de  fruit  quoi-  bUnc.  
 qu'il  fleuriife.  Celui  dont  il  eft  ici  
 queftion,  8e  qu'on  appelle  à  Saint  Domingue  
 ,Cottonnier  blanc,  eft  un  arbre  
 fort  grand  Se  fort  gros.  J'en  ai  vû  de  
 plus  de  quatre  pieds  de  diametrè.  Sa  
 feuille  eft dentelée,  ronde,  avec une  petite  
 pointe,  d'un verd obicur.  Son  écorce  
 eft gr i fej  épaiffe d 'un  bon  pouce  Sc  
 fort  adherente  au  bois  ,  qui  eft  gris,  
 fpongieux,  tendre Se mêlé ,  fans  qu'on  
 remarque  prefque  aucune  difference entre  
 l'aubier  Se  le coeur.  Il  fleurit  dans la  
 iaifon  des  pluyesj  fes  fleurs  font  jaunes  
 Se aflès grandes.  Il porte  des coffes ovales  
 remplies  d'un  duvet  fin,  doux  8c  
 court,  que  le  vent  porte  par  tout,  8c  
 couvre tout  l'arbre  Sc les  environs,  dès  
 que  lacoffequi  le renferme vient à  s'ouvrir. 
   Les  perfonnes  qui  fe  donnent  la  
 peine  del'amafler,  s'en  fervent  à  faire  
 des  oreillers  au  défaut  de  celui  de  fro^  
 mager  qui  eft  infiniment  meilleur.  
 Il  y  a  de  ces  arbres  à  S.  Domingue  
 qui  font  d'une  groffeur  extraordinaire.  
 On  s'en  fert  pour  faire  de  très-grandes  
 pirogues.  Comme il eft  tendre  Scleger,  
 il  eft  facile  à  travailler  Se  capable  de  
 porter  un  grand  poids,  mais aufll il  dure  
 peu,  fe fendaifément ;  l'eau le  pourrit  
 aflèz  vi te,  Se les vers  s'y  met tent ,  à  
 moins  qu'on  n'ait  foin  de  le  foutenir  
 par  dedans avec  des courbes,  de  le  bien  
 S  gau- 
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