í i;)
' ''"11i 1
»il.; i
m
igo NOUVEAUX VD'T
i6j)<î, doit s'appliquer. A l'égard des mauvaifes
barriques, il n'y a qu'à n'en point recevoir
qui rie foient bien conditionnées, & quand
on ne peut pas faire autrement, on doit
les faire rebattre par un Tonne l i e r , que
les Habitans ont ordinairement chez eux,
fe faifant cnfuite payer par les Marchands
fix livres de Sucre par barrique, tant
pour celaque pour les d o u x , qu'on employe
à faire tenir les cercles qu'on met
autour des fonds : car ii on coniîdere le
tems que l'on perd à changer les fonds,
on verra qu'il y a plus de perte que de
profit, Scquec'eft une pure lefine; mais"
c'eft une étrange friponnerie, après en
avoir changé les fonds, d'y mettre une
trop grande quantité de terre grade. Il
s'eft trouvé des gens qui ont poulie la choie
il loin, que leurs barriques étant, défoncées
, on en a tiré plus de quarante livres
de terre. On eft obligé de mettre une
tndiit couche de terre grafle fur les jointures,
terrerpy parcequefanscelaleSucrecouleroit toutrtmplir
à-fàit pat les jointures ; mais il faut que
les bar. cette couche foit mife le pluslegerement
qu'il eft polîîble. On doit auffi remplir les
barriques entièrement, afin que le Sucre
venant à baifler enlaiffiint écouler fon firop,
elles fe trouvent encore pleines à
deux ou trois pouces au-deflbus du jable ,
quand le Sucre s'eft tout-à-fait purgéj &
quand on v^ut les fermer ou enfoncer, il
vaut mieux prendre du Sucre d'une barrique
que l'on deftine à remplir les autres,
que de mettre de ces fortes de couvertures,
dont le firop ne pouvant pas pénétrer
jufqu'au fond pour fortir par les trous
A G I E ' S AUX ISLES
La barrique ordinaire de Sucre brut, iCyfl.
faite&enfutaillée,commeje viens de dire,
étant feche & bien purgée, doit pefer fix JLire,'
à fept cent livres, dont la tare étant di- d'mt
minuéeà raifon de dix pour cent, il refte
cinq cent quarante, ou fix cent trente li- ¿^J^""
vres de Sucre net.
Il fe commet encore une autre fripon- Tripónnerie
dans le Sucre brut. C'eft de jetter »'"M'«
danslerafraichiiToir, auiîî-tôtque le batterieeft
vuidée, un on deux becs de cor- damlt
bin de gros firop qu'on atiré descîternes. •^«'•î
Ce firop étant épais fie froid , fait con-^^'''"'
geler le Sucre qui eft dans le rafraichiffoir.
Se s'y incorpore, d'où étant tranfpôrté
dans le canot, & dans la barrique,
quand il eft prefque congelé, il forme une
maiTedureéc pefante, qui fatisfait l'avarice
du vendeur} mais qui fe décuifant
bien-tôt,
corporé,
rab
ïâte le grain, où il a été inri^
des Cannes, eft contraint de s'imbiber firopsj après qu'i
nes.
caufe un dommage confidee
à celui qui a eu le malheur de l'acheter.
L'odorat eft le feul des cinq fens de Moy^n
nature, avec lequel on peut s'appercevoir ,
d&cettefourberie: carcemélange n'emdans
le refte du Sucre, fur lequel on l'a
mis, enrifquedelegâter. Enfaifantainfi,
le Sucre fe trouve égal d'un bout à
l'autre des barriques. On peut en laifier
lever les douves, fans crainte d'aucun affront,
& l'on fatisfait aux devoirs de fa
eonfcience.
pêche pas le Sucre d'être fee & grené ,
quoiqu'il foit un peu brunj mais il lui
refte une odeur de firop brûlé, que les
bons connoifleurs fçaventdiftinguer fans
peine, & que la couleur brune de ce Sacre
les empêche de confondre avec le Sucre
purement de firop, qui fouvent eft
auflî ferme, auflî grené, aulïï pefant, &
aufll jaune que le fuc tout pur des Cannes.
Voici ce que peuvent faire fans rifque Comceux
qui veulent profiter de leurs gros '
forme, bien purgez & bien fees, on peut ¡¿¡¡rm
en jetter une forme dans la batterie un peu firfps.
devant que le Sucre foit cui t j on y jette
une pinte, ou davantage, d'eau de chaux
& d'alun, & on faupoudre d'alun en poudre
la batterie dans le moment qu'on la
veut tirer. Il eil certain que ce mélange
. m
Z9Î
eau-
Sucre.
F R A N C O I S E S DE L»AMERIQ_UE.
i6(j6i JTç. porte aucun préjudice à l'acheteur, 8c duComtijerce ne furent pas>;s feules
fait que le Sucrier profite autant qu'il fe fes de l'accroiflement du-frix du SULIC.
peut de fes firops, parce que le grain qui Pour le comprendre il faut reprendre la
s'ytrouve, s'incorporeavec celui qui fort chofe de plus h aut , ôcfçavoir que depuis
du Sucre de Cannes, & les parties qui la Giierrequiavoit commencé en JiSS.
font trop foibles pour fe condenfer, & lepetitnombre de Vaifleauxquivenoient
pour devenir en grain, retournent en fi- de France, rendoit les marchandifes fi
rop, & tombent avec le Sirop du Sucre, cheres, qu'une cargaiibn mediocre fuffi-
J'ai fait plufieurs épreuves de ce que je foit pour charger trois ou quatre Vaifviens
d'avancer, parlefquellesjemefuis féaux de Sucre brut. La quantité qui s'en
convaincu que le Sucre de Cannes, où faifoit fans pouvoir en trouver le débou-
.'avois fait mêler du Sucre de firop fee Ôc chement, 'avoit réduit au vil prix, dont
oien purge, rendoit la même quantité de j'ai parlé, & les Vaiflcaux ne voulant
bucre étant rafine, que celui où je n'en laifl'er que le moins qu'ils pouvoient de
avois pas fait mettre} parce que dans cette leurs effets aux Mes, ne vouloient prefque
hypothefe il n'y a que le grain qui refte, pas fe charger de cette marchandife} mais
lequel étant trop foible la premiere fois, ils vouloient du Sucre rafiné, du Cacao,
s etoitechape, ôcs'étoit écoulé avant que del'Indigo, du Roucou, du Cotton,
d'avoir fait corps, & qui s'eft aflemblé ou du Caret. Il n'y avoit pour lors à la
ce purifie daiîs une fécondé cuiffon, où Martinique que quatre ou cinq Rafineon
'aaidé avec de l'eau de chaux, qui l'a - " • • .. ^
. dégagé des parties graiTes & onftueufes,
danslefquellesil étoit embarrafié, ôcqui
lui a donné lieu de s'unir. Se de fe ramafler
en un corps
ries, qui avoient un privilege pour rafiner
les Sucres, Se qui ne prenoient pas
moins de fept livres de Sucre brut du
meilleurquife trouvât. Se à leur choix, P,-,/^.
_ ^ . , „ , , pour vendre quatre ou cinq mois après, exurbi-
¿in 1694. le Sucre brut ne valoit que une livre de Sucre blanc. On peut iueer
quarante ou cmquante fols le cent en ar- du grand profit de ces Rafineurs par ce i t :
gent. On donnoit les billets de Sucre que je viens de dire, & par l'experience
encore a meilleur marche On le paiToit que j'ai que deux livres Se demie, ou
en troc de marchandifes fur le pied de trois livres de Sucre brut fuffifent pour
i o i p n t e fols II demeura a ce prix juf- faire une livre deSucrerafiné, fans com-
,qu en i(ip<5. dans lequel tems l'efperance pter les firops, qui fuffifoient pour paver
:d une Paix prochaine obligea les Mar- les Barques qui alloient charger les Su-
.chand? a le rechercher, afin d'en charger cres, Se pour tous les autres frais que les
leurs Vaifieaux des qu ils le pourroient Rafineurs étoient obligez de faire- de
iairefans crainte des Corfaires, 5e afin de forte que les Habitans tiavailloient toute
donner du travail a leurs Rafineries de l'année pour enrichir les Rafineurs, Sc
F rance, dont e nombres'y étoit augmen- s'appauvnflbient de plus en plus. Cela fit
teconfiderablement, Se fur tout à N a n - enfin ouvrir les yeux à plufieurs Habi- S
tes de forte que vers la fin de la - même tansj les uns arracherent leurs Cannes
annee il vmtjufqu'a quatre livres dixfols plantèrent de l'Indigo} d'autres fe miren?
le cent. On le porta l'année fuivante à àcultiver le Cacao Se le Roucou, Sc necent
fols, & on le vendit jufqu'à neuf gligerent la fabrique du Sucre brut • Se
irancs dans le^cours de l'année 1.598. d'autres plus fages, Se qui furent imitez
, • L a Paix de Ryfwick Sel augmentation peu à peu par un plus grand nombre, fe
P p i yjin:)
»ff;;
•1 'n
••ifi
•
• •!!-
' '11.