• e - "T"iJ"ft U.I
i l ' ' " '
a l i - i - ' y U ' ;
M
• f fà ì"
r i ' ' i •
vJ: i, - ' i '
liti!
• iiit'
l6ç6.
Efioijut
des Sucrcrits
Tranfoifes
e?
-ingioia
i S NOUVEAUX VO^^f
l'année 16x5-. il s'eftpaiTé bien du tems
avant qu'ils ayent été en état de penfer
à faire du fucie } ils ne s'appliquoient
qu'au tabac , enfuite à l'indigo & au
cotton. Les Anglois furent les premiers
en état de faire du fucre à S. Chriftophle :
les hiftoires de leurs colonies marquent
que ce fut en 1643. Les François de la
même Ifle ne furent pas îong-tems fans
les imiter. On n'en fit à la Guadeloupe
qu'en 1648. fous la diredion des Hol-
A G E S A U X ISLES
landois qui s'y refugierent après leur déroute
du Breill. On en fit à la Martinique
un peu plus tard qu'à la Guadeloup
e , Se à la Barbade environ le même
tems qu'à S. Chriftophle.
L e nombre de fucreries s'augmente
tous les-jours dans les Ifles, 6c la fabrique
des fucres fe perfedionne de plus en plus.
Je vai donc en éaire ce qu'un travail affidu
de dix années m'a donné de counoilTance
fur cette matiere.
D E S C A N N E S D E S U C R E .
Diß. T E rofeau ou canne de fucre nediiFer
rsnce re des rofeaux ordinaires qu'on trouétangs
nés cj*
des rofeaax.
& en d'autres
lieux marécageux, qu'en ce que la peau
ou récorce de ces derniers eft dure &
feche, & leur pulpe fans fuc; au lieu
que la peau des cannes de fucre n'a jamais
beaucoup de dureté, & que la matiere
fpongieufe qu'elles renferment, eft
pleine de beaucoup de jus ou de fuc,
dont la douceur 6c l'abondance font
proportionnées à la bonté du terrein
où elles font plantées , à fon expofîtion
au folcil, à la faifon où on les
coupe & à leur âge. Ces quatre drconftances
font les caufes 6c les principes
de leur hauteur, de leur grofleur, de
leur bonté Se de la facilité ou difficulté
que l'on trouve à purifier Scàcuireleur
fuc 6c à le réduire en fucre : de forte
tjue fuivanr la qualité du terrein, les
•cannes font groiFes ou menues, longues
ou courtes > felon qu'elles font expofées
au foleil, elles font plus ou moins fucrées.
La faifon où on les coupe les
remplit de plus ou de moins de fuc; Se
kür âge les rend plus ou moins propres
tex,
qu'elles
doivent
suoir.
à produire de bon fucre.
L a feuille de la canne eft longue 6c ^'fif
étroite; elle n'a qu'une nervure qui la l'Z "
partage par le milieu dans toute fa Ion- A fmn.
gueur. Cette nervûre eft afiez caiTante,
quand la feuille eftfcche, mais quand
elle eft verte ou feulement amortie, elle
eft fort liante. Les deux cotez de la
feuille font tranchans Se comme armez
de petites dents de fcie prefque imperceptibles,
qui coupent la peau quand on
palle la main par deffus à rebours. Les
feuilles ne viennent ordinairement qu'à
k tête de la canne ; celles qui fortei«
aux differens noeuds où la canne s'eft
arrêtée en croiffant, tombent auiîi-tôt
que la canne eft montée plus haut. C'eft
une marque que la canne eft mauvaife,
ou du moins qu'il s'en faut beaucoup
qu'elle foit meure, quand on en voit
les noeuds garnis de feuilles. Celles
qui font bonnes n'ont qu'un bouquet
de fept ou huit feuilles à leur fommet.
L a canne n'eft pas toute unie dans
toute fa longueur; elle eft partagée par
des noeuds qui font l'origine Se comme
h
SiuaUtiz.
d'une
mm
prfa'ue.
Tenem
propre
F R A N G 0 J S E S L' A M E R liQ^U E. az 9
la naiflance des feuilles. Ces noeuds font eft celle qui eft legere, ponceufe 8c pro- lôtjd.
durs & opt très-peu de fubftance. Les fonde, qui eft aflèz en pente pourquç
deux parties de la canne qui font fepa- l'eau de pluye ne s'y arrête pas, & qui cames.
rées par un noeud, ont communication eft expoféç au foleil .depuis qu'il fe lepar
unvuidequi eft au milieu du noeud, ve jufqu' i ce qu'il Îbit prêt de fe couqui
eft rempli de la même matiere fpon- cher.,
gieufe que e refte de la canne, mais elle • Les terres graiTes & fortes produifent
eft plus preflee, plus dure, plus colorée; des cannes grandes 6c fort groi fes, mais
& quand on la mâche elle a plus de fa- elles font prefque toujours vertes, pleiveur
que le refte, 6c femble plus meure nçs d'un fuc aqueux 8c peu fucré. Leur
Se plus cuite. Il n'y a aucune regie pour jus eft gras; il eft diiïicilç à purifier 6c
la diftance que ces noeuds gardent entre à cuire; 6c le fucie qpi en provient eft
çux; plus le terrein eft bon, plusilsfont
éloignez les uns des autres. Se plus par
çonféquent la canne contient de fuc, parce
que les noeuds en contiennent moins
que le refte : de forte que plus leur nombre
eft grand, Se moins, il fe trouve de
place pour le fuc.
. On a vû des;cannes quiavoient vingtquatre
pieds de long,,:1atête étant coupée
, 8c qui" pefoient vingt-quatre livres,
mais cela eft extraordinaire. Ce
n'eft pas une marque de la bonté du fuc
que la canne renfçrm.e ; . c'eft plutôt une
preuvp que le terrein eft gras Se aquatir
que;^ Se qu'il produit abondamment un
fuc çrud, très-peu fucré, plein d'eau,
& qui par conféquent confume beaucoup
de bois 8c de tems fans rendre jamais
beaucoup de fucre ni fort bon.
, Lorfque les cannes ont depuis fept jufqu'à
dix,pieds de longueur; qu'el es ont
depuis dix jufqu'à quinze lignes de diamètre;
qu'elles font bien jaunes; que
leur peau eftliiTe, feche Se cafiànte ;
qu'elles font pefqmes; que leur mouëlle
eft g rife fie même un peu brune; que
leyr fuc eft 'doux, gluant Se comme un
)çu cuit ; on peut dire qu'elles font dans;
cur perfcétion, 8c l'on peut afilirer qu'on
en tirera fans beaucoup de peine du fucre
très-beau Se en abondance.
L a terre la plus propre pour porter
des cannesj, . telles que je viens de dire,.
a cuire;
toûjours molaiTe, peu grcné, Sefujetà
fe décuire Se à devenir en marmelade oû
en cendre.
Les terres qui n'ont pas de fond, 8c
où les racines de la canne trouvent bientôt
le tuf ou le roc , comme fontlaplûpart
des terres ufées, des bailes terres
de la Martinique Sc de la Guadeloupe^
ne produifent que de petites cannes, com'-
me des rottins, pleines de noeuds ; elles
durent peu, parce que leur racine fe fe^
che Sc fe brûle. Cependant lorfque ces
terres ont de la pluye dans les preipicrs
mois que les cannes font plantées. Se de
tems en tems jufqu'à leur parfaite maturité
; elles ne laiflent pas de fe remplir
d'un très-bon fuc , extrêmement doux
6c gluant, maisil faut être habile pour en
fabriquer de bon fucre, parce qu'étant
prefque cuit, avant que d'être exprimé
de la canne, on n'a pas le tems de le
purger 8c de le clarifier, qu'il a déjà
toute la cuifl'on qui lui eft neceflaire ; de
forte qu'on eft obligé de mettre de l'eau
dans les chaudieres , afin d'éloigner fa
cuiflon , Sc de donner le loifiràlaleffive
de Jifloudre les immondices qui font attachées
au fuc, Se deles poufler en écume
à la fuperficie.
Il faut faire cette manoeuvre dès la
premiere chaudière, Sc obferver de ne
mettre jamais d'eau froide dans le jus^
q,ai a bouilli, parce que la froideur de
G g 3 l'eau
y 4
î ï m